Un vrai programme d’inspiration socialiste doit limiter l’immigration

, par  Gilles Questiaux , popularité : 2%

Les migrations et les migrants ne sont en soi ni bons ni mauvais. On peut les critiquer sans être forcément taxé de racisme. Voyager et changer de pays sont des libertés individuelles dont jouissent les riches, partout dans le monde. La migration internationale peut être revendiquée comme un droit humain fondamental, avec cette contrepartie : l’exercice de ce droit suppose que l’immigrant s’adapte aux usages du pays où il choisit de vivre.

Mais dans la réalité concrète, les principes de droit universel doivent s’adapter : en régime capitaliste les immigrants sont utilisés comme main d’œuvre bon marché, pour faire pression à la baisse sur les salaires et sur les revenus indirects des autochtones et des immigrés déjà intégrés par le marché de l’emploi ou par le système scolaire. Une véritable politique socialiste limiterait donc dans les faits le droit à l’immigration, comme d’ailleurs celui de l’émigration.

Cette concurrence sur le marché du travail engendre du ressentiment, et chez beaucoup de travailleurs le rejet en bloc de l’immigration et les dérives xénophobes. Il faut dire clairement dans ces conditions que être "contre l’immigration" et être "contre les immigrés", ce n’est pas la même chose. Dans le premier cas on prône une politique économique qui peut être justifiée ou non, opinion qu’on a le droit de formuler, dans le deuxième cas on prend des boucs émissaires, attitude qui doit être combattue par l’éducation.

Que l’immigration soit bonne ou mauvaise pour le pays destinataire, pour sa classe ouvrière, pour les pays émetteurs, et pour les migrants eux-même sont des questions de sociologie et d’économie scientifiques. On doit donc pouvoir en discuter sans tabou, et sans a priori.

La France est un pays traditionnel d’immigration politique et cette tradition d’accueil universel fait partie de son identité patriotique. Mais la demande de la régularisation automatique de tous les migrants économiques sans papiers est un mot d’ordre irresponsable, absolument rejeté dans les classes populaires, et qui pousse les migrants à risquer leur vie en masse en cherchant à passer en France à n’importe quel prix : le visa refusé aux consulats sera accepté une fois sur le territoire français, sous la pression de la "loi du cœur" des ONG et des groupuscules gauchistes. On retrouve la logique perverse de la politique des États-Unis par rapport à l’émigration cubaine : le visa refusé au bureau des intérêts états-uniens qui trône sur le Malécon sera accordé au naufragé recueilli in extremis sur les plages de Floride. Il ne faut pas oublier qu’un seul naufrage au large de Lampedusa cause plus de victimes que les franchissements illégaux du "Mur" de Berlin en 28 ans d’existence.

Ce n’est pas par bêtise ou par racisme que les prolétaires français ou étrangers installés depuis longtemps en France sont réticents à l’égard des sans-papiers. La plupart d’entre eux jugent de manière lapidaire : "les papiers, ils ont qu’à en avoir avant de venir". Il faudrait renoncer aux raccourcis pour envisager de combler la fracture entre "la gauche" et le peuple et s’opposer vraiment, et pas qu’en intention, à la montée du FN. Nombreux sont les défenseurs de l’immigration illégale qui ne s’intéressent pas au sort réel des immigrés (ceux qui se noient à Lampedusa ou sont esclaves dans les ateliers de Belleville), ni à celui des jeunes français fils et filles d’immigrés qui ne trouvent pas de travail. Ils s’intéressent beaucoup plus à leur image morale qu’ils contemplent avec ravissement dans le miroir de leur idéologie petite bourgeoise.

Quelle différence entre une politique restrictive de l’immigration émanant de l’extrême droite, et une vraie politique socialiste ?

L’extrême droite veut dépouiller le prolétariat de ses droits. il ne lui suffit pas que l’immigration soit organisée par le capital pour comprimer les salaires par la concurrence entre exploités, elle veut y rajouter la répression directe dont elle est fétichiste. Même si certains néonazis sont obsédés par la purification de la soi-disant race blanche, son but réel est la création d’un prolétariat discriminé et d’une société d’apartheid. Ce n’est pas un hasard si nombre de cadres d’extrême droite ont un passé colonial, ont été "expats" en Afrique, DRH dans l’industrie, ou sont des patrons de PME employant sans vergogne sans papiers et travailleurs clandestins.

Les communistes doivent quant à eux défendre la politique d’immigration qui permette l’intégration la meilleure des immigrés déjà présents et de leurs descendant à la nation française, et plus précisément concernant les ouvriers qui sont largement majoritaires dans l’immigration à la classe ouvrière française. Or dans les conditions d’emploi actuelles, les travailleurs sans-papier font une concurrence directe aux fils et aux filles d’ouvriers immigrés qui sortent souvent sans qualification du système scolaire. Non seulement l’immigration illégale oppose les travailleurs entre eux, mais elle oppose les nouveaux travailleurs immigrés à ceux de la vague précédente.

Ralentir ou faire cesser l’immigration peut être nécessaire pour améliorer l’intégration. Une mauvaise intégration massive, avec son corolaire de pauvreté, d’échec scolaire, de chômage condamne une part importante des immigrés à devenir un nouveau lumpenprolétariat sans espoir, qui remplit les prisons, grossit les rangs communautaristes, et nourrit les réactions de racisme ordinaire de la majorité. Les communistes dignes de ce nom devraient s’opposer absolument à la théorie libérale de l’immigration qui considère la nation comme dépassée dans l’ensemble euro-atlantique, et donc l’intégration inutile.

Dans l’application d’une politique restrictive de l’immigration, la droite et l’extrême droite proposent essentiellement des pratiques racistes de discrimination et de harcèlement des travailleurs immigrés. Les communistes viseraient les employeurs de main d’œuvre étrangère illégale (y compris les étrangers qui ne sont pas les derniers à exploiter leurs compatriotes), nouveaux négriers qui bénéficient de complaisances dans la gauche bourgeoise. Ils lanceront des politiques de codéveloppement avec les pays d’origine des migrants.

Il faut remarquer qu’à part les gauchistes inconséquents et les ultralibéraux cohérents, personne ne défend la liberté de l’immigration, et donc tous doivent aussi assumer la nécessité de procéder à des expulsions.

En fin de compte, il faut comprendre la différence qu’il y a entre le pseudo-nationalisme raciste prompt à la trahison et le patriotisme, entre Vichy et la Résistance de l’Affiche Rouge. Les politiques libérales d’immigration, fondées sur la dissolution progressive des nations qu’exige la bourgeoisie transatlantique, développent dialectiquement une opposition légitime, mais tout est fait, en particulier par la promotion médiatique du FN, des groupes identitaires, et des intégristes pour que la colère des masses soit récupérée et stérilisée à l’extrême droite et que leurs revendications soient diabolisées.

Le piège est grossier. Si certains militants de gauche et d’extrême gauche semblent si prompts à y donner, c’est qu’ils se sont éloignés de la classe ouvrière, et qu’ils la méprisent et la craignent "comme le péché".

Voir en ligne : Réveil communiste

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