Alain Badiou : penser les meurtres de masses Conférence au théâtre de la Commune. 23/11/2015

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notes prises par pam pour permettre un travail sur un texte important. En espérant avoir été partout fidèle au discours oral, merci d’avance de me signaler des améliorations possibles. Bien entendu, il est préférable d’écouter la vidéo de la conférence,mais ces notes peuvent être utiles, tant que Alain Badiou ne publie pas un texte.

 !!! le texte intégral de la conférence est désormais en fichier attaché....

Il nous donne dans cette conférence des éléments forts pour « penser » ces actes de terreur qu’il propose de nommer des « meurtres de masse », actes de nihilisme poussé au suicide. Il caractérise ses auteurs comme de jeunes « fascistes » nés dans la crise sociale qui produit en même temps des subjectivités de « désir d’occident » et leur négation.

Son analyse de la structure objective du monde contemporain, comme un capitalisme redevenu primitif, incapable de prendre en compte la totalité de l’humanité et organisant un nouveau zonage du monde marqué par une forme capitaliste de dépérissement de l’état, est très utile pour comprendre les discours sur l’état , comme les effets majeurs sur les populations et leur subjectivité marqués par le modèle occidental et générant ce qu’il appelle des figures contemporaines du fascisme.

Il caractérise la réaction de l’état et le façonnage de l’opinion autour de l’identité et de la guerre en éclairant les conditions d’un retour de la politique d’émancipation

Dans un prochain article,on évoquera des questions posées par cette conférence.
 quelle place à la Chine, à Cuba, aux expériences socialistes d’Amérique Latine dans ce monde d’inégalités
 quelles traces des subjectivités communistes dans le monde actuel, notamment dans l’ex URSS
 quelles réalités sociales au Nord et comment elles sont marquées sans pouvoir être réduites par les rapports colonialistes
 quelles places aux mafias dans la construction des subjectivités populaires au nord
 quelle réponse à cette mondialisation capitaliste pour le mouvement populaire, quelle place pour la souveraineté populaire et donc pour la nation dans la reconstruction d’une politique d’émancipation ?

pam

Alain BADIOU : à partir des meurtres de masse du 13 novembre

Quel état d’esprit

Des affects inévitables et indispensables, mais les risques de la domination de l’affect

  L’état mis sur le devant de la scène

Il faut mesurer ce qui est inévitable et nécessaire de mesures inutiles et inacceptables, avec des dirigeants qui montrent une forme de jouissance à agir

  l’identité, face au drame

Se regrouper est un réflexe naturel, mais la France est une question complexe. Le risque est d’enfermer la réaction sur l’identité au lieu de l’ouvrir à l’enjeu de l’humanité toute entiere, des crimes de masse se produisant partout sans émotion ici (Nigeria,russe)... Réduire les affects à l’identité, c’est les tourner vers la vengeance et pas vers la justice. La vengeance ouvre toujours un cycle d’atrocités. S’il peut être inévitable de tuer ceux qui ont tuer, on ne peut s’en réjouir ni le présenter comme une justice. Obama évoquant un crime contre l’humanité hérite de l’impérialisme occidental qui considère que l’huamnité n’est pas au sud

 faire ce que l’ennemi veut...

l’ennemi veut créer un ’’sujet obscur", l’effet des provocations fascistes, mélange de dépression et de vengeance capable du pire

Pour parer ces 3 risques

Il faut parvenir à penser ce qui est arrivé. Rien de ce que font les hommes n’est inintelligible. Ce qui est irrationnel, criminel, pathologique constitue pour la pensée des objets comme les autres. La défaite de la pensée, c’est toujours la victoire de l’irrationnel…

Un symptôme d’une maladie grave du monde contemporain dans son entier.

