Revue Unir les commnistes nr 3
Des questions urgentes pour tous les militants d’entreprises...
Ci-dessous, l’éditorial du n° 3 de la revue "Unir les communistes", introduit l’enquête exceptionnelle sur le monde du travail, l’expression de militants d’entreprises. Est également joint le 4 pages de présentation de la revue diffusé à 5.000 exemplaires à la fête de l’Huma.
Une question urgente pour tous les syndicalistes, militants ouvriers communistes : quels sont les obstacles à l’unité des travailleurs freinant la reconstruction d’un rapport de forces plus favorable au plan des luttes sociales, politiques et idéologiques ?
Les événements d’Ukraine, la résistance inattendue du peuple ouvrier de l’Est (manifeste du Front populaire de Libération de l’Ukraine) le retour de la question soviétique dans les débats politiques à l’Est (appel des 17 partis communistes de l’ex-
URSS), et la violence exacerbée de l’impérialisme imposant en Europe même des restructurations économiques, politiques et même institutionnelles et étatiques qui sont historiques, tout devrait conduire à un renouveau du mouvement social dans un monde du travail durement frappé, et tout devrait conduire à reposer en grand la question communiste.
Pourtant, ce qui semble dominer l’expérience militante, c’est le désarroi devant les difficultés des mobilisations, l’incertitude devant des débats qui traversent toutes les organisations syndicales et politiques, et qui divisent les communistes :
luttes de classe, citoyenneté, patriotisme, union européenne, internationalisme, démocratie électorale, laïcité… Et la dernière stratégie du PCF issu de la mutation, le Front de Gauche, s’enlise dans ses contradictions et les états-d’âme de son porte-drapeau présidentiel.
Découvrir de nouvelles consciences de classe
En 1848, Le Manifeste du Parti Communiste soulignait « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes ». Dans le fatras médiatique qui nous parle de « terroristes », « nationalistes », « islamistes », il semble que les luttes de classe soient absentes, et de quelles classes sociales en 2014 pouvons-nous parler à l’heure des révolutions par les réseaux sociaux ?
Les communistes français héritent de longs débats qui les ont opposés : nouvelle classe ouvrière, révolution informationnelle, crise systémique, parti et rassemblement... sur lesquels la direction du PCF a fait un choix systématique de rupture avec l’héritage marxiste-léniniste du parti pour reprendre à son compte des terminologies « modernes », plus sociétales, plus adaptées de fait aux préoccupations des couches moyennes aisées urbaines qui semblent devenues la cible première des experts électoraux.
Mais si ces débats restent d’actualité tant il apparaît de plus en plus clairement que le PCF n’apporte plus d’outil théorique et politique à la hauteur de la violence du capitalisme, personne ne peut penser qu’un débat « en chambre », un débat d’universitaires, pourra résoudre dans l’urgence sociale les impasses dont nous héritons depuis des décennies.
Si les luttes de classes sociales d’aujourd’hui restent les moteurs de l’histoire, alors il faut découvrir dans le chaudron de ces luttes, les nouvelles consciences qui se construisent dans les difficultés issues d’une longue période de recul historique du monde du travail, de plus grande ampleur sans doute que celui qui a suivi la commune de Paris.
Donner la parole aux travailleurs
C’est ce à quoi nous voulons contribuer avec le travail engagé par ce n°3 de la revue pour donner la parole à des militant(e)s d’entreprises confrontées à la nécessité d’unir dans l’adversité, de rassembler et de faire grandir cette classe sociale « pour soi », celle qui, à partir de son expérience des luttes locales, prend la parole pour faire grandir des revendications qui unissent toujours plus largement, jusqu’à devenir des enjeux politiques de classe sur lesquels peut se construire l’organisation politique propre de cette classe.
Nous publions donc une première série d’articles, parfois sous forme d’interview, qui cherchent à identifier les questions qui traversent le mouvement ouvrier, ses contradictions. Comment peut-il faire face aux divisions dans lesquelles il a été enfermé toutes ces années ? Comment lutter contre la concurrence organisée entres travailleurs à partir de l’Europe et de la mondialisation (travail illégal, immigration, délocalisations) ? Faut-il continuer à supporter l’euro, perdre notre souveraineté monétaire ou faut-il en sortir ? Faut-il refuser ou accepter le protectionnisme ? Y recourir serait-il se fermer au monde et à l’internationalisme ? Comment utiliser le progrès technique ? Utilisé pour améliorer la productivité, est-il voué à jouer contre l’emploi, l’écologie, la santé ?
Des questions fondamentales
Nous avons plus précisément proposé aux militants rencontrés la liste de questions suivantes qui explicite la démarche engagée.
Quels sont les obstacles à l’unité des travailleurs de toute origine ? Est-ce que la religion, le racisme, la ségrégation géographique... pèsent sur l’unité ?
Quels sont les effets du discours économique et social du FN (anti-finance et protectionniste) ?
Avez-vous des difficultés à vous faire entendre des forces politiques et des institutions ?
Quel est le principal obstacle « politique » au développement de luttes victorieuses ? Ce qui bloque dans les têtes et freine l’action ?
Penses-tu, comme le disaient les communistes au début du siècle dernier, que le monde du travail, la classe ouvrière, a besoin d’une force politique qui soit la sienne, qui le représente spécifiquement ?
Que penses-tu du PCF aujourd’hui ? de sa place dans le monde du travail, de son utilité pour les luttes ?
Est-ce qu’il te semble possible et comment de résister à la mondialisation capitaliste, à la mise en concurrence généralisée ? Dans quel cadre, national ? européen ? mondial ?
Chaque article ne traite pas toutes ces questions, mais nous voulons contribuer à faire grandir un travail collectif de réappropriation de « notre » débat politique, le seul qui soit utile aux communistes, loin des médias et des questions à la mode, le travail de l’intellectuel collectif du monde du travail qui cherche à penser le monde pour le transformer.