Béziers : réunion publique du 7 novembre 2014
Aimé Couquet dénonce la mise en place d’un laboratoire de l’extrême droite à Béziers et les ambitions de Robert Ménard : « Nous appelons à un Front Populaire Biterrois »
Introduction au débat de Aimé Couquet
1 – Le point sur 8 mois de gestion municipale d’extrême droite du maire de Béziers Robert Ménard.
2 – Organiser la résistance et la riposte à cette politique.
3 – Vers les élections cantonales.
Huit mois de gestion de Robert Ménard
L’homme est infatué de sa personne, hautain et méprisant. Rappelons-nous que le 28 avril 2014 interrogé sur Radio France Bleu, après s’en être pris à Mohed Altrad, président du club de rugby de Toulon et à Patrick Bruel qui avaient déclaré ne pas vouloir se produire à Béziers, il s’en est pris à ma personne en disant « Quant à vous M. Couquet, vous avez résisté à quoi ? A casser la figure des élus qui ne sont pas d’accord avec vous au conseil municipal ? Des résistants comme ça, j’en fais un tous les matins ». Quelle haute pensée de vue ! Et je passe sur toutes les réflexions méprisantes lors des différents débats dans l’assemblée communale. Il y a chez cet homme un petit führer qui sommeille.
Il utilise au maximum son expérience de communicateur. Ce sont beaucoup d’annonces à l’esbroufe sous le regard des télévisions nationales à l’affût de ses moindres faits et gestes. Regardons de plus près leur contenu. Par exemple : une partie de la population biterroise est montrée du doigt et stigmatisée. Un an avant la date des élections municipales, Ménard avait déclaré : « Je viderai le centre ville des pauvres, des maghrébins et des gitans ». Dès qu’il devient maire, c’est une avalanche d’arrêtés de police : interdiction de cracher dans l’espace public (en cela il reprend un décret de Pétain de 1942) ; interdiction d’étendre du linge aux balcons visibles depuis la voie publique ; interdiction des paraboles sur les façades ; couvre-feu de 23 heures à 6 heures pour les mineurs de moins de 13 ans dans l’hyper centre et le quartier de La Devèze (ex-ZUP) ; convocation à la mairie des auteurs de petits délits, menacés, s’ils ne venaient pas, de voir leurs aides sociales suspendues ; suppression des aires de jeux dans le quartier HLM de La Devèze. Ainsi Ménard fait reculer un peu plus les limites de la bonne conscience réactionnaire. Il devient ainsi le nouvel idéologue d’une extrême droite en construction et décomplexée à côté du Front National. Faut-il rappeler qu’il se présentait comme un gestionnaire au-dessus des partis politiques.
Toutes ses positions populistes et démagogiques ne doivent pas cacher toutes les autres réalisées ou en cours :
Social : il réduit de 364.950 euros la subvention de fonctionnement allouée au centre communal d’action sociale soit 10 % ; suppression de l’épicerie sociale qui heureusement est reprise par le département ; sa lettre de cadrage pour la préparation du budget 2015 est édifiante, c’est l’austérité à la Manuel Valls : coupe sombres dans les dépenses sociales et l’investissement ; il fait le chantage à la subvention avec les associations de la ville, qu’elles soient sportives, culturelles ou autres, elles doivent se mettre à sa disposition. Il n’aime pas les travailleurs en lutte. Par exemple, aux intermittents du spectacle qui sont venus l’interpeller au théâtre municipal lors de la présentation du programme de l’année, il répond : « C’est des conneries, tout ça ! ». Il a fait délibérer le conseil municipal pour réserver l’accès des services péri-scolaires aux seuls enfants dont les deux parents travaillent. Il a dû modifier la délibération, car cette mesure était illégale.
La caporalisation de la vie Biterroise : Ménard instille, chaque jour un peu plus, sa pensée pétainiste, inspirée par Maurras qui avait pour devise dans sa "révolution nationale" : « Un bon corps d’officier et un bon clergé ». Pour le maire, c’est la mise en place à Béziers d’une religion officielle catholique alors qu’il devrait respecter la loi républicaine de la séparation de l’Église et de l’État. Dans la foulée, il place la Féria de Béziers sous le signe d’une grand messe dans les arènes (5.000 personnes) suivie d’un cortège jusqu’au théâtre où sur son balcon très mussolinien, il prononce un discours musclé. A la rentrée scolaire, il va visiter les écoles privées catholiques. En octobre, il annonce lors d’un conseil municipal, la mise en place dans le hall de la Mairie (le sous-préfet saisi par mes soins pour faire respecter la loi de séparation de l’Église et de l’État ne m’a toujours pas répondu). Cela me rappelle la chanson de Jean Ferrat :
« L’un brandissait le glaive et l’autre le ciboire,
Les peuples n’avaient plus à se poser de questions,
Et quand ils s’en posaient c’était déjà trop tard.
