Chavez et Poutine ou l’origine des BRICS, par Danielle Bleitrach

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 5%

Si la France veut s’arracher à la guerre et au déclin économique actuel, au fascisme, à l’ukrainisation, elle doit considérer la seule porte de sortie qui s’offre à elle. Alors que se multiplient les fermetures d’usine, le démantèlement des services publics, alors que la seule réponse de Macron et Le Pen son alter ego, est dans la guerre, les divisions, la fin des conquis sociaux, imposées par l’alliance atlantiste, l’UE, l’OTAN ou l’illusion d’une course à l’armement, il y a une voie et une seule qui est réaliste. Lutter en ordre dispersé pour la paix et contre la guerre sociale qui est imposée n’est pas suffisant, il faut un projet politique unificateur, une perspective. Prendre conscience d’où viennent les périls réels et rejoindre le mouvement des BRICS. Il y a un tel enfumage sur ce que représente ce mouvement qu’il faut pour le comprendre et mesurer ce qu’il porte revenir aux origines. Pour mieux en comprendre l’évolution et à quel point la solution des problèmes tels qu’ils se présentent aujourd’hui n’est déjà plus celle d’il y a vingt ans quand Chavez et Poutine jetaient les bases d’une entente souveraine et “démocratique”. Roussel, le leader du PCF qui a l’énorme avantage de “sentir” le peuple français est à la fois celui qui perçoit le mieux la nécessité de rompre avec les “collaborations” de la gauche mais qui, comme le PCF, encombré par les impasses de l’eurocommunisme, l’électoralisme et la méconnaissance des réalités géopolitiques n’arrive pas à franchir le pas qui s’impose. Il a besoin d’un parti qui retrouve sa capacité d’intervention et qui comprenne ce qui l’a frappé d’inertie…

Quand semble-t-il sur veto de Lula (qui a opéré un recentrage de sa politique en jouant ostensiblement sur Harris et une politique qui lui a valu un échec cuisant aux dernières élections régionales et municipales au profit de la droite traditionnelle) le président Maduro n’a pas été associé au BRICS, celui-ci a protesté en disant que le Venezuela était les BRICS. C’était la stricte vérité comme nous allons le voir à travers cet historique des relations entre Chavez et Poutine. Des relations bilatérales entre deux “leaders” que tout oppose sinon la souveraineté de leur pays ; cet échange bilatéral devient le point de départ de l’élargissement de l’influence de chacun dans leur aire et de là face au déclenchement de la répression US, un projet mondial. C’est de cette expérience et d’autres comme l’Organisation de coopération de Shanghai en Asie que vont naitre les BRICS, conçus par les Russes et les autres participants comme un cadre souple qui bénéficie des pactes stratégiques avec des pays membres des Brics ou pas. le vice-président du gouvernement russe, Dmitri Tchernychenko le vice président de la Russie est ainsi venu signer ce weekend des accords bilatéraux avec Cuba et avec le Venezuela. Là encore l’historique de la relation entre Chavez et Poutine nous permet de voir, dix ans après la chute de l’URSS, ce qu’une expérience est devenue face à l’agressivité des Etats-Unis et de leurs “alliés”.

La révolution “démocratique” anticommuniste et sa réalité

Dans les deux cas, il ne faut pas se limiter à la rencontre entre deux leaders, Fidel Castro a toujours insisté sur le fait qu’il n’y avait de génie politique que quand un leader se désincarnait dans un peuple. Ce qui par parenthèse est bien rassurant quant aux solutions à mettre en œuvre et aux capacités de gestion des peuples, les révolutions créent à foison des compétences issues d’intellectuels non reconnus mais aussi de gens venus du peuple et se formant sur le tas, c’est le cas dès la révolution française.

L’élection de Chavez mais aussi celle de Poutine est un choix démocratique à la fois dans les procédures et dans l’esprit de l’adhésion populaire, qui rompt avec une situation antérieure et avec le modèle imposé par l’occident : un tel choix démocratique a nécessairement été celui de la dénonciation d’élites corrompues et servant les Etats-Unis. Parce que la “démocratie” anticommuniste, celle qui est saluée par la chute du mur de Berlin et l’héroïsme supposé de Solidarnosc mais aussi l’intervention illégale en Yougoslavie a été en Russie comme en Amérique latine celle des coups d’Etat sanglants et créant la misère comme l’intervention des Etats-Unis, les blocus, les sanctions poursuivent sur cette lancée. En commençant par les révolutions de couleur dans les Balkans et déjà en Ukraine.

