Nous avons atteint l’ignominie la plus intégrale et comme toujours la montée du fascisme n’est que le fruit de manœuvres sordides d’un sommet vendu aux intérêts du capital et prêt à sacrifier jusqu’au bout un peuple désespéré par sa politique, quitte à pousser l’ignominie jusqu’à l’accuser d’être seul à l’origine du malheur qui s’abat sur lui, la guerre et d’abord civile.
Le fond de l’élection des régionales c’est l’abstention, 60% chez les jeunes et les scores du FN ne sont pas supérieurs, inférieurs mêmes à ceux de la dernière présidentielle en nombre de voix. Le fond c’est l’écœurement de l’électorat devant la comédie de ceux qui gouvernent en alternance en pratiquant la même politique, le même bellicisme, la même soumission au capital, le même mépris pour les « édentés »
Les politiciens eux-mêmes sont effrayés devant le résultat de leurs manœuvres, les Républicains et leurs alliés de l’UDI sont déjà au bord de l’implosion et ne les retient que la nécessité de ne pas perdre les places... Sarkozy est dans une telle confusion qu’il se permet de dire la vérité : « Si le FN n’est pas un parti républicain, pourquoi depuis trente ans la République le tolère-t-elle et ne l’interdit-elle pas ? » Et oui tu l’as dit, pourquoi si à chaque élection on nous ameute avec un nouvel Hitler et on contraint l’électorat à une position morale qui n’est visiblement pas celle des gouvernements ?
Au PS, c’est pire encore, puisque le tandem Hollande Valls ont fait le choix cynique de détruire le PS, pour s’assurer la présidentielle, faire monter le FN avec l’aide de la plus indigne des campagnes médiatiques avec une seule question : « Pour ou contre le nouvel Hitler ? » Dans un article du Monde consacré au sentiment de « fin du monde » qui a envahi le siège du PS à Lille dimanche, on apprend que « depuis le début de la campagne, Aubry se réveille la nuit, ‘désespérée’ » et se demande ainsi :Qu’est-ce qu’on n’a pas fait ?
Et de poursuivre, n’épargnant pas plus Nicolas Sarkozy - qui « a tué la République », ni plus ni moins - que la gauche au pouvoir depuis 2012 envers laquelle elle critique régulièrement :Sarkozy a tué la République et nous, on a tué la politique. Le gouvernement a des succès, mais quelles valeurs et quelle politique économique défend-on ?
La honte c’est de voir qu’il n’existe pas une force politique pour se soustraire à ces manœuvres immondes, la direction du PCF a accompli le pire en se ralliant à Bartelone dans un tel conteste. Bartelone dont toute la carrière n’a été qu’évincer les communistes de la Seine-Saint-Denis pour mieux livrer ce département à la droite... Il leur vend le Val de Marne en échange, il leur garantit quoi ? la poursuite du système et faire accroire à la France entière que la solution est l’union dès le premier tour autour d’un parti socialiste, celui de Hollande, Valls et Macron.
Pourtant il y a un véritable boulevard qui s’ouvre devant une gauche qui aura le courage de se transformer, de refuser ces achats et ventes d’influence et de poursuite de la politique. Pour cela il faut que cette gauche ait comme axe central un parti communiste proche des couches populaires abandonnées à leur désespoir, un parti communiste qui lutte pour la justice sociale et la paix et qui arrête de ne plus être qu’opportunisme électoral en perdant un peu plus à chaque élection. A ce prix il pourra y avoir une gauche digne de ce nom, des alliances, des rassemblements qui ne seront pas des manœuvres d’appareils et d’ambitions dévoyées.
Oui, à ces régionales je voterais pour l’élu socialiste lorrain issu de ce département ouvrier, sidérurgique qui a eu le courage d’opposer sa morale, sa conception de l’élu à celle de Solférino. Oui je tenterai en tant que communiste une union à la base avec des gens capables de dire non à la comédie sinistre du jeu avec le FN pour s’assurer des places.
Mais comme je suis convaincue que rien ne changera sans les communistes, sans une force proche des exploités, des chômeurs, des jeunes sans perspective, des artistes et des intellectuels capable de sentir que c’est du peuple que nait la rupture avec les conservatismes, les stéréotypes... Comme je suis convaincue de tout cela, je me mettrais au seul travail qui compte : rassembler les communistes, arrêter les pratiques groupusculaires de division et de compromis. Reconstruire un vrai parti de classe, ouvert pourtant, internationaliste et attaché au patriotisme comme nous l’avons toujours été.
Si un tel projet se réalisait et cela passe par un congrès où ceux qui veulent ce parti communiste sauraient s’unir, ne seraient plus les dindons de la farce de dirigeants qui du PS au PCF ne savent plus que créer de pseudo synthèse pour mieux faire fi de ce qu’exprime le peuple français.
Danielle Bleitrach