36e congrès à Aubervilliers : Rendre compte Le point de vue de la secrétaire de section du Bassin d’Arcachon, Val de l’Eyre (Gironde), membre du CD Gironde et du CN.

, par  Danielle Trannoy , popularité : 6%

Quelques impressions personnelles collectées dans le congrès pour en tirer les premières analyses qui seront enrichies par les camarades de ma section, textes à l’appui enrichis par la réflexion collective. C’est vers eux que mes pensées se tournaient ; ensemble nous avons « tant bien que mal » travaillé le texte et les statuts de ce 36e congrès. Ils m’avaient mandatée pour défendre notre Parti.

Même si je pense que la préparation a désorganisé la réflexion des communistes, j’ai pu appréhender aux travers des interventions, qu’il y avait un certain bouillonnement et de nombreuses contradictions. Il y avait de nombreux jeunes, engagés, déterminés, curieux…

J’ai donc suivi très attentivement toutes les interventions et tenté de comprendre le sens politique du Congrès.

Ainsi que nous l’avions vu en conférence fédérale, les nombreuses questions qui auraient demandé un approfondissement se sont heurtées à la démarche imposée. Nous étions prévenus, le texte de base n’était pas amendable. Se voulant "poétique", il a mis les communistes en difficulté en raison de l’utilisation d’un "nouveau langage". Ces nouveaux mots, ces nouvelles expressions nous ont interdit de saisir le réel et de le penser en commun.

Etait-il judicieux d’examiner le texte par groupes de lignes ? Ne discernant pas ce qui était important de ce qui l’était moins. Car au final, le texte est sensiblement le même, parfois avec des ajouts que nous découvrirons à postériori.

Nouvelles orientations à partir du texte

Sur la question des nationalisations et de l’appropriation sociale des moyens de production, je n’y ai pas trouvé de réponse. Pierre Laurent parle volontiers de partage, de « mise en commun », des biens communs, mais est-ce bien la même chose et y mettons-nous le même contenu ? J’ai fait le rapprochement avec les luttes dans le pays, la sidérurgie, l’automobile, l’alimentation, tous les grands secteurs de l’économie… Je pense que nous sommes bien démunis face à toutes ces luttes, sans réponse concrète.

Comme en conférence fédérale, le débat a tenté de rebondir sur les choix fondamentaux. Notamment le projet, confronté au choix du socialisme pour aller vers le communisme, sur la spécificité de la crise économique qui n’est pas que financière.

Quelles pistes sérieuses, constructives allons-nous innover ? C’est l’intervention de Didier Le Reste qui a attiré mon attention. Il soulignait que notre responsabilité était totalement engagée face à la situation de crise, de luttes, de répression syndicale et policière et qu’elle ne peut tolérer la cacophonie de notre part. J’ai ressenti de l’inquiétude dans cette intervention.

Sur le rassemblement, pour un bilan du Front de Gauche, j’attendais beaucoup. J’ai perçu dans les interventions qu’au-delà de l’enthousiasme et espoir que certains y avaient mis, il y avait pas mal d’interrogations sur la fiabilité des partenaires et du mode de fonctionnement. Notre parti a payé le prix fort : la vérité est tombée à travers les lignes du rapporteur financier avec la perte des indemnités de 100 élus régionaux et de 10 députés, et du prêt bancaire contracté pour couvrir les frais de campagne présidentielle. J’ai appris que nos finances étaient exsangues, après la vente de tous nos biens immobiliers.

J’ai aussi entendu que Pierre Laurent évoquait les millions de citoyens qui n’avaient pas voté. J’aurais souhaité qu’il dise qu’il y avait eu 20 millions d’abstentions à la dernière élection législative. Et surtout, que c’était surtout les milieux ouvriers, les plus pauvres, les plus exploités, qui s’étaient abstenus. Nos propositions répondent-elles aux attentes ? Le rassemblement en partant du bas reste à construire, il me semble ! Pouvons-nous enfermer le mouvement social dans un cadre pré-établi ?

