Le Parti communiste face au paradoxe du rejet et de l’adhésion
Le problème : l’image plutôt que les idées
Le problème ne réside pas dans nos idées, qui sont partagées bien au-delà de nos rangs, mais dans l’image déformée qui a été installée à notre sujet. La droite et certains de nos « alliés » cherchent à projeter cette image dans le futur pour freiner la croissance soutenue du soutien populaire dont bénéficie notre parti. Le rejet ne porte pas sur les politiques de santé, d’éducation et de droits sociaux universels, mais sur le signifiant « Parti communiste ». L’anticommunisme a réussi à nous enfermer dans une marque négative, tandis que nos propositions circulent de manière « désidéologisée » sous d’autres noms.
Les défis pour les communistes
À la lumière de ces constats, les défis pour les communistes sont on ne peut plus clairs.
1. Reconquérir la bataille culturelle
Il nous faut démonter l’anticommunisme en tant que sens commun, non pas sur la défensive, mais avec une fierté historique. Nous devons nous reconnecter avec la base sociale dont nous nous sommes éloignés. Le PC n’est pas une menace : c’est le parti qui a donné sa vie pour les droits des travailleurs et du peuple. Il s’agit de transformer la caricature en reconnaissance.
2. Montrer une gestion et une proximité réelles
Là où nous gouvernons des municipalités, dirigeons des syndicats ou influençons l’agenda national, nous devons le rendre visible. Moins de discours abstraits, plus d’exemples concrets de la manière dont les communistes résolvent les problèmes quotidiens des gens.
3. Conquérir les cœurs, pas seulement les esprits
Le rejet est émotionnel, donc la réponse doit l’être aussi. D’où l’importance de l’humour, de la culture populaire, d’un langage simple et de symboles d’espoir pour accompagner nos drapeaux. Il ne suffit pas d’avoir raison : nous devons toucher, émouvoir et inspirer le peuple du Chili, comme l’ont fait par le passé nos poètes, nos musiciens, nos écrivains et tant d’autres travailleurs de l’art et de la culture.
4. Cibler les jeunes et les femmes des milieux populaires
Les études montrent que c’est là que se trouve le segment le plus décisif : des femmes, des jeunes et des personnes à faible revenu qui rejettent le PC en tant que parti, mais sympathisent avec l’étatisme et les propositions que nous portons. C’est vers eux que nous devons orienter notre pédagogie politique, en montrant que le communisme n’est pas un fantôme du passé, mais un outil vivant pour conquérir la dignité aujourd’hui et envisager l’avenir avec espoir.
Un paradoxe chilien
Au Chili, un paradoxe s’exprime clairement à chaque élection, comme le révèle le dernier rapport de GPS Ciudadano : une partie significative de la population rejette viscéralement le Parti communiste, tout en soutenant plusieurs de ses propositions centrales, notamment celles qui visent à renforcer le rôle de l’État dans l’économie et à redistribuer les richesses.
Les chiffres sont éloquents :
– Plus d’un tiers des personnes interrogées déclarent une aversion affective envers le PC.
– Pourtant, elles adhèrent aux politiques d’étatisme, de régulation et de justice sociale, qui sont au cœur de notre programme.
En d’autres termes : il existe un Chili qui déteste le mot « communisme », mais qui veut ce que les communistes proposent.
L’anticommunisme : un phénomène culturel et émotionnel
Ce constat confirme ce que nous avons toujours su : l’anticommunisme au Chili est avant tout un phénomène culturel et émotionnel, non programmatique. C’est le résidu de 50 ans de propagande, depuis la dictature jusqu’aux médias des grandes entreprises, qui ont martelé l’idée que les communistes sont synonymes d’autoritarisme, de chaos ou de menace. Ils y sont parvenus au point que des secteurs populaires, qui ont besoin de l’État et de l’organisation collective, répètent ces préjugés, même lorsqu’ils soutiennent en pratique les solutions que nous défendons.