Bilan de l’eurocommunisme et unité des communistes... Intervention à la conférence fédérale du Rhône

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Les questions posées aux communistes dès 56 par le rapport Kroutchev sont devenues vitales après la chute du mur de Berlin. L’« eurocommunisme » s’est présenté un temps comme une réponse européenne, initiée par E Berlinguer à la tête du plus puissant parti communiste d’Europe occidentale, suivi par les partis Français et Espagnols. Le PGE est une concrétisation de cette réponse dans le nouveau contexte de l’Union Européenne. Pourtant cette réponse a été fortement discutée, notamment en France, et 30 ans après, les évolutions récentes des partis communistes du continent européen sont révélatrices. Au moment où les communistes Français ont un choix décisif à faire pour les élections présidentielles de 2012, il parait nécessaire de leur donner tous les éléments de connaissance utiles.

On sait qu’en Italie,

la "refondation" a été la plus brutale, faisant disparaitre le puissant PCI en un seul congrès, au profit de "la cosa" qui était en fait une machine de dissolution du PCI au profit de ce qui est devenu un parti démocrate à l’américaine. Des communistes sont restés organisés sous différentes formes, et les scissions et alliances se sont multipliées jusqu’au coup de semonce des élections de 2009 qui voyait la disparition de tout député communiste ou assimilé et une droite arrogante et triomphante. Mais ce printemps 2011, la droite s’effondre dans les affaires Berlusconiennes. Les communistes en ont-ils profité pour reconstruire ? Malheureusement non, le renversement de direction de Refondazion communista et le rapprochement avec le parti des communistes italiens n’a pas débouché sur la reconstruction du PCI, mais sur la "fédération de la gauche" ouverte dans des configurations variables à d’autres forces, écologistes notamment. Le résultat malheureux pour les communistes de 2,8% aux régionales de 2010 n’est pas amélioré en 2011 alors que la droite s’effondre et réouvre un espace à gauche. Mais la "FG" fait moins de 2% dans des bastions rouges historiques comme Bologne ou Sienne. La stratégie FG n’a été appliquée que dans 6 régions du 9 et dans une région ou les communistes se sont présentés sous leur propre nom, les résultats sont plutôt bons (5,8% à Reggio Calabria, pourtant fief de la droite)

En Espagne,

le choix de l’eurocommunisme par Santiago Carrillo dès 1980 conduit à un effondrement du PCE. En réaction, la stratégie du Front de Gauche (en Espagne, Izquierda Unida, la gauche unie) est mise en œuvre depuis 1986 avec d’abord une plateforme électorale devant assurer l’autonomie par rapport au PS. Les résultats, d’abord mauvais (4,36% en 1986) progressent jusqu’à un record aux européennes de 1994 avec 13,44% des voix. Mais l’affaiblissement militant du PCE se ressent et face au redressement du PSOE, les résultats s’effondrent, moins de 6% aux européennes de 1999, 5% aux législatives de 2000. Pire, IU se révèlant un outil de soumission des élus au PS, baisse encore en 2004 (4,96%) et en 2008 (3,77%). Les litiges, et même les procès, se multiplient entre organisations du PCE et de IU qui s’affirme désormais comme un parti politique combattant ce qui reste d’autonomie du PCE.

Une ligne politique en rupture affirmant « Renforçons le Parti Communiste d’Espagne » remporte le congrès de 2008 et le PCE reprend ses prérogatives à l’exception des élections et sans remettre en cause IU.

Les dernières élections de 2011 étaient une occasion d’une réaffirmation du PCE dans le contexte de crise économique et sociale profonde, dont on sait qu’elle a fait émerger un mouvement social qui surprend l’Europe entière. Mais si le PSOE s’effondre, ouvrant un boulevard aux communistes, les résultats d’IU sont faibles avec un léger progrès de 0,83%. Dans les Asutries ou le PCA a présenté ses propres candidats, les résultats sont significatifs dans le bassin minier ; 10,15% dans la plus grande ville et la plus grosse section des Asturies, Langreo où les communistes gagnent deux sièges au conseil municipal.

Die Linke

C’est le creuset du PGE, symbole de l’alliance entre communistes, ex-communistes et socialistes de gauche, héritier de l’Allemagne de l’Est, porté par la jeunesse de cet ex-pays , et qui avec cette stratégie d’alliance, perçait à l’ouest jusqu’à concurrencer les verts comme troisième forme politique dans certains lander de l’Ouest en 2009.

