A Mantes-la-Jolie, la municipalité de droite a célébré le 8 mai 1945, square Brieussel, là où un monument a été érigé « (...)
« La comédie de la serpillière »
Que d’ambiguïtés dans ce que nous vivons ! Le drapeau français, La Marseillaise, l’union sacrée… la panoplie est complète ! Ne manque que le chant du départ ! « La victoire en chantant nous ouvre la barrière… »
Pendant la guerre d’Algérie je n’avais pas le choix : les quelques fois où j’ai été confronté au lever ou à l’amener des couleurs je me tenais au garde-à-vous. Le drapeau tricolore couvrait de son symbole la guerre coloniale que nous faisions à un peuple qui luttait pour sa liberté et son indépendance. Aussi j’ai gardé de lui un souvenir qui n’est pas spécialement favorable. Je n’étais pas le seul à avoir un jugement négatif sur le lever des couleurs. C’était désigné par l’expression « La comédie de la serpillière » par les appelés du contingent.
Mon ami Pierre de Murviel m’a raconté que, chargé, en tant que maréchal des logis, de hisser le drapeau au mât de son cantonnement le lendemain d’un jour où des exactions avaient été commises sur des suspects, il avait pris le risque de le mettre en berne et qu’on lui avait demandé des comptes !
On a choisi de faire chanter lors de la cérémonie des Invalides le 27 novembre « Quand on n’a que l’amour » de Jacques Brel. Vu la position « va-t’en guerre » de la France il n’y avait aucune chance d’entendre du même compositeur « La colombe ».
Cette dernière chanson a été créée en 1959, en pleine guerre d’Algérie donc, et en opposition à ce qui se passait là-bas. Elle est marquée du sceau de l’antimilitarisme. Elle sera reprise aux USA au moment de la guerre du Vietnam.
Citons-en le premier couplet :
Pourquoi cette fanfareQuand les soldats par quatreAttendent les massacresSur le quai d’une garePourquoi ce train ventruQui ronronne et soupireAvant de nous conduireJusqu’au malentenduPourquoi les chants, les crisDes foules venues fleurirCeux qui ont le droit de partirAu nom de leurs conneries
Ajoutons le refrain :
Nous n’irons plus au bois, la colombe est blesséeNous n’allons pas au bois, nous allons la tuer
Mais la paix n’est pas à l’ordre du jour chez les tenants du capitalisme, le système a trop besoin de la guerre pour prospérer ! Aussi comme les arguments fournis par les terroristes sont excellents, ils sont exploités à fond. Et tant pis pour les dégâts collatéraux. A ce sujet on nous a fait part récemment de celui provoqué par un Rafale qui a tué 28 élèves d’une école primaire de Mossoul en Irak. Aussi affreux que les attentats du 13 novembre à Paris !
Jacques Cros