Maintenant si le bilan de Staline eût été principalement négatif, alors Trotski aurait eu raison de vouloir détruire en pleine guerre anti fasciste « la caste parasitaire et totalitaire qui a pris le pouvoir en Union Soviétique ».
Comme ses petits cousins auraient aujourd’hui raison de chercher systématiquement à dégommer la Chine Populaire quand elle s’oppose à l’hégémonisme US.

A un moment donné il faut mesurer la signification réelle d’une critique, non pas dans l’abstraction d’un débat purement intellectuel, mais dans le cadre matériel où elle apparaît et se développe, ici celui d’une guerre réelle, meurtrière et sans pitié contre l’impérialisme.

« C’est le problème quand le Parti est unique et se confond avec l’Etat ».
Quel est ce problème d’un « parti unique » ? Est-ce qu’un parti koulak ou petit-bourgeois auraient pu par leurs critiques améliorer les choses ? En s’opposant à la révolution dans un seul pays par exemple ? Est-ce que Staline n’avait pas raison de vouloir développer l’Union Soviétique le plus vite possible si on considère son encerclement impérialiste et l’approche de la guerre ? Est-ce que Staline n’a pas eu raison de mener la lutte de classe contre les koulaks et les boukhariniens ?

Et d’où vient le danger de corruption ? Est-ce que des fonctionnaires non communistes seraient forcément plus honnêtes que des fonctionnaires communistes ?
Est-ce que les communistes doivent surveiller l’avancement de la révolution depuis leur bureau ou bien y participer directement à tous les niveaux ?
Est-ce que la séparation du parti et de l’Etat n’est pas la poursuite du vieux rêve idéaliste bourgeois de la prétendue "séparation des pouvoirs" ?

La solution se trouve dans l’expérimentation pratique du socialisme et la définition des objectifs qui en résulte, en fonction des succès et des échecs. Nouvelle mise en pratique, nouveau bilan, nouveaux objectifs, etc.
La révolution culturelle a échoué dans une lutte qui s’est tournée contre le PCC lui-même et sa direction, définie comme « le quartier général du révisionnisme ». Elle aurait pu conduire à la destruction du PCC, mais Mao lui-même y a mis fin.
La lutte actuelle contre la corruption en Chine Populaire est une auto révolution menée par le parti communiste dans ses propres rangs et avec l’aide des masses.
Le socialisme réel trouve par la critique et l’autocritique de son parti communiste la solution à ses problèmes et ses erreurs.

Pour approfondir ce sujet et mesurer la signification du trotskisme d’hier (et de sa résurgence contemporaine) j’invite à regarder cette très intéressante conférence de Ludo Mertens :
Le trotskysme un courant anticommuniste !
Trotski, l’URSS et le Mouvement Communiste International Conférence de Ludo Martens le 18/05/1988 au sujet des relations de Trotski avec l’URSS et le MCI sous Staline. (durée 1h50mn) L’évolution et les positions politiques de Trotski y sont examinées. Ludo Martens expose l’anticommunisme de Trotsky et du mouvement trotskiste en 8 points :
1. - Le passage de Trotski vers des positions de combats contre le communisme
2. - Le combat de Trotski contre le Komintern
3. - La lutte contre « la caste parasitaire et totalitaire qui a prit le pouvoir en Union Soviétique »
4. - L’amalgame Hitler = Staline
5. - L’organisation d’un courant défaitiste à l’approche de la deuxième guerre mondiale
6. - Les appels à l’insurrection, au coup d’Etat et à la terreur en URSS
7. - Comment Trotski et la IV^e internationale se préparaient dans le contexte de la seconde guerre mondiale
8. - La carrière de quelques dirigeants trotskistes