39e congrès du Parti Communiste Français, les contributions du 6 janvier par Franck Marsal

, par  Franck Marsal , popularité : 7%

L’engagement des communistes pour leur 39e congrès se poursuit, avec la publication le 6 janvier de 5 nouvelles contributions.

La tonalité dominante de ses contributions se confirme jour après jour.

Il s’agit tout d’abord de confirmer et de développer les orientations du 38e congrès et non de les requestionner. Ensuite, il y a une volonté puissante de travailler ensemble, dans un cadre respectueux et clair. La contribution de la camarade Maïté Pinero-Muller, sur ce point soulève des enjeux clés : « Comment améliorer nos débats, donner à voir notre ambition de démocratie, aider à parfaire le besoin d’unité dans la réflexion et l’action ? Dans quelles conditions et à quelles conditions ? Comment éviter que cela cristallise les divergences, les déguise en combats de clans et de notoriétés, sème la confusion au lieu de permettre l’énoncé précis des interrogations et des réponses, mise en clarté et approfondissement, pour faciliter la participation de chaque militant ? » Et elle questionne le statut d’un “texte alternatif”, préparé et amorcé en parallèle du travail de la commission de rédaction, qui associait pourtant toutes les sensibilités.

Comment préserver notre qualité de débat, de fraternité et d’élaboration collective dans les divergences (« on a des questions communes et des réponses différentes », dit aussi la camarade), comment rester, sur ce plan aussi, communistes, à l’opposé des partis sociaux-démocrates où le choix des chefs et leur pouvoir domine sur l’élaboration collective et la sincérité des débats ?

L’enjeu de la démocratie interne monte. A nouveau, la question est posée : quel sens y-a-t-il à la démocratie interne si des élus, des dirigeants considèrent que les décisions prises démocratiquement par les adhérents (comme la présentation d’une candidature du parti à une élection) ne les concernent pas et suivent leur propre chemin sans considération aucune pour leur parti ? Quel sens y-a-t-il si le but d’un congrès est de tenter de renverser les décisions du congrès précédent ou de reposer des questions déjà tranchées par les adhérents ?

L’exigence de clarté, c’est aussi remettre du concret et du sens dans ce que sont parfois des expressions vides, des formules « toutes faites ». Il ne suffit pas de voir du communisme partout et de s’en satisfaire, oubliant les combats à mener pour vaincre, oubliant qu’être communiste, c’est « s’organiser en parti pour être pertinent et efficace ». Comme le souligne le camarade Hervé Radureau, « Le seul « communisme déjà là » dont on peut alors parler est donc le fait que depuis Marx et Engels, il y a des individus communistes qui se sont rassemblés pour mener la lutte de classes, tant sur le terrain politique que sur le terrain social ».

L’exigence enfin, c’est de ne pas oublier (ou abandonner) la solidarité avec l’île de la Liberté, Cuba, nos frères communistes, qui eux, n’ont jamais manqué à l’internationalisme.

Ces exigences se recoupent et tendent vers un même but : un congrès qui marque à nouveau une avancée claire pour faire du PCF le point d’appui inébranlable, sur lequel les travailleurs de France pourront compter face aux capitalistes, dans les temps de lutte qui s’annoncent et en vue de l’établissement d’une société nouvelle.

Voici, avec davantage de détails, chacune des contributions publiées sur le site le 6 janvier :