Sur le nouvel accord FDG signé le 28 janvier, nous avons été « rassurés ». Il nous est demandé « d’arrêter de se faire peur » sur la transformation du Front de Gauche en double structure ou en future parti politique. N’étant pas adepte de la méthode Coué, c’est bizarre, mais je ne suis pas encore très rassurée !!! Je crains que la saison 2 du FDG soit aussi mal engagée que la 1, elle tombe sur les communistes, dépossédés d’un vrai débat puisque tous les communistes ne sont pas en possession des textes.

Je ne suis pas convaincue que nous ayons les forces de faire vivre deux structures. Laquelle privilégier : le PCF ou le FDG ? Je suis communiste, engagée à faire vivre le parti communiste, pour qu’il soit autonome, identifié, porteur d’aspirations démocratiquement débattues par les communistes et le peuple dans son ensemble, pour le monde du travail. Mon choix est fait.

C’était vraiment émouvant de rencontrer toutes les délégations. En ce qui me concerne, j’aurais besoin de connaître vraiment le rapport des forces partout en Europe. Cela aurait été très intéressant de mieux appréhender la place prise par les nouveaux partis socio-démocrates "newlook" (ceux qui ont gommé le mot communiste de leur carte de visite). En Allemagne, en Espagne, en Italie et en Grèce (même si le contexte permet une avancée pour Syriza… mais sous l’œil du FMI), le monde du travail n’y trouve pas son compte pour résister. Leur représentation ne plafonne-t-elle pas autour de 3% aux élections ?

Je crains donc que la place prise par le PGE dans le texte et les déclarations de Pierre Laurent nous éloigne encore plus du monde du travail.

Concernant l’Europe, il nous avait semblé que l’ouverture d’un large débat était nécessaire sur cette Europe « prison des peuples » et qu’il était très important que le Parti Communiste Français réaffirme la place de la Nation et ouvre le débat sur le fédéralisme, sur la réforme des collectivités locales et l’éclatement des services publics pour combattre en France le capitalisme. Comment évacuer cette question qui est présente majoritairement dans l’opinion, sur les conditions à réunir pour maîtriser les prix, les échanges, l’économie ? Après Maastricht, la constitution, Lisbonne, le traité Merkel-Sarkozy-Hollande… il me semble important de clarifier notre orientation. Toutes les luttes ne partent-elles pas du cœur de la Nation ? L’espace laissé vide ne permet-il pas au « ventre fécond d’où est née la bête immonde » de renaître ?

Les statuts : décisions pour une nouvelle organisation

Sur le PGE : les amendements et vœux que nous avions portés n’ont pas été retenus. Nous demandions des précisions sur les orientations implicites qui figuraient dans le texte, les statuts et l’affiliation au PGE dont nous n’avions ni les statuts, ni la charte. Or, aucun d’entre nous n’a adhéré individuellement au PGE et ce symbole de la gauche européenne sur une carte nominative est un passage en force inacceptable.

La question de la faucille et du marteau supprimée de la carte au profit des étoiles de la gauche européenne est significative d’une nouvelle démarche.

A mon avis, ces symboles ne gênaient aucunement le "futur avenir radieux" du PCF et rien n’obligeait à les faire disparaître de la carte. Le discours de clôture de Pierre Laurent est éclairant : il faut rompre avec ce qui symbolise le communisme du 20e siècle et donc en effacer les symboles. J’ai reçu comme une humiliation sa démonstration, elle prenait de haut des hommes et des femmes qui ont sincèrement engagé toute leur vie.

Je ne pensais pas que la nouvelle Direction pouvait ne pas prendre d’abord l’avis des communistes et les consulter en amont. J’ai été surprise de cette volonté de ne pas écouter. Quelle démocratie voulons-nous pour la société et quelles règles nous donnons-nous ?