Élucider ce qui est arrivé comme un des nombreux symptômes d’une maladie grave du monde contemporain dans son entier. Une analyse en 8 parties allant de la situation du monde aux crimes de masse et à la guerre que l’état à prononcer, puis de là à la situation telle qu’il faudrait vouloir qu’elle devienne pour que ces symptômes disparaissent.

 la structure objective du monde contemporain, dans lequel se produisent partout ces crimes, structure qui s’est mis en place depuis les années 80
 les effets majeurs sur les populations et leur subjectivité
 les trois subjectivités typiques de ce monde là
 les figures contemporaines du fascisme
 l’événement : qui sont les tueurs, comment qualifier leur action
 la réaction de l’état et le façonnage de l’opinion autour de la France et de la guerre
 se soustraire à ce façonnage et construire une pensée
 les conditions d’un retour de la politique d’émancipation

La structure objective du monde contemporain

3 thèmes

  depuis 30 ans, le triomphe du capitalisme mondialisé. Une énergie primitive qu’on a appelé néocapitalisme, qui est en réalité constitutive du capitalisme historique, sa prétention à être le seul chemin, déployé à une échelle planétaire, retrouvant son énergie dissolvante, mais étendue à toutes les régions de la planète.
  l’affaiblissement des états, conséquence du premier. Un des thèmes les plus moqués du marxisme était le dépérissement de l’état, un processus capitaliste de dépérissement de l’état, phénomène masqué par la subsistance de grandes polarités de puissance, mais la logique du capitalisme mondialisé est bien transnationale

 les nouvelles pratiques impériales, les nouvelles figures de l’impérialisme, de la conquête de la planète.

Dès que la bourse de Shangai a des frissons,le monde entier s’interroge. L’agressivité du règne du marché mondial est spectaculaire. Partout la destruction des tentatives d’introduire dans le capital une mesure, notamment après la deuxième guerre mondiale… nationalisation partielle, contrôle, droits sociaux. Tout est méthodiquement détruit, même dans les pays l’illustrant comme la France. Privatisation, un mot d’une grande agressivité devenu usuel, sans différence entre gauche et de droite. Victoire objective d’une pratique destructive agressive.

On ne peut qu’être inquiet de la faible résistance, sectorielle, corporatiste...sans perspective d’ensemble, et ininterrompue depuis 30 ans.

Extension et concentration extraordinaire… en même temps qu les privatisations et les destructions s’accélèrent… fusion symbolique FNAC DARTY (du livre et du frigidaire). Des pôles de puissance transnationaux supérieure à de nombreux états. Des firmes comme TOTAL ne paie aucun impôt en France… firme française ?

Le déracinement total de l’idée même d’un autre chemin possible. Les propositions de résistance, de réintroduction de la mesure, se situent dans une défaite générale et non pas dans une reconquête. C’est le programme du CNR qui devient le modèle nostalgique de la France. L’idée même est criminalisée par les tenants de la mondialisation non pas pour un but éthique mais de déracinement définitive de l’idée d’une alternative.

Les états sont les gestionnaires locaux de cette logique générale. La norme de la puissance n’est plus représentée par les seuls états. Il reste de grandes pôles, USA, Chine, mais même dans ces lieux, le processus est celui de la mondialisation… ils ne sont pas porteurs d’autre chose... Des firmes plus grosses que des états-moyens, des banques si considérables qu’on admet que leur chute est impossible « toobigtofail »... la macroscopie économique l’empote sur la capacité étatique… Affaiblissement des états, qui non seulement sont les fondés de pouvoir du capital, mais l’existence des grandes firmes est diagonale

les nouvelles pratiques impériales

Après le partage colonial du monde et les deux guerres mondiales, la décolonisation n’est pas la fin de l’intervention impériale...(mobilisation chronique de la France dans son précarré africain…)

Dans les médias au Mali, c’est une réussite car on protège les intérêts de l’occident…

Une différence de modalité de l’impérialisme.. plutôt que de prendre en charge la tache pénible de construire des états sous tutelle de la métropole ou directement métropolitain, une possibilité est de détruire les états, possibilité du capitalisme mondialisé dans sa désétatisation, pour éviter le risque que l’état vous préfère un autre client… Une géographie de zones franches ouvertes, anarchiques… avec des bandes armées.

