Les communistes et l’Etat (2)

, par  Xuan

Le 2 avril 2013 à 16:30, par Xuan En réponse à : Les communistes et l’Etat (2)

Ce texte expose bien la nature de classe de l’Etat bourgeois, mais il fait à peine allusion (le mot ne figure qu’une fois) à la nécessité non pas de s’emparer de la machine d’Etat toute prête, mais de briser l’Etat bourgeois et le remplacer par un Etat de type nouveau.

On lit ainsi :

Briser l’Etat bourgeois ne peut donc signifier que disparaissent les fonctions sociales publiques qu’il remplit, ni même telle ou telle forme que l’Etat leur a donnée, mais qu’il faut les transformer en les dépouillant de leur caractère de classe actuel.

Les fonctions sociales de l’Etat bourgeois ont-elles simplement un caractère de classe bourgeois ou bien sont-elles elles-mêmes de nature bourgeoise ?
Les transformer permet toutes les interprétations : suffirait-il par exemple de qualifier la police, l’armée et les grands corps d’Etat de "démocratiques" et leur donner d’autres objectifs pour réaliser une telle transformation ?
Que deviennent la fonction présidentielle et la séparation des pouvoirs de la République bourgeoise ? Suffit-il de décréter un Parlement « démocratique » ou un Sénat « démocratique » ou bien reconstituer de fond en comble la représentation populaire à partir de l’expression démocratique créée par les masses révolutionnaires ?

La nécessité de briser l’Etat bourgeois est évidemment liée à la dictature du prolétariat puisque c’est la condition indispensable à l’exercice d’une démocratie mille fois plus large. Figure-t-elle davantage dans une autre partie de cet ouvrage ou bien les prémices du revirement y sont-elles déjà présentes en creux, sous forme d’omission ?

Cette tâche que Lénine qualifie d’essentielle est le fruit de l’expérience de la lutte de classe postérieure au Manifeste communiste mais déjà du vivant de Marx :

« Traitant de la question de l’Etat, qui nous préoccupe ici, Marx fait le bilan de la révolution de 1848-1851, dans son 18 Brumaire de Louis Bonaparte,
[...]
Dans ce remarquable aperçu, le marxisme accomplit un très grand pas en avant par rapport au Manifeste communiste, où la question de l’Etat était encore posée d’une manière très abstraite, dans les notions et termes les plus généraux. Ici, la question est posée de façon concrète et la déduction est éminemment précise, définie, pratiquement tangible : toutes les révolutions antérieures ont perfectionné la machine de l’Etat ; or il faut la briser, la démolir.
Cette déduction est le principal, l’essentiel, dans la doctrine marxiste de l’Etat. Et c’est cette chose essentielle qui a été non seulement tout à fait oubliée par les partis social-démocrates officiels dominants, mais franchement dénaturée (comme nous le verrons plus loin) par le théoricien le plus en vue de la IIe Internationale, K. Kautsky. » [Lénine - l’Etat et la révolution - Le bilan d’une révolution]

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