La gauche ! !

, par  Gérard Garcia , popularité : 1%

Si nous pouvons parler d’une droite décomplexée, consciente de sa condition et unie dans ses finalités, par opposition on ne peut pas parler de la gauche comme d’une entité et l’entretien de cet amalgame est aujourd’hui nuisible à ce qu’il reste de sa cohérence.

Déchirée entre une force qui s’en réclame et qui l’attire vers un réformisme qui ne veut et ne peut plus rien réformer, et des partis « révolutionnaires » divisés sur les méthodes et les finalités de la transformation, la GAUCHE qui inscrit sa représentativité dans le cadre institutionnel n’offre plus d’alternative et est entrée dans sa phase de décomposition.

En témoigne le déplacement des personnels politiques « Gayssot, Kouchner, Hue, Besson, etc ». La création de nouveaux partis NPA, PG, GU, qui en réalité ne sont que le mouvement chimique de particules qui se détachent pour s’agglutiner à l’opportunisme de saison.

Au delà des postures ponctuelles et des conséquences réelles qui préfigurent ce nouveau type d’union, les appels du pied du PS au MODEM traduisent concrètement l’aspiration à se fondre dans une nouvelle force centre démocrate.

Ce décalage laisserait désormais l’espace pour une formation « progressiste », dans la quelle nous nous confondrions. Le NPA et les résidus de l’extrême gauche occuperaient alors l’espace qui était le nôtre, voilà à quoi se limite leurs ambitions et globalement le rassemblement.

MG Buffet, déclarait : « il serait terrible d’opposer deux gauches irréconciliables ». Ce qui est pourtant terrible, c’est de parler d’une seule et même gauche, et rester en orbite autour d’un PS qui se délite de toute part, n’est pas plus raisonnable que la trajectoire suicidaire d’un moustique qui tourne autour d’une ampoule.

Pour comprendre aujourd’hui où nous en sommes à gauche, il faut remonter à l’essentiel de sa constitution. Née de la révolution française, ravivée par la révolution d’octobre 1917 qui a redonné de l’actualité à l’idée révolutionnaire, la gauche a puisé toute sa vitalité dans les luttes revendicatives et dans son aspiration à conquérir le pouvoir.

La forte industrialisation du début du 20ème siècle a vu croître rapidement la classe ouvrière. Manufactures, usines, grands chantiers, ainsi s’est constitué d’importantes concentrations salariales. Les dures conditions de travail, l’exploitation visible dans la production elle même, l’arrogante présence physique du patronat ont ouvert le chemin de la conscience de classe, et bien sûr, celui de la lutte.

Débarrassé de la der des der, l’avènement d’octobre 17 rendait possible la conquête pacifique du pouvoir. Le cadre institutionnel, servant alors d’espace à l’affrontement entre les réformistes et le courant révolutionnaire issue du congrès de Tour. C’est sur ce large terrain en perspective que se sont mêlés pour un bon moment, luttes revendicatives et combat politique.

Pour ceux qui se réclamait du réformisme, il était alors impensable de ne pas revendiquer être attachés aux transformations sociales souhaitables et nécessaires, obligés pour occuper le terrain électoral de se mêler de « près » ou de loin aux soubresauts de la lutte de classe.

Si la scission du congrès de Tour a marqué un tournant dans la radicalité des positions, il n’en est pas moins resté un partage des forces qui obligatoirement devait se situer à gauche.

Quant au courant révolutionnaire, il aura grandi dans son implication à impulser les luttes, et c’est l’amplification de ces mêmes luttes qui a obligé les réformistes à rester sensible à la pression populaire.

Là où les choses se gâtent, c’est que la conquête du pouvoir exige dans tous les cas un large rassemblement. Et cantonnés essentiellement dans les phases électorales, c’est l’addition des pourcentages électoraux qui nous a rapidement conduit à nous rapprocher de ceux-la même qui venaient de rompre avec le courant révolutionnaire.

Ce n’est donc que sur la base de compromis que nous pouvions chercher des alliances obligatoirement contre nature.

Les expériences du front populaire, du CNR ont juste permis de corriger l’aspect préalable de l’engagement et de sa qualité.

Ainsi le "Programme-Commun" en main, nous avions la certitude de faire plier la Social Démocratie sous le poids des exigences populaires, et finalement en terminer avec la domination du capitalisme dans notre pays.

« L’histoire n’est pas un éternel recommencement », nous parlons de la même qui n’a pas servi de leçon.

Au moment même où s’amorçait une mutation profonde des forces productives, sûrs de cette stratégie, nous avons perdu beaucoup de temps à réagir.

« L’abandon de la notion de dictature du prolétariat » n’était qu’une adaptation théorique à retardement, sans aucune conséquence stratégique pratique.

Ainsi pendant que nous courrions derrière les ajustements de cette analyse, ceux- la mêmes qui ont construit leur fond de commerce sur le dos de la lutte de classe, réaffirmaient leur attachement au réformisme, et au-delà, en œuvrant au remodelage de la société, ont pris une place prépondérante dans l’ancrage du libéralisme dans notre pays.

Donc ce qui a fait la grandeur de la gauche ce n’est ni l’ascension du PS, ni ses dérives, mais c’est la détermination de l‘engagement pour la conquête des droits sociaux et ses combats victorieux contre la droite.

Il faut donc remonter à loin pour retrouver cet impact positif, car ce n’est ni l’union de la gauche, ni la gauche plurielle qui ont éclairé un nouveau chemin, et valorisé ses acquis antérieurs.

C’est la génération Mitterrand qui s’est le plus abstenue et c’est également la période où les idées d’extrême droite ont prospéré au point de permettre l’avènement du Sarkozisme.

Ainsi ce qui reste encore ancré dans certaines consciences, c’est le sens progressiste des combats passés 36, 45 et toute la période antérieure à 83, et c’est seulement une population vieillissante qui a comme référence le commun de ce qui est devenu les « valeurs de gauche ».

Mais peut être que nous touchons là à l’essentiel ; les valeurs n’ont de sens que dans leur mouvement en avant, préserver les acquis est un combat d’arrière garde qui nous situe sur le terrain de la défensive.

Ne pas se démarquer de ceux qui se servent des valeurs de gauche pour accompagner le capitalisme, crée des illusions et nuit au mouvement populaire.

Ne pas clarifier, c’est continuer de prendre du retard dans la construction du large rassemblement de classe, qui cette fois a le devoir de conquérir tous les droits.

Absolument d’accord, parler de peuple de gauche est aussi restrictif que de parler aujourd’hui de classe ouvrière surtout que les conditions de production et d’exploitation ont évolué et que nous savons que 92% de la population active de notre pays est salariée.

Gérard Garcia

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