Des dizaines de milliers de manifestants à Berlin
Hommage à Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, assassinés il y a 95 ans

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Des dizaines de milliers de manifestants à Berlin pour rendre hommage à Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, assassinés il y a 95 ans

Ils étaient plusieurs dizaines de milliers à Berlin ce 12 janvier 2014 pour rendre hommage aux fondateurs du Parti communiste allemand, les révolutionnaires Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, assassinés par les « Frei Korps » sur ordre d’un ministre social-démocrate.

Comme chaque année, ce 12 janvier, les militants de gauche, antifascistes, pacifistes, communistes ont déposé une gerbe sur la tombe de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers, venus de toute l’Allemagne, de toute l’Europe, des œillets rouges à la main.

Le dépôt de gerbe s’est poursuivi par un défilé qui a mobilisé, selon les organisateurs, 15.000 manifestants, avec une forte présence des militants du Parti communiste allemand (DKP) ainsi que de divers groupes anti-fascistes.

Un défilé où la banderole accolait les noms de Luxembourg, Liebknecht à celui de Lénine. Avec comme mot d’ordre combatif :« On n’oublie rien ni personne… levez-vous et résistez ! »

Rosa et Karl, une passion révolutionnaire face à la trahison social-démocrate

Par leur martyr, leur courage héroïque, Rosa et Karl sont devenus deux icônes, aux idées parfois édulcorées, au combat dévoyé par une mémoire sélective, visant à les réduire comme tant d’autres à des « icônes inoffensives ».

Liebknecht fut un des premiers à dénoncer le péril de la militarisation de la société allemande qui atteignait même les socialistes. Il est le premier député social-démocrate à rester fidèle au serment de l’Internationale socialiste, à refuser de voter les crédits de guerre

« L’aigle » Rosa, comme la surnommait Lénine, fut une inlassable combattante de la révolution, de la paix, dénonçant dès 1914 la trahison de la social-démocratie, ces Kautsky qui transformait l’appel de Marx en temps de guerre en « Prolétaires de tous pays, égorgez-vous ! ».

Fondateurs du courant spartakiste au sein du Parti social-démocrate – héritier de la tradition marxiste et pacifiste du parti – c’est, pénétrés par la pensée et l’action de Lénine, artisan de la Révolution d’octobre, qu’ils fondent le 1er janvier 1919 le Parti communiste d’Allemagne (KPD).

En dépit des réticences de Lénine, des doutes de Luxemburg, une « insurrection spartakiste » frappe Berlin début janvier 1919.

Sans organisation ferme, ni perspective claire, la révolte est réprimée dans le sang avec l’action des « Frei korps », des milices issues des troupes de choc de la Première Guerre mondiale, qui se fonderont plus tard dans les SA du Parti nazi.

Ces « Frei korps » reçurent lors de la fameuse « Semaine sanglante » le feu vert de la part du Ministre de l’Intérieur social-démocrate Gustav Noske et du Président social-démocrate Friedrich Ebert pour réprimer dans le sang la révolte, assassiner les deux dirigeants communistes.

Finalement, les brutaux « Frei korps » capturent Liebknecht et Luxembourg, fracassent le crâne de cette dernière avant de la jeter dans le canal qui longeait le lieu de l’exécution (Landwehrkanal).

Disons-le haut et fort, l’héritage de Rosa et Karl appartient au mouvement communiste, pas aux forces héritières, continuatrices ou supplétives de la social-démocratie. Ce serait un comble !

L’appel à la manifestation de 2014 : « Non à une intervention militaire en Syrie, au Mali, en Iran, non à des soldats allemands à l’étranger ! »

Les diverses organisations locales qui ont appelé à la manifestation – essentiellement des groupes antifascistes, de Die Linke et du Parti communiste d’Allemagne (DKP) – ont rendu public l’appel suivant, résolument anti-impérialiste, révolutionnaire et pacifiste :

« "Liebknecht a combattu pour nous tous", c’est ce qu’écrivait Rosa Luxembourg quand elle fut arrêtée après la fameuse manifestation du 1er mai 1916, sur la Potsdamer Platz (…) Elle a montré à tous les habitants de ce pays qu’il y a encore des gens qui ont gardé leurs convictions socialistes ».

Ces convictions, pour lesquelles Rosa et Karl ont été assassinés par la réaction, ce sont toujours les nôtres. Nous les rappelons lors de cette manifestation, inscrite dans l’hommage à Luxemburg et Liebknecht, ce 12 janvier 2014, en cette année qui marque le centenaire de la Première Guerre mondiale.

En 1914, Karl Liebknecht était le seul à avoir voté au Reichstag contre les crédits de guerre. Et Rosa Luxemburg disait la même année que « le fait que les classes dominantes nous conduisent toutes vers la catastrophe, l’Allemagne en est désormais un cas classique ».

