Lire cette interview après avoir maudit la vue, partielle et partiale, de Arte sur l’Armée Rouge est, à la fois réconfortant et stimulant politiquement.
Nous sommes en juillet34, Hitler est au pouvoir à Berlin depuis un an et un social-démocrate britannique discute avec le chef, le vrai chef, de l’URSS et de l’IC. Les leçons des 6 et 12 février à Paris, n’ont encore pas été tirées à Moscou. Staline montre qu’il connaît parfaitement le Manifeste, mais pas la conclusion : "prolétaires de tous les pays, unissez-vous" et qu’il confond allègrement, prolétaire et ouvrier, mais que les non manuels, y compris tous les indépendants individuels même manuels (paysans, artisans, commerçant) ne peuvent prétendre au prolétariat. Avec qui, alors, unir le prolétariat ?
Mais, le raisonnement est si limpide, qu’on a du mal à imaginer que dans un an vont s’enclencher les procès des "ennemis du peuple". Il reste six mois de vie à Kirov, puis tous les anciens, Trotski, Boucharine, Zinoview, Kamenev, Toukatchevski, etc vont y passer pendant que l’appareil productif s’enrichit d’une nouvelle entreprise où le travail ne paie que la nourriture des deux ou trois millions de travailleurs qu’elle compte.
Il est bien de republier, en 2021, cette interview quand l’URSS a disparu, coulée par les pénuries de produits manufacturés (qui doivent tant aux ingénieurs et techniciens que Staline soupçonne de possibles trahisons) quand émerge la Chine du PCC, et ces innombrables conteneurs qui distribuent aux quatre coins de la planète les produits de la colossale force de production issue de l’alliance du prolétariat chinois et du capital occidental.
Lénine disait en 1921 : "Nous avons assez de pouvoirs, mais pas assez de savoirs qu’ils nous faut négocier avec les capitalistes occidentaux...." Deng a fait ce que Staline refusait, avec pour l’un comme pour l’autre, les résultats qui s’affichent aux fronton de l’histoire !