Le sud nous chante l’espoir

, par  Gilbert Remond , popularité : 1%

Depuis quelques mois un vent de révolte, certain diront, un vent d’est, secoue les régimes corrompus et dictatoriaux situés de l’autre côté de la méditerranée. Ces révolutions annoncent la fin attendue du système néolibéral, qu’elles remettent en cause dans leurs dimensions politiques économiques et sociales.

Ce printemps des peuples arabes, coïncide avec l’automne du capitalisme qui entraîne chacun dans des difficultés toujours plus grandes : baisse du pouvoir d’achat, perte des acquis sociaux, politiques d’austérités pénalisant les plus faibles, tous indices d’une véritable guerre menée contre les classes populaires. Aussi courent toutes sortes de jugement sur ces mouvements. Si la jeunesse y tient une place de premier plan, elle est rejointe par la petite paysannerie, en butte à la spoliation et a la spéculation foncière et par la classe ouvrière qui au travers de nombreuses luttes depuis 2007 s’organise et travaille pour des convergences nouvelles. Ces forces malgré une répression extrême dans les premiers jours (plusieurs millier de morts en Égypte comme en Tunisie) ont su faire face avec courage et détermination aux provocations et aux entreprises de déstabilisation menées par les clans au pouvoir et leurs alliés occidentaux (se rappeler des déclarations contradictoires d’Obama sur l’Égypte ou les petites phrases de nos dirigeants prêt à secourir la Tunisie en lui proposant notre savoir faire en matière de maintien de l’ordre).

La révolution a laquelle ces forces appellent est une révolution démocratique, anti-impérialiste et sociale. Que celle-ci converge avec le nécessaire réveil des travailleurs de nos pays, et une authentique perspective socialiste pourrait se dessiner a l’échelle de l’humanité. Mais n’oublions pas non plus que si le déclin du capitalisme peut ouvrir la voie à la longue tradition du socialisme, ouverte depuis le 19ème siècle entre autre par le mouvement ouvrier français, elle peut aussi engager l’humanité sur la voie de la barbarie généralisée,comme l’illustrent l’épisode de la guerre civile algérienne, les massacres du Congo, du Rwanda où plus récemment la façon ignoble dont un état s’arroge le droit d’exécuter sous les yeux de ses enfants, un leader haï.

D’ailleurs ce dernier procédé amènera Patrick Chamoiseaux à écrire ces lignes : "Une super puissance qui exécute sans autre forme de procès des peuples qui dansent autour d’un cadavre, d’éminentes personnalités politiques qui approuvent en gonflant l’estomac, une presse célébrant sans la moindre précaution... il y a là de quoi nous rappeler que la mécanique élémentaire du bien et du mal ne nous préserve en aucune manière d’une barbarie profonde sombrement partagée. Ultime éclat de Ben Laden".

N’oublions pas que ce qui a été fait pour un, peut l’être pour des millions. Aussi abstenons nous de croire sur parole ce que nous disent les médias et les représentants des oligarchies capitalistes. Les mouvements d’Égypte et de Tunisie n’ont rien à voir avec l’islamisme archaïque et réactionnaire que soutiennent les états-unis, Israël et les frères musulmans. S’il s’accordent par certains côté avec des influences religieuses, c’est du côté d’un islam ouvert, tolérant et laïc qu’ils prennent leurs inspirations. Les composantes de ces mouvements sont différentes d’un pays à l’autre, mais elles sont avant tout anti-impérialistes et donc potentiellement anti-capitalistes. La montée des inégalités, le chômage de masse, une jeunesse sans avenir, la misère dans laquelle tombe le plus grand nombre, la famine qui en résulte, ont constitué une situation explosive dont nous avons vu la mise a feu ces derniers mois.

Si de fait il s’agit du retour de ce qui avait été présenté ces dernières années sous le label : "émeute de la faim" et dont la répression avait eu momentanément raison, l’absence de réponse et le cynisme irresponsable des dirigeants de ces pays n’ont fait qu’attiser la détermination de ces peuples. De ce point de vue l’histoire, de la révolution française a la révolution d’octobre pour ne citer que les exemples les plus connus, est riche d’enseignement car bien plus que la question démocratique chère a nos tartuffes moralistes, c’est la question du pain qui en période de trouble peut devenir la question politique centrale. "Un pouvoir incapable d’assumer le ravitaillement des masses, risque à chaque instant d’être balayé. L’histoire des révolutions et des contres révolutions c’est aussi l’histoire des émeutes pour le pain contre les affameurs quand les populations exaspérées par la souffrance déferlent et engloutissent les responsables supposés, les incapables, le pouvoir politique du moment"(Linhart). Or en effet, aujourd’hui dans toute une série d’états du sud, les peuples comprennent que seule la levée en masse peut résoudre leurs difficultés. Tant de misère face à tant de richesses ont trouvé une exigence clairement exprimée : dégage !!! un seul mot qui dit tout. Et l’occident, cette association des maîtres du monde qui se fait volontiers passer pour "la communauté internationale" avec son bras armé l’Otan, peut continuer par l’intermédiaire de "ses intellectuels désœuvrés et crépusculaires" à donner des leçons de bonne gestion et de bonne conduite a la terre entière, rien n’y fera.

L’importance exceptionnelle de cette révolte, sa puissance critique sont toute entière contenue dans ces mots répétés par des millions de gens. Il donne la mesure de ce qui deviendra leur première victoire, ce moment irréversible ou l’homme désigné prendra la fuite. Quoiqu’il se passera par la suite, "ce triomphe illégal par nature de l’action populaire" (Badiou, Le Monde du 18/02/11) demeurera pour toujours le signe victorieux de leur mise en mouvement. Des minorités éclairées peuvent servir de détonateur mais ce sont toujours les masses qui font l’histoire. Celles-ci une fois mises en mouvement sont la seule force véritablement créatrice des changements devenus indispensables.

Les peuples du sud nous en rappellent l’évidence printanière ; ils renouvellent depuis leurs caractéristiques et leurs traditions, cette loi de portée universelle. Notre solidarité nous engage à les soutenir et à les suivre.

Gilbert Rémond

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