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L’union européenne va t-elle devenir l’espace vital allemand ? Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté - Ho Chi Minh
Dans sa dernière livraison, le comité Valmy met en ligne un article de l’Allemand Joachim Gauck paru sous le titre "L’union européenne va-t-elle devenir l’espace vital allemand ?". Il s’étonne que de retour en France, nos représentants puissent parler de victoire de l’Europe du sud et il considère que les concessions obtenues font un bien maigre pourboire au regard de ce qui sera maintenu du texte précédent, ce pacte de stabilité qu’Hollande candidat prétendait renégocier.
Il s’agit d’une farce comme nous l’explique J. Gauck, d’une farce dont François Ruffin nous avait prévenu de son exécution post-électorale par une vidéo diffusée pendant la campagne, dans laquelle il interviewait un financier qui lui avait tranquillement expliqué le scénario auquel nous venons d’assister.
Mais sous la farce se dessinent de funestes conséquences. Sommes-nous prêts à tirer les leçon de l’histoire ? D’une histoire qui se répète, même si le militarisme n’est pas le véhicule des intérêts ici en cause ?
En effet, il nous faut reconnaitre que l’Europe est et reste un champ de contradictions, où sont à la manœuvre de puissants intérêts monopolistiques et que s’ils sont temporairement mis en sommeil face à un ennemi commun, la classe ouvrière et ses acquis, les impérialismes qui s’y affrontent subrepticement et qui eux sont nationaux et le savent bien, sont toujours là avec leurs intérêts a défendre qui n’ont que peu de chose a voir avec ceux des peuples.
Ce que dit ce texte est intéressant à plus d’un titre. Il devrait nous éclairer sur la pseudo politique de paix défendue par nos états, et leur volonté de tourner la page sur une histoire sanglante. Ainsi six mois après les accords de Munich et neuf mois avant la déclaration de guerre, la France signait une déclaration de paix avec l’Allemagne dite "Déclaration franco-allemande du 6 décembre 1938", où "les ministres des affaires étrangères de la France républicaine et de l’Allemagne hitlérienne, George Bonnet et Johachim von Ribbentrop, signèrent à Paris une retentissante déclaration de bon voisinage et de consultation mensuelle".
Jacques Dugowson dans un article de 1961 des "Recherches internationales" nous explique que « des deux partenaires, Bonnet, s’appuyant sur le maître des Forges François Poncet qui déclarait "Si ces engagements sont tenus, ils contribueront grandement a détendre l’atmosphère européenne", se montra le plus pressé. "Il fallait agir vite", expliquait-il à l’ambassadeur allemand, à cause de l’opposition de gauche en France ». L’ambassadeur Welczeck poussait d’ailleurs à la roue. Il écrivit à Ribbentrop qu’il fallait "réellement se hâter" et "qu’un accord sous une forme quelconque avec l’Allemagne consoliderait... la position de Daladier et de Bonnet et favoriserait leur politique de refoulement et d’exclusion des communistes". "Si Bonnet, nous dit Dugowson, "avait approuvé la position de principe de la politique extérieure du Reich, qui consistait en la lutte contre le bolchévisme, lorsque fut évoquée la guerre d’Espagne, Ribbentrop de son côté se félicitait de la politique intérieure du gouvernement, faisant notamment allusion à la grève du trente novembre, en déclarant qu’en Allemagne, on avait suivi avec beaucoup d’intérêt et une réelle sympathie, les efforts du gouvernement Daladier pour régler la situation en France" (ce qui n’est pas rien dans la bouche d’un nazi).
Si les protagonistes d’aujourd’hui sont issus de situations politiques quelque peu décalées, (bien sûr, l’Allemagne d’aujourd’hui n’est pas celle de 1938), il reste que les préoccupations des uns et des autres restent étonnamment constantes en matière économique et sociale. Après Hollandréou, aurions-nous Hollandaladier ?
Gilbert Remond
Le dernier sommet européen est présenté comme une victoire de l’Europe du Sud sur l’Allemagne. Cette présentation n’est qu’une farce : en réalité, François Hollande a du se contenter qu’un maigre 1% du budget soit consacré à la croissance en échange de la ratification du pacte de stabilité. Un bien maigre pourboire pour manger discrètement son chapeau.
A peine rentré en Allemagne, Mme Merkel se rendait devant le Bundestag qui approuvait par un rassemblement national, majorité de droite et opposition de gauche réunies, le résultat du sommet présenté en France comme une défaite allemande.
La suite n’a pas tardé : le président de la République fédérale refuse de ratifier les deux derniers traités, MES et pacte de stabilité, au motif qu’un recours serait introduite devant le tribunal constitutionnel de Karlsruhe, recours qui semble avoir toutes les chances d’aboutir... [1]
Si Angela Merkel semblait seule au sommet, le système allemand lui permet de se dégager après coup : aucune décision de quelque sommet européen ne peut être validée sans tous les garde-fous allemands, parlement, présidence, Cour constitutionnelle. Cette faiblesse apparente est en réalité la grande force de l’Allemagne.
Les prochaines étapes prévisibles sont, dans l’ordre :
1. Blocage de la ratification des deux traités par la Cour de Karlsruhe.
2. Modification constitutionnelle pour autoriser un référendum.
3. Référendum sur la participation de l’Allemagne à la fameuse union bancaire [2] qui déplacerait des éléments essentiels de la souveraineté monétaire vers l’Union, avec deux sous-entendus :
l’un, à destination des partenaires, serait l’idée sous-jacente que le peuple allemand ayant voté, la volonté de la Cour de préserver coûte que coûte les droits du peuple allemand ne pourrait plus être affirmé avec autant de force, dès lors que celui-ci aurait voté pour s’en démettre au profit d’un hypothétique "peuple européen" en devenir.
l’autre, à décrypter dans les subtilités des textes constitutionnels, l’idée que le peuple allemand partagerait avec d’autres des éléments essentiels de souveraineté, les autres peuples ayant, eux, renoncé définitivement à leurs droits fondamentaux pour la chimère du "peuple européen", [3] tandis que les allemands les ayant soigneusement préservés par de nombreuses clauses d’opt-out... le but de la manœuvre étant de profiter de la crise pour asseoir définitivement la domination économique de l’Allemagne sur le continent.
Ce plan magnifique peut encore échouer, pour peu que les autres nations en prennent conscience et sortent enfin de leur torpeur, "cet engourdissement qui précède la mort" selon le terme de l’appel de Cochin...
Voir en ligne : Sur le site du comité Valmy, un recueil de textes utiles sur les communistes et la question nationale