Les cas concrets de “coups d’Etat” menés pas l’occident se sont multipliés tant dans les expéditions de l’OTAN que dans les révolutions de couleur initiées par le magnat Soros, agent de la CIA. La “révolution orange”, en Ukraine, a été menée par un libéral, Viktor Iouchtchenko, alors que le “libéralisme” des dictatures à la Pinochet a été initié par des militaires formés aux USA flanqués de conseillers les Chicago-boys… A ces modèles de l’ingérence des Etats-Unis et de leurs “oligarques” occidentaux se nourrissant de torture, de privatisation, de désordre, Chavez représentait une révolution démocratique, électorale qui paraissait le fruit des mouvements altermondialistes mais qui avait pour modèle et aide Fidel Castro et la formidable résistance de Cuba.

Le fait que la gauche des Etats-Unis, celle de l’Europe, ait cautionné le processus de “démocratisation anticommuniste”, “antitotalitaire ” sous couvert de démocratie a remis en cause le clivage droite/gauche partout et la collaboration de classe dans le pillage du tiers monde et des anciens pays socialistes, s’est rapidement accompagné d’une volonté de “délocalisation” vers les terres conquises ou vers la Chine qui paraissait elle aussi s’offrir à l’exploitation. C’était même une opportunité inouïe : tandis que dans le tiers monde existait une main d’œuvre rurale peu formée à l’industrialisation, les ex-pays socialistes et les pays comme la Chine ou le Vietnam quant à eux paraissaient offrir à l’exploitation une main d’œuvre hautement qualifiée et prête à la discipline d’usine. Les capitalistes avec leur financiarisation qui mettaient en avant les profits liés aux capitaux indépendamment le plus souvent de la production réelle étaient dans une économie d’actionnaires et de jeux boursiers, générant l’inflation compensée par le bon marché des produits fabriqués dans ces terres de conquête. Que tout cela se soit présenté sous le fallacieux aspect d’une “démocratisation” par fin de l’Etat, voir de triomphe de la liberation individuelle a été un leurre. En ce qui concerne l’Etat celui ci a été plus que jamais l’agent du militarisme, des privatisations qui ont donné aux capitalistes les fonctions de l’Etat mais en continuant à bénéficier plus que jamais au budget de l’Etat comme on le voit dans les liens de Trump avec la Nasa qui explique son ralliement à Trump. La répression des communistes, des syndicalistes, voire les assassinats terroristes de l’Etat n’ont jamais été aussi actif, la censure aussi efficace. De même on a fait du wokisme un leurre dans lequel les légitimes aspirations à dépasser les archaismes dans les moeurs ont été confondus avec des caricatures pour mieux en faire les boucs émissaires de la colère populaire, sur le même modèle que la concurrence entre les forces de travail… la colère face à l’immigré est de même nature que les pseudos excès du “faminisme” et certains en détachant le social du sociétal, en idéologisant à outrance tout cela ont simplement favorisé cette collaboration de classe de la gauche avec les finalités de l’impérialisme.

Il y a eu à partir de la perte de sens du clivage gauche/droite mais aussi capitalisme/socialisme, un glissement vers des thème populistes comme ‘les élites”, leur corruption, et surtout l’immigration et les pays menaçant l’économie nationale qui finit par déboucher sur un “dégagisme” à l’œuvre partout. Même dans les solutions nationales comme celle de Chavez ou Poutine, l’un cherchant les voies d’un socialisme du XXIe siècle et l’autre celle d’un dirigisme restaurateur de souveraineté. Ces deux hommes représentent comme aujourd’hui des forces qui travaillent l’histoire et engendrent des traductions politiques.

Il faut bien considérer si l’on veut comprendre la nouveauté des BRICS c’est que tout ce qui a surgi dans cette période, celle des quarante ans qui s’inscrivent dans la “révolution conservatrice” et la recomposition du capital sur la forme dite néolibérale et qui va utiliser les divisions du socialisme comme celles du mouvement ouvrier pour accorder à l’impérialisme un sursis qui aggrave les contradictions est que tous les aspects politiques, idéologiques les plus opposés surgissent de la même réalité celle de la nouvelle phase d’accumulation du capital avec ses trois fondamentaux 1) le dollar monnaie universelle devenue instrument de contrôle et d’oppression y compris avec le pétrodollar et l’échange inégal sur le marché. 2) une puissance militaire des USA qui sans même y ajouter celle de ses alliés dépasse celle de tous les autres pays 3) le monopole de l’information.

Donc nous sommes aujourd’hui à la fois dans la continuité mais aussi dans une rupture nécessaire avec y compris les formes limitées de résistance antérieures. Les BRICS ont la particularité d’être la première institution qui s’attaque au cœur du problème à savoir la domination du dollar et du pétrodollar en dehors des institutions de Bretton Woods ou comme le FMI et la Banque mondiale ont été créés comme assise de cette domination.

Quand on comprend cette évidence on peut à la fois mesurer la naissance de ce nouvel ordre multipolaire et à quel point cette nouvelle phase est née de résistances différentes et de projets pragmatiques mais combien partout elle tend vers une lutte anti-impérialiste et combien chaque nation a son histoire et ses atouts propres.

