À la communauté internationale
Santiago du Chili, 4 mars 2010
Chers compagnons et amis,
Une catastrophe s’est abattue sur une grande partie du territoire du
Chili. Le séisme, de magnitude 8,8 sur l’échelle de Richter, a
frappé une région d’environ 600 kilomètres, la zone la plus peuplée
du pays, sans oublier des tsunamis sur la zone côtière. La
catastrophe a causé la mort ou la disparition de plus de 1 000
personnes. L’étendue du désastre a aussi généré des pertes
matérielles énormes au niveau des habitations, des hôpitaux, des
écoles et des moyens de transport, dont les ports et les aéroports.
Ce mouvement tellurique a mis en évidence, de manière dramatique,
les défauts du modèle de l’État construit à partir de la dictature
de Pinochet qui a permis, par exemple, la privatisation des services
essentiels tels que la communication, la distribution d’eau potable
et d’électricité et la sécurité publique, qui se sont tous effondrés
structurellement lors de la catastrophe. Cet effondrement n’est que
la conséquence d’un État absent qui a remis les services vitaux
d’une population aux mains d’un marché dont l’appât du gain est sans
fin et qui a permis la construction de bâtiments, d’autoroutes et de
ponts sans les soumettre aux normes de construction antisismiques en
vigueur au Chili.
Le Parti communiste du Chili compatit et se solidarise avec les
sinistrés qui, pour la plupart, appartiennent aux secteurs les plus
défavorisés, et joint ses efforts à ceux de l’organisation populaire
pour empêcher les débordements mais aussi pour lui éviter de devenir
l’instrument de politiques défavorables au peuple. Le parti met en
garde contre une reconstruction qui se ferait au prix d’un
dépouillement des travailleurs et des secteurs les plus nécessiteux.
C’est en unifiant nos efforts à la base, centrés sur les communes,
qu’il nous sera possible de faire face à la crise en prenant compte
des intérêts de l’immense majorité de la population. L’esprit de
notre peuple s’exprime sous des formes diverses de solidarité avec
les victimes. Beaucoup d’organisations sociales dont la Centrale
unitaire des travailleurs au Chili, mais aussi des organisations
étudiantes, de professionnels et d’autres, adoptent des mesures pour
que leurs membres participent à cette indispensable chaine de
solidarité. Dans de nombreuses communes, la solidarité entre voisins
est formidable ; nous soutenons cette attitude et continuerons
d’apporter tout notre soutien en tous lieux.
Le 11 mars, c’est la droite qui constituera le gouvernement. Elle
sera dès lors celle à qui incombera la responsabilité principale de
reconstruire les infrastructures du pays. Ses membres utilisent déjà
la catastrophe naturelle comme excuse pour faillir aux promesses de
leur campagne et nous voulons alerter la population que cette droite
va chercher à approfondir l’application de ce modèle qui a échoué.
Elle va tenter de privatiser les quelques entreprises qui restent
sous propriété de l’État, dont Codelco, en prétendant obtenir ainsi
plus de ressources pour la reconstruction du pays, sans devoir pour
cela avoir recours aux milliards de dollars accumulés par l’État
pendant des années grâce au prix élevé du cuivre ni devoir peser sur
les grands avantages des transnationales ou de la banque privée, par
exemple. Ces fonds privés qui s’élèvent à des milliards de dollars,
aujourd’hui déposés à l’extérieur du pays, doivent être investis de
manière rationnelle pour répondre aux dégâts du désastre de manière
urgente et mettre en place un plan extraordinaire d’investissement.
Comité central
Parti communiste du Chili