4èmes Rencontres Internationalistes de Vénissieux
Le peuple algérien n’acceptera jamais de se mettre à genoux. Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme

, par  William Sportisse , popularité : 2%

Chers camarades et amis,

Les communistes algériens vous remercient chaleureusement pour les avoir invités à prendre la parole à ce meeting internationaliste.

Les liens qui nous unissent à nos camarades français ont leurs racines dans une longue histoire commune : la lutte côte à côte contre le colonialisme français, pour la libération nationale de l’Algérie. Au cœur de cette longue histoire, il y a le combat qui se poursuit pour organiser et unir les exploités, quelles que soient leurs origines nationales, afin d’abattre le régime capitaliste, instaurer un système socialiste, plus que jamais à l’ordre du jour face à la barbarie impérialiste. Nous sommes profondément convaincus que les révolutionnaires, les exploités et les opprimés de tous les pays sauront tirer les enseignements de la lutte pour l’édification du socialisme depuis que la Révolution d’Octobre 1917 a inauguré une nouvelle époque historique pour l’humanité, en dépit des défaites momentanées. Forts des enseignements qui peuvent être tirés de l’étude sur tous les plans de cette première grande expérience historique, il sauront reprendre l’initiative. Forts aussi de la reconstruction de partis communistes véritablement révolutionnaires, ils sauront chasser les exploiteurs. Ils sauront cette fois-ci mettre en échec toute tentative contre-révolutionnaire, sous quelque masque qu’elle se farde, de faire tourner la roue de l’histoire dans le sens inverse de la grande marche des producteurs de richesses et de savoir, vers un monde délivré des inégalités, de la faim, des mauvais soins, des haines et des guerres.

Chers camarades,

Ce meeting se tient à un moment très dangereux pour les travailleurs et les peuples du monde entier. La crise dans laquelle se débat le système capitaliste depuis 2007 s’aggrave de jour en jour. Elle est le résultat de contradictions inconciliables, dans chaque pays et à l’échelle internationale, entre les intérêts des travailleurs et des peuples et ceux d’une poignée d’oligarques du complexe militaire financier industriel et médiatique qui régentent tous les États capitalistes quelle que soit la couleur politique apparente des équipes et des coalitions gouvernementales. Ces oligarques sans scrupules ne reculent devant aucun moyen pour établir leur domination sur la planète entière. Ils sont unis pour écraser les peuples qui leur résistent et ils sont à couteau tiré entre eux pour le partage et le repartage du monde en vue d’amasser des super-profits.
La crise actuelle les rend plus dangereux. Ils sont prêts à mettre le feu partout, à bombarder les peuples, à assassiner leurs dirigeants, à détruire les infrastructures laborieusement construites, en toute impunité, du haut de leurs engins de mort, abrités derrière leur technologie militaire de pointe. Ils n’hésitent pas à réduire à la faim et à la soif puis à raser des villes entières pour terroriser les insoumis, mettre en garde contre toute idée de rébellion les chefs d’Etat qui seraient tentés de défendre la souveraineté de leur pays, fussent-ils des avocats convaincus de "l’économie de marché".

Tout cela sous le paravent hypocrite de la démocratie et des droits de l’homme, de la protection des civils innocents réprimés par des despotes. Ce qui vient de se produire en Libye où une coalition des plus grandes puissances militaires du monde vient d’écraser sous un déluge de bombes, une petite armée et un petit État, sonne comme un avertissement funeste. Il ne s’agit pas seulement d’une entreprise de recolonisation d’un pays qui regorge de pétrole dont les coûts d’extraction sont les plus bas au monde. Il ne s’agit pas seulement pour les vieilles puissances impérialistes d’étendre leur contrôle sur les ressources pétrolières afin de maintenir leur suprématie mondiale absolue face aux pays capitalistes émergents ou aux nouvelles puissances impérialistes comme la Russie et la Chine. Il s’agit d’une fascisation des relations internationales préludant à un processus de fascisation à l’intérieur même de ces pays qui prétendent incarner des valeurs dites démocratiques. Le mépris avec lequel les dirigeants de la France et de l’Allemagne viennent de traiter l’idée d’une consultation du peuple grec par voie référendaire sur les décisions de l’Union européenne face à la crise de la dette a dévoilé de façon fracassante à quel point les commis des multinationales et des gros actionnaires de la haute finance ne peuvent supporter l’opinion des travailleurs, des exploités et des victimes du capitalisme quand ils prennent conscience de leurs intérêts et se mettent à secouer le joug de la ploutocratie.