On se sert aussi bien pour tondre le mouton
du sabre que du Goupillon »
Ça, c’est pour la partie "un bon clergé". Cela lui a valu un communiqué de l’archiprêtre local qui lui a signifié dans un communiqué public que l’Église c’était lui et pas le maire. Pour la partie "un bon corps d’officier", il double les effectifs de la police municipale, plus 40, il les arme, les dote de chiens et organise une campagne d’affichage, à leur gloire, sur tous les panneaux municipaux de la ville. Il décide d’attribuer des blouses aux élèves de maternelle et primaire. Pour l’instant, c’est un véritable couac : sur les 1.250 blouses commandées, il en reste 1.100 dans les cartons. Seule une école catholique dirigée par l’épouse d’un de ses adjoints (du parti de Dupont-Aignan) a accepté cette dotation remise à grand renfort de publicité. Aucune école publique n’a répondu favorablement.
Chasse aux sorcières et mise au pas du personnel municipal : « Il n’y aura pas de chasse aux sorcières » déclarait-il pendant la campagne électorale. Et pourtant sont éliminés les directeurs de la police municipale, du théâtre, de la médiation, de l’animation du centre ville, des systèmes informatiques et des réseaux. Est rétrogradé la directrice de pôle scolaire et de la petite enfance. Est mis fin au détachement d’une directrice générale adjointe, sans compter toute les mutations en interne en cours et en préparation. Il réunit 1.500 des employés municipaux auxquels il annonce toute une série de mesures coercitives : fini les heures supplémentaires, le temps de travail sera allongé. Il ajoute n’en vouloir à personne mais stigmatise l’ensemble du personnel. Tout cela, sous couvert d’une « révolution municipale, une révolution de mentalité, une révolution de l’esprit » et de son credo « le mérite » sans en donner les critères. On en revient à la "révolution nationale" de Maurras. Pendant ce temps, il s’entoure d’un personnel de cabinet issu de l’extrême droite la plus dure venant pour la plupart de la ville d’Orange dirigée depuis longtemps par Bompard. Par exemple, son directeur de Cabinet, André-Yves Beck, ancien membre du groupe ultra 3e voie, parti guerroyer au Kosovo. Son chef de cabinet, Pacotte dirigeant national du Bloc Identitaire qui a été changé depuis par Jacques-Henri de Rohan.
Il fait des affaires avec ses amis politiques d’extrême droite : Ménard signe un marché d’un montant de 25.000 euros avec Renaud Camus pour écrire un livre sur Béziers. R. Camus est un théoricien du "grand remplacement", fondement de l’idéologie du Bloc identitaire. Il a été condamné ces dernières années pour apologie de la haine raciale. Le maire promeut à grand renfort de publicité une « mutuelle biterroise dite municipale pour les pauvres » qui dépend de Robert Ottaviani, ex-cadre FN et ancien membre d’un groupe rock identitaire néo-nazi. En fait cette soi disant mutuelle n’a rien d’une vrai mutuelle, elle s’appuie sur la société Traditia dont Ottaviani est actionnaire, gérant les deux branches de cette société, Traditia immobilier et Traditia entreprises et professionnels. Le marché immobilier est certainement visé.
Il "libère la parole" face à "la pensée unique" : le premier invité est Éric Zemmour qui vient présenter son livre « Le suicide Français ». Pour cela, la totalité des panneaux de la ville ont fait la promotion du livre. La salle du palais des congrès est mise gratuitement à sa disposition. Tout cela aux frais du contribuable. Zemmour, c’est quoi ; les femmes à la maison, les hommes en bout de table, les maghrébins au Maghreb, les africains en Afrique, les homos dans leur ghetto, la France hors de l’Europe, le maréchal Pétain sorti de l’enfer. C’est le grand bond en arrière. Le deuxième invité, c’est Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon dit de Villiers qui vient faire la promotion (au frais du contribuable biterrois) de son nouveau livre sur Jeanne d’Arc. Tout un programme ! Vous avez dit "Pensée unique" !
Son voyage en Syrie accompagné de son Dir. Cab. : ce voyage était présenté comme un jumelage avec le village chrétien de Maaloula situé en territoire syrien. Une fois de plus, il a voulu faire parler de lui. Petit écueil, qui a payé le voyage ? Ménard répond dans premier temps « c’est un ami qui paie ». Mystère. Une fuite fait savoir que le cabinet a commandé pour 4.000 euros de voyage en avion pour la Syrie. Il est obligé de reconnaître publiquement qu’il a payé mais sur son indemnité de représentation (à vérifier). C’est donc le contribuable qui paie pour un soi-disant jumelage qui n’a jamais été décidé par l’assemblée communale. En même temps, il se rend à Damas sous la houlette de Bachard el Assad, pourquoi ? Je me rappelle que son passé de président de "Reporters sans frontières", financé par des officines de la CIA américaine, joue un certain rôle, comme quand il se rend au Qatar, on ne sait pourquoi. Si Zemmour veut réhabiliter Pétain, Ménard n’hésite pas le 5 juillet 2014, accompagné du député UMP Aboud, à s’incliner devant la stèle du cimetière neuf qui porte un hommage photographique à quatre terroristes de l’OAS condamné par la justice et fusillés. Il y prononce un discours faisant l’éloge de « la résistance OAS ». Son père était membre de l’OAS. Au préalable, le 3 juin, je lui avais écrit pour demander le retrait de cette stèle qui déshonore la patrie de Jean Moulin. Aucune réponse. Cela m’a certainement valu dans le courant juillet, de recevoir une lettre anonyme de menace de mort accompagné d’un autocollant du Bloc identitaire.
