Grèce : Syriza ou la voie social-démocrate (II) par Cécile Chams du Parti du Travail de Belgique

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V - Le socialisme de Syriza

En 1981, le Pasok parlait de « troisième voie vers le socialisme ». Aujourd’hui, Syriza parle de « socialisme du 21ème siècle ». Il s’agit, selon le programme de Syriza, d’ « une voie alternative de salut social, de reconstruction sociale, productive et environnementale au bénéfice de la grande majorité sociale ». Mais ni l’un ni l’autre ne veulent s’attaquer aux racines de la crise, c’est-à-dire au système capitaliste lui-même. Sans une stratégie de lutte dirigée par la classe ouvrière contre l’infime minorité qui détient les richesses, c’est-à-dire contre la grande bourgeoisie, le programme de Syriza subira le même sort que celui du Pasok.

Syriza veut « annuler les privatisations en cours, restaurer le contrôle public sur les entreprises stratégiques qui ont été privatisées ». Formulé ainsi, il s’agit d’un vœu pieux. Que signifie en effet « restaurer le contrôle public » si ce n’est pas s’attaquer à la question de la propriété du capital ? Dans sa résolution politique [1], Syriza évoque brièvement la crise capitaliste de suraccumulation, « principalement caractérisée par l’inflation du secteur financier » et dénonce le « capitalisme néolibéral », caractérisé principalement par la « flexibilisation du travail » et les « privatisations d’entreprises en difficulté ».

L’analyse de Syriza a heurté Philippe Marlière [2] : « Alexis Tsipras répète inlassablement que l’Europe fait face à une "crise structurelle du capitalisme et de son modèle néolibéral". Les mesures de rééchelonnement de la dette permettraient-elles de relancer l’économie et d’augmenter sans tarder les salaires ? Constitueraient-elles une étape anticapitaliste vers le socialisme ? Rien n’est moins sûr. ». « Les mesures d’urgence sociale, frappées du bon sens, s’inscrivent dans un cadre réformiste radical. Aucun projet de dépassement du capitalisme n’apparaît clairement, surtout dans le corset budgétaire et institutionnel de la zone euro », estime Philippe Marlière. La vision de Syriza ménage le système capitaliste en lui-même. La source de la crise économique de surproduction relative, accompagnée de suraccumulation des capitaux, se situe dans les rapports de production capitalistes, dans la contradiction entre ceux qui produisent la richesse, c’est-à-dire les travailleurs, et ceux qui accaparent cette richesse, la classe capitaliste, menée par les grands monopoles.

À la notion de "lutte de classe", totalement absente de son discours, Syriza préfère celle de « subversion » : ce terme revient même douze fois dans la résolution politique du congrès. C’est un terme vague qui désigne la contestation du système, terme particulièrement prisé par le courant anarchiste et antiautoritaire qui est bien présent en Grèce et dans Syriza. La subversion s’oppose à l’organisation de la classe ouvrière dans un parti d’avant-garde et dans des syndicats. Le terme « subversion » a acquis une connotation plutôt culturelle dans le mouvement altermondialiste et désigne un mouvement de citoyens contre la société de consommation, contre l’injustice.

On voudrait espérer que Syriza a bien l’intention de ne pas répéter les erreurs du Pasok et qu’elle va s’attaquer aux privilèges du capital. Mais comment comprendre les propos que Tsipras a tenus aux patrons grecs, lors de l’assemblée annuelle de la Fédération des entreprises grecques (SEV) ? Certes, il a promis de rétablir le salaire minimum à 751 euros ainsi que les conventions collectives ; mais il était surtout là pour rassurer le patronat sur le fait que « Syriza est prête à assumer la responsabilité historique de gouverner le pays ». Il lui a tenu le discours suivant : « Le consensus social et la stabilité sont l’oxygène de l’économie. L’absence de garantie empêche la dynamique de production, plus que tout autre facteur […] Nous allons lancer des investissements publics à performance rapide. Non pour déloger le secteur privé, mais pour l’encourager. Nous, en tant que prochain gouvernement du pays, nous voulons faciliter les investissements productifs d’initiative privée ; l’initiative privée qui prend le risque du marché. Pas l’initiative pirate… » [3]. On est bien loin de la « subversion » !