De même pour la vie des cellules et l’organisation de la souveraineté des communistes, je ne pensais pas non plus que la nouvelle organisation de notre parti à partir des cellules serait avancée sans débat préalable. J’avoue que cela me surprend et me choque profondément. Les ajouts visant à renforcer la nécessité de l’existence des cellules et à plus fortes raisons à en faire des lieux de souveraineté ont tous été refusés sous prétexte que la nécessité de l’activité de proximité des cellules traverse tout le texte !

Le verdict est tombé : le débat a été rude sur le passage des 4/4 au 3/3, cette partie du texte est celle qui a suscité le plus de discussions et d’oppositions (426 pour, 203 contre, 22 abstentions). Reflet des débats dans les conférences fédérales, notamment en Gironde, nous nous étions prononcés contre la suppression des 4/4, pour la souveraineté des communistes.

Là encore, Pierre Laurent a du s’engager pour défendre les 3/3, ce qu’il a fait sans état d’âme et sans trop de fraternité pour tous ceux qui font vivre le PCF.

J’ai entendu des militants défendant les 4/4 avec esprit de responsabilité n’évacuant pas les difficultés financières, mais souhaitant les poser en termes politiques et non en termes administratifs.

J’ai perçu en échangeant avec des camarades d’autres fédérations qu’il y a un grand décalage entre ce que se disent les communistes et ce qu’ils sont prêts à faire pour faire revivre leur parti aussi bien à l’entreprise que dans les quartiers et villages, au jour le jour. J’ai entendu des camarades qui mettaient beaucoup d’espoir pour faire revivre leurs organisations de base. Très simplement et efficacement pour le long terme, refaisant du porte à porte, prenant des contacts avec les salariés des entreprises locales… Quelle richesse gaspillée si les cellules n’ont plus les moyens pour mettre en œuvre une présence politique.

Enfin, j’ai remarqué que la composition sociologique n’était pas très "ouvrière". D’ailleurs nous n’avons pas la composition sociologique exacte du congrès, au-delà du nombre de femmes, d’élus et d’actifs... combien d’ouvriers, d’hospitaliers, d’agriculteurs, d’enseignants, d’ingénieurs... mystère !

Très sensible sur la question des femmes, nous étions aussi très loin de mes camarades et amies qui ont perdu leur indépendance en raison des retraites et salaires de misère… Nous ramenant à des pertes de liberté inadmissibles. Cela m’inquiète ! Il ne faudrait pas que le fait sociétal masque nos carences en matière sociale.

On pourrait se décourager… J’ai aussi pensé au « Silence des communistes » italiens…

Mais il y a l’accord scélérat du Medef qu’il faut combattre, il y a la présence du parti communiste dans les quartiers, les entreprises et le mouvement social à construire. Il y a les camarades avec qui je milite et qui ont compté pour faire vivre le PCF depuis plusieurs générations et ces dernières années sans renier la confrontation des idées.

Les enjeux auxquels nous sommes confrontés ne nous autorisent pas à amoindrir notre combat de classe pour construire le rassemblement au plus près du monde du travail en renforçant le parti communiste. En cela, participer au 36e Congrès a renforcé ma détermination.

C’est pour tout cela que je rends compte de ce 36e congrès du PCF.

Danielle Trannoy, secrétaire de Section du Bassin d’Arcachon, Val de l’Eyre (Gironde).

Biganos, le 12 février 2013

A noter : Pierre Laurent a obtenu, certes, 100 % des 624 votes exprimés (92 blancs et nuls) sur les 716 votants (Il y avait 778 participants. 62 n’ont pas pris part au vote avec les 92 blancs et nuls cela fait 154 soit 20 %). Je tiens à donner ces chiffres pour donner un résultat complet : inscrits, votant, blancs et nuls... C’est vrai que depuis un certain nombre d’années, les pauvres ceux qui ne votent pas ou plus, n’apparaissent nulle part !!

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