Les firmes, leurs représentants, peuvent parfaitement négocier avec des firmes armées. Ça fait longtemps qu’on parle d’écraser Daesh, mais en fait,seuls les Kurdes sur place les affrontent. Après tout, Daesh est une entreprise commerciale efficace, vend du pétrole, du coton, des œuvres d’art… Et pour vendre quelque chose,il faut être deux…

L’impérialisme qui dominait des pays, constitue des « zones » de pillage non étatisées dans lesquelles, il faudra sans doute intervenir militairement régulièrement, mais sans avoir en charge la gestion d’états coloniaux…

Quel était le but véritable de l’intervention en Libye ? En Libye, en Irak, on détruit un état pour le remplacer par presque rien...

Les effets majeurs sur les populations et leur subjectivité

Ne pas être obnubilé par notre situation locale. Le développement inégalitaire est sans précédent. Même la droite s’en inquiète

Les chiffres fondamentaux qui sous-tendent une logique de classe tranchée qui rend impraticable la norme démocratique

  • 1 % de la population mondiale possèdent 46% des ressources
  • 10 % de la … possèdent 86 % des ressources
  • 50 % ne possèdent rien…
    Une oligarchie de 10 % de la population qui représente ce qu’était la noblesse dans l’ancien régime

La classe moyenne de 40 %, pilier de la démocratie se partage péniblement 14% des ressources, largement concentrée dans les pays avancés, largement occidentale. On peut avancer qu’un but de ce groupe qui n’a accès qu’à une faible partie des ressources, est de ne pas être renvoyé à la masse des démunis. Voilà pourquoi cette classe est poreuse au racisme, au mépris, au sentiment de supériorité occidentale, face aux barbares issus de la masse des laissés pour compte. Support de la défense des valeurs qui est en fait la défense du mode de vie de la classe moyenne.

Un attentat qui intervient au cœur de cette classe moyenne européenne, et qui donc peut être lu comme une guerre de civilisation.

2 milliards personnes comptées pour rien par le capital, ni consommateur, ni force de travail, seules identités possibles dans le mouvement du capitaliste mondialisé. Ils ne devraient pas exister, et pourtant ils menacent de nous envahir.

En réalité, il faut être marxiste.. Pourquoi ? Parce-que le capital ne valorise la force de travail qu’a raison du profit possible. Il y a eu d’autres périodes de chômage de masse, et aujourd’hui, il y a une incapacité intrinsèque du capitalisme à valoriser toute la force de travail disponible. Pourquoi, parce qu’il ne peut pas baisser la durée du travail, car il n’en tirera plus de profit. En fait, le temps de travail pourrait être de 20h, ce qu’avait déjà évoqué Marx, pour qui le temps de travail était un enjeu essentiel pour libérer le travail du capital.

La répartition géographique de ces « comptés pour rien » est lié à ce « zonage »...et on accepte que des populations survivent au milieu de bandes armées puisqu’elles ne sont ni consommateurs ni forces de travail

Elles peuvent être livrées à un gangstérisme politique de type fasciste, ce qui ne serait pas possible si elles étaient intégrées dans une société.

La combinaison du zonage de la destruction des états et de milliards de laissés pour compte ouvre l’espace à une domination de type »gangsters » des firmes commerciales terroristes qui occupent des zones vacantes. La religion a toujours été utilisée par le fascisme… le fascisme espagnol, les bandes armées de Franco étaient bénies par les évêques. Il ne faut pas faire porter le chapeau à l’islam. La nature des bandes en question est d’occuper des zones capitalistes délaissées pour installer un gangstérisme rentable Les religions se sont toujours combinées aux logiques mafieuses.

Les trois subjectivités typiques de ce monde là

Des productions effectives de ce monde la, pas toutes celles qui sont possibles

  • la subjectivité occidentale
  • la subjectivité du désir d’occident
  • la subjectivité nihiliste

la subjectivité occidentale est celle de la classe moyenne ou les 14% des ressources peuvent être distribuées.

Un très grand contentement de soi-même, une arrogance historique, mais une peur constante, la menace est là, de se voir déclasser vers les démunis. C’est ce qui définit l’art des gouvernements démocratiques quelque soient leurs couleurs, diriger la peur de la classe moyenne non pas contre les gouvernements, mais contre les représentants internes de la masse des démunis… le linéament d’une guerre civile rampante. Une subjectivité tiraillée entre contentement de soi et peurs , objet des manipulations politiques pour esquiver ses responsabilités et désigner ceux dont il faut se méfier.