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VI - « Nous allons mener la bataille au parlement »

Pour Syriza, la classe ouvrière n’est qu’une des composantes du peuple. Dans sa résolution politique, Syriza n’évoque la "classe ouvrière" que comme une couche sociale particulièrement victime de l’austérité. Le mouvement ouvrier n’a pas de rôle particulier à jouer dans le projet d’un « gouvernement de la gauche ». Ce dernier sera le produit d’un « mouvement social de masse multiforme, qui repoussera les attaques quotidiennes du gouvernement sur chaque front, traçant les conditions pour la grande subversion sociale et politique. Le gouvernement de la gauche émergera comme résultat de cette grande initiative et mobilisation populaire ». Avec lyrisme, Syriza cite en exemple « le large courant populaire de luttes pour la subversion qui a mené la bataille contre les mémorandums et la dette de manière massive, sur les places, les lieux de travail, les quartiers ». Mais pas un mot sur les luttes ouvrières les plus importantes, comme celle des sidérurgistes qui ont réussi à faire plier le gouvernement après neuf mois de grève (2011-2012), ni celle des matelots qui ont imposé le maintien des conventions collectives (2012).

Les sidérurgistes d’Aspropyrgos, près d’Athènes, ont fait grève contre le plan d’austérité du patron, qui voulait leur imposer de travailler cinq heures par jour pour un salaire de 500 euros. Ils ont tenu le coup grâce au soutien du PAME — le Front militant des travailleurs, proche du KKE — et au soutien des travailleurs de toute la Grèce. Mais ne leur parlez pas de Syriza. « À Volos, l’autre usine sidérurgique du groupe, Syriza, par l’intermédiaire de son représentant syndical, a voté contre la grève et pour le plan d’austérité du patron », comme nous l’a expliqué Yannis, sidérurgiste d’Aspropyrgos. Même constat pour les ouvriers des chantiers navals, affiliés au PAME en grande majorité. En 2012, ils ont dû affronter un « bloc de gauche » dont faisait partie Syriza, qui leur proposait d’accepter un recul du temps de travail et des salaires. Cette proposition n’a récolté que 26 voix sur les 400 métallos de l’assemblée [4].

Grâce au transfert de nombreux syndicalistes du Pasok, Syriza s’est renforcée en tant que quatrième force syndicale du pays. Mais le PAME reste la troisième force syndicale [5] du pays et la première force dans certaines régions ou certains secteurs. Cela s’est confirmé aux dernières élections syndicales de 2013 pour les travailleurs du Pirée (port d’Athènes), du secteur du bâtiment ou de celui de l’alimentation. Les syndicats affiliés au PAME y ont renforcé leur position de première force syndicale. Lors des élections des travailleurs de l’industrie alimentaire, la liste affiliée au PAME a triomphé avec 80 % des voix devant une coalition regroupant des syndicalistes de Syriza, du Pasok et de la Nouvelle démocratie [6], une liste "anti-PAME" en quelque sorte.

De même, si Syriza peut compter sur un électorat plutôt jeune, son implantation parmi les étudiants reste très faible. La liste AP.EN., soutenue par Syriza, ne fait que 6,45 % dans les universités et 2,07 % dans l’enseignement supérieur non universitaire lors des élections des syndicats étudiants du 17 avril 2013. Ce n’est que la cinquième force, derrière les listes soutenues par la Nouvelle démocratie, le Pasok, la Jeunesse communiste et Antarsya. Elle est loin derrière la liste soutenue par la Jeunesse communiste (KNE), qui a remporté 15,77 % des voix (+1,64 %) dans les universités et 18,4 % (+2,9 %) dans l’enseignement supérieur non universitaire.

Interrogé en 2012, Georges Stathakis, un des dirigeants de Syriza explique le rôle de son parti : « La politique d’austérité va continuer, c’est une certitude… Les Grecs manifesteront peut-être. Mais à Syriza, nous allons mener la bataille par notre travail d’opposition au parlement, sans appeler les gens à aller dans la rue » [7].

