Caractérisation
Le fascisme tient un discours démagogique et assimile son combat à celui du peuple contre l’establishment. Il réussit à attirer les masses parce qu’il en appelle, de façon démagogique, aux plus sensibles de leurs besoins et de leurs aspirations . Il ne se borne pas à attiser les préjugés, il joue sur les meilleurs sentiments des masses, et parfois même sur leurs traditions révolutionnaires. Il tire son énergie propre d’un rejet des systèmes antagoniques que sont le capitalisme (et aujourd’hui le libéralisme) et le communisme. Le fascisme joue sur la frustration nationale, il prend le masque de défenseur de la nation lésée et en appelle au sentiment national bafoué. Son dynamisme et sa force ne viennent pas de son programme qui est souvent incohérent ou falsificateur, mais de deux formules : nationalisme et autoritarisme, ou chauvinisme et violence.
L’histoire nous enseigne également, que les fascistes n’ont pas pris le pouvoir mais qu’on le leur a offert ; à bon entendeur...
Le fascisme est l’ennemi obsédé de tout ce qui touche au communisme, en cela il est le rempart ultime du capital, lequel capital n’a pas hésité à livrer autrefois la France aux hordes hitlériennes [1] avec le mot d’ordre, repris par sa presse aux ordres « plutôt Hitler que le Front Populaire ». Avertissement sans frais pour les révolutionnaires d’aujourd’hui et plus précisément les communistes.
L’idéologie du fascisme c’est « des valeurs de droite extrême, dans un style de gauche, extrême » [2]
La base « théorique » du fascisme, s’appuie sur une vision « naturaliste ». C’est la loi d’airain de la nécessité naturelle, le mythe, colporté aussi par d’autres, d’une nature caractérisée par le pur jeu des énergies, une interprétation fallacieuse du Darwinisme, un absolu de pureté où seuls subsistent ceux et celles que la Nature a sélectionnés. Dans ce pathos, la Raison, c’est la Nature ; écologistes, bonjour !
Le caractère de classe du fascisme
Le fascisme, n’est pas au dessus des classes, ni l’émanation de la petite bourgeoisie ou des éléments déclassés du prolétariat contre le capital financier. Le fascisme, c’est le capital financier lui-même. C’est, si nécessaire, l’organisation de la répression terroriste contre le prolétariat et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. Il est alors (il l’a déjà été) le bras armé du capital. Le fascisme en politique extérieure, c’est le chauvinisme sous sa forme la plus grossière, cultivant une haine bestiale contre les autres peuples, désignant des boucs émissaires au nom d’une race, d’une religion, d’une « pureté » raciale, culturelle ou autre. C’est la défaite de la Raison, l’obscurantisme à front de taureau.
Il est nécessaire de souligner avec une vigueur particulière ce véritable caractère du fascisme parce que le masque de la démagogie sociale permet au fascisme d’entraîner à sa suite, les masses de la petite bourgeoisie désaxée par la crise (les couches moyennes), ainsi que certaines parties des couches les plus désemparées du prolétariat, qui n’auraient jamais suivi le fascisme si elles avaient conscience de son caractère de classe réel, sa véritable nature [3].
Le fascisme comme instrument politique
« Fanatiser les masses pour en faire un instrument de ma politique » disait Goebbels. La politique en question, c’est celle du capital, aujourd’hui plus mondialisé que jamais, impérialiste, confronté à une crise elle aussi mondialisée. Les milieux impérialistes veulent faire retomber tout le poids de leur crise sur le monde du travail, les travailleurs, les prolétaires. C’est pour cela qu’ils ont besoin du fascisme [4]. L’impérialisme s’efforce de résoudre le problème de ses approvisionnements en énergie et matières premières, ainsi qu’en débouchés par l’asservissement des peuples en maintenant autant que possible le partage actuel du monde par tous les moyens, y compris, et surtout, la guerre qui n’est pour ces soi-disant défenseurs des droits de l’homme (lequel ?) que la continuation de la politique par d’autres moyens pour reprendre la formule de Clausewitz.
Confronté à une crise majeure, qui va bien au-delà de la « simple » crise économique, qui met en danger le système de production et d’échanges, le capital craint par dessus tout, une résurgence du mouvement communiste, une prise de conscience de la nocivité du système, de sa morbidité. Le fascisme est de ce point de vue, quels qu’en soient ses oripeaux, le rempart du capital. Par son discours démagogique contre les « élites » (fonctionnaires et autres « privilégiés »), les étrangers qui nous envahissent, la « race », discours xénophobe (hier les juifs, aujourd’hui l’islam, le choc des civilisations…), toujours subliminal qui affleure parfois plus directement, le fascisme tente de détourner la colère des masses en livrant à la vindicte populaire telle ou telle autre catégorie de la population, sur la base de la religion, la « race », les « privilèges » (35h, retraite à 55 ans…).
La lutte contre l’extrême droite et le néo-fascisme
La lutte contre l’extrême droite qui est l’antichambre du fascisme doit s’appuyer sur deux piliers. D’une part, la lutte idéologique, sans merci contre toutes les formes d’obscurantisme, permettant ainsi la prise de conscience de classe, la nécessité de passer à un autre mode de production et d’échanges. D’autre part la lutte économique et politique pour stériliser le terreau de l’idéologie fasciste que sont la pauvreté, la misère, le déclassement social. Il est urgent en particulier de démonter le soi-disant programme social du FN et de montrer ses contradictions avec les mouvements récents et les aspirations du monde du travail.
