38e congrès PCF
Amar Bellal : A propos du texte de base commune et sa prise en compte de l’écologie…

, par  Amar Bellal , popularité : 10%

Je lis régulièrement que le texte du « Manifeste », devenu notre base commune de discussion pour le congrès, ferait l’impasse sur les enjeux écologiques. Cela devient même une figure imposée dans les discussions pour exprimer son scepticisme vis à vis de ce texte.

Je me permets de noter un détail assez amusant. Il se trouve que parmi les soutiens de la première heure de ce texte, 3 camarades dont je fais partie, sont connus pour être régulièrement sollicités sur l’écologie par le parti à tous les niveaux, du national au local, sur ces enjeux. Le parti nous sollicite pourquoi ? parce que dans nos domaines respectifs nous avons développé, si j’ose dire, une forme d’expertise utile aux militants : aussi que ce soit pour des formations, la rédaction de communiqués avec un angle politique, l’animation de débats partout en France, la rédaction de brochures, le parti sait qu’il peut compter sur nous, y compris sur le contenu politique de notre expression, au delà de la simple expertise scientifique, et il ne s’en prive pas généralement. Il y a d’autres camarades bien sûr, mais on va se contenter de dire qu’on fait partie de ceux qui sont parmi les plus sollicités (il n y en a pas tant que cela en réalité).

Alors quand je vois que ce sont souvent ceux la même qui nous sollicitent, qui reconnaissent la qualité de nos travaux, nous demandent régulièrement des explications sur des sujets pointus car avouant eux même qu’ils n’ont pas suffisamment de culture scientifique pour le faire seul (ce n’est pas un défaut : quand moi j’ai une question sur un sujet d’histoire, je demande à des historiens, je n’ai pas de complexe à cela...), quand je vois que ce sont eux justement qui font ce reproche de défaut d’écologie au texte, que nous avons soutenu tous les 3, cela me fait doucement sourire...

Il faut se poser sérieusement la question : pourquoi donc ces 3 camarades, qui ont aussi ce point en commun, je me permets de le préciser, d’avoir chacun écrit un livre sur l’écologie, - en fait, pour dire vraiment les choses, les 3 uniques livres de militants sur l’écologie de ces 10 dernières années venant du PCF, c’est eux... - pourquoi donc ces 3 camarades, auraient-ils soutenu un texte aussi nul sur l’écologie à en croire certains ? Pourquoi une telle coïncidence : les seuls à avoir écrit des livres sur l’environnement dans le PCF ces 10 dernières années, l’engagement d’une vie en somme, ET, en même temps, les 3 à soutenir un texte qui ferait l’impasse sur les grands enjeux de l’écologie ? Étonnant non ?

Tout simplement parce que dans le texte, sur le sujet, l’essentiel y est... (p.12 et p.13 notamment). On les a lu ces 2 pages, on a même participé à leur rédaction en précisant certaines formules et en ayant conscience que c’est un texte de congrès pas un documentaire de la BBC ou de FranceTV sur la fonte des glaces ou la disparition des abeilles, c-à-d. prétendant à une exhaustivité sur la crise écologique. L’essentiel est dit sur le climat, la biodiversité, les pollutions (autre que le CO2), les risques de famines, et surtout les moyens qu il faut mettre en face pour relever tous ces défis planétaires, les moyens financiers, de services publics, la recherche, le déploiement industriel, la formation, l’articulation avec nos propositions économiques. Cela y est... j’ai pourtant écrit un livre de 180 pages sur ces sujets, mais ces 2 pages, si j’ose dire, me suffisent amplement pour un texte de congrès, dans l’intention et la direction qu’il donne, l’approche de l’écologie qu’il propose.

Mes 2 autres camarades, qui ont eux aussi écrit chacun un livre sur ces sujets, je le rappelle, ça leur suffit aussi amplement, pour les mêmes raisons. Et ils n’ont pas jugé utile non plus de demander à rajouter 3-4 pages sur le sujet (et pourtant, ils en sont aussi largement capables).

Alors bien sûr on peut enrichir, rajouter l’acidification des océans par exemple, l’irréversibilité des pollutions en métaux lourds, l’épuisement des sols (dramatique pour l’agriculture)... on ne peut qu’être favorable, à condition que ce soit en cohérence avec le texte, et de nature à ne pas l’alourdir. Et si cela peut rassurer/confirmer/conforter encore plus la prise en compte de l’écologie pour les camarades, les nouveaux adhérents pas forcément au fait de tout ce que l’on produit déjà, tout en évitant l’écueil du catalogue à tout prix et de l’exhaustivité (il manquera toujours quelque chose...), il faut alors le faire. On peut même ajouter la déforestation due à la culture de soja... bref... on comprend vite aussi la limite d’une telle démarche même si l’intention peut être louable.

Par contre, ce que je n’accepte pas, c est d’ignorer ces 2 pages, et les balayer d’un revers de main en disant « C’est pas assez ! C’est un recul ! », ou en les caricaturant. C’est assez malhonnête intellectuellement, et participe à cette ambiance délétère pour l’unité du parti de vouloir chercher des poux et dénigrer à tout prix un texte que les communistes ont pourtant choisi majoritairement.

Et j’imagine mal que l’importance d’un sujet traité se mesure avec un pied à coulisse par l’épaisseur du nombre pages, ou du nombre de paragraphes, mais plutôt dans la concision, la qualité et la cohérence du propos, son articulation avec d’autres propositions (économie, démocratie, etc), sa capacité à rassembler et y accueillir des enrichissements, une sorte de « loi cadre » de l’écologie.

Et c’est largement le cas sur ce volet pour ce texte devenu notre base commune de discussion.

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