Mais ceux qui ne sont ni force de travail ni consommateur, font face en permanence au spectacle médiatique de l’aisance et de l’arrogance des autres, et en l’absence (provisoire ?) d’une issue idéologique d’ensemble, résultant une frustration amère, mélange classique d’envie et de révolte.

D’où les deux autres subjectivités

le désir d’occident. Adopter un comportement et une consommation de classe moyenne sans en avoir les moyens… d’où le flux migratoire...dont une partie est bien un désir d’occident. Mais aussi des aliénations locales, copie avec des moyens misérables les comportements occidentaux

la subjectivité nihiliste. Un désir de revanche et de destruction, en couplage avec le désir d’imitation. Souvent exprimé en réaction, dans des traditionalismes vantés, à défendre… Le nihilisme de celui dont la vie est comptée pour rien, contre le désir d’occident… car sans son nihilisme, il serait habité par le désir d’occident qui est son fantôme caché… Les deux forment un couple.

Dans un contexte ou rien n’est proposé qui serait une levée collective qui affirmerait et organiserait une autre perspective du monde. les trois restent en fait interne dans cette structure du monde.

Les figures contemporaines du fascisme

On peut appeler fascisme, la subjectivité populaire suscitée par le capitalisme, dans une crise systémique grave, soit plus profondément, sous l’effet des limites structurales du capitalisme, mises en évidence par la mondialisation. Une subjectivité réactive intra-capitaliste, elle ne propose rien d’autre, mais impute au capitalisme de ne pas être en état de remplir ses promesses… comme le déçu du désir d’occident devient l’ennemi de l’occident car son désir n’est pas satisfait

Ce fascisme est nourri de la réaction nihiliste, car il est une répression intime du désir d’occident refoulée, dont la cible est justement ce qui était l’objet du désir, une pulsion de mort articulée dans un langage identitaire. La religion est un ingrédient possible, comme le catholicisme l’a été pour la fascisme espagnol, l’islam l’est au moyen orient là ou le zonage a détruit les états, mais ce n’est pas le fonds de l’affaire, ce n’est pas le contenu réel qui dérive de l’omniprésence du désir d’occident sous sa forme affirmée ou sous sa forme refoulée.

C’est toujours la logique de la bande, du gangstérisme, le pillage, le caractère spectaculaire de la cruauté, et le recyclage permanent dans le marché mondial, comme les mafias. Daesh est une grande firme commerciale. Cette forme fascisante est interne au capitalisme mondialisé, dont elle est une perversion au sens qui est toujours une forme du sujet. Des clients occidentaux ne cessent de négocier avec les bandes fascistes.

Qu’est ce quelle propose aux jeunes, puisque les tueurs sont des jeunes d’ici, issus de l’immigration ouvrière, aux marges du salariat et de la consommation, de l’avenir… Un mélange d’héroïsme sacrificiel et criminel, comme un mafieux fier de l’être, et des touches de satisfactions, de corruptions occidentales. Daesh paie bien ses hommes, avec des voitures, des femmes… Ce qui est une caractéristique des bandes fascistes.

La religion comme référent anti-occidental, mais l’origine des jeunes importe peu. Ce qui compte est leur choix quand à leur frustration. Dans beaucoup de cas, la religion est terminale plutôt qu’inaugurale. Elle vient lier et structurer ce qui vient du désir refoulé.

L’évènement : qui sont les tueurs, comment qualifier leur action

Les tueurs sont de jeunes fascistes issus de l’immigration ouvrière, un peu comme les miliciens pro-allemands, cruauté et petits profits, captés par une logique politique de scission interne. Les miliciens étaient des français contre les intérêts élémentaires de la France de ne pas être occupée. Les tueurs d’aujourd’hui sont de typiques produits du désir d’occident frustré qui s’imaginent être anti-occidentaux, alors qu’ils sont un des symptômes nihilistes de la vacuité de ce capitalisme mondialisé incapable de compter tout le monde pour quelque chose

Leur acte est mal qualifié. Ce n’est pas un attentat, pratique réfléchie prévoyant des moyens de replis, c’est une affaire foireuse, car ils ont décidé que leur vie ne compte pas, c’est le nihilisme qui est au fonds. Il faut l’appeler un meurtre de masse dans lequel le meurtrier s’inclut lui-même qui porte à son comble l’instinct de mort.

