Les masques de l’Occident tombent après la conférence sur la Libye Tony Busselen du PTB (Parti du Travail de Belgique)

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« Cette guerre tourne autour du pétrole, et non de la protections des vies civiles », disions-nous dès le début des bombardements de l’Otan sur la Libye. Aujourd’hui, six mois plus tard, les masques tombent. Déjà avant que la guerre soit terminée, la richesse de la Libye était partagée entre les participants aux bombardements de l’Otan.

Tony Busselen du PTB (Parti du Travail de Belgique)


Alors que l’Otan maintient le rythme de ses bombardements, un sommet s’est déjà tenu hier à Paris, selon la tradition coloniale, afin de répartir le butin entre les « amis de la Libye ».

Les compagnies pétrolières BP (Grande-Bretagne) et Total (France) qui, sous Kadhafi, étaient pratiquement absentes de la Libye, deviennent clairement aujourd’hui les principaux acteurs en ce qui concerne le pétrole libyen. Jeudi 1er septembre, le journal français Libération publiait une lettre que les rebelles avaient adressée le 3 avril à l’émir du Qatar qui, à ce moment-là, assurait la médiation entre la France et les insurgés. Dans la lettre, les rebelles proposent, en échange de la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT), de signer un accord avec Total, accord dans lequel l’entreprise se voit attribuer 35 % du pétrole libyen. Sous Kadhafi, la même compagnie Total n’avait en main que 2 % de la production pétrolière libyenne.

Sans gêne

Ce qui est surprenant, c’est l’absence totale de scrupules avec laquelle les rebelles et leurs dirigeants proposent la répartition du butin comme la chose la plus normale du monde. Selon Yves Leterme, il était « logique que certains pays qui ont pris leurs responsabilités en Libye, comme la France et la Belgique, bénéficient de plus de retombées économiques que d’autres. Il est important que le CNT reconnaisse que la Belgique a été très active, très courageuse ». Le dirigeant des rebelles, Abdel Jalil, disait déjà la semaine dernière que les pays qui ont soutenu les rebelles ces derniers mois recevraient la priorité lors de l’attribution des contrats. En même temps, il concluait un accord avec Eni, une entreprise italienne du secteur de l’énergie. La firme n’a pas tergiversé une seconde et a aussitôt envoyé des équipes en Libye.

Qu’il s’agissait de beaucoup d’argent, on l’a montré clairement lors du sommet : il a été annoncé que « la Libye recevra directement 10,5 milliards d’euros ». En y regardant de plus près, il s’agit d’une partie des avoirs libyens, au total 105 milliards d’euros, qui ont été bloqués sur les comptes bancaires occidentaux. En d’autres termes, quand, sous Kadhafi, une grande partie du pétrole libyen était encore propriété nationale, la Libye possédait 105 milliards d’euros sur des comptes bancaires. Avec cet argent, on pouvait payer les travaux d’infrastructure et les commandes pour l’économie libyenne. Aujourd’hui, les rebelles ne reçoivent que 10 % de cet argent pour leurs dépenses immédiates, comme le paiement des salaires et le redémarrage de l’approvisionnement en eau et en électricité. Le reste de cet argent servira à financer la reconstruction, qui se fera par de grosses entreprises des « pays amis », avec l’argent… saisi par les gouvernements « amis ».

En attendant l’Otan

Avant la guerre, un pays comme la Chine avait un certain nombre de projets de construction en chantier, pour un montant de 18 milliards de dollars, et 35 000 ouvriers chinois y travaillaient. La Chine n’était toutefois pas invitée au sommet de Paris. Pas plus que d’autres grands pays comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. Jusqu’à présent, ces pays ont refusé de reconnaître le CNT et, par conséquent, ils ne sont pas considérés comme des pays « amis ».

Ces derniers jours, de plus en plus d’infos nous parvenaient sur des massacres et sur la terreur raciste semée par les rebelles du CNT. Que ces rebelles doivent totalement leur autorité aux bombardements de l’Otan a été clairement établi dans un reportage d’un journaliste de l’AFP qui, depuis la ligne de front vers Syrte, l’une des villes qui restent fermement aux mains de Kadhafi, écrivait : « Sur la ligne de front, à l’est de Syrte, les rebelles attendent les bombardements de l’Otan pour se précipiter à nouveau sur la ville natale du colonel Kadhafi ».

D’après le porte-parole des rebelles, 50 000 personnes auraient perdu la vie jusqu’à présent, dans cette guerre. Au lieu de protéger les vies civiles, l’Otan a déclenché une guerre qui a prélevé un énorme tribut en vies humaines et qui a rendu possible toute une terreur raciste. Le véritable enjeu, s’avère-t-il aujourd’hui, était bel et bien le pétrole.

Le 7 septembre 2011

Sources : AFP, 29 août ; Libération et L’Humanité, 1er septembre ; De Tijd, 2 septembre.

Tiré du site du PTB

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