Comme ce fut le cas pour la Yougoslavie il y a plus de dix ans, ou pour l’Irak en 2003, la Libye a servi de terrain d’expérimentation et d’application des nouvelles méthodes de propagande mensongère et d’intoxication pour criminaliser les dirigeants jugés insupportables par les impérialistes, même s’ils avaient fait de belles affaires avec eux. Ces méthodes visent à susciter des troubles voire des guerres civiles internes, en exploitant les problèmes provoquées par les pressions mêmes de l’impérialisme et les contradictions nées de l’exploitation capitaliste. Elles visent à préparer l’opinion à des interventions armées. La Libye a également servi de banc d’essai à l’utilisation des armes les plus sophistiquées, à l’application des logiciels de guerre dernier cri de coordination, de télécommunication, de repérage des "ennemis" et d’identification des "amis", de géolocalisation des domiciles et des bureaux de cadres et personnalités à abattre, grâce à l’accumulation de données collectées par satellites avant la guerre et recoupées par une armée de délateurs et de mercenaires ou puisées de réseaux dits sociaux comme face book, etc.
Comme le passé l’a souvent montré, il faut craindre l’effet "boomerang" de cette sauvage agression, sur les peuples des nations impérialistes elles-mêmes, lorsque la lutte pour le repartage du monde, en cours d’exacerbation sous l’impact de l’approfondissement de la crise actuelle du capitalisme, lorsque cette lutte sera un jour transportée sur les territoires des alliés d’aujourd’hui. Syrte préfigure de nouvelles Guernica en Europe, si les peuples n’arrivent pas avant qu’il ne soit trop tard à faire le tri entre la vérité et les mensonges colportés par les puissants médias des Bouygues, Lagardère, Dassault, français, anglais, américains, allemands etc. s’ils ne rangent pas au plus vite le capitalisme au musée des horreurs de l’histoire.

Les grandes puissances impérialistes ont imposé à de nombreux États des ajustements structurels impitoyables. Les nations qui ont tenté d’impulser leur développement en utilisant l’État et ses entreprises publiques comme un puissant levier d’accélération de la résorption du retard économique, de la misère, du chômage et des inégalités sociales, ont été sommées d’appliquer à la lettre leurs injonctions ultra-libérales. Ils les ont obligés, après les avoir poussés à s’endetter à mort, à privatiser, à fermer leurs entreprises industrielles, à remplacer la production nationale par les importations afin de garantir l’écoulement des excédents des pays capitalistes dominants, à dévaluer leurs monnaies, au seul bénéfice des entreprises étrangères, à geler les salaires et à libérer les prix, à lever les contrôles sur les mouvements des capitaux spéculatifs et le rapatriement des profits, à démanteler les barrières douanières de sorte que les appels à encourager la production nationale ne sont plus que des vœux pieux. Bref, ils ont tout détruit sans rien mettre de sérieux à la place de ce qui existait. Mais l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, n’est jamais repu. Il en redemande encore plus. Il veut que les États placés sous son contrôle, ceux qui étaient pris dans les rets néo-colonialiste comme ceux qui ont renoncé, suite aux pressions extérieures et intérieures, à la recherche de toute voie hors du capitalisme, lui soient complètement soumis. Il ne peut tolérer autre chose que des États totalement vassalisés, des sortes de préfectures ou de sous-préfectures, ou même moins, de simples "communes mixtes" comme à la belle époque de l’Algérie coloniales, des communes sans pouvoir de décision mais dirigées par de nouveaux "aghas" ou "bachaghas" aux ordres de leurs maîtres étrangers. Il veut des exécutants serviles et zélés des directives de Paris, Londres, Berlin ou Washington, jetables, éjectables à tout moment, dès que la colère montante du peuple, appauvri et désespéré, contre les conséquences de la dépendance capitaliste, lui fait craindre le déclenchement d’un processus révolutionnaire remettant complètement en cause l’ordre impérialiste international.

