Un mot tout d’abord pour demander à nos visiteurs habituels de nous excuser : notre engagement dans la préparation et la tenue de ce congrès ont été intenses et ne nous ont pas toujours laissé le temps d’informer et d’expliquer sur ce site, comme cela aurait été souhaitable... C’est surtout vrai dans la dernière ligne droite, depuis le vote qui fait du Manifeste la base commune jusqu’à la tenue du congrès, la victoire du Manifeste nous a placés dans une situation inédite au sein du PCF et notre première préoccupation a été de l’assumer de la meilleure manière possible.
Alors que cette séquence congrès s’achève et que s’ouvre une nouvelle étape pour le
PCF, je veux livrer ici quelques réflexions.
Dés le mois de Mai 2018 nous avions fait part de notre disponibilité pour une base commune rassembleuse vers une nouvelle stratégie et indiqué les points qui nous semblaient essentiels. Cette proposition a été entendue par plusieurs camarades porteurs d’une volonté de réorientation et a conduit à l’écriture à plusieurs mains du Manifeste. Ce premier exercice s’est révélé formidablement utile. Il a permis que des camarades confrontent leur point de vue, comprennent les motivations et attendus des positions des uns et des autres et construisent ensemble des analyses et propositions capables d’offrir un débouché à de très nombreux communistes qui considéraient, après la terrible séquence électorale de 2017, que « cela ne pouvait plus durer ainsi ».
Cet effort collectif pour sortir de la spirale de l’effacement a produit des effets inédits. Pour la première fois, un texte alternatif à celui proposé par la direction sortante a été placé en tête par les communistes et est donc devenu la base commune.
Initiateurs et porteurs de ce texte, nous nous sommes retrouvés en quelque sorte au coeur des débats du congrès. Partout où cela était possible, nous avons donc assumé cette nouvelle responsabilité et mis toute notre énergie à construire une majorité autour du Manifeste, ce qui restait une gageure avec 42% des votes exprimés.
Cette majorité s’est d’abord construite sur le bilan, le refus de l’effacement, le choix d’un PCF ambitieux, combatif et offensif, renouant avec les milieux populaires et la classe ouvrière, une conception du rassemblement appuyé sur le renforcement du PCF et l’unité populaire plutôt que les accords de sommet. Des camarades nous interrogent sur la réalité de la réorientation stratégique. Personnellement, je considère qu’il y a bien eu réorientation sur les points que je viens de citer et c’est sur ces points que s’est construite au congrès l’unité des communistes. Et c’est cette réorientation que symbolise le changement de secrétaire national avec l’élection de Fabien Roussel comme secrétaire national, élection qui n’était pas programmée par la direction sortante pas plus que le renouvellement de l’exécutif national auquel participent aujourd’hui des camarades qui n’ont jamais caché leur désaccord avec la ligne suivie depuis Martigues.
Il faudrait évidemment être très naïfs pour s’imaginer que tout cela est gravé dans le marbre. Mais il n’empêche que dans les déclarations du secrétaire national, ce changement d’orientation s’entend. Nous n’en sommes plus par exemple à attendre ce que vont faire la FI ou Génération aux Européennes mais bien à construire notre liste et notre bataille.
Des camarades s’interrogent sur l’évolution du Manifeste au fil des débats. Je rappelle que même après sa victoire dans le choix des textes, ceux qui le portaient sont toujours restés minoritaires dans la Commission Nationale du texte ce qui rendait impossible de trancher par un vote les questions du contenu dans ces commissions. Ayons aussi en tête que la tenue et le déroulement du congrès ont été quasi entièrement maîtrisés par la direction sortante.
Un camarade que je ne connaissais pas jusque là m’a dit dans une soirée très fraternelle de ce congrès : « ils ont coupé des branches mais le tronc est bien là ». Je partage assez cette appréciation. En tous cas, la grande majorité des communistes ont travaillé sur ce texte et ceux qu rêvaient d’un nouveau plan, d’un rejet total de ce texte ont bien dû se rendre à l’évidence, le Manifeste est devenu le texte d’une très grande majorité des délégués au congrès.
Des questions ont pour la première fois depuis longtemps été débattues dans les conférences de section et départementales : le bilan dialectique de l’expérience soviétique et les leçons que nous en tirons, la pertinence ou pas du socialisme, la pertinence ou pas de la visée et du communisme déjà là, nos liens avec les partis communistes du monde... ces débats là n’ont pas toujours été repris par le congrès national mais ils ont bien eu lieu et une porte longtemps fermée a ainsi commencé modestement à s’entrouvrir. Il nous appartient de continuer à travailler sur ces questions avec le plus grand nombre possible de communistes.
Enfin, j’ai rencontré au Congrés de nombreux camarades qui avaient soutenu nos textes dans les précédents congrès et étaient quelque peu mis à l’écart jusque là. Beaucoup d’entre eux avaient cette fois été délégués, semblaient très à l’aise dans leurs délégations et en charge de responsabilités dans leur fédération, signe que le centre de gravité du parti s’était déplacé.
La réunion du 13 janvier nous permettra de préciser notre appréciation. Pour ma part, je mesure le chemin qui reste à parcourir pour permettre l’existence et le renforcement du PCF, la construction d’une perspective populaire révolutionnaire. Mais j’apprécie positivement le chemin parcouru et la dynamique ainsi créée. Elle nous permet de passer à l’offensive alors que l’irruption de la colère populaire bouleverse la situation sociale et politique. L’affaiblissement des organisations de classe pèse sur la capacité du mouvement populaire à se renforcer et à gagner. Pour le PCF, l’enjeu est de retrouver sa légitimité comme grand parti populaire de combat contre le capital, c’est une belle feuille de route pour les mois qui viennent !