  • « Sur le féminisme », du camarade Philippe Durand de l’Yonne, une courte et claire contribution « A ce congrès il faut que l’ont soit clair sur le combat féministe. Il faut donner plus de moyens contre les violences faites aux femmes se démarquer des députés qui frappent leurs femmes mêmes si c’est un communiste ou Nupes. Plus de moyens pour mettre les appartements aux femmes battues »
  • « Sur les questions LGBT », du camarade Philippe Durand de l’Yonne, également courte et claire : « Trop de discrimination LGBT au sein du parti pour cela je propose que tout les membres du parti soit égaux cela veut dire un soutien de la direction si un membre insulte un lGBT y compris sur une personne trans que ce soit sur un réseau social ou autres. Il faut qu’une personne homosexuel lesbienne bi trans puisse s’épanouir dans la société actuelle car on le voit bien on recule et vu le score du RN cela fait peur ». Le camarade complète son propos en appuyant les droits des LGBT relatifs à la PMA, l’adoption et le don du sang.
  • « Ma vision du communisme », du camarade Hervé Radureau, de Haute Savoie clarifie le sens du terme « communisme » : « ce qui a fondé le communisme, au travers des écrits de Marx et d’Engels, c’est la volonté de remettre en cause le capitalisme et le besoin pour cela de s’organiser en parti pour être pertinent et efficace, et ce à tous les niveaux, du local à l’international. Pour moi, le communisme est donc ce mouvement organisé qui cherche dans les temps actuels à, selon nos termes qui ne sont pas forcément partagés par toutes les organisations communistes de notre pays et du monde, « dépasser le capitalisme ». » Le camarade soulève ici une question sur laquelle je me permet de dire deux mots : « D’autres expressions existent comme « abolir le capitalisme » ou encore « sortir du capitalisme » qui ne signifient pas la même chose : il faudrait donc clarifier toutes ces nuances ». Il me semble que le point à clarifier est essentiellement le suivant : si par capitalisme, on caractérise un mode de production, actuellement dominant, il est clair que ce mode de production doit être dépassé par un mode de production supérieur, qui est celui d’une production socialisée, dans laquelle les moyens de production sont collectivement partagés. Il est clair aussi qu’il s’agit là d’un mouvement long. Il est même possible que dans une société socialiste, où la propriété collective des moyens de production domine, il subsiste longtemps des formes de propriétés privées de certains moyens de production, de même que l’artisanat subsiste encore ça et là dans le capitalisme. Personnellement, le terme « dépasser » ne me choque pas en lui-même. En revanche, il est clair que pour cela, pour transformer le système économique et établir une propriété collective dominante des moyens de production (ce qui veut dire aussi sortir de l’économie « de marché » un grand nombre de secteur clés), il faut briser le pouvoir d’état de la bourgeoisie. Cela signifie reconnaître que, depuis qu’elle s’est installée au pouvoir, par exemple en France, la bourgeoisie ne l’a jamais abandonné. Elle a été bousculée en 1945 – 46, et elle a mis deux ans, avec l’aide active du ministre socialiste Jules Moch à reconsolider son emprise sur la société, mais, même à cette période, elle n’a pas été réellement en danger, pour la bonne raison que la France était occupée par les troupes alliées qui l’aurait protégée autant que nécessaire. Lorsque nous nous présentons aux élections, nous sommes candidats à un rôle au sein des institutions bourgeoises. Les mouvements récents en Amérique Latine montrent que, pour la bourgeoisie, céder ces rôles ne signifie pas avoir perdu les leviers profonds du pouvoir, elle est encore capable de reprendre tout et le tente souvent (Vénézuela, Bolivie, Nicaragua, Pérou, Brésil …). Alors affleure, dans la crise sociale, la guerre civile, qui est la transformation de la lutte de classe en lutte directe pour le pouvoir réel. Du point de vue du communisme comme action collective organisée pour transformer le monde (c’est le point de vue de Marx), le camarade explique : « Le seul « communisme déjà là » dont on peut alors parler est donc le fait que depuis Marx et Engels, il y a des individus communistes qui se sont rassemblés pour mener la lutte de classes, tant sur le terrain politique que sur le terrain social (et sans en avoir vraiment conscience sur le terrain environnemental où les communistes n’ont pas du tout à rougir si on reprend l’histoire de leurs combats et de leurs réalisations !). » Et le camarade conclut : « Dans cette logique pragmatique et réaliste, l’urgence de communisme n’est donc pour moi que le besoin de nous renforcer quantitativement et qualitativement -d’où le besoin immense d’informations, de formations et de discussions- pour être en capacité de participer aux luttes où nous devons partager nos analyses, nos propositions, nos moyens et nos méthodes pour permettre aux personnes impliquées de faire leurs choix ».
