Une partie de la bourgeoisie a choisi la solution de l’extrême-droite Comment Bolloré tire les ficelles en coulisse

, par  auteurs à lire , popularité : 40%

Les anciens (camarades) m’ont toujours appris que le fascisme était la dernière roue de secours du capitalisme en difficulté. Ce qui me fait dire, entre autres, que les "Antifa" et autres gauchistes seront les idiots utiles du système tant qu’ils n’auront pas compris que la lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le capitalisme. Avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, la grande bourgeoisie était en admiration devant le régime de Hitler : "Plutôt Hitler que le Front populaire". Et pourquoi tenait-elle ce raisonnement ? Tout simplement parce que les nazis avaient réduit de manière drastique et autoritaire les salaires et les libertés syndicales et politiques... Alors certes, il n’y a pas de chemises brunes ou de SA qui font régner la terreur dans les rues de France, mais les idées nauséabondes se répandent à grande vitesse par les canaux "libérés" de la télévision. Et surtout, les gouvernements de droite, du PS ou macronistes qui se sont succédés ces vingt dernières années, ont créé le terreaux, développé et mis en œuvre une telle violence, une telle répression, une telle surexploitation, que même quelqu’un de modéré comme Emmanuel Todd, a pu parler de "fascisme rose" concernant le gouvernement de Hollande-Macron. N’oublions pas non plus le carcan supranational imposé par l’UE qui est un composant important de ce système dictatorial qui broie les peuples. Dans l’article qui suit, publié par France24, on a confirmation de la volonté d’une partie du patronat, de construire, face aux échecs répétés de la démocratie bourgeoise encore insuffisamment autoritaire, une véritable alternative politique portée par l’extrême-droite afin de restaurer et cadenasser de manière encore plus brutale les taux de profit du capital.

PB

Comment Bolloré et son empire médiatique ont porté l’extrême droite aux portes du pouvoir

Le milliardaire français Vincent Bolloré a mis son empire médiatique tentaculaire au service de l’extrême droite, précipitant un virage vers la droite dans la politique française. Tirant les ficelles en coulisses à la manière de Rupert Murdoch, l’homme d’affaires a orchestré une alliance entre la droite et l’extrême droite à l’approche des législatives anticipée, renforçant ainsi les chances de victoire du Rassemblement National.

Article de Benjamin Dodman
Traduit de l’anglais par Sophian Aubin

Tandis qu’il préparait son alliance surprise avec Marine Le Pen, brisant des décennies de tradition gaulliste, Eric Ciotti n’a consulté aucun des ténors du parti. Pas même Nicolas Sarkozy, le dernier président de sa famille politique. Au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le lundi 10 juin, le chef des Républicains (LR) Éric Ciotti a rendu visite à Vincent Bolloré, le milliardaire breton qui a bâti un empire médiatique tentaculaire, précisément pour mettre en place une telle alliance.

Le but de cette visite, révélée par Le Monde, était « d’orchestrer le ralliement de Ciotti au Rassemblement national », et d’anticiper le retour de bâton qu’il ne manquerait pas de provoquer.

Le chef des Républicains s’est effectivement attiré les foudres des cadres de son parti à l’annonce publique de cette alliance. Mais les relais médiatiques de Vincent Bolloré étaient prêts et n’ont pas tardé à prendre sa défense.

« Eric Ciotti a écouté ses militants, ça arrive parfois pour un chef politique », a estimé Pascal Praud, l’un des présentateurs vedettes de CNews, la chaîne phare du magnat. Il a ainsi raillé les « chefs à plumes » de LR qui condamnent toute alliance avec le RN : « Une droite déconnectée du terrain, sans idée et sans avenir, qui décidément ne comprend rien à rien, et surtout pas ses électeurs ».

