Grèce : et si le KKE avait raison ?

, par  Dariokhos

Le 11 juillet 2015 à 15:24, par Dariokhos En réponse à : Grèce : et si le KKE avait raison ?

Au contraire de ce que tu affirmes, Pedro, tout ce qui se passe depuis ces derniers jours montre que le KKE a eu parfaitement raison. Si être opposé à la retraite à 67 ans que préconisait Syriza avant le referendum et qu’elle reprend après, c’est être sectaire, alors je suis fier d’être sectaire aux côtés du KKE.
Et ce n’est pas surprenant. Contrairement à Fidel, avec tout le respect que je dois à cet éminent militant révolutionnaire, le KKE a, comme le disait Lénine, « les deux pieds dans la réalité » et pour cause, il est en Grèce et non en Amérique latine. D’ailleurs, n’étant pas d’essence divine, Fidel peut se tromper ; Lénine s’est bien trompé avec son testament et Staline avec la constitution de 1936.
Mais, surtout, Fidel est englué dans sa grille de lecture actuelle des événements : « rassemblons tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, pour une raison ou une autre sont contre l’impérialisme dominant (US) » et il ne peut donc analyser sereinement ce qui se passe en Grèce qui est d’un autre ordre.
Mais, d’abord, il faudrait expliquer à toutes celles et tous ceux qui croient être en face d’un remake du referendum de mai 2005 en France qu’ils/elles se sont aussi trompés. La question était pour le moins ambiguë ce 5 juillet. La participation, notamment dans les quartiers populaires de Salonique et du Pirée, a baissé par rapport aux législatives, alors qu’elle avait nettement augmenté en France en 2005. Et, au contraire de ce que tu dis, Pedro, les 5 % de blancs et nuls sont un record jamais égalé dans aucun vote des pays de la « démocratie » bourgeoise d’Europe de l’ouest, le message du KKE a don bel et bien été entendu. Ensuite, il s’agissait de choisir entre la peste et le choléra et, en choisissant la peste, celles et ceux qui ont voté récoltent... le choléra.
Ensuite la question de fond est celle de la crise du capitalisme. Tout le débat, dans nos media et même dans les sites relayés ici a tourné autour de la dette, sa légitimité ou pas. C’est le débat des économistes petits bourgeois (Sapir, Lordon, j’en passe et des meilleurs). En vérité, les capitalistes européens de l’ouest sont les dindons de cette crise du capitalisme, car il se voient obligés de redistribuer de céder à d’autres (BRICS et même USA). Il n’y a que deux solutions à cette crise : la guerre qui redistribue les cartes ou la sortie du système capitaliste, le KKE ne dit rien d’autre.
Ce que portent Tsipras, Podemos, Pierre Laurent, la GUE et d’autres c’est qu’il existerait des solutions dans le cadre du capitalisme. Certains plus « radicaux » pensent que cette solution serait dans la sortie de l’euro ou dans celle de l’UE. La sortie de l’euro est un débat interne aux économistes bourgeois. La sortie de l’UE est nécessaire à l’accès au socialisme mais n’est pas une fin en soi.
Ce qui permettra de sortir de la crise, c’est la socialisation des moyens de production, rien d’autre, et cela entraînera forcément la sortie de l’UE, la dénonciation des « dettes » et l’expropriation des capitalistes. Tout autre chemin est illusoire, nous en avons là un nouvel exemple. Et, par ailleurs, la leçon du referendum grec est aussi que, quoi qu’il arrive, ce n’est pas par les élections que nous parviendrons à la révolution, particulièrement dans l’ancien monde. Seule la lutte...

Ramiz Alavani alias Dariokhos

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