Aujourd’hui le vice-président russe se rend à Cuba désormais membre des BRICS et au Venezuela pour y confirmer le partenariat stratégique noué il y a plus de 20 ans

LA RENCONTRE ENTRE DEUX PAYS PRODUCTEURS S’ÉMANCIPANT DESMAJORSDES ETATS-UNIS

Au mois de mai 2001 Chavez se rend à Moscou : les deux personnages qui se rencontrent n’ont apparemment pas grand chose en commun, Poutine est l’homme de main du clan Eltsine, ex-colonel du KGB, mais il se distingue déjà de ces individus en proie à l’avidité et trahissant leur pays. Il n’a pas plus de principes qu’eux apparemment et pourtant il souhaite simplement faire reconnaitre son pays la Russie comme un des principaux acteurs mondiaux et non comme la puissance régionale que l’occident peut piller tout en le méprisant… Que lui reste-t-il du communisme ? Chavez le commandant vénézuélien est un grand idéaliste, un homme charismatique, il s’est inscrit dans un défi “bolivarien”, une forme de redistribution avec un projet humaniste et inspiré par le non-alignement de Fidel Castro, qui est l’élément le plus conscient du trio. Ces deux chefs d’Etat, dans une mutuelle admiration pour Cuba, vont jeter les bases d’un nouvel ordre international qui explique déjà partiellement les BRICS.

Décrivons ce qui s’est passé il y a une vingtaine d’années entre ce révolutionnaire d’Amérique latine et celui qui va “stabiliser” le pouvoir oligarchique et contre-révolutionnaire qui a organisé le pillage de l’ex-URSS et des ex-pays socialistes. Qui est Poutine ? Qu’est-ce qui le pousse dans les pas de l’URSS ? Par ailleurs nous vous présentons une interview de Ziouganov, le responsable du Parti communiste de la fédération de Russie qui est sans doute un de ceux qui a le mieux compris en quoi malgré la contre-révolution, la catastrophe des divisions du mouvement international ce qui s’était passé en 1917 et s’était déroulé sur soixante dix ans ne pouvait être effacé, ni sur les terres russes, ni sur celles qui ont vécu le socialisme, ni au plan international. Ce qui lui permet de se moquer de ceux qui croient que l’on peut arrêter le mouvement de l’histoire. Il est vrai que si l’on étudie les BRICS dans cette perspective historique on peut être frappé par le fait que les grands hommes d’Etat sont ceux qui épousent un mouvement qui s’impose à eux et les dépasse.

Ce mois de mai 2001 : pour la première fois, le président vénézuélien Hugo Chávez Frías s’est rendu à Moscou pour y rencontrer Poutine. Les deux leaders ont signé une déclaration conjointe dans laquelle ils affirmaient leur volonté d’« intensifier la collaboration de leurs deux pays dans les secteurs de l’industrie pétrolière, de la pétrochimie et du gaz, et de faire converger leurs efforts pour assurer la stabilité du marché mondial de l’énergie ». Il est intéressant de noter que, dans ce document, il est déjà fait allusion à l’engagement commun des deux pays pour « former un nouvel ordre mondial multipolaire et non coercitif, fondé sur les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures ». Dans le même temps, autre élément significatif, Chávez et Poutine s’accordent pour condamner « l’embargo économique, commercial et financier auquel Cuba est soumise depuis près de quarante ans » et pour demander son « abrogation immédiate  ». Toutes choses qui ne pouvaient que déclencher le mécontentement des Etats-Unis, non seulement les “pétroliers” et la CIA, le père Bush étant les deux. La référence à Cuba après le lâchage gorbatchévien et eltsinien signifiant la continuité avec l’URSS.

Un tel document qui était avant tout centré sur l’entente entre pays producteurs de pétrole organisant la stabilité des cours était aussi la manifestation par Poutine que Moscou serait à nouveau présent et actif, comme durant la période soviétique, sur le continent latino-américain, d’où il avait disparu dans les années quatre-vingt-dix, après l’écroulement de l’URSS. Les deux se conciliaient très bien puisque Poutine vivait le retour de la Russie comme protagoniste mondial à partir du facteur énergétique. Tout est mûrement calculé chez Poutine, et il travaille chaque question à fond, c’est ainsi qu’en 1999 Poutine avait soutenu à l’Institut géologique de Saint-Pétersbourg une thèse de doctorat où il mettait en évidence l’importance stratégique des hydrocarbures dans la restauration du rôle économique et politico diplomatique de la Russie à l’échelle mondiale. Sur ce terrain, Poutine ne pouvait pas ne pas trouver un point de contact avec Chávez qui lui aussi unira toujours son rôle de leader bolivarien et de révolution en faveur du peuple avec son rôle stratégique au sein de l’OPEP. C’est sur l’énergie et les immenses ressources du Venezuela qu’il veut édifier le socialisme du XXIe siècle et il le fera d’abord par une redistribution des revenus du pétrole qu’il doit arracher à une bourgeoisie corrompue qui a livré ces ressources aux grandes sociétés pétrolières des USA. Il s’agit de transformer la vie du peuple vénézuélien mais aussi d’arracher la zone Caraïbe et l’Amérique latine à la domination des USA, en développant une stratégie d’aide qui avec Cuba va s’employer à affaiblir l’emprise économico-commerciale, politico-financière et militaire des USA. Il y a l’aide énergétique mais aussi dans le domaine de la santé (l’opération des yeux à Cuba) et l’éducation, l’alphabétisation.