Depuis 2022, le magnat français Vincent Bolloré a été interrogé à deux reprises par des législateurs enquêtant sur la concentration dans les médias. © Thibault Camus, AP

Sur Europe 1, la radio de Vincent Bolloré, le directeur du Figaro, Alexis Brézet, a quant à lui dénoncé « le déchainement invraisemblable des anti-Ciotti », se moquant du récent bilan électoral des "vieux barons" de la droite. Soit Les Républicains s’allient au Rassemblement national, a-t-il résumé, soit ils sont condamnés à disparaître.

Avant les législatives du 30 juin, Europe 1 a aussi reçu l’ordre de médiatiser un autre des présentateurs vedette de Bolloré, Cyril Hanouna. La star de C8 a activement promu une alliance élargie des partis de droite dans sa très populaire émission "Touche pas à mon poste".

Le 13 juin, recevant dans son studio Eric Ciotti accompagné de représentants du RN et du groupe d’extrême droite rival Reconquête, Cyril Hanouna a appelé au téléphone Jordan Bardella, la nouvelle tête d’affiche du RN. Puis il a passé le combiné à son invitée de Reconquête, Sarah Knafo, en lui demandant de plaider pour une alliance auprès de Jordan Bardella. En vain.

L’alliance RN-LR, une victoire personnelle

Nouvellement élue députée européenne, Sarah Knafo est la compagne du fondateur de Reconquête, Eric Zemmour, lui-même ancien chroniqueur de CNews. Sa candidature à la présidentielle de 2022 avait bénéficié d’un large soutien dans les médias de Bolloré.

Malgré l’échec de sa tentative présidentielle, l’exposition médiatique d’Éric Zemmour a permis aux sujets de prédilection de l’extrême droite – immigration, criminalité, menace perçue de l’Islam – de dominer la conversation politique. Son discours a, en outre, contribué à brouiller la frontière entre la droite "traditionnelle" et l’extrême droite. De quoi offrir un terrain fertile à "l’union des droites", projet cher à Vincent Bolloré.

Unifier la droite française et la porter au pouvoir a toujours été son objectif principal, selon Alexis Lévrier, historien des médias à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Un tel dessein implique de faire tomber les barrières qui ont longtemps séparé la droite classique de l’extrême droite en trouvant « des hommes liges, comme Éric Ciotti », capables d’établir des passerelles, poursuit-il.

Quoique contestée par quasiment tous les poids lourds des Républicains, l’alliance Ciotti-Le Pen pourrait bien porter ses fruits, puisque le Rassemblement National, soutenu par Eric Ciotti et une poignée de ses partisans, est arrivé en tête du premier tour des législatives. Il pourrait même éventuellement décrocher la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale.

Ce scénario-là conduirait à la formation du premier gouvernement d’extrême droite en France depuis le régime de Vichy et la consécration du parti d’extrême droite, cofondé par le père de Marine Le Pen, Jean-Marie – condamné pour apologie de crime de guerre, puis pour antisémitisme – ainsi que par d’anciens Waffen-SS.

« On sait pourtant que Vincent Bolloré a une méfiance à l’égard de Marine Le Pen, ce qui explique qu’il n’ait pas fait sa campagne en 2022, en raison du nom Le Pen et du programme à l’époque, qui était trop social à ses yeux », note Alexis Lévrier.

Mais avec Jordan Bardella, désigné comme Premier ministre potentiel par Marine Le Pen, le Rassemblement national a trouvé un candidat que Vincent Bolloré peut soutenir, analyse l’historien. De fait, la victoire de ce RN serait « sa victoire, ce pour quoi il a fondé son empire médiatique », explique Alexis Lévrier.

Le "Bernard-l’hermite" des médias

Catholique, profondément conservateur, Vincent Bolloré s’est imposé comme le "prédateur financier" le plus prospère de France : l’empire qu’il a bâti dans les secteurs du transport, des médias et de la publicité s’étend de l’Europe à l’Afrique.