En résumé, Syriza mise toutes ses forces sur la conquête du gouvernement, pas sur la construction d’un mouvement d’opposition au sein des travailleurs, des chômeurs, des jeunes, de tous ceux qui ont été frappés par la crise.

VII - Du « gouvernement de la gauche » à un gouvernement de « salut national »

Vu le rapprochement de Syriza avec les thèses de l’ancien Pasok, il n’est pas surprenant que des anciens ministres et membres en vue du Pasok soutiennent voire rallient Syriza. Syriza présente le « gouvernement de la gauche » comme « alternative radicale » pour la Grèce et pour l’Europe. Mais qui va composer ce « gouvernement de la gauche » ?

En septembre 2012, interviewé par un journal argentin [8], Tsipras déclarait : « La social-démocratie est incapable d’apporter des solutions aux problèmes sociaux réels du peuple. En Grèce, le parti qui représente la social-démocratie, le Pasok, n’est pas différent de l’aile droite. C’est une copie ». Pourtant, moins d’un an plus tard, Tsipras fait appel à la social-démocratie et même aux libéraux. Dans son discours d’introduction au congrès de fondation de Syriza [9], il énumère les trois courants qu’il veut gagner à son projet de « guider le pays et le peuple vers la lumière post-mémorandum ». Il s’agit du KKE, le Parti communiste de Grèce, mais aussi de ceux « qui ont un jour placé leur espoir dans le Pasok… mais qui n’ont jamais trahi leur foi et leur engagement pour la démocratie, la souveraineté populaire, l’indépendance nationale et la justice sociale » ainsi que « des citoyens inspirés par les idées du libéralisme politique… qui comprennent l’importance de la menace contre la démocratie aujourd’hui en Grèce ». Pour obtenir la majorité et former un « gouvernement de gauche », Syriza envisage donc une alliance avec des forces issues du Pasok et de Dimar, la Gauche démocratique, parti centriste qui a participé au gouvernement d’austérité [10]. En revanche, la Plate-forme de gauche au sein de Syriza estime pour sa part que « Syriza doit former un front uni avec les partis de gauche, y compris le Parti communiste et Antarsya, mais doit refuser de coopérer avec les forces politiques ou les politiciens qui ont mené ou accepté des politiques d’austérité, y compris Dimar » [11].

À plusieurs reprises, Tsipras a aussi évoqué l’éventualité d’un « gouvernement de salut national avec Syriza ». Un autre membre de la direction de Syriza a été plus loin en proposant un « gouvernement de salut national, excluant seulement les néonazis et la fraction d’extrême droite de la Nouvelle démocratie » [12].

Il n’est dès lors pas surprenant que d’anciens ministres et membres en vue du Pasok rallient ou soutiennent Syriza. On peut citer Louka Katseli, ministre de l’Économie puis ministre du Travail de Georges Papandreou (de 2009 à 2011). Elle a soutenu le premier plan d’austérité qui consistait notamment à démanteler les droits des travailleurs. Puis elle a pris ses distances avec son parti, notamment en critiquant le projet de référendum sur les mesures d’austérité. « Le gouvernement sortant a commis l’erreur énorme de ne pas présenter aux Grecs une feuille de route claire. Ce qui m’a également frappé est que l’exécutif sortant remette en cause l’accord donné au plan européen du 27 octobre en lançant l’idée d’un référendum. Je suis connue pour avoir été une dure négociatrice avec la Troïka quand j’étais ministre, mais j’estime que, quand on parvient à un accord, il faut s’y tenir » [13]. Elle a aussi exprimé ses craintes de voir l’austérité mener à une explosion sociale. « La récession est profonde. On risque des grèves, qu’elles soient explicites ou qu’elles ne disent pas leur nom. Les confédérations syndicales n’ont pas les moyens de prévenir une explosion sociale, car elles sont peu représentatives sur le terrain, notamment dans le secteur privé. Le risque associé est que le Parti communiste capitalise la colère ».