Poutine n’appartient pas à l’OPEP mais grâce à Chavez, il va créer une sorte d’OPEP+. A l’automne 2003, Poutine est présent dans la capitale vénézuélienne, au sommet de l’OPEP . Mais, après le 11-Septembre, le partenariat stratégique entre Poutine et Chávez devient moins actif, Poutine n’est plus que premier ministre et avec la présidence de Medvedev, Moscou décida de faire front avec les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme international et à ce titre il commettra l’erreur de ne pas mettre son veto à l’intervention en Libye contre Kadhafi malgré la mise en garde de Lavrov. En fait il s’agit non pas de lutter contre le terrorisme mais de l’utiliser pour mettre au pas toutes les tentatives d’autonomie en particulier celles qui touchent au “pétrodollar”.

Mais au sommet de 2004, Poutine et Chávez renouèrent les relations entre leurs deux pays : Moscou douché par l’assassinat de Kadhafi et la signification réelle de la lutte antiterroriste retrouvait le souci du renforcement du secteur énergétique, un rôle clef dans sa stratégie internationale de protection face aux avancées de l’OTAN .

Dans le même temps l’État russe commençait à reprendre le contrôle du secteur, infligeant un coup mortel tant à la compagnie pétrolière privée Ioukos (démembrée et liquidée dans les années suivantes en faveur de la compagnie pétrolière d’État Rosneft et d’une filiale de Gazprom, GazpromNeft) qu’à son fondateur, actionnaire majoritaire et président, Mikhaïl Khodorkovski. Ce dernier, avant de tomber en disgrâce, puis d’être arrêté pour fraude fiscale (octobre 2003) et condamné (décembre 2005) à huit ans de camp de travail avait entamé des pourparlers avec ExxonMobil et ChevronTexaco en vue de leur céder des parts déterminantes dans Ioukos. Le 14 juillet 2003, Khodorkovski avait rencontré le vice-président des États-Unis, Dick Cheney. On mesure à quel point les ralliements vertueux de la fille de ce corrompu entretenant des centres de tortures à Guantanamo et dans d’autres lieux représente la vertu démocratique indignée des “excès” de Trump. Ces gens savent qui ils sont et le sang dont leur avidité s’est couverte. Par parenthèse, Lula qui a choisi un mauvais cheval le sait aussi quand il feint de voir en Harris et Biden les vertus démocratiques qu’il refuse à Trump et Elon Musk, et ce qui est encore plus stupéfiant à Maduro du Venezuela. Ce choix n’était pas le bon, et avec l’échec d’Harris il se retrouve déstabilisé au plan intérieur et avec la solide rancune d’Elon Musk. Ces gens sont sordides et leurs stratégies politiques sont d’une petitesse inouïe… On peut dire que Chavez et même Poutine jouent à un autre niveau et c’est ce qui fait la force de leur stratégie qui se donne de ce fait un temps plus long.

Le président Chávez multiplie les visites avec Poutine en juillet 2006, puis en juin 2007 – les quatrième et cinquième visites depuis celle de 2001 – sanctionnaient en les amplifiant les ententes et accords de coopération négociés au cours des deux années précédentes. La Russie mettait sur la table des négociations tous ses atouts hérités de l’ère soviétique, c’est-à-dire ses principaux secteurs d’exportation – gaz, pétrole, armement –, fers de lance de son action internationale. Elle offrait les savoir-faire, les matériels et la collaboration technologique ainsi que le personnel compétent. Si l’on ajoute désormais la production céréalière et agricole fruit des “sanctions” nous avons déjà ce qui aujourd’hui permet de jouer dans et hors les BRICS, comme elle a joué dès cet époque dans et hors OPEP dans le sillage diplomatique de l’URSS.

Une mission pour Gazprom en Amérique latine et au Venezuela

Comment cette relation bilatérale va-t-elle s’élargir non seulement à l’OPEP mais à des aires d’influence multiples appartenant elles-mêmes à des temporalités différentes et passant du pétrole à d’autres ressources ?

