Le fond de la colère aujourd’hui n’est en réalité pas tant l’injustice des réformes bourgeoises, que leur fond d’exploitation et de mépris, de culpabilité tout azimut, de solitude face au mur de l’accaparement et à l’absence de solution individuelle dans un monde devenu sans solutions collectives (destruction des services publiques, contacts robotisés, perte de sens relationnel humain).
Le cœur de la révolte c’est le recul de l’humanité ! Induisant une conscience de classe en soi puissante mais pourtant dans l’espoir contradictoire d’un possible refus de son intimisation (conscience pour soi de son appartenance de classe). Le consumérisme de masse implique frustration de masse de plus en plus globale et une puissante culpabilisation individuelle.
Faisons un peu d’Histoire contemporaine
Quand démarra la révolution soviétique, l’essentiel de la population (90%) était paysanne, inculte et totalement hors de toute conscience de classe. Qd aux 10 autres pour cents, ils constituaient en gros une classe ouvrière naissante dont seulement environ 60% avec une expérience de la lutte de classe.
Pour autant, la lutte s’engagea chacun à partir d’une attente fondamentale : le refus de l’arrogance méprisante d’une caste exploitant un esclavage réel.
L’espoir d’un autre possible s’alimentait d’attentes concrètes diverses, contradictoires parfois et même réactionnaires (comme l’appropriation individuelle de la terre de la nation). Or, c’est dans du surgissement de la bataille, que ces forces en lutte ont acquis cette conscience de classe -moteur de la construction mais non de l’engagement.
C’est l’engagement dans ces luttes qui a permis de forger les militants bolcheviques, et de mener la révolution d’octobre. C’est dans l’engagement que se déterminèrent et se construisirent les mesures indispensables, objets de batailles idéologiques fortes entre militants et acteurs des luttes, dégageant ainsi progressivement un chemin de socialisme placé en perspective et animé par Lénine et la direction du parti.
Avant de construire, il faut rêver. Le rêve ne décrit pas le futur mais forge l’espérance et les valeurs qui structureront la société nouvelle.
Lénine et ses camarades ont appris dans l’action également , et découvert qu’il y a un écart considérable entre le socialisme rêvé et le socialisme construit. Il a dû et su comprendre les erreurs liées à une méconnaissance de la réalité objective de l’inculture sociale et collective mais sû avec ses cdes trouver le chemin de cette élévation révolutionnaire indispensable des consciences.
C’est d’avoir fixé l’espérance qu’a pu être indiqué le niveau de lutte nécessaire pour forger la durabilité et l’intensité de l’engagement collectif.
De l’importance de l’espérance
Sans espérance aucun avenir aux luttes collectives : elles finissent TOUJOURS dans le délitement et la récupération politiciennes sur fond de délégation electoraliste.
Notre société capitaliste, impérialiste en crise structurelle et économique ne tombera pas d’elle même.
Beaucoup ont mal compris le sens de ce que fut la NEP de Lénine, comme celui de la démarche spécifique du socialisme chinois. Les deux expériences, recourant à une élévation de leurs forces productives par une productivité privée, visaient à une construction d’une conscience de classe pour un développement révolutionnaire humain supérieur à la simple production !
Notre société hautement développée n’est pas du tout dans la même situation. D’aucun finalement semblent vouloir modéliser le capitalisme comme un incontournable d’une transition progressive, loin de toute conscience de la rupture civisationnelle considérable que représente un monde sans domination capitaliste.
En fait, ils adoptent encore une fois un nouveau pré-pensé rassurant, un modèle en estimant indispensable une transition progressive et pacifique de l’impérialisme au socialisme.
Des freins conceptuels et rien d’autre
Mieux, la mécompréhension de la permanence marxiste de l’ancien dans le futur à naître, comme de la pré-existence du neuf dans l’ancien instrumentalisé un mythe transformateur sur un besoin de rupture.
Un réformisme « contemporainisé » devient une inéluctabilité, finalement un communisme déjà là, constitue une lourde erreur. De la peur de la perte de repères, de contrôle, de préparation comme de compréhension d’un mouvement insurrectionnel surgit son abandon.
Mais, il est à craindre que la faiblesse militante disponible actuelle, alimente cette peur. Cela alors qu’en fait c’est cette crainte qui alimente le renoncement et la faiblesse.
Oser la rupture et l’espérance
C’est bien d’une véritable rupture conceptuelle dont notre prolétariat développé a besoin : la réalité objective de sa conscience de classe n’est pas en cause pour se rassembler. Il a besoin d’une espérance renvoyant l’exploitation et leur domination, leur déconsidération méprisante comme autant de motivation de l’élaboration d’une société nouvelle : le Socialisme !
Notre parti doit enfin réaliser le blocage conceptuel dans lequel le renoncement, le renvoi aux oubliettes des socialismes existants et passés, le placent : l’impossibilité de réellement étudier les contradictions surgies et les évolutions perçues qui ont pu freiner ou faire dériver les espoirs… et en quoi la démarche de chaque nation est spécifique de son niveau économique et culturel.
Mais il doit surtout réellement comprendre cette pensée de Victor Hugo : « quand une idée s’empare des têtes, rien ne peut l’en faire sortir », convertie par Hegel et adoptée par Marx : « Une idée devient une force matérielle lorsqu’elle s’empare des masses. »
Seule l’espérance d’une alternative globale argumentée et objet d’une bataille de projet, le Socialisme, pourra mettre en action la conscience de classe susceptible d’adapter le chemin de cette espérance !
Exactement ce qui bloque notre prolétariat enfermé dans la désespérance.
Ce prolétariat doit pouvoir s’appuyer sur une vision globale d’un nouveau monde possible, global, humain et espéranciel et ne pas rester emprisonné par des mesures aussi « de rupture » soient-elles, qui renvoient à une réforme possible du capitalisme.
Sinon il restera confronté aux insatisfactions récurrentes du réformisme et prisonnier du capitalisme ; faute de croire possible une alternative de rupture..