Cardoze chez Ménard Qu’il se le dise : "les vaincus d’aujourd’hui seront les vainqueurs de demain "

, par  Gilbert Remond , popularité : 1%

Décidément, le respect du pluralisme dans la presse avec l’entrée de communiste à la télévision donne de curieuses alchimies. Que sont devenus nos camarades journalistes ? Il parait que tous les chemins mènent à Rome, vous savez cette ville, centre névralgique de l’empire, d’où partaient et revenaient les légions conquérantes, qui était la capitale des jeux et du pouvoir, le théâtre des intrigues et des grandes trahisons, et que surplombaient le capitole et sa roche Tarpéienne. Point culminant du pouvoir et de sa chute ! Les sénateurs s’y retrouvaient pour discourir et faire les lois. Les bannis depuis ces hauteurs étaient jetés dans le vide. Tomber en disgrâce n’était pas qu’une vue de l’esprit, une fois la grâce perdue, on se brisait les os quelques mètres plus bas. L’on pouvait être l’un puis l’autre, couronné de lauriers, faire la pluie et le beau temps, la moustache entreprenante, puis découvrir le vide sous ses pieds, après être tombé en disgrâce. La nature a horreur du vide, or celle de ces nouveaux narcisses que sont les présentateurs de télévision, est de se précipiter partout où leurs reflets a le pouvoir de paraître. Leur exécution capitale, c’est disparaître, infamie insupportable !

Rien d’étonnant donc, que de voir l’un d’entre eux en si compromettante posture. Les réflexes corporatifs, l’esprit de clan conduisent à bien des reniements, mais franchement la rénovation communiste pouvait avoir meilleur destin ! Passer de la révolution à la télévision, c’était déjà acrobatique. Réciter des poèmes en présentant la météo avait quelque chose de pathétique, même si l’on pouvait comprendre qu’à tout prendre, mieux valait grenouiller littérairement la fleur à la boutonnière frisant le ridicule, que de respirer la naphtaline dans un placard, par contre devenir le monsieur culture d’un Ménard pétainisé, c’est devenir l’ange qui fait la bête dans une navrante conversion médiatique. Comme quoi, oui tous les chemin mènent a Rome et les sots aux faisceaux !

Dans cette affaire, le mariage des genres n’est pas du meilleur goût. Si nous savions que les journalistes de télévision font la pluie et le beau temps dans l’information, nous aurions du savoir qu’ils succombaient aussi facilement à un plat de lentille. Le métissage littérature-vignoble prend dans cette occurrence une direction qui fleure le syndicat d’initiative et la manipulation populiste. Monnaie, monnaie, monnaie, chantaient les personnages de l’opéra à quatre sous ! Le fascisme, sous ses hospices, trouvait ses métaphores dans les milieux interlopes. Brecht plus que jamais prémonitoire, reste notre éveilleurs ! Les chemins qu’il empruntait en la circonstance, étant ceux d’une dérision corrosive, il n’en restait pas moins d’une grande sagacité dans son observation. Le ventre de la bête est toujours fécond, nous prévenait-il, et les amuseurs peuvent être capable de surprenants revirements dans leurs talents d’amuseurs.

Il sont amis depuis longtemps, métier oblige ? Ensemble, ils vont inventer un projet culturel pour une ville populaire, remettre les bitterrois en scène. Ils étaient donc hors scène ? Menard le clébard hargneux de Reporters sans frontières en sait quelque chose des sorties de scènes ! Mais parions qu’ils reviendront avec du beau linge, parions que tous ces beaux amis ne chômeront pas pour mettre du beurre dans leur épinards tout en redonnant du bon sens à leurs action (culturelles). Revenir à la terre, revenir aux valeurs de la France éternelle sont de bien vieilles ritournelles dont nous avions appris les textes jadis dans une ambiance de bruit de botte. Culture et agriculture font le bonheur des bouilleurs de cru, mais aussi des alchimistes des vertus perdues. Nous ne sommes plus au temps des troubadours et nous savons depuis Marcel Carmé, que ces visiteurs du soir ont de diaboliques projets, mais nous en connaissons aussi l’épilogue. Amour et culture ont un cœur qui continue de battre même pétrifié, même contre la volonté du diable.

Moi, à l’amuseur élitiste, amateur de vigne, de peinture et de littérature, qui malgré quelques désaccords avec son ami, l’édile fascisant, veut rendre à une ville populaire sa scène de culture, je lui rappelle ce que disait celui qui jamais n’a accepté de compromis avec les fascistes, mais qui avait foi en un peuple cultivé :

Dans les jours à venir on ne dira pas :

Les temps étaient sombres.

Mais : pourquoi les poètes se taisaient-ils ?

Brecht "en des temps de ténèbres"

Tant que tu es en vie, ne dis jamais : jamais !
Le régime assuré, n’est lui même pas sûr.
Les choses de la vie ne sont pas immuables.
Quand les maîtres aurons parlé,
Les opprimés, eux, parleront.
Qui se hasarde à dire jamais ?
Tant que l’oppression dure, à qui la faute ? A nous.
Quand on la brisera, qui le fera ? C’est nous.
Tu es battu ? Lève toi !
Tu te crois perdu ? Au combat !
Tu te crois malheureux ? C’est l’instant de marcher !
Les vaincus d’aujourd’hui seront les vainqueurs de demain.
Et jamais devient aujourd’hui !

Brecht "mère courage"

Mère courage, c’était Rosa Luxembourg, Rosa la rouge que les sociaux démocrates avaient fait assassiner par les caques d’acier, les futurs sections d’assaut d’Hitler. Le jour d’anniversaire de son assassinat, Brecht avait donné une représentation de sa pièce devant un public d’ouvrier. La police interdisant la pièce, les acteur la jouèrent malgré tout mais sans costume, sans décor. Brecht remarquait ceci :

"Alors que les ouvriers réagissaient immédiatement aux tournures les plus subtiles du dialogue, et saisissaient les postulats les plus compliqués, les spectateurs bourgeois ne suivaient l’action qu’avec difficulté et ne comprenaient pas du tout les éléments essentiels... Les ouvriers réagissaient tout de suite au niveau politique. Ceux qui venaient du quartier ouest de la ville (le quartier chic) souriaient dans le vague et avaient l’air de s’ennuyer... (ils) ne s’intéressaient qu’aux choses superficielles. Alors je vous demande, qui est primitif et qui ne l’est pas ?"

Je vous le demande, fallait-il attendre une municipalité soutenue par le FN pour que les classes populaires retrouve la culture, et celle-ci se donne-t-elle par les conseils de providentiels personnalités venues en amis pour annoncer l’éclaircie culturelle ? Qui est primitif, qui ne l’est pas ? Ce n’est pas de ces superficialités d’élites branchées que les milieux populaire ont besoin, car je le vois venir avec ses métissages de peintures de vigne et de littérature, mais "de tous les bonheurs et tous les plaisirs des inventeurs et des découvreurs, tous les sentiments triomphants des libérateurs" (Brecht politique sur le théâtre). Qu’il se le dise : "Les vaincus d’aujourd’hui seront les vainqueurs de demain".

Gilbert Remond

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    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

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