Ainsi, en Amérique latine, où de grandes holdings russes de matières premières ont déjà commencé à investir, Gazprom noue des accords pour des projets communs, surtout en matière d’infrastructures de transport, de technologie et d’équipements. En fait, les grandes compagnies du secteur énergétique sud-américain – Petrobras (Petróleo Brasileiro SA), la société bolivienne YPFB (Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos), la société argentine TGS (Entreprise de transport de gaz du Sud) – ont déjà traité avec Gazprom et ce n’est pas un hasard donc si ce sont ces pays auxquels a été proposée l’adhésion des BRICS.

Le Venezuela a constitué un point d’appui pour la pénétration de Gazprom en Amérique latine. Outre que cet État caraïbe figure parmi les dix premiers exportateurs mondiaux de pétrole brut et qu’il est le premier du continent américain, surtout depuis la découverte du pétrole de la ceinture pétrolifère de l’Orénoque, il dispose de réserves de gaz naturel que l’on peut évaluer, au minimum, à 4,1 trillions de mètres cubes. Les réserves potentielles de gaz de son pays avoisineraient même les 200 trillions de mètres cubes. Au cours de la rencontre qui s’est déroulée à Paraguaná, dans l’État de Falcón, en octobre 2005, entre le directeur général de Gazprom, Alexei Miller, et le ministre de l’Énergie du Venezuela, le président du puissant monopole énergétique d’État PDVSA (Petróleos de Venezuela SA), un accord est intervenu sur des projets de coopération concernant l’exploration et l’exploitation de nouveaux gisements de gaz – surtout des gisements off-shore dans le golfe du Venezuela (État de Falcón) –, le développement des infrastructures de transport du gaz et du pétrole, l’équipement en gaz du pays, le traitement et la transformation du gaz naturel, l’introduction de nouvelles technologies, la formation des cadres locaux. Quant à Gazprom, il obtenait une licence, d’une durée de trente ans, pour explorer et exploiter deux grands gisements de gaz (Urumaco 1 et Urumaco 2, dont les réserves sont estimées à plus de 100 milliards de mètres cubes). Les opérateurs sont deux nouvelles sociétés mixtes russo-vénézuéliennes, Urdaneta-Gazprom 1 et UrdanetaGazprom. Actuellement, Caracas produit 30 milliards de mètres cubes de gaz par an. S’agissant de l’or bleu, le Venezuela occupe la deuxième place du continent américain, après la Bolivie qui en outre a des réserves de lithium. Le destinant à la consommation intérieure, les autorités vénézuéliennes n’avaient pas vu dans le gaz un important produit d’exportation ni un élément leur permettant d’établir de nouvelles relations commerciales et surtout politiques en Amérique du Sud. En précédant et suivant Gazprom le président Chávez a été en mesure de diversifier son secteur énergétique en mettant en valeur et en développant les grands gisements de gaz en bénéficiant de la technologie russe. C’est là un modèle très attractif qui à l’inverse du pillage occidental, de son exigence de soumission politique et d’achat obligé au prix imposé par les Etats-Unis favorise les relations avec les pays qui veulent la souveraineté et ceux de plus en plus nombreux qu’inquiète le chantage et la main mise des USA sur les avoir des pays producteurs.

Mais c’est la relation avec la Chine qui va entrainer le véritable basculement, là encore c’était une prévision de Fidel qu’il s’est employé à mettre en œuvre.

La tâche de Gazprom et de sociétés russes du secteur de la mécanique lourde consisterait avant tout à fournir du savoir-faire pour l’installation de canalisations, mais aussi pour la construction de stations de compression, de dépôts en surface et souterrains. Les Russes disposent à cet égard de deux atouts majeurs : leur expérience en matière d’infrastructures et le coût très concurrentiel de leur intervention. Des accords ont été signés entre PDVSA et l’entreprise russe Tekhnopromexport, qui exporte des machines-outils. Le directeur de la société russe TMK, Dimitri Pumpyansky, ne se contente pas de fournir à Caracas les tubes d’acier pour les oléoducs et les gazoducs : il a engagé des négociations pour leur production au Venezuela.

Chávez entendait redessiner le réseau de transport et de distribution du gaz sur tout le sous-continent latino-américain de façon à y renforcer le marché énergétique et à l’affranchir de l’hégémonie des États-Unis. Évoquant en 2006 son pharaonique projet, au cours de son avant-dernière visite dans la capitale russe, le leader vénézuélien déclarait : Nous sommes contents que Gazprom ait décidé de travailler au Venezuela, pays qui dispose de réserves de gaz parmi les plus importantes du continent américain et du monde. Le soutien russe dans la construction du grand gazoduc continental qui reliera le Venezuela à la partie méridionale de l’Amérique latine, jusqu’au Río de La Plata, est très important pour nous […]. Les gouvernements du Venezuela, du Brésil et de l’Argentine travaillent très activement à la réalisation de ce projet […]. Il y a peu, les gouvernements de l’Uruguay, du Paraguay et de la Bolivie se sont mis d’accord pour le rejoindre. Tout cela a lieu au sein du MERCOSUR .

