« Le Monde » veut-il participer à la chasse aux sorcières ? Lettre ouverte à signature

, par  lepcf.fr , popularité : 1%

Suite au vote anticommuniste du Parlement européen, des articles dans le style jésuite du "Monde" ou bien ouvertement insultants comme "le Figaro" battent du tambour pour apporter de l’eau à ce moulin.

Dans "le Monde", Adrien Sénécat défend le révisionnisme historique à propos du pacte germano-soviétique. Quant à Nicolas Lecaussin « Ian Brossat, la tête de liste du PCF aux Européennes, serait, selon Le Parisien (8 mai), un communiste "new look". Mais pourrait-il y avoir aussi un nazi "new look" ? ». Cette insulte mériterait d’ailleurs une réponse du PCF et de Ian Brossat.

Sur proposition de Jean-Claude Delaunay et de Jean Julien, plusieurs militants ont rédigé une lettre ouverte / pétition au journal le Monde, qui sera transmise à ce journal avec une première liste de signatures.

Nous vous invitons donc à signer et partager largement cette lettre.


Sous le titre « Le Parlement européen a-t-il réécrit "l’Histoire" de la seconde guerre mondiale ? », Adrien Sénécat publie dans vos pages un article qui se veut honnête quant à la vérité historique, à propos de la résolution du Parlement européen du 19 septembre 2019.

Adrien Sénécat se prétend aussi détenteur d’un avis éclairé et impartial au point d’animer votre décodex, c’est-à-dire qu’il s’autorise à juger qui ment et qui dit la vérité. Il aurait été bien inspiré d’appliquer à son article les scrupules avec lesquels il veut faire la chasse aux « fake news ».
 
Citant Annette Wieviorka, il écrit que « le pacte germano-soviétique lève une hypothèque et tout le monde sait à son annonce que ce sera la guerre ».
Puis Sophie Cœuré : « Si l’on regarde la chronologie courte, le pacte Molotov-Ribbentrop signé le 23 août 1939 permet bien à Hitler d’envahir la Pologne le 1er septembre, ce qui déclenche la guerre ».

Or la « chronologie courte » ne voit pas beaucoup plus loin que le bout du nez, si on examine la succession des événements qui ont précédé le conflit, et sur laquelle Adrien Sénécat est étonnamment silencieux :
 Dès 1931 l’URSS tente de reconstituer l’alliance franco-russo-anglaise de 1914 qui avait contraint la Reichsweihr à diviser ses forces.
 Le « Pacte de non agression » Herriot-Dovgalevsky (ambassadeur d’URSS à Paris) du 29 novembre 1932 reste lettre morte.
 Dès 1933 les diplomates et attachés militaires franco-britanniques en poste à Moscou signalent vainement la volonté soviétique d’une triple-alliance.
 Le pacte franco-soviétique du 2 mai 1935, qualifié de « chef d’œuvre de galimatias » par le Quai d’Orsay, est privé jusqu’au bout de l’accord militaire promis à Staline par Laval.
 De juillet 1936 à la victoire de Franco en février-mars 1939, Paris et Londres soutiennent l’agression germano-italienne contre l’Espagne républicaine, que l’URSS est seule à aider.
 Le 17 mars 1938, soit cinq jour après l’Anschluss, l’URSS propose une alliance soviéto-britannico-française.
 Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938, Munich est signé, en l’absence de l’URSS et de la Tchécoslovaquie, et immédiatement suivi de « pactes d’amitié » anglo-allemand puis franco-allemand. L’URSS a proposé fermement de défendre la Tchécoslovaquie jusqu’au bout, avec 90 divisions.
 Le 15 mars 1939, assaut définitif du Reich contre la Tchécoslovaquie, immédiatement suivi de la proposition soviétique d’une conférence réunissant tous les pays menacés. Les Occidentaux traînent les pieds jusqu’en août inclus.
 Le 20 mai 1939, l’Italie et l’Allemagne ont signé le Pacte d’acier, ouvertement offensif.
 Enfin le pacte germano-soviétique est signé le 23 août, soit plusieurs jours après l’aveu clair des Français et des Anglais, à Moscou, qu’aucun accord n’est possible puisque les Occidentaux refusent d’autoriser l’Armée rouge à entrer en Pologne et en Roumanie contre une attaque allemande. L’URSS, privée de tout allié, est alors confrontée à la perspective d’une attaque allemande immédiate.
 Elle a alors aligné un million d’hommes à ses frontières occidentales. Il y en aura trois en juin 1941. En tant qu’alliée du Reich ?

Adrien Sénécat s’est abstenu de faire allusion aux travaux de l’historienne Annie Lacroix-Riz concernant la stratégie de nombreux milieux d’affaire sur le thème « Plutôt Hitler que le Front Populaire ».

Les puissances "démocratiques" européennes ont cru pouvoir se débarrasser de l’URSS en se servant de Hitler pour la détruire. Ce dessein lâche, hypocrite, criminel et stupide a été bouleversé lors du pacte germano-soviétique ; tous les politiciens qui avaient spéculé sur ce sombre scénario ont alors poussé des cris d’orfraie et se sont déchaînés contre les communistes. Le sang versé par eux et particulièrement les 27 millions de Soviétiques, la victoire de Stalingrad qui a retourné le sort des armes et scellé la fin de l’hitlérisme n’ont jamais effacé la haine anti communiste de ceux qui ont ainsi favorisé la montée du nazisme et la 2e guerre mondiale.

