38e congrès : Pour ne pas passer à côté du bilan annoncé

, par  Francis Velain , popularité : 1%

L’idée de faire bilan pour permettre de tout se dire au 38e congrès était une belle et grande idée. Mais finalement, même en ce domaine, tout semble compliqué... Aurions-nous peur de quelques fantômes ?

A l’annonce du 38e congrès, le besoin de bilan faisait, semble-t-il, consensus...

Dans quelques jours le joli mois de Mai sera clos. Où en est-on de ce bilan ? Qui voit quelque chose venir ? Sur quelle période portera-t-il ?

A défaut de ne pas avoir encore réglé cette 1re question sur le fond, nous n’irons pas loin ! Je veux ici proposer un cheminement pour franchir correctement cette indispensable 1re étape.

1. On ne peut se contenter de dresser le bilan de la période électorale 2016/17. Nous étions manifestement engagés dans une seringue ! Cette réalité ne devrait guère faire débat. Dans une seringue, la seule question qui vaille est d’en sortir le plus vite possible et de la moins mauvaise manière possible.
Aussi toute proposition qui consiste à réduire le bilan à 2016/2017 est caduque. Il faut remonter le temps. Quand sommes-nous entrés dans cette seringue ?

2. Cette question renvoie à un passé forcément plus lointain. La mutation des années 90 ? Dans une large mesure, c’est en effet au nom des évènements à l’œuvre à l’Est qu’alors nous avons décidé de muter. Deux décennies après, nous pouvons admettre, sans beaucoup de polémiques, que cette situation fut un prétexte pour ne pas affronter en toute lucidité et raison nos faiblesses intrinsèques à l’égard des attentes des citoyens que nous prétendions représenter, à l’égard de notre décodage des réalités françaises et de la marche du monde.
En quoi par exemple, les événements à l’Est peuvent-ils expliquer aujourd’hui l’abandon d’alors et de fait, du travail à l’entreprise alors que le 26 mai a confirmé une fois encore que cet ancrage est bien politiquement, idéologiquement décisif ?
La question ici serait donc : quelles sont les raisons qui faisaient alors obstacle à l’analyse des faiblesses intrinsèques de l’intellectuel et de la force organisée PCF expliquant ce que nous étions peu à peu devenu...

3. Ce qui nous renvoie à une précédente mutation, souvent oubliée, engagée fin de la décennie 70. Nous sommes entrés dans cette période avec une stratégie d’union de la gauche, avec un rapport de forces s’effritant en notre défaveur au profit d’un PS central puis hégémonique. Jamais, à aucun moment, nous n’avons pu commencer à reconstruire nos forces, alors même que les attentes populaires de gauche n’en finissaient pas d’aller de déceptions en déceptions, le PCF de se déraciner, se rétrécir et s’affaiblir.
Soyons clair. Je ne propose pas de considérer que le choix du rassemblement serait le péché originel. Au nom du manifeste tout simplement. Là encore, il n’y a pas objet à de stériles polémiques. Mais cela oblige néanmoins d’examiner la nature du rassemblement que nous entendions construire.

4. Ce qui nous ramène à une période qui commencerait donc vers la fin des années 50, passerait par 1968, le programme commun puis sa remise en cause par le candidat pressenti, sinon coopté par nous-même, comme quasi naturel de la gauche aux présidentielles ? A quoi étions-nous-aveugle et pourquoi ?
Quel étaient les fondements historiques, théoriques de ce rassemblement sur lequel nous comptions tant ?

5. Ici, il faudrait donc considérer la période et le modèle du front populaire, l’immense CNR alors que deux grandes avancées scientifiques - le modèle de la machine à calculer de Turing et le modèle cybernétique de Wiener - promettaient au parti des travailleurs de la machine-outil que ces travailleurs travailleraient sur et à partir de toutes autres machines.
Comment avons-nous alors pris en compte cette promesse ? Comment par la suite progressa notre compréhension de sa réalisation progressive ?

Les machines modernes avec leur couple inséparable - matériels hardware universels et matériels logiciels qui en changent à l’envie les fonctionnalités - sont en effet des déclinaisons technologiques de ces deux modèles mis en articulation. Ces machines sont l’équivalent pour le XXIe siècle de la machine-outil des XIX et XXe siècle et de son système technique. Elles ont commencé à inscrire leur marque dans le monde du travail dès les années 60... Elles y creusent leur sillon aujourd’hui.

La fin de la seconde guerre mondiale commença à promettre que la révolution à construire se ferait dans un monde du travail bien différent de celui du XIXe et de la 1re partie du XXe, mais fondé sur le même mode de production.

En conclusion, le bilan à construire devrait porter sur la période qui va de la deuxième guerre mondiale à 2017.

1936, le CNR, les luttes anticoloniales et de libération nationale sont ainsi à comprendre comme inscrites dans les dynamiques d’un capitalisme encore structuré sur l’impérialisme colonial des anciens régimes, encore largement fondé sur le modèle productif héritier du rouet de K. Marx et de la machine-outil, mais déjà prêt à transformer ses structures, la société, le travail pour ne pas lui-même changer dans son fondement : l’opposition capital/travail.
Ces dates témoignent en quelque sorte de l’adaptation efficace du mouvement ouvrier à un certain stade de développement du capital alors que celui va entrer dans une nouvelle ère.

Pour lever le voile sur nos faiblesses intrinsèques, nous avons besoin de comprendre l’histoire du monde, de la France et du PCF à la lueur de cette perspective.
A défaut, quelques fantômes impensés continueront de nous hanter quelques temps...

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