PCF, ruptures révolutionnaires et Front de gauche : Comment agir ?
Un bilan sérieux pour avancer Une sortie de la crise est elle possible sans révolution ?

, par  Christian Harquel , popularité : 2%

Notre camarade Christian Harquel secrétaire de la section de l’Ouest biterrois nous propose de publier l’introduction qu’il a faite pour les sections du biterrois, du débat public portant sur le 36ème congrès, les 2 et 3 septembre derniers. Une soixantaine de personnes, essentiellement des communistes, ont participé.

L’éventail des interventions est allé de camarades s’effaçant plus ou moins volontairement dans le Front de Gauche à d’autres rejetant toute tactique ou stratégie de Front(s).

La réflexion sur l’apport communiste a cependant dominé le débat. Tout en laissant une grande place à la question de l’organisation communiste (cellules, questions de la proximité, place des plus exploités dans la vie politique) et à la question de l’action (liaison revendicatif-politique, comment aider à la préparation des journées syndicales qui s’annoncent : retraités, industrialisation, emplois... gagner tout de suite, le changement maintenant et non après des décennies d’austérité).

Paul Barbazange

Nous ouvrons donc le troisième débat de cette fête de La Plantade intitulé : vers le Congrès du Parti communiste.

Ce Congrès aura lieu début février 2013.

La gravité de la situation de crise dans laquelle se trouvent notre pays et le monde capitaliste, l’urgence de changements profonds et l’impasse dans lequel se trouve le mouvement populaire exigent que ce Congrès soit le moment d’un large et profond débat des communistes. […]

Pour ma part, je voudrais aborder les questions stratégiques.

Nous vivons depuis plus de trente ans une crise durable qui est celle du système capitaliste : crise économique, institutionnelle, politique, morale, écologique. Toutes les tentatives d’aménagement, d’accompagnement social ont échoué ou sont vouées à l’échec.

Nous le savons, il n’y aura pas d’issue à la crise dans le cadre de ce système. Il faut donc en sortir. Mais comment ?

La réponse stratégique du PCF, après son résultat calamiteux à la présidentielle de 2007, a été, dans le prolongement de la mutation initiée par Robert Hue, la constitution du Front de Gauche. La décision est prise en 2008, en dehors des communistes.

Il s’est agi alors de créer un cartel d’organisations autour du PCF et de personnalités telles que Jean-Luc Mélenchon et Christian Piquet, visant à peser électoralement à gauche du parti socialiste. C’est ainsi qu’ont été crée le Parti de Gauche et La gauche unitaire. Par la suite la Fase de Clémentine Autain et certains transfuges du NPA sont venus grossir le Front de Gauche.
Rapidement le Front de Gauche se crée un espace politique à la gauche du PS sur la place occupée par le Parti communiste mais aussi en partie par le NPA, sur des positions essentiellement électoralistes.

Pourtant les premières échéances électorales, les européennes de 2009 et les régionales de 2010 où le parti perd la moitié de ses élus sont des échecs.
En 2012, le parti communiste choisit de ne pas présenter de candidat à la présidentielle et de se ranger derrière la candidature de Jean-Luc Mélenchon. La campagne électorale est une réussite mais avec 11% le candidat du Front de gauche ne fait pas mieux que les scores cumulés des candidats à la gauche du PS des précédentes présidentielles.

Aux législatives qui suivent le Front de gauche n’obtient que 11 députés dont 7 pour le parti communiste sur les 21 élus en 2007. Le solde de l’opération électorale est clairement négatif. C’est un nouvel échec. Sur le plan politique le Front de gauche ambitionnait de concurrencer le parti socialiste sur sa Gauche.
Le PS se retrouve avec tous les pouvoirs, il obtient la majorité absolue à l’assemblée nationale, la droite certes est battue mais le mouvement révolutionnaire, parti communiste compris est marginalisé, l’abstention atteint un niveau record et l’extrême droite talonne l’UMP avec 17%.

Les institutions ont joué pleinement leur rôle, celui d’assurer l’alternance des forces politiques au service du capital tout en écartant toute possibilité de changement réel.

Pour le parti communiste l’échec est d’autant plus cuisant qu’outre la perte de l’essentiel de ses élus, il abandonne la direction politique du Front de Gauche, squatté par la personnalité de Jean-Luc Mélenchon.

L’effacement du PCF s’accélère dans un Front de Gauche dont l’unité de façade recouvre en fait des stratégies différentes.

Pour le Parti communiste, le Front de Gauche doit se substituer au rôle du PCF dans la recherche d’alliance avec la social-démocratie. Il s’agit de construire des majorités, visant un gouvernement de gauche, chargé de mettre en œuvre des réformes censées s’attaquer aux logiques capitalistes.