Cette détestation perdure à tel point que certains pays d’Europe ont maintenant criminalisé l’activité et l’idéologie communiste. Le 20 mai 2016 le président polonais Andrzej Duda a interdit toute référence au communisme. Le 13 juin 2019 le code pénal rend le communisme illégal et punissable de 3 ans de prison.
 
Contrairement à ce qu’affirme Adrien Sénécat, il y a bien falsification et révisionnisme dans le texte voté au parlement européen, qui assimile communisme et nazisme sous la notion de « régime totalitaire », concept controversé et nullement scientifique lorsqu’il définit de manière identique deux régimes foncièrement différents.

Un vote européen liberticide

Mais parlons des conséquences : Bien loin de protester contre ces lois liberticides, le vote du Parlement européen les a entérinées pour les généraliser à toute la Communauté européenne. Il signale que « dans certains Etats membres » la loi interdit l’idéologie communiste, se dit préoccupé par l’existence des symboles communistes dans des espaces publics, rappelle « qu’un certain nombre de pays européens » en ont interdit l’utilisation, et invite à en effacer le souvenir. Il n’y a là aucune "ambiguïté".

Peut-être serait-il approprié de requalifier la station de métro Stalingrad en station Daladier, afin de réhabiliter ce héros oublié et d’effacer une honteuse victoire contre les nazis 
 
Adrien Sénécat s’est bien gardé de signaler la finalité du révisionnisme historique dans le vote du Parlement européen : interdire l’expression des communistes. Au contraire il justifie son argumentaire.

Son article n’est pas seulement partial et mensonger sur le plan historique, il apporte aussi une caution qui se prétend "de gauche" à un projet liberticide, un projet qui s’inspire du maccarthysme, de la chasse aux sorcières de la pire espèce, et qui est initié par un régime que vous-mêmes qualifiez dans vos colonnes et dans une sorte d’euphémisme d’ « ultraréactionnaire ». Quelle cause et quelles libertés défendez-vous à présent ?
 
Mais il serait injuste d’incriminer seulement le Monde, alors que chez votre confrère du Figaro, Nicolas Lecaussin écrit dans « Le communisme français, un cadavre qui bouge encore, hélas ! » : « Ian Brossat, la tête de liste du PCF aux Européennes, serait, selon Le Parisien (8 mai), un communiste "new look". Mais pourrait-il y avoir aussi un nazi "new look" ? ».
Ici l’assimilation du communisme et du nazisme atteint un point de non-retour.

Le spectre du communisme hante le monde capitaliste

Cependant Lecaussin a raison de s’inquiéter en disant aussi « Je n’aurais jamais imaginé que, trente ans après la chute du communisme, il y aurait encore un parti communiste en France ».
 
Il faut considérer ce sujet sous un angle plus vaste que la seule presse bourgeoise, qu’elle soit de droite ou "de gauche", un champ plus vaste aussi que le Parlement européen.
 
En Russie, celle qui a vécu le stalinisme, il n’y a aucun amalgame avec le nazisme. Dans son article, Sénécat reproche précisément à la Russie sa « tendance à réhabiliter le régime stalinien ». Il joue ici sur la corde sensible anti Poutine de votre lectorat, pour amalgamer contre toute logique Poutine et stalinisme, mais le nationalisme russe y compris non communiste n’a pas vomi l’œuvre de Staline ni les exploits de l’armée rouge contre le nazisme au point de se renier lui-même, et c’est bien ce qui tracasse votre collègue.
 
Dans le même temps la Chine redresse la tête, met en avant les valeurs socialistes et le slogan « servir le peuple », fait aussi la promotion du marxisme, sort son peuple de la misère et développe la Route de la Soie. Il apparaît ainsi qu’en parallèle au déclin de la domination sans partage des USA, un ensemble idéologique, économique et financier se lève à l’est, marqué de la faucille et du marteau, qui pourrait bien se propager avec la mondialisation, à la vitesse d’internet.
 
Le regain d’intérêt pour le marxisme est symétrique de la crise économique du capitalisme, de l’accentuation des contradictions au sein des pays impérialistes et de l’OTAN, à la remise en cause du libéralisme pur et dur par Trump, de l’échec du démantèlement de la Syrie et au départ des troupes US et française, à l’ébranlement de l’unité européenne dû aux rapports inégaux et à la course au leadership, à l’échec du parlementarisme et de la démocratie bourgeois, liquidés par Macron en France, et source d’atermoiements interminables autour du Brexit. Mais il faut ajouter d’autres contradictions qui fissurent le capitalisme, comme la crise de l’écologie, l’accroissement de la pauvreté, la montée du populisme du racisme et des xénophobies, mais de partout s’élève la colère des peuples.
 
Si on considère l’ensemble, l’article insultant et haineux de Lecaussin transpire la peur. Vous-mêmes, car vous ne manquez jamais une occasion de vous déchaîner contre la Chine depuis fort longtemps et de façon caricaturale, n’avez qu’une hantise, celle du communisme. Et c’est l’objectif majeur de la campagne anticommuniste à laquelle vous participez, briser ce qui renaît.
 
Mais rien n’y fera, ce qui compte réellement est ce qui naît et se développe, et non ce qui meurt. Du 18 au 20 octobre s’est tenue à Izmir en Turquie la 21e rencontre internationale des partis communistes et ouvriers, coorganisée par les partis communistes de Turquie et de Grèce avec 74 partis communistes de toute la planète.

Son titre est illustratif de ce spectre qui vous hante toujours : « La bataille pour la paix et le socialisme continue ! ».


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