La lutte idéologique
Le capital a besoin de maintenir le flou idéologique et les fausses solutions vis-à-vis de la montée de l’idéologie fasciste, d’autant plus que, comme dit ci-dessus, il peut avoir besoin à un moment ou un autre d’hommes de mains [5].*
La pression idéologique, le formatage des écoles de journalistes conduit les principaux médias à se faire, de fait, sans qu’on ait besoin de leur souffler, les propagandistes du système [6]. C’est pourquoi « on » présente les problèmes auxquels sont confrontés les citoyens comme des problèmes psychologiques. Le vocabulaire sociologique dominant se veut psychologisant, médicalisant. On met ainsi en avant les conséquences et pas les causes. Si la société est malade, c’est du capitalisme, ce n’est pas de la psychologie des individus. Les psychotropes n’y changeront rien. On ne guérit pas le chômage de masse, le déclassement social, le stress social dû à la précarisation par des consultations de psy.
Il nous faut mettre en évidence les causes économiques et structurelles de cette société basée sur l’exploitation qui génèrent cette situation, en particulier lorsque ce système arrive à ses limites, comme c’est le cas. La représentation que les individus ont d’eux-mêmes, est liée à l’image que la société leur renvoie, à la place qu’ils y occupent, au rôle qu’ils y jouent.
De même la guerre idéologique se joue en une bataille sémantique marquée par le détournement des mots et concepts comme classe, révolution, réforme, totalitarisme, dictature. Il est nécessaire là aussi de former les cadres révolutionnaires. La classe politique n’existe pas, les révoltes d’Egypte ou de Tunisie ne sont pas des révolutions, Fidel Castro ou Chavez ne sont pas des dictateurs. Totalitarisme chez Hanna Arentz n’a pas le sens que lui donnent les propagandistes du capital…
Le faux nez de Madame Le Pen
Le FN par la voix de sa présidente a su s’emparer du problème, pour le détourner démagogiquement bien sûr. Elle nomme les responsables de la situation, l’UMP dont elle veut prendre la place (en la faisant éventuellement éclater pour en récupérer les morceaux) en quittant progressivement le discours fascisant de son père, ravalement de façade et maquillage de respectabilité obligent, et la mondialisation, l’Europe de Bruxelles, en un discours qui lui permet là aussi de maquiller son obsession nationaliste et xénophobe (il faut bien dire ici que l’ambigüité de la position du Parti à ce sujet n’arrange rien). L’efficacité d’un tel positionnement est assurée, comme on a pu le voir électoralement, le discours est simpliste, ce qui le rend audible et assimilable sans raisonnement, il peut être redoutable et est porté par la politique du gouvernement qui sert de caisse de résonnance.
Le FN essaie de changer d’image. Prendre la place de la vieille droite classique française, maurassienne et xénophobe. Pour cela, il lui faut abandonner les saillies du père et acquérir un semblant de respectabilité républicaine. Tous les mensonges, masques et discours contradictoires sont bons pour ce faire. On peut à la fois essayer d’infiltrer le syndicat révolutionnaire et se prononcer pour la contre réforme des retraites fustiger les soi-disant privilèges des fonctionnaires et prétendre défendre le service public, défendre la laïcité et privilégier l’école confessionnelle, catholique bien sûr.
La lutte économique
Il s’agit là aussi d’une des dimensions de la lutte idéologique. Il n’est pas question ici de tirer une frontière entre lutte idéologique et lutte économique, la dialectique des deux fondant l’activité politique du Parti Communiste, il faut quand même revenir sur ce thème. Le Parti Communiste doit réinvestir les lieux de travail, là où se pratique l’exploitation capitaliste, là où se vit la souffrance au travail, là où se pose la question, autorisée par le niveau de développement des forces productives, du « travailler autrement ». C’est une question qui va du local au global. Du comment on travaille au pourquoi on travaille ? Quel est le rôle des unités de production, que signifie le terme « entreprise » seriné à longueur de journal télévisé [7] ? Qu’est-ce qu’on produit et pourquoi on produit ? Ce questionnement « tire » beaucoup d’autres, et en premier lieu la question dite écologique. On produit pour faire du profit ou on produit pour répondre à des besoins ? le prolongement naturel de cette question étant qui en décide ? Et donc qui possède ? La question des services publics (et donc de l’appropriation publique, ses formes, son contenu…) affleure là, autant au niveau local qu’au niveau national et même mondial. La production d’énergie nucléaire par exemple peut-elle n’être posée qu’au niveau des états quand les nuages radioactifs, ou les courants marins ne connaissent ni frontières ni eaux territoriales. De même pour l’eau ou les matières premières non renouvelables. Plus prosaïquement, quel rôle doit jouer l’agriculture, nourrir l’humanité, en commençant par les agriculteurs et plus généralement les paysans ou produire en vue d’exporter en période spéculative [8] ?
Le rôle du Parti Communiste
Ces points montrent la nécessité d’un Parti Communiste offensif, idéologiquement armé [9] et créatif, fortement organisé dans les masses et d’abord là où se fait l’exploitation capitaliste, dans le monde du travail. C’est là que pied à pied, avec les syndicats et les camarades syndiqués il faut combattre politiquement le capital en soutenant politiquement les luttes et en leur donnant le prolongement politique chaque fois que c’est possible, en s’appuyant systématiquement sur nos élus, ce qui montre aussi à quoi sert de voter communiste. Elaborer des solutions avec les exploités, mais là aussi, sans démagogie, ne pas sombrer dans la naïveté du spontanéisme des masses, on ne construit pas un programme avec les exploités sans avoir déjà soi-même au moins des lignes de force autour desquelles construire. Le Parti doit être capable d’organiser les luttes et de les placer dans une perspective de changements révolutionnaires, car comme nous le montrent encore les événements récents en Afrique, révolte n’est pas révolution, et on ne fait pas la révolution sans révolutionnaires.