L’impérialisme intégré sous égide étasunienne, stade suprême du capitalisme
Il nous faut rompre avec un capitalisme en crise systémique. Ce capitalisme a atteint sa forme ultime d’un impérialisme unique, autour de la puissance étasunienne qui le domine avec son bras armé, l’OTAN, à l’origine de toutes les guerres récentes (Irak, Syrie, Libye, pour n’en citer que quelques-unes). Et même quand ses troupes ne sont pas déployées, il est responsable des différentes guerres locales en livrant des armes aux belligérants en fonction de ses intérêts. Dans toutes ces guerres, son objectif est d’assurer sa domination sur le reste du monde.
Ainsi, sans ignorer l’existence de militarismes nourris par le nationalisme, la thèse selon laquelle le monde serait en proie à la lutte de plusieurs impérialismes méconnaît le caractère global de l’impérialisme des pays capitalistes développés réunis autour des USA qui a les moyens de ruiner les États qui se lanceraient dans de telles guerres de conquêtes locales, s’il n’y trouvait pas un quelconque intérêt.
L’effort de guerre du bloc impérialiste, notamment le nombre de bases de l’OTAN (essentiellement US) et le budget militaire des pays de l’OTAN (principalement US à nouveau) n’ont aucun équivalent dans le monde. Aucune autre économie n’est à même de contrer cette suprématie militaire mondiale du bloc impérialiste.
En effet, la question de l’impérialisme n’est pas en dernière instance une question militaire mais une question économique. L’hégémonie des États-Unis et de l’OTAN est portée par le rôle unique du dollar qui leur permet de mettre en place de manière discrétionnaire des embargos économiques (Cuba avant tout, mais aussi l’Iran) ou des plans de soutien économique massif à des états vassaux (Israël, les monarchies du Golfe, etc.).
Seule la puissance impérialiste dominante peut assurer le déploiement systématique d’un tel système généralisé à l’ensemble de la planète.
L’essor de l’impérialisme intégré étasunien : cause et conséquence de l’effondrement du camp socialiste soviétique
Car c’est bien la supériorité économique des USA et de ses alliés qui donne à l’OTAN sa pleine capacité à conduire sa logique de guerre. Sa domination économique lui permet profiter de chaque conflit pour renouveler son armement et sa logistique.
C’est d’ailleurs bien en épuisant l’Union soviétique dans une course aux armements sans fin que l’OTAN a finalement provoqué la crise économique qui a conduit à la chute de L’URSS et de ses alliés du COMECON.
On pourrait aussi revenir sur le rôle complémentaire de la CIA dont les moyens financiers colossaux sont utilisés pour déstabiliser les régimes désignés comme des adversaires (« l’Axe du Mal » par exemple...) au moyen de subventions considérables et via des officines diverses. On rappellera juste ici son implication dans les révolutions des couleurs et l’opération Condor visant l’assassinat systématique d’opposants politiques en Amérique latine à l’époque de Pinochet.
Si l’histoire contemporaine permet de comprendre que la chute de l’URSS a permis aux USA de bâtir une puissance impérialiste intégrée, elle nous enseigne aussi que seul le socialisme déjà-là a pu contenir son expansion. Cela fut vrai du temps de l’URSS qui a vu le succès du processus de décolonisation et l’émergence de pays dits « non alignés ».
Le déclin déjà amorcé de l’impérialisme intégré sous égide étasunienne, contesté de l’intérieur et par les BRICS réunis autour de la Chine socialiste
Mais aujourd’hui encore, le rapprochement des BRICS autour de la grande puissance socialiste montante a permis au Venezuela et à l’ensemble des pays de l’ALENA d’éviter de retomber dans une complète vassalisation comme il a évité le démembrement de la Syrie.
Nous devons saluer le refus des BRICS de ratifier le plan de sanctions américain et européen qui est en train de plonger l’Europe dans une récession générale, tandis que les pays du Sud voient leur économies mises à mal.
