Pourquoi le télé- travail n’est ni une réponse immédiate, ni une réponse durable à la crise sanitaire

, par  Muriel Ternant , popularité : 1%

Lors du premier confinement, le discours sur le jour d’après a pu fonctionner comme l’illusion que l’arrêt brutal d’une grande partie des activités humaines ne serait qu’une parenthèse au terme de laquelle le temps serait venu de construire ensemble une nouvelle société qui saurait nous prémunir des risques liés à la pandémie de covid-19.

Avec le deuxième confinement et les hypothèses les plus extrêmes sur l’installation dans la durée de limitations importantes des déplacements et des regroupements humains, l’illusion vole en éclat. Ce que nous acceptons aujourd’hui préfigure les règles de demain.

Il est donc plus que temps d’opposer à cette gestion de crise autoritaire et inefficace des réponses cohérentes qui doivent elles aussi pouvoir fonctionner à la fois de manière immédiate dans le contexte pandémique et dans la durée.

Le recours massif au télé-travail ne fait pas partie de ces solutions. Dans la durée c’est évident, il contribue à atomiser les collectifs de travail, et véhicule à tort l’idée que les activités pourraient être segmentées, individualisées à l’extrême. Les salariés de tous secteurs font pourtant massivement l’expérience inverse et exigent de plus en plus la cohérence de leurs activités, le pouvoir sur l’organisation du travail. Contre une nouvelle taylorisation du travail, il faut opposer le besoin de d’échange, de délibération, de confrontation, de pouvoir collectif sur les critères de qualité du travail.

Mais dans la perspective de limiter les contacts pour ralentir la propagation de l’épidémie, le télé-travail n’est pas non plus une réponse satisfaisante.

Nul ne prétend arrêter toute forme de contact humain car des secteurs d’activité demeurent essentiels : santé, éducation, alimentation,... Comment peut-on s’accommoder d’une situation, même temporaire, où certains métiers seraient mobilisés pendant que d’autres seraient confinés ? Ce n’est pas juste pour les salariés, c’est source de division dans le monde du travail, c’est source d’incohérence et cela permet d’éluder la question des protocoles sanitaires à mettre en place sur les lieux de travail et dans les transports, comme le montre douloureusement la situation dans les écoles et les transports en commun des métropoles. La baisse d’activité rendue nécessaire par l’état de l’hôpital public et de la filière sanitaire doit être générale, applicable à tous les secteurs, à tous les métiers, de la même manière, avec des rotations entre travail et non travail, des rotations entre travail et formation.

Ces mesures durables doivent être accompagnées d’une protection particulière des personnes vulnérables, souvent celles qui ont des métiers physiquement difficiles et pourtant essentiels, celles qui n’ont pas accès à un système de soins devenu trop cher, qui sont les plus exposées au risque d’une forme grave de la maladie. Elles doivent être temporairement dispensées de travail.

C’est ainsi que l’on fera mieux accepter la nécessité des gestes barrières. Car il ne s’agit pas de se priver de toute forme de lien social mais de créer les conditions de contacts sociaux sécurisés car ils sont tout aussi vitaux que peuvent l’être le pain et l’eau.

Les mesures coercitives, déshumanisantes, clivantes, incohérentes, n’appellent pas à la responsabilité mais au mieux à la subversion, au pire à des replis destructeurs. Elles sont contreproductives.

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