Nous percevons bien que nous sommes au cœur d’un basculement historique, mais, sous l’influence de nos « élites politico-médiatiques » tout est fait pour générer la peur et le pessimisme ; ce n’est pas sur nos peurs que table ce livre mais sur notre capacité collective à nous inscrire dans ce monde nouveau. Si nous en maîtrisons les réalités, nos atouts autant que nos points faibles, rien n’est joué. Le désastre que nous annoncent nos gouvernants n’a rien de fatal, il est le leur mais un autre destin est possible, il dépend de nos choix.
Les mêmes prophètes de l’apocalypse, nous ont annoncé la fin de l’histoire avec le triomphe définitif du capitalisme alors vainqueur de l’URSS. Aujourd’hui ils sont démentis. D’ailleurs, le fait est qu’ils n’ont cessé de se tromper, de nous tromper. Il y eut même un visionnaire de plateau de télé qui prétendit nous vendre la fin de l’histoire et déclarer : « la dialectique, celle du marxisme, est morte, le schéma historique qui était proposé depuis le XIXè siècle et qui reposait sur la lutte des classes s’est effondré ; s’ouvre, devant nous un horizon inattendu : celui de la fin de l’histoire où nous verrons l’extension partout de la démocratie et du marché »
Quelle démocratie et quel marché ? Dans tous les cas de figure, il n’y a eu que ce qui a permis aux richissimes d’imposer leur loi. D’inventer à leur convenance le droit, celui du travail comme celui international, toute "réforme" étant en fait régression pour la majorité et surprofit pour une poignée. Les Etats-Unis et leurs vassaux alliés se sont arrogé le droit de recourir à la violence, le droit d’ingérence au lieu de la diplomatie. A chaque fois, ils nous racontaient que se dressait un nouvel Hitler et qu’il suffisait d’une armada punitive pour restaurer la démocratie menacée. Dans les faits, « le pillage » démocratique et même tolérance au génocide comme à Gaza…
La répression s’exerça contre le monde ouvrier dont on déplaçait les usines vers des pays où régnaient des conditions d’exploitation renouvelées, des pays dont on s’emparait à moindre coût des matières premières. Résultat, l’histoire et celle de la lutte des classes reparties de plus belle à l’échelle planétaire, une cascade de guerre toutes plus destructrices les unes que les autres, des attaques sans précédents des acquis sociaux, partout en Europe la montée du fascisme, la haine de l’autre généralisée et finalement la très mauvaise santé du marché, l’instabilité politique. Dans tous les grands sanctuaires qui s’en faisaient les propagandistes, une démocratie en berne. Comme le disait Marx ce système épuise les êtres humains comme l’environnement mais il est aussi épuisé et les auteurs du livre voient en Trump un syndic de faillite face au monde qui est déjà là et qui est le monde multipolaire.
Mais qu’est-ce que ce monde multipolaire ? Et y avons-nous notre place ? Comment ce monde multipolaire est-il apparu, quel rôle a joué la Chine et pourquoi la France devrait-elle s’y éveiller ? Pourquoi les auteurs ont-ils retourné la phrase célèbre : « quand la Chine s’éveillera le monde tremblera ? »
La Chine s’est bel et bien éveillée au cœur d’un processus qui s’est étalé sur quatre cents ans mais qui s’est incroyablement accéléré depuis ce qu’on considérait comme la fin de l’histoire et qui est devenu au contraire celui d’une transformation prodigieuse.
Une Chine qui a fait plus que s’éveiller. Qui s’est développée, jusqu’à devenir le pays puissant que craint l’impérialisme étatsunien… Et ce n’est pas seulement Trump qui voit en elle une menace à l’hégémonie atlantiste sur le monde. C’est Obama qui, déjà, parlait du « pivot asiatique ».
En fait, face au pillage, à l’ordre imposé par le monopole du dollar et celui des armées les plus puissantes du monde, les prolétaires face aux capitalistes, les pays du sud n’ont pas d’autre alternative que la lutte et l’organisation pour exister et se développer. Avec la financiarisation qui est devenue une économie de casino où l’annonce de licenciements fait monter les actions en bourse, avec le dollar devenu monnaie universelle, - ce qui permet aux USA de dépenser sans compter en reportant leur endettement sur tous les autres pays, en exerçant un chantage permanent, sanctions, blocus et aujourd’hui guerre tarifaire -, il est possible de ruiner des régions entières, de les vouer au désert, et à la surexploitation. Arrive le moment où le mode de production capitaliste devient un obstacle au développement des forces productives.