  • « Sur la « ponte » de texte » de la camarade Maïté Pïnéro-Muller de Seine St Denis met les points sur les i par rapport à notre fonctionnement collectif : « Comment améliorer nos débats, donner à voir notre ambition de démocratie, aider à parfaire le besoin d’unité dans la réflexion et l’action ? Dans quelles conditions et à quelles conditions ? Comment éviter que cela cristallise les divergences, les déguise en combats de clans et de notoriétés, sème la confusion au lieu de permettre l’énoncé précis des interrogations et des réponses, mise en clarté et approfondissement, pour faciliter la participation de chaque militant ? En effet, un congrès est aussi un moment de pédagogie pour les militants et tous ceux qui nous regardent. » Et la camarade précise : « Dans la commission chargée de l’élaboration de la base commune figuraient toutes les opinions. Elle a travaillé pendant des mois. Le texte a été adopté par une majorité. Résultat sans doute des longues discussions, c’est un texte lourd .(…) Le texte n’était pas encore à disposition de tous les militants que l’on lisait déjà ici et là qu’« il n’est pas amendable ». Alors même que les statuts prévoient quelques semaines pour son appropriation générale, on a assisté à un pilonnage en règle. Le pompon revient à un mail de recrutement pour le texte alternatif qui a circulé pour dénigrer le travail de la commission et la base commune, qualifiée de « texte pondu par l’actuelle direction ». Après sa lecture, puis observation de la genèse et lecture du texte alternatif, on conclut que le second a pour principal objectif de parasiter l’appropriation du premier,(…). La camarade évoque ensuite la question de Cuba : « on note l’absence de Cuba dans l’énumération de nos solidarités (La Palestine, les Kurdes, le peuple Sahraoui, les Arméniens et Irlandais en lutte pour la réunification). On se demande si ce qui pourrait être qualifié d’oubli n’est pas au contraire lourd de sens. La solidarité avec Cuba, en proie au blocus depuis que sa révolution existe et résiste, est en politique internationale, une des lignes de front du PCF, devenue un temps, ligne de faille. En cette veille de 39e congrès, pour la première fois depuis longtemps, un secrétaire national du PCF a rencontré le président de Cuba. La visite est mise en exergue par « l’oubli » de Cuba dans le texte alternatif. D’autant plus que ce texte est signé par des responsables de la politique internationale. Comme la plupart ont de longues trajectoires de militants et de dirigeants, l’oubli n’a pu leur échapper et signifie un renoncement. Ceci explique sans doute cela, parmi les signataires de ce texte alternatif, figurent des camarades qui au moment de « la période spéciale », alors que l’île se retrouvait isolée comme jamais, avaient tenté de faire basculer le parti chez les donneurs de leçons des Droits de l’homme au sens étroit de leur définition dans « le monde libre ». Ce fait, très remarqué dans les milieux de la solidarité et dont on paye encore les conséquences, était devenu une sorte de symbole de la dérive du PCF. »
  • « Congrès du PCF : le sens des mots », du camarade José Fort de Corse du Sud, s’attache à une phrase « lourde de sens » du texte alternatif : “Une phrase figurant dans ce texte devrait retenir notre attention. Je cite : La Nupès doit passer « du cartel électoral et politique a un rassemblement populaire majoritaire. » Cela ressemble fort au processus italien qui a débouché, sous la conduite des dirigeants communistes de l’époque, à la disparition du PCI, à sa dissolution dans un parti socialo-démocrato-centriste avec pour résultat l’arrivée des forces fascistes au pouvoir à Rome. »

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