Face aux projets US depuis A. Haig et jusqu’à Obama, opposons la résistance nationale généralisée Editorial du bimensuel « Annidaa »

, par  Marie Nassif-Debs , popularité : 1%

par D. Marie Nassif-Debs, Secrétaire générale adjointe du PCL

Ce n’est ni une coïncidence, ni seulement par respect pour les milliers de martyrs tombés dans les combats, que nous nous arrêtons, le 16 septembre depuis 31 ans, afin de parler d’une expérience unique, à savoir celle du « Front de Résistance patriotique libanaise ». C’est que le rappel de cette expérience met en évidence le rôle du Front dans l’introduction d’une nouvelle ère, sur les deux plans, libanais et arabe. Une ère qui a permis aux peuples en lutte depuis trois décennies, et grâce à tous les mouvements qui ont pris pour emblème la libération et le changement, de contrecarrer la réalisation du projet impérialiste-sioniste visant à mettre la main sur la région arabe, mais aussi à liquider la cause palestinienne et à mettre un terme au conflit arabo-israélien.

Ce n’est pas, non plus une coïncidence que le point de départ d’un tel mouvement soit un Parti Communiste, le Parti Communiste libanais (PCL), qui avait su préserver un mince trait d’union entre les deux parties d’un Liban divisé, et ce, malgré toutes les destructions que la guerre civile confessionnelle avait engendrée à tous les niveaux. Un Parti qui avait su redéfinir aussi bien les priorités libanaises que celles des peuples arabes, à un moment où les gouvernements réactionnaires allaient clairement dans le sens de la trahison tandis que les dirigeants des régimes dits progressistes, qui étaient parvenus à leurs postes grâce au slogan de la lutte pour la Palestine, ne pensaient qu’à la construction d’états basés sur des réseaux de sécurité militaires leur permettant de rester à la tête du pouvoir aux dépens des aspirations de leurs peuples, à la démocratie et au progrès social.

D’ailleurs, le chercheur ès histoire du « Front de Résistance patriotique libanaise », et des mouvements de résistance en général, de leur rôle actuel et futur, ne peut que s’arrêter un moment afin d’étudier les événements les plus importants qui avaient précédé le 16 septembre 1982, parce qu’ils expliquent bien clairement, non seulement le passé, mais surtout les développements actuels libanais et aussi arabes, à la lumière des grands changements sur le plan international ; ces changements qui rappellent à plus d’un égard les débuts du XXème siècle et les guerres menées entre les pays capitalistes afin de se diviser le monde.

Voilà pourquoi il nous est nécessaire pour comprendre, de nous arrêter sur deux faits essentiels qui précédèrent l’agression israélienne contre le Liban en 1982 et qui poussèrent le PCL, en complémentarité avec ses alliés, à créer un mouvement de résistance généralisé.

Le premier est le projet du ministre étasunien des affaires étrangères de l’époque, Alexander Haig qu’il dévoila en avril 1981 sous le titre « Le nouveau Moyen Orient », titre repris vingt-cinq ans plus tard par une autre ministre, Condoleeza Rice. Ce projet était bâti sur trois piliers, toujours bien visibles : une paix (ou, plutôt, une reddition) généralisée et sans conditions à Israël, une coopération entre les Etats-Unis, les régimes arabes et Israël allant dans deux sens, la Corne de l’Afrique et l’Extrême Orient, et enfin, une stratégie visant à « faire face aux menaces soviétiques », afin de reprendre en main le sort de l’Orient et du Maghreb arabes et partant, du pétrole et du gaz.

Quant au second fait, il se trouve dans l’initiative présentée quatre mois plus tard par le prince héritier saoudien Fahd (devenu, par la suite, le roi de l’Arabie saoudite). Cette initiative, contenant 8 clauses, affirmait (clause 7) le « droit de tous les États de la région de vivre en paix »… Et, si la clause 6 faisait allusion à un État palestinien indépendant et ayant « Jérusalem Est pour capitale », rien n’était dit concernant l’application par Israël des résolutions internationales, notamment celles parlant du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Que nous rappellent ces deux projets ? N’y a-t-il pas une grande ressemblance entre les projets présentés par les différentes administrations étasuniennes, depuis Haig et jusqu’à Obama ?

Ils rappellent que l’impérialisme n’a pas réussi, à cause du rôle de la Résistance libanaise et arabe, en général, à imposer ses projets. Il tente une fois de plus, cette fois par le biais de la Ligue Arabe et du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), de donner un nouvel élan au projet du « Nouveau Moyen Orient », mais sans changer pour autant ses objectifs essentiels. En effet, les États-Unis ont dit clairement leur volonté de procéder à des changements de frontières dans la région, basés sur les affinités religieuses, confessionnelles et ethniques ; ce qui transformerait – comme nous le répétons depuis vingt ans déjà – le Moyen Orient, et en partie le Maghreb arabe, en une multitude de mini États qui se feraient la guerre et qui auraient besoin, tous sans exception, d’une aide extérieure afin de pouvoir continuer à vivre, tandis que les grandes sociétés capitalistes exploiteraient nos richesses.

