Tunisie : les enjeux sociaux au coeur de l’élection d’octobre Par Hamma Hammami, secrétaire général du Parti communiste ouvrier (PCOT)

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L’élection du 23 octobre en Tunisie se jouera sur les questions sociales et économiques, estime le secrétaire général du Parti communiste ouvrier (PCOT) Hamma Hammami, qui met en garde contre une polarisation du débat sur l’islamisme et l’identité arabo-musulmane du pays.

“Il faut mener la bataille sur les questions essentielles : les droits économiques, politiques, sociaux, civiques, et ne pas perdre de temps à discuter de Dieu”, déclare M. Hammami dans un entretien à l’AFP.

“Aujourd’hui, des débats agitent le microcosme tunisien sur l’identité arabo-musulmane de la Tunisie, la question de la religion… Mais les gens veulent des réponses à leurs vrais problèmes : le chômage, la question agraire, l’accès aux services publics, les salaires”, ajoute la figure emblématique du PCOT, fondé en 1986 et légalisé depuis la chute du régime Ben Ali le 14 janvier.

Le taux de chômage est de 19% en Tunisie (contre 14% en 2010) et l’économie en récession, avec -3% au premier semestre.

“Dans les régions défavorisées, les gens nous disent : c’est nous qui avons fait la révolution, et c’est un petit groupe de La Marsa (banlieue chic de Tunis, ndlr) qui en profite”, raconte M. Hammami, dont le parti vise “au moins 10% des voix”.

Le PCOT a présenté des listes dans les 27 circonscriptions de Tunisie et dans cinq des six circonscriptions à l’étranger pour l’élection de l’assemblée constituante le 23 octobre, premier scrutin dans la Tunisie post-Ben Ali.

“Notre parti jouit d’une grande estime, due à notre passé d’opposant, et à notre programme économique et social, concret, en faveur des pauvres, en faveur de ceux qui ont fait la révolution”, affirme M. Hammami, qui n’est pas lui-même candidat, préférant “se mettre au service de toutes les listes”.

“Il faut absolument relativiser le fait religieux et travailler sur les vraies questions. Si vous arrivez en disant à un peuple croyant que vous êtes laïques, ou si vous donnez l’impression que vous êtes contre la religion, c’est foutu. Il faut faire de la pédagogie, si l’on ne veut pas que les islamistes gagnent”, insiste-t-il. Le parti islamiste Ennahda est, selon les sondages, la première force politique du pays.

“S’ils gagnent, nous nous inclinerons. C’est le jeu de la démocratie. Mais en attendant, nous faisons un profond travail de terrain, des meetings, du porte-à-porte, et notre message passe”, poursuit M. Hammami.

Le PCOT veut voir inscrit dans la future constitution tunisienne la garantie des libertés fondamentales, le droit à l’éducation et à la santé gratuites, le droit au logement, l’égalité complète entre hommes et femmes. En matière économique, “nous sommes pour la nationalisation des secteurs essentiels –mines, gaz, électricité–. Nous ne sommes pas contre le secteur privé, mais pour un secteur privé qui sert l’emploi et respecte les droits des travailleurs”, déclare-t-il.

En matière institutionnelle, le PCOT défend un régime parlementaire et une réelle décentralisation “qui passe par l’élection dans les régions de conseils populaires ayant un pouvoir exécutif réel”, poursuit M. Hammami. “Nous voulons également la réorganisation et l’assainissement des corps sécuritaire et judiciaire”, ajoute-t-il.

“Aujourd’hui, la Tunisie est à un carrefour : le processus révolutionnaire continue, mais la contre-révolution aussi, et elle gagne du terrain. On ne réussira pas la transition avec les mêmes hommes, les mêmes appareils”, conclut-il.

Publié le 16 septembre 2011 sur "News of Tunisia"

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