On comprend mieux que par assassinat ou par traitrise et coup d’Etat, les Etats-Unis se soient employés à casser ce vaste projet et on mesure bien ce que les BRICS actuelles doivent à cette initiative Poutine/Chavez. Parce que si le gaz est important le pétrole ne l’est pas moins, y compris si l’on veut analyser le rôle du Mexique. Les réserves prouvées du Venezuela s’élèvent à 235 milliards de barils (Chávez en évoque 270, voire 300), soit 7 % des réserves mondiales. Le principal importateur de pétrole brut vénézuélien (à hauteur de 80 %), ce sont les États-Unis, dont les besoins sont couverts à 15 % par Caracas. Le pétrole lourd représente 70 % des recettes du budget de Caracas et 90 % de ses exportations. En octobre 2005, Lukoil – société privée, actuellement la plus grande compagnie pétrolière russe – a signé avec une filiale de PDVSA, par l’intermédiaire de sa filiale Lukoil Overseas, une déclaration d’intention pour l’exploration et le forage d’un des key-blocs, Junin 3, dans la grande zone pétrolifère de la ceinture de l’Orénoque. Lukoil a été et reste la première compagnie étrangère à obtenir le droit d’opérer au Venezuela depuis le décret de nationalisation des ressources pétrolières de février 2007.

Les nationalisations

Après avoir reçu les pleins pouvoirs de l’Assemblée nationale pour légiférer en la matière, Chávez a mis en œuvre des mesures plus radicales que celles qu’il avait adoptées en 2001 plaçant sous le contrôle de l’État les champs pétrolifères moins récents que ceux qui ont été découverts dans la ceinture de l’Orénoque et augmentant les taxes sur les profits tirés du pétrole par les multinationales (jusqu’à hauteur de 33 %). De fait, en février 2007, il exigeait des multinationales étrangères qui avaient formé des consortiums avec la compagnie d’État PDVSA pour exploiter quatre grands gisements de la ceinture pétrolière de l’Orénoque (dans l’est du pays, 300 milliards de barils de réserves selon Chávez ) qu’elles transfèrent à cette dernière société le contrôle opérationnel en lui accordant 60 % du capital. Il s’agissait d’une mesure de nationalisation non intégrale qui devait être exécutée avant le mois de mai 2007. Elle a eu pour effet de réduire le nombre et le rôle des multinationales occidentales qui opéraient au Venezuela, mais non de les éliminer. Les multinationales américaines ExxonMobil et ConocoPhillips refusèrent de se soumettre au décret et mirent un terme à leur participation dans leurs jointventures respectives. En revanche, les compagnies européennes – la norvégienne Statoil, la française Total et la britannique BP –, mais aussi l’américaine ChevronTexaco acceptèrent de s’y soumettre à l’échéance de l’ultimatum. « Le drapeau vénézuélien flottera sur les champs de pétrole », avait déclaré Chávez quelque temps auparavant. Finalement, la plus grande partie des multinationales occidentales décidèrent de rester, pour ne pas perdre l’œuf après avoir perdu la poule. Au demeurant, elles cédaient à PDVSA le contrôle des gisements de pétrole les plus considérables et les plus récemment découverts, ceux de la Ceinture. « Si le Venezuela ne peut pas se passer des multinationales, les multinationales ne peuvent pas se passer du Venezuela », indiquait un haut dirigeant de PDVSA. Selon l’un de ses ex-directeurs financiers, Ramón Espinasa, la compagnie vénézuélienne « ne dispose pour l’instant ni des ressources humaines ni des capacités technologiques nécessaires pour assumer le contrôle des opérations d’extraction et de commercialisation du pétrole extra-lourd  ».

À la fin du mois d’août 2007, le ministre vénézuélien de l’Énergie, Rafael Ramírez, exprima l’intention de prendre des décisions plus drastiques : « L’ère du pétrole ouvert à tous était passée. » Il fit savoir que des négociations avaient lieu avec les grandes compagnies américaines – ExxonMobil et ConocoPhillips – qui avaient refusé de se plier aux exigences du décret Chávez pour qu’elles quittent le pays et brandit la menace de ne pas leur verser d’indemnités. C’était l’expression d’une radicalisation inattendue. Le président de Lukoil, Vagit Alekperov (oligarque et manager russe d’origine azérie), a été la première personnalité que Chávez a rencontrée durant son avant-dernier voyage en Russie, à Volgograd (ex-Stalingrad), au mois de juillet 2006. C’est là qu’est né l’accord sur Junin 3. Il faut rappeler que, durant sa visite à Caracas au mois de mars 2005, le même Alekperov avait garanti le financement par sa compagnie d’un programme d’assistance médicale dans le delta de l’Orénoque (État du Delta Amacuro). Outre Lukoil, la société Zarubezhneftegaz, spécialisée dans les projets menés à l’étranger (Irak, Algérie, etc.), participe à l’exploitation des nouvelles réserves pétrolières vénézuéliennes. La pénétration des compagnies pétrolières russes au Venezuela est en outre favorisée par un élément concret : le pétrole brut de la ceinture de l’Orénoque appartient environ aux trois quarts à la catégorie « lourd » et « extra-lourd », une caractéristique qu’on retrouve abondamment dans le brut russe. La production d’un tel type de pétrole s’accompagne de difficultés particulières et requiert l’emploi de procédés spécifiques, que les Russes connaissent bien et qu’ils utilisent plus que les autres pays producteurs de pétrole. De ce fait, ils disposent de la technologie adaptée, qu’ils peuvent offrir à des prix inférieurs et sans les conditions politiques qu’imposent les États-Unis.

