La crise de l’Union monétaire, l’extrême droite et le Congrès du PCF, par Marc Harpon Je ne milite pas au PCF, mais j’attends énormément du Congrès du PCF

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D’ici quelques mois, les déficits publics français devront, d’après les engagements européens de notre pays, se trouver sous la barre des 3%. Or, on l’a écrit sur ce blog dès le lendemain de la victoire de François Hollande, cet objectif est impossible à atteindre : aux premiers jours du quinquennat, le déficit français était de 6%, ce qui revient à dire qu’en quelques mois, le nouveau président prétendait le diviser par deux ! Avec les fermetures d’usines et les plans sociaux qui se multiplient, notre taux de chômage est à la hausse, ce qui risque d’avoir un double effet sur la demande, dont on sait qu’elle contribue à tirer l’offre, et avec elle, l’emploi : d’une part, les nouveaux chômeurs consommeront moins, d’autre part, les travailleurs bénéficiant encore d’un emploi, inquiets du lendemain, risquent de préférer l’épargne à la dépense.

Dans ce contexte, c’est de créations massives d’emplois publics, notamment d’emplois liés à l’inévitable transition énergétique, que notre pays aurait besoin, afin d’enclencher le cercle vertueux de la croissance. C’est d’ailleurs ce qu’ont fini par reconnaître Standard and Poor’s et le FMI, qui viennent de réaliser que l’effet multiplicateur, du fait duquel un euro de dépense publique peut rapporter (ou faire perdre, suivant que l’euro en question représente des dépenses publiques en plus ou en moins) plus d’un euro de PIB. Autrement dit, nos engagements européens vont faire empirer notre situation. D’où le risque d’une suite des événements à l’italienne, à l’espagnole ou, pire, à la grecque. Or, contrairement à Aube Dorée, l’extrême droite française bénéficie déjà de scores à deux chiffres.

Elle n’est pas la seule à pouvoir bénéficier de la catastrophe vers laquelle nous conduisent Hollande et Ayrault. Tandis que Marine Le Pen s’efforce de mobiliser des travailleurs contre leurs frères de classes d’origine maghrébine ou africaine, des réseaux islamistes prêchent la haine contre l’ennemi sempiternel de tout un chacun : le juif, créant ainsi la perspective d’une paradoxale convergence des luttes entre islam radical et crypto-fascisme à l’occidentale, perspective déjà embrassée par le Parti des Musulmans de France, ancré à l’extrême droite, ou encore par la nébuleuse conspirationniste prête à tout expliquer par la main invisible « américano-sioniste » du « lobby juif international ». L’islamisme radical bien entendu, est une tendance politique groupusculaire dans notre pays. Mais son influence s’étend probablement au-delà des rangs de ses militants et, dans une période comme la notre, le risque n’est pas nul qu’il se renforce.

L’obstination européenne, dont la récente adoption du TSCG, sans référendum, en dépit de l’opinion publique sur ce point, est la preuve la plus récente, risque de nous conduire à la guerre des races. Pourquoi diable ne pas l’éviter en engageant la lutte des classes ? Le grand capital français a besoin de l’Union monétaire, parce qu’elle lui permet de s’exporter là où les condition d’extraction de la plus-value sont les meilleures. Les français subissent aujourd’hui, entre autres choses (puisque cette crise ressemble de plus en plus à une inextricable pelote de contradictions), le fait que les travailleurs allemands ou ceux d’Europe de l’Est sont plus « compétitifs », entendez plus exploités et exploitables. Entrer en lutte contre la logique du dumping social, qui était l’essence de l’Union monétaire dès avant son entrée en crise, c’est engager la guerre des classes, plutôt que la guerre des races et des religions. A tort ou à raison, les travailleurs ont le sentiment que cette Union Européenne des Patrons est une cause de la baisse du pouvoir d’achat ressentie bien avant la crise. Le mot d’ordre de sortie de l’euro (voire de l’UE) a donc toutes les chances d’être mobilisateur. Par ailleurs, engager la lutte contre le grand Capital permet de se concilier, au moins provisoirement, le petit, surtout quand il est menacé de prolétarisation par une crise de l’ampleur de celle dans laquelle nous sommes plongés. Entrer dans un bras de fer avec le patronat risque de précipiter l’évasions fiscales et d’accélérer les délocalisations. Mais une politique de prêts à taux zéros aux collectifs de salariés désireux de reprendre une activité en cours de délocalisation, associée à des nationalisations de moyens de productions essentiels, a toutes les chances d’empêcher l’accélération de la désindustrialisation du pays qui pourrait s’ensuivre.

Une ligne politique clairement anti-euro pourrait permettre au PCF de bénéficier -à la place de l’extrême droite, qui a malheureusement devancé les communistes sur cette question- de la catastrophe prévisible. Cela pourrait faire éclater le Front de Gauche, enraciné dans la stratégie du PGE, ou alors le faire évoluer. Dans l’hypothèse de son explosion, le Front de Gauche qui est, il faut le rappeler, ce qui existe de mieux à gauche aujourd’hui, pourrait céder la place à un Front de classe des travailleurs s’appuyant, lorsque nécessaire, sur une partie du petit patronat, arrachée à l’influence du FN, coupant ainsi l’herbe sous le pied de la droite extrême.

Je ne milite pas au Parti Communiste Français. Mais j’attends énormément du Congrès du PCF prévu en février 2013.

Marc Harpon

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