Bien sûr traquer et punir les coupables. Mais poser publiquement la question : comment se fait-il qu’ils aient pu (...)
Après la Fête, André Gerin s’adresse à Pierre Laurent
Cher Pierre,
La 80ème fête de l’Humanité qui vient d’avoir lieu est un mauvais cru pour le Parti communiste français.
Bien loin d’affirmer les valeurs qui nous unissent depuis 1920, la fête s’est surtout appliquée à assurer la promotion du Front de gauche, dont la seule raison d’exister est de servir de marchepied au Parti de gauche et à Jean-Luc Mélenchon, qui forment une succursale du PS destinée à nous phagocyter.
Sous ton impulsion, avec Marie-George Buffet, la fête s’est transformée en un vaste chausse-trape politique. Vous nous plongez dans le flou artistique alors qu’il y a des questions politiques qui appellent des réponses claires et précises.
Quel programme communiste voulons-nous partager et porter dans notre peuple ? Nous avons entendu des phrases ronflantes, comme au beau temps du programme commun et de la gauche plurielle. Mais rien de concret, de tangible, de crédible.
Quelle candidature aux présidentielles, quelle stratégie électorale pour les prochains scrutins ? Rien sinon la douce berceuse du Front de gauche.
Quelle posture politique avec le Parti socialiste ? Il est temps de sortir de l’ambiguïté permanente.
Je crains que dans le contexte actuel, nous assistions à une politique du fait accompli pour ne pas présenter de candidat du Parti communiste français aux présidentielles de 2012.
Voulons-nous empêcher à tout prix d’éventuelles candidatures, hors promotion du Front « Parti de gauche » ?
Tu le sais bien, plusieurs candidatures de personnalités communistes sont possibles. Au nom de quelle absurdité le Parti communiste devrait-il se priver de porter haut et fort ses couleurs, son identité, sa culture ? Quand la crise du capitalisme leur rend toute leur légitimité.
Ne pas être présent comme force politique nationale, c’est prendre un risque mortel pour l’avenir du PCF. C’est prendre le risque d’une victoire du Parti socialiste sur une ligne prolongeant la politique désastreuse de Jospin vers le centre et une partie de la droite.
L’absence d’un candidat présenté par le PCF se paierait cher pour notre peuple. Tu le sais, il y en a qui guignent la place. En l’absence d’un candidat communiste ancré sur ces valeurs, nous porterions la lourde responsabilité d’un score important, hélas possible, de la succession Le Pen.
La meilleure manière de répondre à ces questions c’est de consulter les communistes, Loin de la recomposition politique qui se mijote actuellement en coulisses, c’est aux communistes d’avoir le dernier mot.
Je crains que des décisions soient d’ores et déjà prises. Elles seraient inacceptables pour ceux qui pensent qu’il est possible de régénérer une gauche authentique dans notre pays. La perspective de rupture avec le capitalisme n’aurait aucun sens sans une candidature communiste aux présidentielles.
Nous sommes au pied du mur. Les évolutions de notre société exigent de rompre avec le capitalisme. Que face à l’ampleur de la tâche certains reculent, cela n’est pas fait pour nous surprendre. Mais la culture communiste est aux antipodes de tels renoncements. Plus que jamais nous avons à prendre nos responsabilités et faire preuve de cet esprit combatif qui nous caractérise si bien.
J’espère qu’il n’est pas trop tard et que s’ouvriront un vrai débat démocratique et une consultation nationale où chaque communiste aura son mot à dire et surtout le mot de la fin.
Reçois, cher Pierre, mes fraternelles salutations.