Après avoir refusé de voter le second plan d’austérité, elle a été exclue du Pasok. « J’ai voté contre, car les clauses qu’il comprenait allaient approfondir la récession, augmenter le déficit budgétaire et rendre la dette insoutenable, dit-elle. C’est une mauvaise recette. En outre, pour la première fois de l’histoire, un paquet économique de ce type incluait le démantèlement des conventions collectives qui font pourtant partie du pacte social européen. Enfin, certaines de ses dispositions sont anticonstitutionnelles, car elles donnent le droit à nos bailleurs de saisir les biens publics si la Grèce a des retards dans le paiement de ses créances à l’avenir » [14].

Ensuite, elle a créé avec Harris Kastanidis un nouveau parti social-démocrate, Pacte social. Kastanidis a été ministre de l’Intérieur (1985-86), des Transports (1996-97), porte-parole du Pasok (2004-2007), ministre de la Justice (2009-2011) puis de l’Intérieur (2011). Le parti Pacte social soutient la formation d’un gouvernement avec Syriza. Louka Katseli : « Nous espérons qu’il pourra impulser des réformes avec justice et équité, et qu’il mettra un terme à cet État corporatiste et au clientélisme qui existent en Grèce depuis longtemps. Il faudra mettre un terme aux baisses des salaires et des pensions et à la hausse des taxes, instaurer une réforme fiscale et lutter contre l’évasion fiscale, favoriser l’investissement, réorganiser le secteur public » [15]. Pour Katseli, il n’est pas question de rejeter la dette ni les plans d’austérité imposés par la Troïka. « Nous avons un partenariat basé sur la confiance et je pense que les deux parties ont intérêt à ce qu’il soit fructueux. Pour cela, nous avons besoin de prendre en compte d’abord la crise de l’emploi et la crise économique réelle et de voir comment nous pouvons rétablir la croissance dans l’économie, pour que la consolidation fiscale qui est essentielle puisse être réaliste et effective » [16].

Parmi d’autres personnalités du Pasok qui soutiennent un gouvernement avec Syriza, on retrouve aussi Gerasimos Arsenis, mari de Louka Kastseli, ancien ministre de l’Économie (1984-85), de la Défense (1993-96) et de l’Éducation (1996-2000), Marilisa Xenogiannakopoulou (ministre de la Santé, 2009-2010), Spyros Kouvelis (vice-ministre des Affaires étrangères, 2009-2011) et Lambros Michos (ancien député). Des dirigeants syndicaux, connus de longue date pour leur appartenance au Pasok, ont aussi rallié Syriza.

Gouverner avec le Pasok ne serait pas un fait nouveau pour Syriza. Lors des élections municipales de 2010, Syriza s’est alliée au Pasok dans trois communes urbaines d’Athènes et de Thessalonique. Sur l’île d’Ikaria, Syriza s’est alliée avec le Pasok et la Nouvelle démocratie contre la liste communiste du KKE, majoritaire sur l’île depuis des décennies. Elle a même reçu et accepté le soutien du parti d’extrême droite Laos qui a retiré son candidat. Le KKE a récolté à lui seul 49,5 % des voix et n’a été devancé que de quelques centaines de voix par l’alliance anti-KKE.

Syriza prétend donc sortir le peuple grec de l’austérité en s’alliant avec d’anciens ministres du Pasok, qui ont approuvé les accords avec la Troïka et les plans d’austérité qui en découlent. Cette ouverture envers la social-démocratie vaut également au niveau européen. « Un gouvernement de la gauche en Grèce tendra la main aux sociaux-démocrates européens, aux libéraux libres-penseurs d’Europe, à tous les Européens qui ne veulent pas que l’Europe s’enfonce dans un cauchemar. Et nous leur demanderons de nous rejoindre dans un projet commun : le projet de stabilisation de la zone euro — une première étape vers une Europe ouverte, démocratique et unie » [17], déclare Tsipras devant les sociaux-démocrates autrichiens.

VIII - Gauche radicale ? Pas tant que ça…

« Notre tâche est de clarifier notre position… qui ne constitue nullement une menace envers les États-Unis ni une tentative de déstabiliser la géopolitique de la région », déclare Alexis Tsipras lors de sa visite aux États-Unis en janvier 2013. Il ajoute : « Au contraire, nos politiques sont complémentaires des initiatives internationales, y compris de celles de l’administration Obama dans le contexte d’une stabilisation macro-économique large et globale » [18]. Dans une carte blanche du New York Times, deux professeurs américains, James K. Galbraith et Yanis Varoufakis, écrivent que « Syriza n’a pas l’intention de quitter l’Otan ni de fermer les bases militaires américaines » [19]. Ils se basent sur les propos tenus par Tsipras lors de ses rencontres aux États-Unis.