Durant des décennies, les dirigeants des États impérialistes ont soutenu, loué et flatté des despotes comme Ben Ali et Moubarek. Ils en avaient fait des modèles de sagesse, de "bonne gouvernance" et de "modernité". La réalité a fini par faire éclater ces mythes. Ils se sont ensuite dépêchés de s’adapter à la nouvelle situation créée par la révolte populaire pour préserver leurs intérêts. Ils font tout pour empêcher la transformation de ces révoltes en révolution démocratique populaire, c’est-à-dire en processus de transformations économiques et sociales profondes qui s’attaqueraient à la mainmise des multinationales, défendraient l’indépendance et la souveraineté, lanceraient une stratégie de développement nationale progressiste, suivraient une politique de solidarité avec les peuples en lutte contre la domination impérialiste, soutiendraient la cause palestinienne et rompraient leurs relations avec Israël. Dans tous les pays arabo-islamiques, les États impérialistes nouent des alliances stratégiques avec les mouvements islamistes intégristes pour endiguer le mouvement populaire là où les régimes sont à leurs bottes, ou au contraire pour orienter le mécontentement populaire contre les régimes qui refusent de se soumettre à leur diktat. Nous souhaitons ardemment que les forces antiimpérialistes révolutionnaires gagnent en influence dans ces pays et parviennent à diriger ces processus, sans lesquels on ne peut parler de "révolution".

Chers camarades

Les mêmes États impérialistes qui prétendent se placer du côté de l’aspiration des peuples arabes à des changements démocratiques soutiennent a fond les monarchies théocratiques et rétrogrades, Arabie Saoudite, Qatar, Koweït, Bahreïn, etc. Dans ces pays les citoyens ne jouissent d’aucune liberté d’expression et d’organisation. Ils peuvent être décapités à coup de sabre pour simple activité syndicale. Créer un syndicat, ne parlons même pas d’un parti anti-monarchique ou anti-capitaliste, est considéré comme un acte blasphématoire contraire à une prétendue morale islamique qui interdit à l’employé de se battre contre son employeur, "frère de religion". Les travailleurs étrangers qui forment 80% de la population active sont traités comme des esclaves. Ils sont contraints de remettre leur passeport à leurs employeurs. Et ils sont renvoyés chez eux en cas d’accident de travail, estropiés pour la vie, sans espoir de percevoir une pension de retraites ou d’invalidité. Les femmes n’ont même pas le droit de conduire un véhicule. Inutile de préciser que dans ces royaumes bénis par le grand capital étranger. Dans ces paradis des multinationales, la loi absolue est l’exploitation la plus sauvage de la main-d’œuvre étrangère venant de pays saccagés par les multinationales. Les entreprises de construction françaises, anglaises, étasuniennes, allemandes, réalisent des profits faramineux. Voilà les alliés indéfectibles des États "démocratiques" d’Europe et d’Amérique, les pays du "Monde Libre" comme ils se faisaient appeler du temps où l’existence de l’URSS ne leur permettait pas de dicter au monde leurs volontés. Le comble dans leur hypocrisie sans limites est de s’appuyer sur ces régimes moyenâgeux, sur ces roitelets qui ont écrasé dans le sang la révolte populaire de Bahreïn sans que cela ne soulève chez eux ne serait-ce que des protestations de pure forme. Ils les utilisent comme faire-valoir pour justifier leurs ingérences dans les pays encore insoumis.

