Élection présidentielle : La gauche radicale cherche ses marques Ou Les refondateurs recomposent !

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Cet article de l’hebdomadaire "Témoignage Chrétien" est très illustratif du travail effectué par les refondateurs depuis 1989 pour décrédibiliser l’identité communiste, l’histoire, les valeurs et idéaux qui ont fait le PCF au cours du XXème siècle.

Il y a une conjonction de fait avec la stratégie initiée depuis le congrès de Martigues.

Ils ont quitté le PCF en 2010 en créant une nouvelle organisation politique, même s’ils s’en défendent, pour mieux revenir avec Mélenchon et le Front de gauche avec l’obsession qu’il y ait encore trop de PCF selon eux.

Une partie d’entre eux à joué le jeu suicidaire de 2007 avec José Bové. Aujourd’hui, ils poursuivent la même logique avec un ex-dirigeant du PS, Jean-Luc Mélenchon, pour mener la campagne des présidentielles des communistes.

Tous ces éléments concourent à l’éventualité d’une recomposition politique pour effacer de manière définitive et durable l’organisation du Parti communiste français.

Fraternellement

André Gerin

La gauche radicale cherche ses marques

Par Thibault Leroy

Trois candidats à l’élection présidentielle se sont déjà déclarés à la gauche du PS. Mais cet espace politique s’est largement recomposé depuis la désunion de 2007, notamment autour du Front de gauche.

« Gauche radicale », « Gauche de transformation sociale », « ex­trême-gauche »... s’il est difficile à nommer, il existe un espace politique à la gauche du PS. On y retrouve les formations politiques comme le PCF, le Parti de gauche, le Nouveau parti anticapitaliste et Lutte ouvrière.

Mais il agrège également des membres du PS, autour de personnalités comme Benoît Hamon ou Henri Emmanuelli, et la gauche des Verts, avec Gilles Lemaire, Stéphane Lhomme, ou la motion Envie du dernier congrès d’EELV. « Ce sont les gens qui n’en peuvent plus du capitalisme et veulent changer de système », résume Patrick Braouezec, député de Seine-Saint-Denis et membre de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE).

Cet espace politique s’est regroupé une fois, en 2005 : c’était le Non de gauche au Traité constitutionnel européen, auquel s’était joint à l’époque un certain Jean-Luc Mélenchon, alors membre du PS. « En 2005 on avait un trésor dans la main, nous étions rassemblés et majoritaires à gauche, analyse Roger Martelli, historien du communisme et démissionnaire de la direction du PCF en 2008. Nous avons tout gâché en 2007 où la dynamique de l’éclatement l’a emporté. »

Olivier Besancenot, Marie-Georges Buffet et José Bové avaient tenté d’y défendre les couleurs des antilibéraux. Au premier tour, le PCF réalisait le plus mauvais score de son histoire, chutant sous de la barre des 2 %

LE PCF FACE À LA RÉALITÉ

L’élection présidentielle de 2007 est à l’origine d’une prise de conscience au Parti communiste. Ce résultat décevant démontrait que le PCF ne pouvait conduire seul le rassemblement de la gauche radicale. Il y était déjà contesté depuis les années 1970 par d’autres mouvements, notam­ment trotskistes, tandis que le Parti socia­liste avait pris la première place à gau­che en 1978, creusant l’écart pendant les années Mitterrand.

Un tel résul­tat était annoncé par des personnalités du PCF, les refondateurs, qui de­vien­nent des « dissidents » au sein du Parti en 1989.
Ils appelaient à refonder le communisme tout en créant un « pôle de radicalité qui regroupe toutes les forces critiques » précise Roger Martelli. Selon une expression de Georges Séguy (secrétaire général de la CGT de 1967 à 1982), ils voulaient alors engager « la métamorphose » du PCF.

Avec 130 000 adhérents, peut-être 50 000 à jour de cotisations, le Parti communiste offre aujourd’hui un réservoir de militants qui, malgré ses faibles scores électoraux nationaux, en fait un parti incontournable dans cet espace politique.

C’est aussi un parti d’élus : avec treize députés, vingt sénateurs, il revendique 10 000 élus locaux et 500 mairies, dont 89 de plus de 9 000 habitants. Il tient les conseils généraux de l’Allier et du Val-de-Marne.

