Bien sûr traquer et punir les coupables. Mais poser publiquement la question : comment se fait-il qu’ils aient pu (...)
Mélenchon, la charrue et la calculette
Depuis la mise en détention de M. Strauss-Kahn, M. Mélenchon est inquiet. Non pas du symptôme nauséabond que constitue cet épisode, ultime conséquence malodorante du mode de reproduction du pouvoir qui se croit tout permis même en ses alcôves. Non, Mélenchon a peur des conséquences de cette farce tragique pour la rente électorale qu’il espère se constituer l’année prochaine. En effet, afin de se tailler un strapontin médiatique destiné à s’imposer face à un candidat communiste aussi improbable que fantomatique, Mélenchon s’était fait une spécialité dans la virulence antistrausskahnienne.
Mais Strauss-Kahn s’absentant pour cause de délit présumé de braguette, notre Mélenchon, privé de punching-ball, se trouve tout désorienté. Plus d’adversaire, plus de match... D’autant qu’il n’a pas vu venir l’opération Marine Le Pen dénoncée par Le Kanal au début de ce mois : transformer le vote de « gauche » du premier tour en barrage de papier contre un danger fasciste fantasmé. L’avance sondagière de Strauss-Kahn rendait certes l’opération difficile, mais l’effacement de ce dernier derrière les murs d’une prison new-yorkaise, peut désormais donner un tour plus plausible à l’affaire. Et la crainte de voir les électeurs mélenchonistes potentiels rejoindre, dès le premier tour, les rangs apeurés des Aubrystes ou des Hollandais devient d’un coup plus crédible.
S’emparant donc d’un propos pour le moins ambigu de la responsable du PCF aux élections, une certaine Benoit, selon laquelle « s’il était annoncé assez fort, avec évidence dans les sondages, que la gauche ne devait pas passer au deuxième tour, nous prendrions nos responsabilités », Mélenchon s’affole.
Alors même que la disparition du petit facteur guévariste lui avait redonné des couleurs, s’ouvrirait désormais la perspective d’un « front antifasciste » qui aurait pour principale conséquence son propre effacement... Catastrophe ! Voilà donc notre bateleur reparti au combat pour expliquer que son désaccord est avec TOUS les candidats socialistes déclarés ou à venir. L’ancien ministre socialiste ne supportera pas plus antisocialiste que lui, qu’on se le dise !
Question de matelas électoral espéré, comme de bien entendu. L’un de ses porte-serviette a d’ailleurs vendu la mèche aussitôt en assurant d’un ton martial : « nous sommes seuls capables d’aller chercher un électorat que les socialistes ne sont plus en mesure de trouver ». Mais pour en faire quoi, Monsieur ? Pour le servir gratos au deuxième tour au candidat socialiste arrivé en tête ? Pour quelques avantages clandestins négociés sous la table ? Pour un poste de ministre ou deux en cas de « victoire » ? Chut... Le bon peuple n’en sera informé qu’en temps et en heure. Autant dire trop tard.
En vérité et pour ne pas désespérer de tout, le seul candidat que les vrais républicains pourraient soutenir serait celui qui annoncerait que la SEULE mesure qu’il prendrait dès le lendemain de son élection serait de tenter de conférer à la future Assemblée Nationale le statut de Constituante et de démissionner aussitôt. Élire, en somme, un président dont l’unique programme serait de supprimer la présidence.
Hélas, Mélenchon n’est pas Cincinnatus. Il ne retournera pas à sa charrue, il préfère penser avec une calculette.