Gaza-Donbass même combat !

, par  Gilbert Remond , popularité : 2%

Hier nous étions entre 1000 et 2000 personnes devant l’hôtel de ville de Lyon pour demander que cessent les massacres à Gaza. Il y avait une foule de jeunes très déterminée qui se serrait devant les marches à l’entrée de l’hôtel de ville, une masse compacte, d’où s’élevaient des mots d’ordres criés d’une seule voix avec colère et peut-être désespoir, car je n’ai pas senti dans les "Israël assassin" ou les "Palestine vaincra" la conviction de ceux qui sûrs de leur bon droit savent qu’ils vont l’emporter.

J’ai par contre entendu la rage des petits contre la puissance des grands. Elle était palpable. Elle semblait remonter de loin, associant les injustices et les maux d’hier à ceux d’aujourd’hui, le tout débouchant dans un sentiment de solidarité avec les Palestiniens. Il y avait, exprimé très nettement, l’idée d’une communauté d’appartenance. Mais voilà, communauté n’est pas internationalisme et c’est sans doute là que résident les dangers de cette mobilisation. Ce sont ses faiblesses.

A la périphérie de cette masse se posaient des groupes de militants des organisations, avec leurs tracts, leurs drapeaux, leurs panneaux. Ils constituaient un cercle mouvant, qui n’avait pas le contact avec la masse de la jeunesse des quartiers située devant eux. Nous avions deux manifestations, posées dans un même périmètre. D’une part une masse dense prise dans une ferveur et une communion anti-sioniste, de l’autre une masse plus aérée, plus mobile et plus diversifiée, qui écoutait, distribuait ou discutait.

Si la Palestine mobilise une partie importante de l’opinion, celle-ci n’est pas homogène, tant par la conscience des causes que par la détermination déployée. Cette coupure reflète en partie celle de la carte électorale entre votants et abstentionnistes. L’unité est à construire, du point de vue de l’être ensemble dans l’action comme de celui de l’idéologie et de l’analyse politique.

De ce point de vue, le débat organisé par la chaîne de TV Oumma avec Joussef Boussoumah pour le PIR et Michèle Sibony pour l’UJPF, au sujet des incidents de la synagogue, est une contribution passionnante et exemplaire de la pédagogie qu’il convient d’avoir pour forger cette unité. Il apporte analyses et informations, antidotes et perspectives. J’ai trouvé particulièrement éclairantes les interventions de Michèle Sibony, qui sans pathos, donnait des informations tout en construisant sa réflexion. Elle apporte une analyse politique, situe les enjeux, exprime les dangers. Youssef Boussoumah, plus fiévreux dans l’expression, semble par moment en difficulté pour développer sa pensée, mais pour autant les positions se soutiennent et s’étayent. Il apporte et appuie son raisonnement sur une thèse que le mouvement progressiste ignore trop souvent, le poids de la colonisation dans les esprits et les faits du quotidien.

Il explique en effet comment la France n’est jamais sortie du processus colonial dont la violence continue de s’exercer avec ses prolongations dans la vie des quartiers, puisque ses services de police étaient au courant avant qu’elles ne se produise [?]. Il dénonce le positionnement du gouvernement actuel qui n’a pas rompu avec celui de la SFIO de Guy Mollet et prétend museler la population "créant en France une situation unique dans le monde" par l’interdiction de manifestations, suite à des provocations qui servent ses visées et dont il ne peut prétendre qu’il les ignorait.

Michèle Sibony pour revenir à elle, apporte deux ou trois choses essentielles. D’abord elle fait le constat que le mouvement de soutien avait fini par gagner la bataille des noms, puisqu’enfin les morts palestiniens avaient trouvés dans les média une identité, c’est-à-dire figure humaine. Ensuite elle affirme l’idée qu’il ne fallait plus utiliser le terme de journaliste pour qualifier les personnels des grands médias français. Ils n’ont plus rien de français et d’indépendant. En effet, on est dorénavant dans une situation où, quand on ne regarde pas les réseaux sociaux, on ne comprend plus rien à ce qui se passe. La presse française n’appartient plus à la population mais aux oligarchies et aux états-majors de guerre.

Enfin tout deux dénoncent un danger d’épuration à grande échelle, préparé de longue date, dont le coup d’envoi a été lancé à partir du moment où un gouvernement d’union nationale s’est mis en place. Il ressort de cette situation que les Palestiniens ont besoin d’un soutien immédiat et d’une protection d’urgence. Michèle Sibony conclut en adressant un message de résistance. Celle-ci commence par le fait de continuer à parler de ce qui se passe à Gaza, puisqu’en somme, c’est ce que cherchent à empêcher à tout prix l’impérialisme et ses complices du gouvernement. Ce qui se prépare est une convergence idéologique lourde qui pèse sur nous tous.

Il conviendrait alors de ne pas laisser les situations dans l’isolement, de relier à leur cause commune ce qui s’y produit. C’est par exemple le cas avec l’Ukraine où les mêmes causes entraînant les mêmes effets, l’impérialisme américain s’appuie sur les oligarques locaux et des groupes fascistes pour commettre les mêmes exactions meurtrières sur les populations civiles. Disons-le : Gaza-Donetz, même combat.

Le 17 juillet 2014

Gilbert Rémond

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