Chers camarades

Nous voudrions dire quelques mots sur les événements qui secouent depuis plusieurs mois la Syrie. Certes nous faisons une analyse critique de l’évolution contradictoire de la nature politique de classe du régime syrien depuis une trentaine d’années. Mais la situation réelle est outrageusement déformée par "une propagande d’une intensité inégalée (qui) est orchestrée depuis des mois par les médias des puissances impérialistes pour faire tomber le régime syrien" comme notre parti l’a écrit dans son organe Le Lien de septembre dernier. Si les États impérialistes arrivaient à réaliser leurs plans en plaçant un régime à leurs bottes comme elles ont réussi à le faire en Libye, il en résulterait des conséquences d’une plus grande gravité, à court terme et à long terme, non seulement pour les peuples arabes, et en particulier pour le peuple palestinien, mais pour le monde entier. Une Syrie sous le contrôle de l’OTAN, c’est une tête de pont pour une guerre contre l’Iran. Ceux qui croient naïvement que les USA ou l’UE vont aider le peuple iranien à conquérir les libertés démocratiques et à mettre fin à la terreur théocratique ne semblent pas comprendre que les objectifs véritables des États impérialistes n’ont rien à voir avec les aspirations des peuples arabes à la démocratie et au progrès social.

La situation au Moyen Orient se présente sous un jour complexe du fait des mensonges déversés par les médias et des gesticulations de la dite Ligue arabe convertie en auxiliaire des plans des USA et de l’Union européenne.
En fait, la ligue arabe n’est plus qu’une ligue de monarques vivant dans la peur de la confiscation des biens et avoirs qu’ils ont volés à leurs pays et placés dans les banques suisses, anglaises, françaises ou américaines. Les monarques et les princes habitués, grâce à l’accaparement des pétro-dollars, à vivre dans leurs palais couverts de dorure redoutent de se retrouver du jour au lendemain sur la paille s’ils ne signent pas les communiqués rédigés en leurs noms par les chancelleries des puissances impérialistes, communiqués légitimant hier le bombardement de la Libye et la mise à mort de Kadhafi, demain l’intervention armée en Syrie. Pourquoi donc s’étonner que la ligue des monarques arabes agisse en porte-voix des États impérialistes ? Pas un jour ne passe sans qu’elle n’agite des menaces, ne mette en garde, ou n’adresse des remontrances suivies d’ultimatum au régime syrien, non, bien entendu, parce que les libertés sont restreintes et que les travailleurs ont besoin d’un régime qui améliore réellement leurs conditions de vie, non parce que le régime doit effectivement représenter les couches laborieuses et être à leur service.

En fait, les États impérialistes ont décidé de renverser ce régime, parce que malgré sa nature sociale de plus en plus contraire aux intérêts des travailleurs, il n’en demeure pas moins un obstacle à la réalisation des plans du Grand Moyen Orient. Ils veulent voir Bechar Al Assad balancer au bout d’une corde parce qu’en réalité ce régime refuse pour le moment encore de se soumettre au diktat d’Israël dans la région, refuse de signer un accord avec elle, refuse d’abandonner le Golan occupé, refuse de suspendre son aide aux Palestiniens et aux forces patriotiques libanaises. Il refuse pour le moment encore de se transformer en marionnette appliquant les plans concoctés par l’impérialisme US pour placer toute la région sous sa domination, accaparer toutes ses richesses, contrôler le pétrole et ses voies d’acheminement, fermer les routes de l’approvisionnement énergétique de la Chine et de l’Inde, mettre à genoux ces "puissances émergentes".