Cette implantation en fait l’une des principales forces politiques en France, mais assure également les revenus du PCF auquel les élus reversent une partie de leur traitement. Du maintien de ces bastions dépend en quelque sorte sa survie. Mais il est loin de la place qu’il occupait comme « premier parti de France », de 1945 à 1978. « Au moment où le Parti avait un vrai rapport à la société, il assurait trois fonctions, sociale, politique et utopique, explique Roger Martelli. Il représentait et organisait la classe ouvrière, tout en proposant un meilleur avenir. » Et au­jourd’hui ?

STRATÉGIES

Au PCF, plusieurs stratégies s’opposent. D’une part, il y a ceux qui considèrent que le PCF doit se renforcer seul : le PCF, tout le PCF, rien que le PCF. La section communiste du 15e arrondissement de Paris, qui a présenté Emmanuel Drang Tran comme candidat au vote des communistes lors de la « primaire » du Front de Gauche, estime que ce dernier n’est qu’une « une combinaison politicienne », qui rompt avec les engagements révolutionnaires marxistes.

André Gérin, député du Rhô­ne, fustige l’absence d’un candidat communiste en 2012. Son cas est particulier, les propos qu’il a tenus lors d’une conférence de presse sur les immigrés ont indigné ses anciens camarades. « André Gérin s’est exclu lui-même du mouvement communiste » commen­te Patrick Braouezec.

D’autre part, sont majoritaires les partisans du Front « de gauche », à commencer par la direction du PCF. Le tournant a été pris en 2008 où s’est engagé un rassemblement de plusieurs formations de la gauche « de gauche », sur fond de rupture avec le capitalisme mais aussi avec la social-démocratie incarnée par le PS. Durant les élections régionales de 2010, les alliances du PCF ont été à majorité variable, certaines régions composant dès le premier tour des listes avec les socialistes, tandis qu’un Front de gauche sans les communistes se présentait à côté.

Pour 2012, les relations avec le PS font toujours débat.
La fédération départementale PCF de l’Allier avait préféré André Chassaigne « pour être au cœur de la gau­che » selon Olivier Monet, son représentant, « et non pas dans un face-à-face avec le PS ». « Ce sera de notre responsabi­lité de travailler avant le premier tour avec les socialistes, sur ce qui diverge et conver­ge », plaide de son côté M. Braouezec, « pour savoir s’il peut ou non y avoir une dynamique de second tour. »

L’opportunité d’entrer au gouvernement veut être étudiée minutieusement, pour « peser au cas par cas ». Un accord ficelé dans l’urgence pourrait décevoir les militants et sympathisants, insatisfaits des compromis conclus. De son côté, le NPA refuse tout travail avec le PS, ce qui explique en partie qu’il ne souhaite pas rejoindre le Front de gauche, plus souple sur cette position.

RASSEMBLEMENT

En annonçant Phillipe Poutou, ouvrier de l’automobile, comme candidat pour porter ses couleurs à la présidentielle, le NPA ferme de toute façon la voie à un accord avec le Front de gauche. La question avait animé les débats à son congrès, jusqu’à se conclure par la désignation du candidat le 26 juin.

D’ores et déjà, la formation héritière de la LCR subit une perte sévère : de 9 000 militants en 2009, il n’en reste que 3 000 selon les derniers votes internes exprimés. Son courant Convergences & Alternatives soutient désormais Jean-Luc Mélenchon, comme la FASE. Ces nouveaux arrivants regrettent toutefois que les deux principales forces du Front de gauche, PCF et PG, ne soient pas suffisamment ouvertes à des cultures politiques différentes des partis traditionnels.

M. Braouezec explique que « le Front de gauche élargi doit tenir compte de notre arrivée, c’est-à-dire qu’on ne nous impose pas de rentrer dans le moule ». L’enjeu est aussi de s’adresser à des individus peu habitués à la politique, qui ne sont pas forcément des intellectuels ni des militants aguerris. Avec des taux d’abstention dépassant parfois les 70 %, certains quartiers populaires expriment un désintérêt de la politique alors que c’est à eux, en priorité, que la gauche radicale est censée s’adresser. Mais ses partis fonctionnent sur des modes d’organisations verticaux, ce qui, selon les refondateurs, ne faciliterait pas « une dynamique populaire ».

Voir en ligne : Sur témoignage Chrétien

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    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).