L’analyse de ce système basé sur la maximisation du profit a trouvé dans le fascisme et l’Allemagne de Hitler, seulement vingt-cinq ans plus tard avec l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939 qui a déclenché la Seconde guerre mondiale, elle a trouvé dans le génocide du peuple juif, des Slaves et des Tsiganes une confirmation absolument terrifiante.

« Nous n’avons pas besoin de catastrophes », disait Rosa Luxemburg. Aujourd’hui encore, nous n’avons pas besoin de cela, nous n’avons pas besoin d’intervention militaire. Ni en Syrie, ni au Mali, ni en Iran. Nulle part. Nous n’avons pas besoin de soldats de la Bundeswehr en Afghanistan, en Turquie ou ailleurs. Nous n’avons pas besoin de drones tueurs ni d’exportations d’armes. Nous n’avons pas besoin de ces dizaines de millions d’opérations d’espionnage réalisées par la NSA, la BND et d’autres agences de renseignement qui se moquent de la démocratie bourgeoise. Nous n’avons pas besoin des nazis, et de leur démagogie sociale particulièrement dangereuse en temps de crise. Nous n’avons pas besoin du racisme, de l’anti-islam, de l’antisémitisme et de l’anti-tziganisme. Nous n’avons pas besoin de ce recul social toujours accéléré, de la situation indigne que vivent des millions de personnes. Nous n’avons pas besoin enfin de ces plans de sauvetage pour les banques ».

Conférence « Rosa Luxemburg », débat houleux sur la paix : Die Linke pointé sur ses renoncements dans ce combat

En parallèle à la manifestation était organisée dans le week-end la XIXème Conférence Rosa Luxemburg, chapeautée par la Fondation Rosa Luxemburg, elle-même liée à Die Linke et surtout au PGE – Parti de la gauche européenne.

Le débat central, qui a attiré plus de 2.000 personnes, était organisé par le journal Junge Welt, modéré par son rédacteur en chef Arnold Schotzel. Il réunissait notamment le co-président de Die Linke, Bernd Reizinger, qui a subi des attaques directes et indirectes sur la position de son parti.

Cela a commencé par les interrogations courtoises de Arnold Schotzel sur le manque de position claire de Die Linke face au volet militariste de l’accord de coalition SPD-CDU qui marque un pas en avant dans la politique belliciste, néo-impérialiste de l’État allemand.

Schotzel mentionne la position du responsable aux questions internationales, le jeune loup et député de Die Linke, Stefan Liebich comme source d’inquiétude, comme une rupture avec la tradition d’opposition aux interventions militaires allemandes à l’étranger.

En effet, Liebich a patronné un rapport publié en octobre dernier, intitulé « La politique étrangère de Linke : des perspectives de ré-orientation », ouvre la voie à des soutiens à des interventions militaires, si elles sont sous mandat de l’ONU et sous des prétextes humanitaires.

Si Bernd Reixinger a tenu sur-le-champ à réaffirmer l’engagement de Die Linke pour la paix, sa réponse a été vite remise en cause par le témoignage de Monty Schädel, secrétaire du Mouvement allemand pour la paix, révélateur de la capitulation symbolique de Die Linke sur la question de la paix.

Monty Schädel rappelle que l’Accord de coalition prévoit une opération séduction de la Bundeswehr vis-à-vis de l’opinion publique, pour préparer la militarisation de la société allemande.

Or, en Mecklembourg-Poméranie occidentale, la Bundeswehr a été appelée pour la première fois aux vœux du Nouvel An par le gouvernement de grande coalition SPD-CDU… onze des douze députés fédéraux de Die Linke ont voté pour inviter l’armée allemande aux vœux !

En 1914, la social-démocratie promettait d’opposer la « solidarité prolétarienne » à la « guerre impérialiste ». En quelques mois, les dirigeants du SPD joignaient l’union sacrée au nom de la lutte de « la civilisation allemande » contre la « barbarie russe ».

Ils étaient peu les Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg pour refuser le carnage de la classe ouvrière européenne qui « ne se connaissait pas », au profit d’industriels, de politiciens, de banquiers qui eux « se connaissaient bien », pour reprendre la fameuse phrase de Paul Valéry.

En 2014, les périls de guerre montent à l’horizon et Die Linke plie sous la machine de guerre néo-impérialiste allemande, sous prétexte de « mission humanitaire » (civilisatrice) ou de la restauration de la place de l’Allemagne sur la scène mondiale. Un refrain bien connu, hélas.

En 2014, comme en 1914, plus que jamais, que vive l’héritage de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht !

Voir en ligne : Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net

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