Ménard a subi des échecs : il a été battu à l’élection du Président de la communauté d’agglomération Béziers-Méditerranée. Il a échoué à l’accession à la présidence du conseil de surveillance du centre hospitalier de Béziers. Son premier projet sur les rythmes scolaires a été retoqué par les conseils d’écoles. Rebelote pour le port de la blouse dans les écoles de la ville. Il a été obligé de modifier certaines délibérations qui étaient illégales. Il est vrai qu’au-delà d’une orientation politique antisociale et anti-service public, j’ai l’impression que Ménard fait preuve avec son équipe d’un certain amateurisme.
Comment les Biterrois reçoivent et perçoivent cette gestion municipale : les satisfaits sont souvent ceux qui ont voté pour sa liste. Leur parole est libérée. Ils peuvent maintenant en s’alignant sur leur idole laisser libre cours à leur racisme, que ce soit envers ceux qui sont d’origine différente, des fonctionnaires, des jeunes, des fainéants, des trublions de l’ordre etc... Il y a ceux qui n’ont pas voté pour lui. Certains issus de la droite se retrouvent dans les mesures ménardiennes. Cela montre la porosité entre les électorats de droite et de l’extrême droite, qui confirme le résultat des élections. La liste Ménard après avoir capté des élus et des membres de l’UMP, avait récupéré environ 22 % des voix municipales de l’UMP Couderc. Mais heureusement, depuis quelques temps, pas mal d’inquiétudes sont émises par les biterrois, après une période d’attente. Ils s’aperçoivent que la municipalité d’extrême droite ne s’attaque pas aux véritables problèmes rencontrés par les habitants : le chômage et la pauvreté. Certains d’entre eux, ce n’est pas encore la foule, cherchent comment intervenir pour faire face à ce déferlement médiatique qui porte les idées fascisantes de R. Ménard. Je sens monter la pression.
Que faire face à cette situation ?
C’est le sens de mon invitation à cette réunion débat publique, le moment est venu de renforcer la résistance. En effet, que ce soit les divers partis politiques de gauche organisés sur la ville, les citoyens, les élus socialistes et communistes, la résistance a commencé dès le lendemain de l’élection municipale. Notamment, pour les élus au conseil municipal et au conseil communautaire. Pour ma part, je ne laisse rien passer, j’affronte toutes les mesures prises par Ménard. Maintenant passons à la riposte en faisant grandir le mouvement de mécontentement contre la politique xénophobe et fascisante du maire. Béziers est devenu un véritable laboratoire national de recomposition de la droite et l’extrême droite. Notre responsabilité est grande. Par exemple, nous allons vers de nouvelles élections locales : les élections départementales. Notre ville va être regardée par toute la France. R. Ménard a déclaré publiquement vouloir remporter les trois cantons de Béziers, pour asseoir son pouvoir et aborder d’autres échéances. Va-t-on le laisser faire ? La situation politique et électorale du biterrois et des trois cantons concernés, les nouveaux découpages et les nouvelles règles mises en place la complique : de 4 cantons on passe à 3, candidats en binôme avec suppléants, obtenir 12,5 % des inscrits pour être au 2e tour, pas de possibilité de changement des équipes pour le 2e tour. La politique d’austérité du gouvernement qui exaspère ceux qui l’ont soutenu pèse sur la réflexion des citoyens. Mais notre situation est exceptionnelle : je propose, c’est personnel, de rassembler « un Front Populaire Biterrois » de la riposte à la politique ultra de Ménard et du FN. Cela peut impliquer d’avoir des candidats communs aux prochaines élections cantonales.
Nous ne pouvons pas laisser le champ libre à l’extrême droite et le front national et à la droite d’Aboud en difficulté. Je termine par ces vers de Louis Aragon tiré de son poème la Rose et le Réséda :
« Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à sa querelle
Au cœur du commun combat »
Ainsi, je m’adresse à tous les habitants du territoire biterrois. Nous pouvons construire une majorité sur un projet de rupture en donnant la primauté au mouvement populaire. Non à la fascisation organisée dans le biterrois par Robert Ménard et ses acolytes. OUI au vrai changement démocratique et populaire porteur d’avenir.