Au cours de la dernière décennie, il a progressivement étendu ses actifs médiatiques en France pour y inclure des chaînes de télévision, des stations de radio, des magazines de premier plan, le premier éditeur du pays (Hachette), ou encore l’omniprésente enseigne de vente de journaux Relay. Autre acquisition récente : le Journal du Dimanche, ou JDD, dont une grande partie des journalistes a quitté la rédaction à la suite de ce changement de propriétaire.

Souvent douloureux, ces rachats suivent une stratégie bien rodée, explique Alexandra Colineau, enseignante à Sciences-Po et membre de l’association de défense des médias "Un Bout des Médias".

« On l’a vu avec iTélé, avec le JDD, avec Europe 1 : la stratégie consiste à acheter des médias et de les vider de ce qu’ils sont historiquement pour s’installer dedans, comme un bernard-l’hermite se met dans une coquille vide » , explique-t-elle. La crédibilité précédemment acquise par "la coquille" est ensuite exploitée pour promouvoir un agenda radicalement différent.

Avec l’acquisition de la chaîne d’information iTélé, propriété du groupe Canal+, le magnat breton a provoqué en 2016 une grève record de 31 jours. Il a ensuite licencié l’essentiel du personnel et transformé la chaîne en une plateforme conservatrice surnommée la "Fox News française", en référence à la chaîne pro-Trump américaine. Chaîne d’information la plus suivie de France pour le deuxième mois d’affilé, Cnews est plus justement décrite par ses détracteurs comme une "chaîne d’opinion".

Eric Ciotti siège aux côtés de Jordan Bardella (RN) alors qu’ils dévoilent leur programme pour les législatives. © Stephanie Lecocq, Reuters

La prise de contrôle du JDD, à l’été 2023, avait déclenché une grève encore plus longue, après que Bolloré a annoncé choisir pour directeur de la rédaction Geoffroy Lejeune. Ce dernier était auparavant à la tête de l’hebdomadaire ultraconservateur Valeurs Actuelles, condamné pour incitation à la haine raciale après la publication de caricatures représentant la députée Danièle Obono (LFI) sous les traits d’une esclave enchaînée.

Le "Murdoch français"

L’expansion agressive du milliardaire dans les médias a suscité la comparaison avec un autre magnat des médias, Rupert Murdoch. Ses nombreux organes de presse en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis ont bouleversé les paysages médiatique et politique de ces pays.

Dans un cas comme dans l’autre, Alexis Lévrier perçoit une intention claire de pousser le débat dans une direction ultraconservatrice, en tirant les ficelles en coulisses, loin des projecteurs.

« C’est évidemment Murdoch son modèle », poursuit l’historien, qui pointe du doigt des empires tout aussi étendus, diversifiés, et avec la même volonté de ne jamais se présenter à une élection, mais de les gagner toutes.

Lors du conflit au JDD l’année dernière, l’historien David Colon, auteur d’un livre sur l’empire médiatique de Murdoch, a lui aussi souligné des parallèles entre les deux hommes d’affaires, mettant en lumière l’impact des synergies entre la télévision, la radio et la presse écrite.

« Lorsqu’il s’agit de concentration des médias, le facteur clé n’est pas le nombre de titres que vous possédez ou la taille de leur lectorat, mais plutôt la diversité des supports », a-t-il expliqué. « C’est cette propriété croisée qui permet de fixer l’agenda et d’influencer rapidement le débat public ».

Dans le cas de Vincent Bolloré, l’ampleur de ses actifs et leur orientation idéologique ont créé une situation sans précédent en France, ajoute Alexis Lévrier. « Jamais autant d’influence n’a été concentrée dans les mains d’un seul homme », ajoute-t-il. « Et jamais une telle influence n’a été utilisée pour promouvoir un programme aussi extrême ».

Cette concentration est rendue possible, selon Alexandra Colineau, par un cadre juridique laxiste qui permet à des milliardaires comme Bolloré de concentrer les ressources des médias et de leur dicter leur volonté. Son association "Un bout des médias" a formulé une série de propositions pour garantir que les journalistes aient leur mot à dire dans la nomination des rédacteurs en chef, mais elle déplore l’absence de soutien politique.

