Pourquoi ce moment de réflexion ? Parce que nous ressentons tous la nécessité d’affronter les questions posées au PCF et d’être le plus utiles pour cela dans nos intervention.
Les derniers mois ont en effet été rudes pour ceux qui se sont engagés avec le Manifeste et le 38e congrès dans la reconstruction d’un PCF capable d’organiser le monde du travail, ancré dans la classe ouvrière, tourné vers la jeunesse, porteur d’une vision internationaliste et d’un monde de paix, engagé dans la définition de son projet, le socialisme, alors même que la crise sociale, politique, démocratique s’approfondit et que la guerre s’amplifie et menace l’humanité.
La campagne des présidentielles avait marqué le retour du PCF dans l’espace médiatique, essentiellement autour du secrétaire national et candidat Fabien Roussel.
Le résultat indiquait cependant que l’effort était devant nous, la cote de popularité et l’engagement, ne serait-ce qu’autour du bulletin de vote étant deux choses différentes.
Depuis le 38e congrès, engagés dans l’écriture du Manifeste et sa mise en œuvre, nous tenons fermement le cap : un coup d’arrêt a été mis à la liquidation du PCF, la reconstruction sera longue ; elle s’articule pour nous autour de deux questions : reconstruire une organisation communiste et ouvrir la perspective du socialisme, un projet original et identifié de transformation de la société.
Après cette dernière séquence, des européennes aux législatives, l’existence du PCF n’est pas assurée, dans un moment où l’anticommunisme se nourrit de la criminalisation de son histoire. Nous pouvons craindre que l’affirmation centrale du Manifeste, la nécessité de l’existence d’un parti communiste, soit fragilisée.
A l’issue des élections présidentielles, nous avons été sérieusement interrogés par l’accord électoral de 2022 qui en limitant notre présence à 50 circonscriptions dont à peine une vingtaine jugées gagnable, « cornérisait » durablement notre parti, risque confirmé en 2024.
Au moment de la guerre en Ukraine, le vote des députés de la Résolution n°390 affirmant le soutien de l’Assemblée Nationale à l’Ukraine jusqu’à l’envoi d’armes, tournait le dos à la position historique du PCF pour la paix, et à la position de principe « Ne pas rajouter de la guerre à la guerre ». En même temps, si dans nos textes de congrès, la nécessité de la sortie de l’OTAN et de sa dissolution était réaffirmée, il en allait autrement dans les déclarations de nos dirigeants, parfois marquées d’ambiguïté et finissant par valider d’ailleurs les livraisons d’armes.
Mais nous avons maintenu le cap, conscient qu’on ne sort pas de plus de 20 ans de renoncements en un jour.
Le 39e congrès ne contredisait pas le 38e, plaçait au cœur de la discussion la nécessité de l’organisation du PCF, réaffirmait la sortie et la dissolution de l’OTAN, actait la nécessité d’un débat dans le PCF sur la question de la transition et du socialisme.
Depuis quelques semaines, c’est un autre récit qui s’écrit :
- Des positions de plus en plus favorables à l’envoi d’armes en Ukraine « car on ne peut pas laisser gagner Poutine ».
- Une campagne européenne bien huilée techniquement mais plus de posture que de position dont il ne se dégage aucun thème marquant, même s’il faut saluer l’effort de Léon Déffontaines sur la caractérisation de l’imposture sociale du RN.
- L’obsession de la rupture avec la FI et Mélenchon, pour l’essentiel dans l’illusion d’une situation plus favorable avec le PS et les Verts, alors que ceux-ci, à chaque échéance participent pleinement à nous écraser avec la FI. Il faut bien sûr sortir de cette domination de la France insoumise sur le PCF, encore faut-il pour cela considérer que la première question c’est de se renforcer pour y parvenir et pas de s’enfermer dans des postures d’affrontement qui se retournent contre nous, par exemple sur la Palestine, bataille que nous menons pourtant depuis longtemps.
- La dissolution et les législatives de 2024, confirment nos difficultés avec 4 députés perdus, dont le secrétaire national, dans des conditions d’accord identiques à 2022. Plusieurs villes à direction communiste se trouvent en danger, du fait du RN, mais potentiellement aussi de la FI qui peut sur la base des législatives chercher à se les approprier.
Le plus inquiétant, c’est peut être ce renoncement à assumer un rôle autonome du PCF à la hauteur des enjeux du moment en France comme dans le monde, tellement nous sommes centrés sur notre place dans les médias et l’électoralisme. C’est ainsi, que nous emboitons le pas à la gauche quant à l’analyse des résultats de juillet, invitons Lucie Castet dans nos initiatives – la photo avec la première ministre potentielle prenant le pas sur ce que pourrait dire spécifiquement un parti comme le nôtre dans la situation –, paraissons d’évidence d’accord pour participer à un gouvernement du NFP, sans poser ni en interne ni publiquement la question essentielle des conditions nationales et internationales de l’exercice du pouvoir par la gauche.
Nous sommes confrontés, comme le peuple d’ailleurs à des questions graves :
- Le risque d’une guerre à grande échelle – qui se dessine en Ukraine en direction de la Russie et de la Chine, comme en Palestine en direction de l’Iran – ; Au travers de situations différentes, c’est l’impérialisme du dollar qui impose à n’importe quel prix la poursuite de sa domination sur le monde et le refus des peuples et des nations de cette domination néo coloniale qui veut se poursuivre et s’amplifier.
- Une progression de plus en plus affirmée des forces d’extrême droite, s’appuyant sur une dynamique populaire dans la classe ouvrière, les employés.
- La division de la classe ouvrière, du peuple qui se creuse et s’élargit jusqu’à la fracture.
Comment mettre le PCF à la hauteur de ces enjeux ? Comment peut il s’émanciper d’une démarche électoraliste, qui faute de bataille idéologique et d’organisation, l’affaiblit toujours plus et le pousse vers le réformisme et les renoncements.
Dans cette situation, nous ne saurions nous enfermer dans des affrontements internes qui découragent les communistes, ni dans des batailles de places qui n’ont jamais été pour nous un objectif premier.
Mais le débat doit avoir lieu, pour que le PCF vive et se renforce.
Osons le débat idéologique et l’action sur les question de la Paix, du socialisme et de l’organisation, c’était d’ailleurs le sens du 39e congrès ; ayons l’audace de faire venir ces questions dans les semaines qui viennent.
Osons affirmer que nous ne pouvons pas gouverner avec des gens qui appellent à toujours plus de guerre ; c’est d’ailleurs ce qui a conduit un certain nombre d’entre nous à ne pas valider l’accord du NFP, qui affirmait « tout pour l’Ukraine ».
Sortons des postures d’existence médiatique, notre problème n’est pas de promouvoir Lucie Castet mais d’appeler le peuple à agir et peser quelque soit le gouvernement.
Engageons nous pleinement pour la reconstruction du PCF, son organisations, ses cellules d’entreprises et de quartiers !
Faisons vivre la fraternité des communistes, quelle que soit l’âpreté des discussions.
Utilisons tout ce qui peut aider pour ces objectifs : le site « Faire vivre et renforcer lePCF », mais aussi les blogs « Oser la Paix », « socialisme », les apports du blog « Histoire et Société », Le journal « Liberté Actus » qu’il faut faire connaître plus largement, les rencontres internationalistes de Vénissieux, les initiatives que les uns et les autres prendront à la Fête de l’Humanité...