Cette stratégie est le prolongement de l’Union de la Gauche des années 80 et de la Gauche plurielle de la fin des années 90, toutes se sont soldées par des échecs et le parti communiste en a chaque fois payé le prix fort. Cette fois ci c’est son existence même est en cause.

Pour Jean-Luc Mélenchon le Front de Gauche, c’est l’autre gauche. Il vise un rassemblement au dessus des partis amenant à la Révolution citoyenne.
Il parle d’un Front du peuple dépassant le Front de Gauche. Cette idée a été au cœur de sa campagne des présidentielles. Elle a séduit, notamment les jeunes et de nombreux participants à ses meetings partageaient sa radicalité. Preuve que l’idée de Révolution n’est pas encore enterrée.

Mais nous ne sommes pas en Amérique latine et la révolution citoyenne s’est terminé en flop électoral. L’enthousiasme s’est vite transformé en désillusion et découragement. C’est là une des causes de l’échec aux législatives. On a assurément mésestimé le rôle des institutions dans la société capitaliste. Ici, la révolution par les urnes ça ne marche pas.

Pour la Fase il s’agit avec le Front de Gauche de rejouer les collectifs antilibéraux qui n’ont pas laissé surtout chez les communistes que de bons souvenirs.

En définitive le Front de gauche s’il a pu apparaître comme une avancée ne se dégage pas du type de construction politique traditionnel marqué par la primauté donnée aux moments électoraux.

Il reste enfermé dans un cadre droite/gauche dans lequel les couches populaires ne se reconnaissent plus. L’opposition droite/gauche ne suffit plus à traduire la réalité politique encore moins celle des rapports sociaux.
Continuer à se positionner politiquement sur cet axe est un facteur de confusion et de division et ne permet pas des rassemblements à la hauteur des enjeux.

Lors de ce congrès, les communistes doivent faire l’effort de sortir enfin de la stratégie élaborée dans les années 70 alors que le capitalisme laissait encore des marges de manœuvre pour un gouvernement de gauche. Cette époque est révolue.

Ce qui régit les rapports sociaux aujourd’hui c’est bien la brutalité de l’affrontement de classe.

Nous sommes face à un capitalisme déchainé, lancé dans une course folle à l’accumulation et à la spéculation que personne ne semble pouvoir arrêter et qui mène notre monde aux pires catastrophes. Des classes dirigeantes discréditées mais plus que jamais décidées pour préserver leurs privilèges à faire payer aux peuples les crises d’un système en fin de course.

L’espace démocratique est réduit aux apparences. Le peuple est peu à peu dessaisi du pouvoir par une minorité, il faut parler de classe, d’oligarchie.
Ceux là ont tout et ils décident de tout. Ils se sont accaparé tous les pouvoirs. Ils exercent une véritable dictature économique, politique, médiatique et même militaire. Ils ont mis les Etats à leur solde et verrouillé les institutions.

Toutes tentatives de régulation, d’aménagement du système ou de changement interne sont vouées à l’échec.

Le capitalisme ne laisse plus de choix aux peuples qu’entre la soumission ou l’affrontement. Il reste plus que jamais un système de domination et d’aliénation.

La domination d’une classe sur l’ensemble de la société visant à mettre les conditions de vie et de travail de toute la population au service des intérêts d’une caste de privilégiés. Ce système est devenu intolérable.

Le parti communiste n’a pas d’autre solution pour aider notre peuple à en sortir que de prendre toute sa place, au côté du monde du travail, dans la guerre de classe que mènent les dirigeants capitalistes.

Il doit se donner l’organisation et les moyens nécessaires à cet affrontement pour aider au rassemblement du monde du travail et notamment des salariés, sur leurs intérêts de classe, avec l’objectif de mener la lutte de classe jusqu’au bout, jusqu’au changement de société et au remplacement des classes dirigeantes.

Les luttes que nous devons mener avec les salariés ne doivent plus être simplement des luttes pour gagner du terrain dans l’affrontement Capital/Travail, mais des luttes pour prendre le pouvoir, pour en finir avec les capitalistes et leur système.

Ce qui au fond travaille la société française c’est la nécessité historique que le monde du travail prenne toute sa place dans la direction des affaires du pays pour la maitrise de ses moyens de production et d’échange, de ses conditions de travail et de vie.

C’est une exigence d’aujourd’hui !

C’est donc dans les luttes et dans la vie, un front de classe qu’il faut bâtir jusqu’à sa traduction politique y compris électorale. Voilà un des défis posé, d’après nous, au parti communiste et à ses militants lors de ce congrès !

Christian Harquel, secrétaire de la section Ouest Biterrois du PCF.

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