Il faut cependant souligner que, malgré leur conflit avec Caracas, les États-Unis ont conservé une position prédominante en matière de fournitures et de services au secteur énergétique vénézuélien, puisqu’ils y sont impliqués à hauteur de quelque 5 milliards de dollars (chiffres de 2005). Ce montant tranche sur la modestie des investissements russes, qui n’excédaient pas, jusqu’au début de 2006, les 100 millions de dollars dans le secteur pétrolier, même si l’on prévoit des investissements de Lukoil dans ce même secteur au-delà du milliard de dollars.

Un dernier mot sur l’énergie : la Russie s’est engagée dans un projet de construction d’une grande centrale hydroélectrique dans le sud-ouest du Venezuela, pour un coût prévisionnel de 900 millions de dollars. Une coopération dans le domaine nucléaire est également envisagée.

Venezuela et États-Unis

Le renforcement militaire du pays est, selon Chávez, une composante fondamentale dans la construction du « socialisme vénézuélien du XXIe siècle » et la formation en Amérique latine d’un réseau d’alliances « anti-impérialistes ». La base en a surtout été une trilatérale Cuba, Chávez et le Bolivien Evo Morales. Un élargissement à l’Équateur s’est fait avec la présidence du leader radical Rafael Correa, qui avait noué des rapports privilégiés avec Caracas. La pression des Etats-Unis qui finira par l’emporter en Bolivie, en Équateur, au Brésil et en Argentine, deviendra de plus en plus forte. Chavez meurt probablement assassiné, Maduro prend le relais et la lutte est sans merci. Mais alors que Poutine ne rentre pas dans ses premières relations avec Chavez dans une politique d’hostilité avec les USA, déjà une synergie qui unit maitrise des ressources pétrolières et gazières de la Russie avec une diplomatie dans le sillage de l’URSS, s’organise y compris sur le plan militaire… Durant les visites de Chávez en Russie de juillet 2006 et juin 2007, la société Rosoboronexport, qui détient le monopole d’exportation d’armement russe et dont le directeur général Sergei Tchemezov est un ancien officier supérieur des services de sécurité très proche de Poutine, va créer les bases de cette coopération militaire. Des engagements ont été pris en matière de fourniture d’armements, et des accords ont été signés que l’on peut qualifier d’historiques, tant par les quantités en jeu – quelque 3 milliards de dollars, soit la moitié de la valeur totale des exportations russes d’armes en 2005 et 17 % du carnet de commandes de 2006 – que par leur signification politique, la Russie entrant par la grande porte sur un marché que les États-Unis ont toujours considéré comme leur domaine réservé. Le fait qu’après Volgograd, où il a rencontré le président de Lukoil, la deuxième étape de Chávez, donc avant qu’il ne se rende à Moscou, ait été Ijevsk, la capitale de l’Oudmourtie, où il s’était déjà rendu en 2001, est symptomatique de l’état d’esprit du président vénézuélien. Il s’agit d’un des plus grands centres russes de production d’armes, en particulier des fusils mitrailleurs Kalachnikov qu’il a d’ailleurs rencontré en personne. Achat massif de ces armes « Avec elles, a déclaré Chávez, nous pourrons défendre chaque route, chaque maison, chaque quartier. » Parce que le président vénézuélien sait que les Etats-Unis veulent le renverser et le coup d’Etat de 2004 a échoué grâce au peuple vénézuélien et la manière dont Fidel a lui-même géré cette mobilisation du peuple et celle au niveau international.