« Alexis au balcon… Tsipras dans les salons » [20], titrait un quotidien grec en octobre 2013. Le président de Syriza a en effet appris à jongler avec le double discours : des slogans et des promesses accrocheuses pour ses électeurs et des propos rassurants envers les dirigeants européens et étasuniens, et envers les cercles financiers. Devant son public, surfant sur la vague nationaliste, Syriza présente la Grèce comme une "colonie" allemande par la dette et présente l’euro « comme le vecteur de la politique allemande ». Pour démocratiser l’Europe, il faudrait essentiellement la dégager de la « domination allemande ». Mais lors de son voyage en Allemagne en janvier 2013, Tsipras a rencontré le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. Il a voulu faire comprendre aux dirigeants allemands que son projet de « gouvernement de la gauche » assurerait une gestion de crise et resterait fidèle aux structures fondamentales de l’Union européenne.

Tsipras a tenu des propos similaires lors de son voyage aux États-Unis en janvier 2013. Le congrès de Syriza s’est néanmoins prononcé pour le « retrait de l’Otan et la fermeture de toutes les bases militaires étrangères ». Mais, selon Philippe Marlière, « la gauche de Syriza reproche à Alexis Tsipras de déjà rechercher des compromis avec les institutions du capitalisme financier. Son voyage à Washington a soulevé une certaine émotion à gauche. Tsipras y a rencontré des représentants du département d’État, à qui il a assuré que la Grèce resterait membre de l’Otan si Syriza parvenait au pouvoir. Il s’est également entretenu avec des responsables du Fonds monétaire international. Sa conférence à la Brookings Institution, un think tank très social-libéral, a été également été perçue comme une initiative visant à promouvoir une image d’homme d’État respectable et pragmatique… La gauche anticapitaliste grecque n’est pas loin de penser qu’Alexis Tsipras est déjà dans la peau d’un premier ministre social-démocrate » [21].

Au cours des deux dernières années, le programme de Syriza s’est sensiblement modifié. Prenons, par exemple, les revendications concernant le secteur public. Avant les élections du 6 mai 2012, Syriza avait placardé des affiches dans tout le pays revendiquant « 100.000 emplois maintenant, dans les écoles, les hôpitaux et les services publics ». Après les élections, la revendication d’embauches figurait toujours au programme, mais sans chiffre. En juillet 2013, il n’est plus question d’embauches supplémentaires, mais d’annuler les licenciements. La résolution politique du congrès mentionne que « tous les employés qui ont été licenciés seront réembauchés » et que « le premier objectif sera de restaurer les relations de travail, les conventions collectives, les salaires minimums, les allocations de chômage et les allocations familiales au niveau d’avant les mémorandums ».

Ces dernières revendications ne sont plus guère mentionnées dans les discours récents de Syriza. En décembre 2013, devant la Chambre de commerce américano-hellénique, Tsipras appelle le monde des affaires à aider à « reconstruire le pays ». Il explique les trois réformes qu’une administration de gauche mettra en œuvre : un système de taxation « simple, transparent, stable et effectif » ; une administration publique « antibureaucratique et efficace » qui serait « débarrassée de la dépendance envers les partis, des échanges de faveurs et du manque de méritocratie » et la lutte contre les cartels « avec une législation anti-oligopolistique et une commission de recrutement réellement indépendante » [22]. Ces propositions sont tout à fait acceptables pour la majorité de la classe politique, des sociaux-démocrates aux libéraux.

En résumé, à mesure que Syriza se rapproche du pouvoir, son programme perd ses aspects radicaux pour devenir acceptable pour une partie de la bourgeoisie grecque et européenne.

Cécile Chams (cecile.chams at gmail.com) est membre du département des Relations internationales du Parti du Travail de Belgique. Elle suit l’actualité politique en Grèce depuis des années.

Tiré du site de l’INEM, Institut d’études marxistes belge.

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