Les dirigeants impérialistes ne reculent devant aucune perfidie. Tout comme en Libye, ils pensent que le moment est venu de renverser par la force ce régime en exploitant le mécontentement et les désastres causés par les politiques de libéralisation qu’ils lui ont imposées ou qu’il a d’autant plus librement acceptées que les défenseurs dans ce régime de la bourgeoisie compradore et parasitaire sont impatients de légaliser les fruits pourris de leur pillage et de diriger directement la Syrie sans passer sous les "Fourches Caudines" des clans prééminents actuels. La bourgeoisie compradore, affairiste et parasitaire syrienne, qu’elle se trouve dans le pouvoir ou dans l’opposition, quelle soit servie par les forces islamistes rétrogrades ou par des courants pseudo démocratiques et de fausse gauche, est son alliée dans cette action de déstabilisation.

Dans ce numéro du Lien qui vient d’être cité nous avons conclu par un appel à soutenir la lutte clarificatrice des communiste syriens :
"Les communistes algériens souhaitent que leurs camarades de combat syriens puissent jouer un rôle politique de premier plan dans les luttes pour déjouer les plans impérialistes, briser les menées réactionnaires internes en répondant, selon leur juste formule aux adversaires politiques par des moyens politiques et en combattant par l’application des rigueurs de la loi ceux qui veulent instaurer par les armes, les assassinats et le sabotage, un régime inféodé à l’impérialisme. Les communistes syriens ont raison de dénoncer les politiques de libéralisation et les mesures imposées par les tenants du capitalisme. Ces mesures ont affaibli le potentiel industriel de la Syrie. Les partisans du capitalisme ont créé les conditions à l’offensive impérialiste et réactionnaire."

Chers camarades

La crise qui secoue le monde capitaliste a aggravé les conditions de vie des travailleurs, de la paysannerie pauvre, de la jeunesse marginalisée, dans tous les pays arabes qui subissent de plein fouet la flambée des prix des produits alimentaires importés y compris dans les pays qui disposent de recettes pétrolières importantes.

Cette crise sociale a favorisé l’explosion de la colère des classes laborieuses longtemps réprimées. Elle a accéléré le développement des mouvements de masse pour arracher les libertés démocratiques. La question qui se pose partout, en Algérie y compris, est celle de l’alternative : régimes démocratiques populaires antiimpérialistes de progrès ou régimes réactionnaires antinationaux, vassaux de l’impérialisme derrière une démocratie de façade ? Quels que soient les rythmes et les formes nationales particulières des processus en cours, il n’existe pas de moyen terme.

L’Algérie connaît des luttes de grande ampleur depuis l’explosion d’octobre 1988. Le mécontentement populaire avait été exploité par les partisans du capitalisme et détourné de ses buts et de ses aspirations démocratiques progressistes par les forces sociales parasitaires, affairistes et exploiteuses qui se trouvaient dans le pouvoir ou dans l’opposition. Ces forces avaient réussi à tromper de grandes masses de jeunes et de travailleurs en masquant leurs solutions ultra-libérales sous le paravent de l’Islam. L’influence acquise par les mouvements islamistes au sein des masses a conduit à une tragédie qui a fait plus de 100 000 morts entre 1992 et 1999. Aujourd’hui cette influence a reculé mais n’a pas entièrement disparu. Les objectifs économiques et sociaux visés par les couches sociales exploiteuses et affairistes ont été en gros réalisés. Le pays s’est transformé en paradis terrestre pour une classe d’importateurs et de pilleurs des biens publics ainsi que pour les capitalistes qui exploitent sans frein une classe ouvrière désarmée par suite de la liquidation de l’influence de son parti communiste sous les coups conjugués des traîtres gorbatchéviens algériens, des terroristes islamistes et du verrouillage de la vie politique par le pouvoir sous le prétexte fallacieux de la lutte contre la résurgence de l’islamisme armé.