Mais il y a aussi l’achat aéronautique ce qui implique des relations fournisseur/client sur 10 à 25ans. Washington proteste. Moscou, par la voix des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, a écarté les remontrances américaines : le Venezuela n’est soumis, sur le plan international, à aucun type de sanctions ou de restrictions et bénéficie d’un droit illimité à se procurer des armes en provenance de n’importe quel pays. La vente d’armes est un fait économique qui relève du simple business. Le président Poutine avait eu soin de le souligner : « La coopération entre la Russie et le Venezuela n’est dirigée contre aucun pays tiers […]. Elle est fondée sur le développement des économies des deux pays et sur l’amélioration du niveau de vie de leurs peuples . » Après les accords russo-vénézuéliens de juillet 2006, les États-Unis ont décrété des sanctions à l’encontre du monopole russe d’exportation d’armement et de la société Sukhoi. Ceci alors qu’un boycott unilatéral avait été en quelque sorte imposé à Caracas par le Département d’État. Au demeurant, la vente d’armes russes au Venezuela résultait de la décision américaine de ne plus fournir ce pays en avions militaires F-16, traditionnellement affectés aux forces aériennes vénézuéliennes, ni en pièces détachées correspondantes. Une telle décision avait pour but d’atteindre le Venezuela en raison des rapports toujours plus étroits qui se nouaient entre celui-ci et Cuba ou l’Iran, mais aussi d’empêcher l’acquisition par les « États voyous », via le Venezuela, de la technologie des avions américains de dernière génération. Il faut noter que les Etats-Unis avaient réussi à empêcher le socialiste espagnol Zapatero de vendre 10 avions et avaient obtenu la démission du ministre espagnol de la Défense. Mais cela n’impressionne pas Poutine.

L’initiative politico-diplomatique russe dans l’aire latino-américaine ne s’est pas limitée, cette année-là, au seul Venezuela. En janvier 2007, Poutine a chargé un très haut fonctionnaire fédéral, Sergei Stepachine, président de la Cour des comptes, de le représenter personnellement à la cérémonie d’investiture de Daniel Ortega, au Nicaragua, pays qui fut un temps l’avant-poste de l’URSS en Amérique centrale. Toujours en janvier 2007, le Premier ministre Fradkov s’est rendu à Cuba pour œuvrer à la reprise des rapports de coopération énergétique et technico-militaire. Un mois auparavant, le ministre des Affaires étrangères, Lavrov, s’était rendu au Brésil, où il avait rencontré les ministres des Affaires étrangères des pays du MERCOSUR et s’était même entretenu avec le président Lula da Silva du projet d’Hugoducto, de gazoduc continental. « Chávez a ouvert la porte aux importations d’armements dans ce qui était l’arrière-cour stratégique des États-Unis », observe l’ex-ambassadeur et grand connaisseur de la politique internationale Bhadrakumar. Des négociations en la matière ont même été ouvertes avec l’Argentine et d’autres États de l’Amérique du Sud.

Chavez meurt le 5 mars 2013, il a 58 ans et il est probable qu’il ait été assassiné… Notez que c’est à ce moment-là que Poutine est directement confronté non seulement au refus de l’OTAN de l’intégrer mais au fait que le dit OTAN est ostensiblement dirigé contre lui avec le coup d’Etat du Maïdan.

Pourtant dans les années 2000 alors que se met en place le partenariat avec Chavez, Poutine ne considère toujours pas qu’il doit rompre avec l’occident et il ne s’associe pas aux attaques hautes en couleur de Chávez contre les États-Unis. Et pour cause ! Au début du mois de juillet 2007, soit quelques jours plus tard, Poutine devait rendre une visite informelle au président Bush, dans sa maison de famille de Kennebunkport dans le Maine : il ne voulait certes pas encore accentuer la méfiance et multiplier les obstacles dans une rencontre déjà problématique.

Poutine se fait déjà l’apôtre d’un monde multipolaire dans lequel chaque pays aurait la possibilité de nouer des relations bilatérales, comme c’est un pragmatique, il s’appuie sur ses ressources et leur rôle stratégique pour avoir la possibilité de faire de la Russie une grande puissance dont les intérêts seront respectés et qui ne vivra plus le désordre et les humiliations de la chute de l’URSS. S’il est incontestablement un homme d’Etat d’une grande hauteur de vue et très réaliste tout en visant sur le long terme il n’a pas d’idéologie à l’inverse de Chavez. Il est contraint d’opérer des emprunts divers mais la base la plus solide demeure ce qu’a été l’URSS, au plan international comme au plan intérieur.

De ce point de vue avec le renforcement du partenariat chinois il est en quelque sorte contraint de mettre ses pas dans des orientations dont il a éprouvé la pertinence, on a cru que c’était seulement un des effets du coup d’Etat du maidan en 2014, l’avancée de l’OTAN sur ce qu’il estimait les terres russes pour poursuivre la dislocation de l’URSS et son pillage… Cela a joué un rôle déterminant comme l’assassinat de Kadhafi et de Saddam Hussein, une manière d’empêcher de bouger la zone pétrolière mais en fait il est intéressant de voir à quel point tout se joue déjà comme nous venons de le voir dans la rencontre avec Chavez il y a une vingtaine d’années.

Danielle Bleitrach

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