Si barbare s’oppose à civilisé, les tueries occidentales sont aujourd’hui permanentes et sanglantes.

Avec les drones, les occidentaux peuvent tuer des gens sans sortir de leurs bureaux. Pour une cible tuée, il y a neuf morts qui n’y sont pour rien. Donc, en multipliant les drones, il y a des centaines de gens massacrés pour rien. Si on appelle barbare tuer des gens pour rien, les occidentaux le font tous les jours. Dans le cas barbare, un meurtre de masse assumé et suicidaire. Dans le cas des civilisés, c’est un meurtre de masse technologique, dissimulé et satisfait.

La proportion des morts occidentaux dans les conflits explicites (Irak, Palestine) de un à vingt… Les occidentaux disent que l’idéal serait 0 morts d’un coté, tous les morts de l’autre. Civilisé ?

L’affaire de Gaza, 2000 morts dont 450 enfants. C’est civilisé parce que c’est des avions ?

Pas de raison particulière de faire comme si les armes occidentales représentaient la civilisation, la guerre c’est toujours des tueries et nous avons nous mêmes torturés, déportés, dans les guerres coloniales tant et tant. Et nous continuerons de le faire si le temps est venu, comme le disent nos gouvernements d’une « grande guerre contre le terrorisme »

La réaction de l’état et le façonnage de l’opinion autour de la France et de la guerre

L’état est un acteur secondaire dans la structure générale, mais il a une fonction de gestion de sa base locale, sa classe moyenne, pour faire qu’elle réagisse dans la bonne direction.

La fonction fondamentale d’un état comme en France, c’est de discipliner la classe moyenne, et c’est spectaculairement l’œuvre de la gauche. Et aujourd’hui, elle est excellemment dans sa position. A l’époque de la guerre d’Algérie, c’était aussi la gauche. Pour dire à la classe moyenne « la guerre la guerre », la gauche est parfaite. Mais en fait, personne n’est prêt à faire la guerre. Le mot guerre n’est pas à sa place. Combien de gens sont prêt à mourir pour la patrie, 3% des français, 67% des russes.

En janvier, l’état avait utilisé la laïcité républicaine, cette fois il utilise un vieux nationalisme, le drapeau tricolore couplé à la guerre, mais ce couple est aberrant, ça ne fonctionnera pas longtemps.

La France, c’est insignifiant, sans contenu définissable. Un acteur déclinant de la structure mondiale. Les valeurs de la France ? Ce qui singularisait la France, c’était la tradition révolutionnaire, républicaine depuis 89, puis socialiste, anarcho-syndicaliste, communiste, puis finalement gauchiste en 1976. C’est fini… La France est plutôt caractérisée par une collection d’intellectuels identitaires. Des lois ouvertement discriminatoires envers les pauvres que le capitalisme a créé… comme le foulard islamique

On est allé cherché les ouvriers immigrés mais on a détruit l’appareil productif, leurs enfants sont là et on voudrait aujourd’hui les exporter.

Ca ne créé pas un emblème visible, significatif. Ceux qui sont dans une crispation identitaire veulent comme toujours qu’on persécute les autres. Une identité sans signification universelle, ne se définit que par la persécution de ce qui n’est pas elle.

Ce ne sont pas les barbares qui nous ont déclaré la guerre, mais l’état Français qui, à la remorque des firmes US a participé à des zonages, détruit des états, et créer la situation qui inclus la genèse de jeunes fascistes.

Se soustraire à ce façonnage et construire

Comment s’arracher à la propagande qui accompagne toute déclaration de guerre, même fictive.