Les dernières élections régionales de 2011 sont terribles de nouveau dans un contexte de crise politique avec un recul marqué de la droite qui ne profite pas aux sociaux-démocrates, mais pas non plus à "la gauche". En Rhénanie-Palatinat, die Linke chute 9,4% à 3,1%, en Bade-Wurtemberg, de 7,2% à 2,8%.

Le PGE en échec

Dans ces trois pays symbole de l’eurocommunisme et du PGE, ces résultats montrent l’incapacité du PGE à ouvrir une issue politique à la crise économique et sociale, malgré les soubresauts politiques. La mise en cause des pouvoirs, qu’ils soient de droite ou socialistes, ne profite pas au PGE.

D’autres choix communistes en Europe

Or, l’orientation "eurocommuniste" n’a pas été partagé partout. Si l’analyse de l’effondrement des pays socialistes de l’Est fait partout l’objet de débat, plusieurs partis communistes ont choisi au contraire d’affirmer leur position de combat de classe, marxistes, centrés sur la nécessité de la révolution pour rompre avec le capitalisme, ouvrir la perspective d’une autre société.

Et le KKE grec, démontrant dans les rues une capacité de mobilisation extraordinaire, perçant le mur des médias européens avec son action symbole sur l’Acropole, progresse aux dernières élections de 2010, dépassant 10% à Athènes. Dans le même pays, la "gauche" qui défend la position du PGE recule.

Au Portugal, le PCP a refusé dès l’origine d’entrer dans le PGE

En Suisse, le congrès du PST a discuté longuement d’une proposition de sortie du PGE, finalement non retenue.

En République Tchèque, la KSCM, (15% aux dernières élections), est très critique du PGE et participe activement aux rencontres des partis communistes et ouvriers...

Des résultats électoraux ne peuvent fonder un choix stratégique, mais quel silence de la part de la direction du PCF sur ces évolutions historiques, quelle absence de débat sur le bilan du PGE ! Il est vrai que la pratique de la direction du PCF est très clairement de choisir un camp, celui du PGE, contre un autre, celui des partis qui continuent à faire vivre un internationalisme communiste.

C’est d’autant plus scandaleux que la décision de ne pas présenter de candidat communiste en 2012 est dans la droite ligne de cette stratégie politique dont l’expérience montre au minimum les risques.

Les conditions de l’unité des communistes

Or, tout indique que le choix de Mélenchon est très minoritaire chez les communistes dans le Rhône, mais c’est aussi le cas dans de nombreuses fédérations.
- On savait les communistes de la 14eme circonscription majoritairement opposés à la stratégie Front de Gauche. Cela se confirme avec la consultation de Vénissieux qui donne 197 voix à André Gerin, 9 à Chassaigne, 2 à Mélenchon...
- Mais on découvre que la section de Villeurbanne, traditionnellement partagée rejette Mélenchon en troisième position très nettement derrière Chassaigne et Gerin.
- On savait aussi que la section de Pierre-Benite, et beaucoup de militants de la section de Givors, se prononçait pour Chassaigne.
- On avait déjà noté que la section de Rillieux qui avait organisé un vote il y a quelques semaines avaient plébiscité Chassaigne, Mélenchon n’obtenant qu’une voix !
- Et on découvre que les débats de la conférence de section de Lyon ont été très partagés !
- Si on ajoute les communistes qui ne choisissent pas et considèrent que l’essentiel étant le programme, ils soutiendront n’importe quel candidat, il ne reste qu’une petite minorité dans le Rhône pour Mélenchon.

La question qui se pose est alors simple. Quel est le candidat qui peut permettre la meilleure mobilisation communiste en 2012 ? Et pourquoi faut-il taire cette expression forte des communistes du Rhône ?

On sait que les communistes qui se prononcent pour Chassaigne disent souvent qu’ils accepteront une autre candidature. On sait aussi que les communistes de la 14eme circonscription choisiront dans le "paquet" de mettre l’accent sur le rassemblement aux législatives pour gagner le défi que l’UMP et le PS leur impose en étendant la circonscription sur St-Priest.

Mais la question qu’il faut poser à la direction fédérale du Rhône est simple. Qui soutiendra la campagne de Chassaigne s’il est choisi par les communistes ?

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  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).