Les luttes sociales et politiques menées de façon spontanée par les masses sont intenses mais leurs résultats sont fragiles. Cette fragilité et les grands risques d’exploitation de ces luttes par les pires ennemis des travailleurs sont liés au fait que le parti communiste ne s’est pas encore enraciné au sein de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre et de la jeunesse populaire, au point de pouvoir jouer un rôle moteur et dirigeant dans le combat pour des transformations socio-économiques radicales de la société et de l’État. Ce parti communiste, le PADS, est en cours de reconstruction dans les luttes de tous les jours, nous tenons à le préciser. Le PADS est l’héritier du Parti communiste algérien (1936-1965) et du Parti de l’Avant-Garde Socialiste (1966-1992).

Ces luttes se sont accélérées ces derniers mois : émeutes violentes ou manifestations pacifiques, occupation de siège de municipalités, grèves des travailleurs et des salariés de la fonction publique, blocage des routes par les jeunes chômeurs, etc. Les classes populaires veulent que les revenus pétroliers servent à améliorer leur condition de vie et ne soient plus monopolisés par une minorité oligarchique qui a accaparé les ressources du pays depuis le lancement des "réformes" et ajustements structurels dans les années 1990.

Les classes possédantes sont effrayées par la montée des luttes et la probabilité d’un soulèvement. De nombreuses concessions ont été faites ces derniers mois par le gouvernement pour tenter de désamorcer le mouvement : augmentations de salaires, construction de logements. Le gouvernement ne cède cependant pas sur la question des libertés démocratiques malgré ses promesses démagogiques de réformes politiques. L’expression demeure verrouillée, les marches interdites, les réunions soumises à autorisations préalables rarement accordées, en dépit de la levée de l’État de siège. Le mécontentement touche de larges de secteurs de la société, y compris parmi des couches moyennes aisées qui désirent être associées à l’exercice du pouvoir, mais dans le sens d’une « bonne gestion » du capitalisme. La crise politique s’est développée. Mais les objectifs de classe poursuivis de façon consciente ou inconsciente par les divers courants et tendances politiques existants ne sont pas les mêmes.

La particularité de la crise consiste dans le fait que le régime est attaqué sur sa droite par une coalition regroupant des partis politiques ou associations -agréés par les autorités- d’orientation bourgeoise, sociale-démocrate et même pro impérialiste. Ces partis et associations dites de la "société civile" - RCD, "Comité pour le changement et la démocratie", Ligue des Droits de l’Homme tendance Bouchachi - sont en désaccord avec les dirigeants de l’État sur la question des formes de "gouvernance" et sur les décisions économiques prises face aux conséquences de la crise du capitalisme sur les équilibres financiers extérieurs de l’Algérie. Formellement, ils brandissent l’étendard de la liberté pour briser les entraves à la liberté d’organisation et d’expression. En réalité, ils exploitent le mécontentement populaire pour aller encore plus à droite que les dirigeants actuels. Le but inavoué des éléments qui jouent un rôle moteur depuis le début de l’année dans la contestation politique, une contestation qui n’a pas le soutien des masses, est d’obtenir le départ de certaines fractions du pouvoir à l’origine de mesures de contrôle des importations et des transferts de devises à l’extérieur. Ces fractions du pouvoir se sont renforcées ces dernières années. Elles tentent de relancer le secteur industriel public face au désastre causé par la libéralisation de l’économie et du commerce extérieur. La presse a qualifié la nouvelle politique économique défendue par ces courants de "patriotisme économique".

