Suivant les discussions des groupes « bloquons tout » sur les réseaux sociaux, je découvre cette adresse aux organisations syndicales qui me semble utile, car elle pose en fait à tous les progressistes une question décisive. Que faire différemment des grands mouvements sociaux pour la retraite, contre les lois travail ?
Au passage, cet appel montre que ce mouvement qui ne veut pas être rattaché à un syndicat ou un parti, est capable de dialogue avec les syndicats et a conscience de leur utilité, ne serait-ce que pour demander une salle à la bourse du travail ou pour organiser une grande manifestation...
Cet appel peut être résumé en deux idées
– « Les mobilisations contre la réforme des retraites ont démontré une chose : les grèves perlées, éparses et isolées, ne suffisent pas »
– « nous sommes prêts et prêtes pour une véritable grève générale illimitée. »
Sur le premier point, on ne peut qu’être d’accord et c’est ce qu’on toujours dit la CGT au plan syndical et les communistes au plan politique. Sauf que nous n’avons pas poussé la discussion sur les raisons de l’échec des grands mouvement sociaux, celui des « grands journées de manifestation », et même sur l’organisation nouvelle de la grande grève des cheminots de défense de leur statut et du service public. Il est donc difficile de critiquer cet appel pour son analyse se limitant au constat bien réel « les mobilisations telles qu’on les a connu n’ont pas suffi... »
Sur le deuxième point « nous sommes prêts », tous ceux qui essaient d’organiser des luttes sur le terrain ne peuvent que douter. Les luttes sont difficiles, les grèves pour les salaires, même quand elles sont fortes, ne donnent pas grand chose en résultat, les luttes contre la fermeture d’un service sont isolées, et les luttes revendicatives pour plus de services publics presque inexistantes. Cela dit, on sait aussi que la colère contre ce pouvoir et sa politique injuste est grande, que le refus de payer pour la guerre est largement majoritaire et, peut-être le plus important, que tout le monde se rend compte qu’en plus, leurs politiques sont en échec ! Ils se font tous traiter comme des sous-fifres du pouvoir US dominant, avec l’arrogance de Trump en plus. La vérité est qu’ils ont perdu la guerre qu’ils mènent en Ukraine, que le monde se réorganise autour de la Chine... Et si on écoute les médias dominants, on n’y comprend plus rien
Bref, on sait qu’il n’y aura pas 10 millions de grévistes le 10 septembre, seuil minimum pour faire bouger les dirigeants du capitalisme qui donnent leurs consignes au pouvoir quel que soit le ministre et le président. Mais cette mobilisation peut être un déclencheur d’un réveil social. Ce sera difficile, mouvementé, contradictoire, hétérogène, inégal... mais de toute façon mieux que le fatalisme...
Nous avons donc un rôle important à jouer pour assumer le débat au fonds, permettre à tous ceux qui entrent dans l’action de découvrir les débats anciens sur « Que Faire », les débats sur les formes d’action, les conditions de l’unité populaire.. Dans un article de 2022, nous écrivions « Quelles leçons tirer de la contradiction entre la force du refus de la réforme et l’incapacité à faire reculer le pouvoir ? ». Dans tous les grands mouvements, nous avons discuté des formes d’action, manifestations, occupations, blocages en mettant en avant l’enjeu de l’unité populaire :à quoi sert une manifestation ? Faut-il alors occuper des lieux, des places ?, sur les pratiques à reconstruire pour faire la démonstration de la force du mouvement, des progrès de son unité, avec notamment la question de la violence, des casseurs, de la répression...
Les communistes ont à la fois une expérience concrète de l’action, de la grève, et une connaissance théorique du "Que Faire", qui ne se limite pas au livre célèbre de Lénine. Ils doivent alors la modestie de construire avec d’autres l’analyse concrète du mouvement réel et reconstruire dans le même mouvement leur parti. Contribuons à l’apprentissage collectif de masse de ce mouvement, le 10 septembre, le 18 et ensuite pour que ce mouvement ne butte pas sur les mêmes limites que les grandes mobilisations pour la retraite, les gilets jaunes ou les nuits debout...
Marx dans le manifeste disait « Parfois, les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs ». Travaillons à l’union grandissante des travailleurs !
LETTRE OUVERTE, APPEL AUX ORGANISATIONS SYNDICALES
31/08/2025
Chers camarades syndiqués,
Depuis plusieurs semaines, la base exprime une détermination sans faille face aux politiques antisociales imposées par ce gouvernement dans la droite ligne des quatre précédents. Les mobilisations contre la réforme des retraites ont démontré une chose : les grèves perlées, éparses et isolées, ne suffisent pas. Elles épuisent et appauvrissent les travailleuses et travailleurs sans faire plier le pouvoir.
Aujourd’hui, nous n’en pouvons plus. Nous travaillons, nous produisons, et, pourtant, nous crevons la bouche ouverte avec des salaires stagnants face à une inflation galopante.
Nous devons reprendre l’offensive !
Les colères sont immenses, la volonté est là, et partout les collègues disent la même chose : nous sommes prêts et prêtes pour une véritable grève générale illimitée.
Votre rôle en tant qu’organisations syndicales, n’est pas seulement de protéger au quotidien mais de guider, de fédérer, de donner une perspective collective, de porter la voix des travailleuses et travailleurs, des précaires et des opprimé.e.s , quand il s’agit d’écrire l’histoire. Un simple préavis d’un mois ne suffit plus, il est temps de prendre vos responsabilités.
Nous vous appelons donc solennellement à :
- Poser immédiatement un cadre clair de grève générale illimitée dans tous les secteurs
- Mettre en place des piquets de grève massifs et visibles
- Appeler à la convergence des luttes dans la rue avec pour objectif le départ des macronistes qui conduisent la France à la ruine depuis 2012.
Nous comprenons les craintes, les doutes et les suspicions que vous avez quant-à l’origine d’un tel mouvement. Mais, camarades, rien ne changera jamais sans ce courage de prendre des risques mesurés et de sauter dans le vide ensemble. L’Histoire ne s’écrit pas dans l’attente et la passivité, mais avec l’audace collective.
Il faut arrêter la politique du ’pas de vague’. Il faut rompre avec l’immobilisme et préparer un avenir qui appartiendra à nouveau aux travailleuses, travailleurs, aux citoyennes, citoyens, à toutes celles et ceux qui composent et font la grandeur de ce pays.
Nous ne voulons plus subir. Nous voulons gagner. Et pour cela, une seule voie s’impose : le combat général, sans limite, tous ensemble.
À vous de jouer, nous, on sera là !
À bientôt sur les piquets !
L’équipe Presse Indignons-Nous/Bloquons Tout (ouverte à toutes et tous)