Substituer à la France une façon de pensée internationale, transnationale, qui soit à la hauteur de la mondialisation. Il y a belle lurette que les capitalises ont cessé d’être Français. Ils sont chez eux à Shanghai, San Francisco, au Maroc… et nous pas, c’est un énorme retard, aggravé en ne reconnaissant pas comme étant avec nous et chez nous, les gens qui sont là et qui ne comptent pour rien, si on n’entreprend pas avec eux un chemin politique nouveau. La défaite révolutionnaire a été telle que nous ne sommes plus en état d’avoir une représentation mondialisée des problèmes, alors que nos adversaires l’ont conquise depuis longtemps, au détriment de toutes les protections étatiques.

Il faut avoir la force de se désintéresser de l’état, qui nous convoque. L’état n’est qu’un agent de la nouvelle tendance du capital. Mais l’état est en train de dépérir en dévorant le lien social, la société. La n’est pas le problème. On ne fera rien dans l’état, avec l’état. Il faut s’établir ailleurs, armé d’une pensée à l’échelle planétaire.

Les conditions d’un retour de la politique d’émancipation

Ce dont nous souffrons, c’est l’absence à l’échelle mondiale d’une politique disjointe de toute intériorité au capitalisme, qui fait qu’apparaît une jeunesse fasciste. Ce n’est pas le banditisme et la religion qui crée l’absence de cette politique, c’est l’absence de cette politique qui crée la possibilité du fascisme, du banditisme et des déviations religieuses.

Phèdre dit au moment d’avouer son amour criminel « mon mal vient de plus loin ». Notre mal vient de plus loin que le moyen orient.Il vient de l’échec historique du communisme. Il vient de loin.

Par communisme, j’entends le nom historique donné à une pensée stratégique disjointe du capitalisme, échec scellé dès le milieu des années 70.

Il y a un prolétariat nomade, très fortement internationalisé. Les ouvriers en Corée sont principalement né »palais ou du Bengladesh, ce n’est pas qu’ici… Et quand vient la crise,il faut qu’ils partent ailleurs.

Ce prolétariat nomade est la représentation pour nous de cette masse des gens qui ne sont pas compté dans le monde comme il est.

Il y a des intellectuels qui sont disponibles pour cette pensée. Tout le problème est qu’ils se lient avec ce prolétariat nomade. Il y a une jeunesse qui lorsqu’elle arrive au bord du monde se demande ce que le monde lui propose et qui n’a pas envie de s’incruster dans les trois figures, pas envie de la gloire de l’occident, pas envie du désir de cette gloire, pas envie non plus du nihilisme.

Tant qu’une proposition stratégique autre ne lui sera pas faite, elle restera dans une désorientation essentielle. Le capitalisme est une machine à désorienter le sujet qui ne se résigne pas à être dans la vacuité du binôme consommateur/salarié.

Mais s’il y a une proposition, par une pensée neuve, notamment a propos de ce qui s’est passé, ce sera ce qui viendra à bout du fascisme contemporain. Ce sera la capacité de résorber la fascisation rampante parce que quelque chose d’autre sera proposé, parce que nous créerons une quatrième figure subjective typique.

Sinon, ça continuera et à la fin des fins, il y aura la guerre, la grande guerre, c’est elle qui simplifie la situation en détruisant suffisamment de choses pour que tout aille mieux.

L’expérience est profonde, au delà de son coté effrayant. Plutôt que d’être hébété sous le choc, de prendre la posture guerrière de Vals. Lui on sent sa jouissance, on dirait un adjudant de cavalerie a qui on aurait donné le droit de faire courir ses chevaux. Mais cela nous conduira dans l’impasse

L’urgence stratégique est le travail de pensée, de geste, de trajet, d’aller voir qui est cet autre dont je vous parle, de recueillir sa pensée, sa vision des choses, et de l’inscrire, lui et vous en même temps, dans une vision stratégique du destin de l’humanité, qui essaiera de ne pas continuer ce que je vous décris, de rompre avec ce que je vous ai décrit,pour que l’histoire de l’humanité se transforme

je suis d’un optimisme inébranlable, donc je pense que c’est ce qui se fera,mais le temps presse...

Voir en ligne : video complète sur vimeo

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