C’est dans ce cadre que la guerre contre l’Irak eut lieu, suivie par l’agression israélienne contre le Liban en 2006 ; c’est aussi dans ce cadre que se font les préparatifs de la guerre contre la Syrie, pour laquelle on a fait appel à des mercenaires venus de tous les coins de la planète…

Toutes ces guerres ont un seul aspect et un seul but. Elles visent à balayer les obstacles devant Israël qui occupe toujours la première place dans la stratégie étasunienne pour la région, surtout à la suite des nouvelles découvertes faites de nouvelles réserves de pétrole et de gaz dans les eaux de la Méditerranée orientale, depuis la Palestine occupée et jusqu’au littoral syrien, en passant par le Liban, et tant que les routes de ces deux sources d’énergie passent à travers la région.

Voilà pourquoi l’administration étasunienne est pressée de mettre la main sur les territoires arabes.

Pour ce faire, elle tente de donner un nouvel élan au rôle israélien et d’œuvrer dans les deux sens suivants :

  1. . Se débarrasser des engagements pris sur le plan international concernant l’Etat palestinien. Tel est le contenu de l’initiative du ministre des affaires étrangères John Kerry et les pressions faites sur les Palestiniens afin de retourner, sans conditions préalables, à la table des négociations, y compris celle concernant les nouvelles colonies… L’arrogance est arrivée à un degré tel qu’il fut imposé aux négociateurs palestiniens de renoncer ouvertement au droit de retour dans certaines parties de la Palestine, mais aussi à Jérusalem et aux colonies implantées un peu partout en Cisjordanie.
  2. . Supprimer l’équilibre stratégique et des forces et des armes en mettant la main sur les seules armes chimiques de la Syrie tout en éludant la question des armes de destruction massive que possède Israël. A cela s’ajoute, pour Washington et Tel Aviv, la nécessité d’en finir avec l’armée syrienne, la dernière armée arabe pouvant constituer une menace réelle pour Israël…

Dans ce contexte, l’analyse de la dernière « initiative russe » concernant les armes chimiques nous amène à dire que cette initiative, considérée comme une victoire à mettre au compte de la diplomatie russe, a pu éloigner le spectre de la guerre sans pour autant supprimer complètements ce danger. En même temps, elle a permis à Barak Obama un surplus de temps afin de convaincre le Congrès du bienfondé de sa guerre. Elle a aussi donné une victoire gratuite à Israël, puisqu’elle a imposé à Bachar Assad de signer le traité sur la non prolifération des armes chimiques sans pour autant demander à Tel Aviv d’en faire autant.

Cependant, pour nous en tant que peuples arabes, notamment au Liban, nous voudrions dire – ou redire – à ceux qui, dans l’administration étasunienne et surtout les régimes réactionnaires arabes, n’ont rien appris des leçons du passé, concernant le rôle de la Résistance patriotique libanaise dans la chute du projet de Haig, en 1982, puis de celui de Condoleeza Rice, en 2006, que les résistances armées et populaires, tant en Palestine que dans le Monde arabe sont toujours prêtes à faire obstacle à tous les plans impérialistes. Nous disons aussi à ceux qui prétendent que les soulèvements et les révolutions arabes depuis 2010 sont le fait de l’étranger, donc à ceux qui n’ont rien compris aux changements qui se sont opérés en Égypte et en Tunisie, que le vent souffle dans le sens contraire des projets impérialistes, de ceux qui les appuient dans le Monde arabe et de tous ceux qui ont pensé qu’il était possible de changer le cours de l’Histoire. Les peuples arabes étant, plus que jamais, prêts à faire des sacrifices aussi grands soient-ils.

Les révoltes et les aspirations des peuples arabes constituent les bases d’un nouveau mouvement de libération, un mouvement qui prend en considération sa force et ses possibilités et qui s’appuie sur un programme clair dans les deux domaines du développement et du changement radical. Voilà pourquoi, nous pensons que l’impérialisme, qui fut incapable de maintenir les forces politiques « religieuses » (les Frères musulmans et autres) au pouvoir, malgré toute l’aide politique et financière qui leur fut dispensée, va connaitre un second échec dans sa tentative de changer l’équilibre des forces à son avantage. D’ailleurs, le recours aux menaces de guerre n’est pas toujours une preuve de force.

Dans cet objectif, les forces de la Résistance arabe sont invitées à remettre en question leur stratégie pour le changement à venir, de manière à ce que la Résistance devienne l’avant-garde du changement. De plus, il est nécessaire de réétudier toutes les failles du mouvement de libération durant les années quarante et cinquante du siècle passé, et ce, afin de bien approfondir les bases (patriotiques et de classe) du changement à venir.

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