Ces courants ne sont pas contre le capitalisme. Ils considèrent seulement que l’Etat doit abandonner l’illusion que l’"économie de marché" peut mécaniquement apporter une solution aux problèmes de la dépendance, de la désindustrialisation et de l’arriération économiques. Malgré ces assurances, les partisans de l’ultra-libéralisme leur ont déclaré la guerre et ont obtenu l’appui des puissances impérialistes qui font de moins en moins confiance dans les objectifs et les intentions des dirigeants. Les mesures prises par les tenants du "patriotisme économique" ont en effet contrarié les intérêts des grands groupes d’importateurs privés algériens et ceux des multinationales étrangères auxquelles ces groupes d’importateurs se sont fortement liés depuis la libéralisation totale du commerce extérieur au début des années 1990. De plus, d’énormes pressions sont exercées par les puissances impérialistes, USA notamment, pour prendre pied au Sahara sous couvert de lutte "contre le terrorisme" dans la région du Sahel. Des fractions du régime s’opposent à ces pressions. D’autres fractions de ce même pouvoir sont déterminées à maintenir les orientations ultra-libérales. Elles coordonnent leur action avec celle des groupes de l’opposition de droite ou sociale-démocrate. Cette opposition masque ses liens avec l’impérialisme et la bourgeoisie compradore et affairiste parasitaire en s’abritant sous le drapeau de la lutte pour les libertés démocratiques.

Les émeutes qui ont éclaté au début du mois de janvier ont exprimé la révolte des jeunes devant les grandes inégalités sociales et le mépris des classes dirigeantes pour leurs intérêts. Elles ont été suscitées à l’origine par la hausse du prix des aliments de base importés. Mais elles ont été récupérées par les classes et couches compradore qui font de gros profits dans l’importation et la revente des biens importés. Ces couches parasitaires tiennent sous leur contrôle des centaines de milliers de vendeurs "informels" qui sont sortis dans la rue.

Malheureusement les forces de progrès n’ont pas encore acquis de poids suffisant pour prendre l’initiative et diriger l’expression du mécontentement des travailleurs et des couches populaires dans un sens démocratique de progrès. Les communistes s’efforcent d’orienter les revendications des classes et couches opprimées et exploitées dans le sens de leurs intérêts de classe en diffusant leurs propres mots d’ordre pour un État démocratique populaire et anti-impérialiste de progrès qui crée les conditions de la révolution socialiste.
Avec le renversement du régime libyen d’El Kaddafi la situation est devenue plus dangereuse pour la préservation de ce qui reste de l’indépendance du pays et pour les intérêts des masses laborieuses.

L’impérialisme dispose de moyens de pression plus grands pour tenter de soumettre entièrement le pays à ses désirs et à ses plans. Ses buts à peine voilés sont de pousser le régime à dénationaliser les hydrocarbures, achever la liquidation totale des derniers dispositifs de protection de l’économie nationale, lever toutes les entraves à la liberté absolue de circulation des capitaux et au rapatriement des profits, mettre à sa totale disposition les ressources des banques publiques, ouvrir le capital des entreprises publiques de production et de distribution de gaz et d’électricité, etc. Les puissances impérialistes pensent disposer de moyens de chantage pour faire capituler le régime. Mais elles se trompent en sous-estimant gravement la capacité de résistance des masses laborieuses algériennes. L’écrasante majorité du peuple qui ne vit que de son travail manuel ou intellectuel n’acceptera pas de revenir à l’époque coloniale et à ses bienfaits notoires : la faim et la malnutrition, le trachome et la tuberculose, le chômage de masse et les bidonvilles à perte de vue, etc.

Le régime actuel et les courants de la pseudo opposition démocratique ultra-libérale pourront se coucher sous la pression et le chantage des chefs impérialistes, mais le peuple algérien qui se prépare à célébrer le cinquantième anniversaire de son indépendance, n’acceptera jamais de se mettre à genoux.

Dans ces luttes complexes nous nous efforçons de gagner les travailleurs les plus conscients à la nécessité de bâtir un grand parti prolétarien capable de préparer des changements révolutionnaires et de diriger les luttes du moment pour l’amélioration des conditions de vie des masses populaires, en alliance avec toutes les forces antiimpérialistes dans notre pays et dans le monde.

VIVE LA SOLIDARITÉ ANTIIMPÉRIALISTE !

VIVE L’INTERNATIONALISME PROLÉTARIEN !

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  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).