Aucun mode de production n’est éternel. Il est un temps où la classe bourgeoise a conquis le pouvoir, celui où elle a usé et abusé de ce pouvoir ; aujourd’hui parce qu’il est destructeur, y compris du peuple des Etats-Unis qui est entraîné vers la guerre civile, l’impérialisme qui n’a pas de patrie mais un bras armé - les Etats-Unis et la coalition de quelques pays occidentaux -, se heurte à la résistance de peuples du sud ; ces pays ne sont pas a priori hostiles mais ils exigent que soient respectées leurs ressources, leur souveraineté, et c’est ce mouvement dit des BRICS que nous présente ce livre.
Las des diktats mortifères de l’impérialisme, de sa conflictualité guerrière et du Chaos qu’il organise partout pour maintenir sa domination, les pays du sud se tournent vers la Chine et se saisissent de sa proposition, celle d’un « d’un destin commun pour l’humanité ». Nous sommes confrontés à une réalité nouvelle, « celle d’un monde qui naît et dans lequel nos aspirations, nos luttes, notre mémoire ont toute leur place ». Il faut entendre ce que nous dit la Chine, nous éveiller à sa réalité, nous ne pouvons pas faire autrement, nous n’avons pas le choix.
C’est à quoi nous invite le livre paru aux éditions Delga. Il en pose l’alternative dans son titre. Pourtant, Marx déjà dans des textes méconnus que les auteurs ont retrouvés avait anticipé sur le boomerang chinois. Dès le 21 septembre 1949 Mao Tsé Toung en avait eu la certitude quand, devant les délégués de la première session plénière de la Conférence consultative politique du Peuple chinois, il déclarait : « Notre nation ne sera plus jamais une nation humiliée, nous voilà debout ». Il le déclarait après avoir dit que « Désormais, notre nation a sa place au sein des nations du monde éprises de paix et de liberté. Nous travaillerons avec courage et assiduité à faire s’épanouir notre propre civilisation et à créer notre bonheur, tout en contribuant à promouvoir la paix et la liberté dans le monde ».
C’est dans la lignée de ce destin tracé, que, près de quatre-vingts ans après, Xi Jinping, pouvait déclarer : « le renouveau de la nation chinoise est imparable et la cause de la paix et du développement de l’humanité triomphera » ! Argument qui lui permettait d’ajouter par ailleurs : « la lutte pour un avenir meilleur est la grande pratique de la Chine dans la promotion d’une communauté de destin pour l’humanité »
Parmi les questions qui suscitent invariablement de vifs débats, la suivante occupe une place particulière. L’humanité est-elle capable de renverser le cours de l’histoire ? Pour les révolutionnaires de 1789, pour ceux de 1917 comme pour ceux de 1949, la réponse était oui. C’est bien en effet de cela que Mao Tsé Toung avisait les délégués de la conférence susmentionnée !
Quel rôle peut-on jouer en France, dans notre pays qui est un pays impérialiste, colonialiste mais aussi le pays d’émeutiers dont parlait Marx dans « les luttes de classes en France », où la lutte de classe se poursuit, malgré les politiques libérales qu’il a subies et les carcans inventés pour briser ses humeurs révolutionnaires ?
C’est à cela que le livre « Quand la France s’éveillera à la Chine » nous invite à réfléchir en s’appuyant sur ce que la Chine nous dit alors qu’elle est devenue le pays leader de la longue marche entreprise vers le multilatéralisme. Et il le fait non pas pour que nous nous contentions de suivre un suzerain comme dans l’atlantisme, mais pour construire une perspective, la planification et le socialisme à la française, une perspective faite de sécurité économique plus encore que militaire.
Loin de proposer une ligne officielle, ce livre cherche à ouvrir un dialogue démocratique avec les communistes et les forces progressistes du pays. Il le propose en partant des faits produits dans un monde qui s’est mis en marche, et non à partir d’idéologies qui cherchent à en cacher la nature et la possibilité.
L’association l’improbable qu’accueille la librairie « Terre des livres » vous propose d’échanger avec l’une des auteurs du livre, Danielle Bleitrach, universitaire, sociologue et ancienne membre du comité central du pcf. Elle sera accompagnée dans cette présentation par Sylvain Teyssier animateur de la revue Germinal et de « la société d’éducation populaire », qui sera son discutant,
Mardi 21 octobre à 19 h dans la librairieTerre des livres, 86, rue de Marseille.69 007 Lyon –Tél : 04 78 72 84 22 Gilbert Remond
« l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte de classes »

(2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler
