@ Pour ma part, je n’ai pas voté Mélenchon par refus de valider la liquidation du communisme dont c’est la raison d’être du Front de Gauche, sans autres considérations sur le personnage pour le moment. N’étant plus tout jeune, des socialistes, j’en ai expérimenté pas mal, Léon Blum déjà aux lendemains de la Libération, Ramadier en 47, Jules Moch et la grève des mineurs, Guy Mollet avec l’Algérie et la constitution gaullienne, Mitterrand à Charléty, Mitterrand en 81 (là,j’ai failli marcher, jusqu’en 83), Jospin. Eh bien ,malgré tout ça, il ne m’est jamais venu à l’esprit de qualifier la social-démocratie de « social-fascisme », cette expression qu’avaient employée naguère les communistes allemands, avec sur la patate la répression par Noske et la République de Weimar. « Ne pas mettre un signe d’égalité entre social-démocratie et fascisme », cette formule de l’Internationale Communiste probablement apprise dans une école élémentaire du Parti m’est toujours restée en tête. Pourquoi je la re-sors là ? Parce qu’en somme l’abstention le 6 mai, cela veut dire signe d’égalité. Y a-t-il vraiment égalité Sarkozy-Hollande, entre les personnages, ce qu’ils sont idéologiquement ? Ai-je tort ou raison, je vois en Sarkozy un activiste fascisant, exprimant, déployant, répandant une idéologie fascisante de racisme, de xénophobie, s’attaquant de plus en plus violemment et frontalement aux salariés et à leurs droits, aux fonctionnaires, aux syndicats, aux chômeurs qualifiés d’assistés, à toute protection sociale. Sarkozy, c’est une mafia, Hortefeux, Copé, Guéant, Longuet,Takkiédine, et tous les convives du Fouquet’s, les Bouyghes, Lagardère, Bolloré, Dassault... Rien que de les citer, ça me révulse. Alors je prends le bulletin Hollande pour virer Sarkozy et sa mafia, avec pas un instant l’idée que ce serait en comptant sur la politique qu’appliquera Hollande. Pas un instant, pas la moindre illusion. A chaque jour suffit sa peine. Je dis ici très fort le mot de fascisation pour le sarkozisme associé au lepénisme. Pourquoi ce mot de fascisation est-il si absent de tes plaidoyers pour l’abstention ? Puisqu’il y a débat entre nous, tu pourras me répondre là-dessus. Tu dis que tu cherches ce qui peut le mieux réveiller le mouvement populaire. Est-ce à dire que la continuation du sarkozisme au pouvoir, avec un appareil d’Etat bien en main, serait mieux à même de réveiller le mouvement populaire ? Eh bien, explique-moi, je suis tout-ouïes. Je me pose quand même une question. Tu dis qu’avec Hollande la déception viendra vite, et qu’il en résultera un triomphe de l’extrême-droite en 2017. C’est bien vrai. Mais pour empêcher l’extrême-droite de revenir dans cinq ans, il faudrait donc lui permettre de s’installer tout de suite ? J’avoue que je ne comprends pas bien, mais tu vas m’expliquer. Une dernière chose, je trouve tout-à-fait inadapté le recours au « bonnet blanc-blanc bonnet » de Jacques Duclos. Les deux personnages visés par sa formule, Pompidou et Poher, étaient l’un et l’autre de très dévoués serviteurs sur les terrains économique et politique de ce qu’on appelait alors la capitalisme monopoliste d’Etat. Mais à aucun des deux n’aurait pu être imputé de représenter une idéologie fascisante. Sinon Jacques Duclos aurait pris une autre position et trouvé une autre formule pour appeler à virrrrrer (c’était son accent) le facho. Même étant là où il est, je peux m’en porter garant. Fraternellement, Roquet