De nombreux spécialistes déplorent également l’absence de mesures coercitives à l’encontre des médias de Vincent Bolloré – CNews notamment – en réponse à leur refus répété de respecter les règles de diffusion publique.

La "Fox News française" s’est érigée comme la championne du franc-parler, face à des médias traditionnels supposément étouffés par le politiquement correct. Ses promoteurs prétendent ainsi servir au public français ce à quoi il aspire. Mais pour ses détracteurs, la chaîne a violé à plusieurs reprises l’accord de licence qui s’applique aux chaînes d’information en clair du pays, qui exige une couverture médiatique équilibrée.

« CNews ne propose que très peu d’informations réelles et pratiquement pas d’enquêtes, qui sont plus coûteuses à produire », observe Alexandra Colineau. « C’est avant tout une chaîne d’opinion, très marquée à droite ».

"Radicalité sans précédent"

Depuis 2022, Vincent Bolloré s’est présenté à deux reprises devant des commissions parlementaires enquêtant sur la concentration du paysage médiatique français. À chaque fois, d’un ton faussement naïf, il a minimisé ses actifs et nié toute intention politique.

« Je n’ai pas le pouvoir de nommer qui que ce soit à l’intérieur des chaînes », a-t-il déclaré à une commission du Sénat lorsqu’on l’a interrogé sur son rôle dans les nombreux départs qui ont secoué le groupe Canal+ après son acquisition en 2015, ajoutant : « Certains journalistes sont partis, d’autres sont revenus. C’est comme la marée, chez moi en Bretagne ».

À elles deux, CNews et sa chaîne sœur C8, qui diffuse le talk-show de Cyril Hanouna, ont reçu pas moins de 44 avertissements de la part de l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique.

À ce jour, elles sont les seules chaînes françaises sanctionnées. Parmi les accusations figure celle d’incitation à la haine raciale, justifiée par les propos d’Eric Zemmour qui avait qualifié les enfants migrants de « voleurs, assassins et violeurs ».

Plus tôt cette année, le Conseil d’État a donné à l’Arcom un délai de six mois pour proposer des mesures plus coercitives afin de garantir que les chaînes comme CNews respectent les règles.

« Il y a des signes indiquant que les politiciens et les autorités se réveillent enfin face à la menace posée par les médias de Bolloré », souligne Alexis Lévrier, rappelant que la licence de diffusion de CNews doit être renouvelée plus tard dans l’année. « Je pense que Vincent Bolloré est conscient qu’un certain nombre de garde-fous pourraient être renforcés dans les mois à venir », ajoute-t-il. « Entre-temps, ses médias ont intensifié leur rhétorique de droite. Ils n’essaient même plus de prétendre que leur couverture est équilibrée ».

Au cours de cette frénétique campagne des législatives, les chroniqueurs du clan Bolloré ont intensifié leurs attaques contre le Nouveau Front populaire. Certains ont qualifié la gauche d’"anti-France" et de "parti des étrangers", reprenant ainsi la rhétorique utilisée par la droite nationaliste antisémite qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Quelques jours après son lancement, la nouvelle émission de Cyril Hanouna sur Europe 1 a déjà été mise en demeure par l’Arcom pour sa couverture manifestement biaisée de la campagne et ses critiques "virulentes" à l’égard de la gauche.
Guillaume Bigot et Pierre Gentillet, deux éditorialistes de Vincent Bolloré sont allés plus loin en se présentant aux élections législatives sous une bannière commune RN-LR.

« Même selon les critères des chaînes de Bolloré, la radicalité est sans précédent », déclare Alexis Lévrier. « Le camp de Vincent Bolloré est engagé dans une course effrénée contre les contrôles démocratiques sur les médias », ajoute l’historien. « S’il remporte cette course, nous pouvons dire adieu à ces garde-fous ».

Tiré du site de France24

Brèves Toutes les brèves

Navigation

Annonces

  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
    ... lire la suite

  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).