Un processus d’élargissement et de coopération renforcée avec les autres pays du Sud se met en place. Nous devons saluer ce refus de la logique de guerre économique mondiale que porte en lui l’impérialisme.
Face au risque d’un conflit militaire mondialisé qui progresse de manière inquiétante, aussi bien avec la criminalisation du peuple russe, qu’au travers de la désignation de la Chine comme adversaire systémique des USA et de l’Union européenne, nous devons saluer ces pays du Sud, et notamment les BRICS qui renforcent une logique de coopération émancipée du dollar et de la tutelle de l’impérialisme US.
Le mouvement en cours d’élargissement des BRICS et de dédollarisation des échanges économiques préfigure la communauté de destin nécessaire à la résolution des enjeux climatiques et de développement mondial. Dans le cadre d’une Organisation des Nations-Unies débarrassée du fardeau de l’impérialisme, tous les pays s’entendraient à coopérer dans un schéma gagnant-gagnant tout en conservant leur liberté d’organisation propre et leur propre voie vers le développement et la satisfaction des besoins sociaux.
Le rôle d’avant-garde des partis communistes pour porter une logique de coopération au service d’une communauté de destin commune
Celle-ci est en effet de plus en plus contestée par la Chine et plus largement les BRICS, mais aussi de l’intérieur. Face à l’impérialisme, il faut s’unir et promouvoir un monde de paix basé sur une communauté de destin. Cela passe par une coopération entre les forces progressistes et singulièrement les premières d’entre-elles, les partis communistes.
Pour ouvrir une perspective progressiste, il est indispensable de militer pour la disparition de l’OTAN fauteur de guerre. C’est pourquoi les communistes français doivent porter plus haut l’exigence de la sortie de la France de l’OTAN. Mais cela ne saurait suffire à entraver la marche à la guerre du bloc impérialiste. Mais il faut aussi développer une coopération internationale renouvelée pour espérer débarrasser le monde du risque d’une nouvelle guerre mondiale.
C’est tout le sens de la rencontre de la Havane au mois d’octobre. Sa déclaration finale doit être saluée et il nous faut la faire connaître. Celle-ci est inédite depuis 1989 dans le sens qu’elle regroupe l’essentiel des partis communistes du monde, dont le PCF, mais aussi parce qu’elle amorce un plan de coopération dans la durée.
La place cruciale de la France pour mettre en cause l’impérialisme : le devoir et l’honneur du Parti communiste français
En France, pour pouvoir espérer sortir des crises imposées par notre capitalisme national, il faut évidemment rentrer dans une logique de socialisation des grands moyens de production et d’échange, une logique de reconquête des services publics et de renforcement de la Sécurité sociale.
Mais cela ne peut se concevoir sans une articulation avec de nouvelles relations internationales. Il nous faut en France aussi sortir de notre propre logique impérialiste pour entrer dans une logique de coopérations renforcées avec les pays du Sud et les BRICS regroupés autour de la Chine. Il nous faut promouvoir cet ensemble qui se refuse à confondre coopération et sujétion des plus faibles au plus fort.
Le mouvement en cours nous offre une option alternative à l’intégration au sein de l’impérialisme étasuniens à travers l’UE, qui forme avec le premier un vaste bloc impérialiste transatlantique. Notre sortie de l’OTAN et des traités de l’UE, si nécessaire soit-elle, ne peut être possible qu’en rejoignant la construction d’une telle alternative. Dans cette perspective pourquoi ne pas envisager une adhésion de la France au BRICS ?
Il reste fort à faire aux communistes français pour passer du programme des Jours heureux à un tel projet de société alternatif, émancipé des logiques impérialistes. Mais vu l’ampleur des crises et le risque d’un nouveau conflit mondial, il est essentiel que le prochain congrès du PCF se fixe pour ambition de mettre en débat un tel objectif.
Il me plait de nommer ce projet alternatif à construire ensemble de « socialisme des Jours heureux » dans la double filiation historique du CNR et de la reconstruction impulsée autour du programme porté par notre candidat Fabien Roussel à la présidentielle.
Laurent Santoire
Fédération 91