Libye : un an après le début de la guerre civile Article de Konstantin Garibov du site "Voix de la Russie"

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Il y a tout juste un an commençait la guerre civile en Libye. Formellement, elle s’est terminée huit mois après, le 20 octobre, lorsque Mouammar Kadhafi s’est retrouvé dans une embuscade près de Syrte, sa ville natale. Il y a été capturé et tué.

La Cour pénale internationale de La Haye continue à demander en vain aux nouvelles autorités libyennes les explications sur les circonstances de la mort du colonel, qui se trouvait à la tête du pays depuis 1969. Selon l’ancien Ambassadeur de Russie en Libye Alexeï Podtserob, c’est l’une des preuves du fait que la guerre continue.

« Évidemment, nous sommes en train d’assister au règlement des comptes avec les vaincus », explique-t-il. « Selon les organisations internationales de la défense des Droits de l’homme, environ 7000 partisans de Kadhafi sont en prison et subissent des tortures. Les nouvelles autorités n’ont aucun contrôle sur le pays. Leur contrôle s’étend à Tripoli et la zone de 130 km à l’ouest de la capitale. Le reste du pays contrôlé par des tribus. La Libye ressemble maintenant à une poudrière, à laquelle on a ajouté une mèche. Et on pourra soit retirer cette mèche, soit elle va s’allumer et la poudrière éclatera en petits morceaux ».

Le Directeur de l’Institut du Moyen-Orient Evgueni Satanovski est convaincu que la poudrière explosera avant qu’on n’arrive à neutraliser la lumière.

« La Libye n’existe plus en tant que pays uni. Elle a conservé ses frontières, dans le cadre desquelles agissent les différentes tribus, les bandes armées, les groupements d’islamistes radicaux à la manière d’Al-Qaïda, qui n’étaient pas là sous Kadhafi. Ces groupements se battent les uns contre les autres, donc nous sommes en présence d’une guerre civile rampante. La Libye est progressivement divisée en plusieurs parties, ce qui ressemble au scénario de la Somalie. Un conflit difficile entre les Berbères et les Arabes se développe dans la partie Ouest de la Libye, le long de la frontière avec la Tunisie et l’Algérie. Dans les provinces, c’est le chaos complet, une absence de contrôle et de gestion. Les Droits de l’homme sont violés, et la pratique coutumière – la vengeance sanglante par rapport aux tribus qui soutenaient Kadhafi il y a un an est pratiquée. Par ailleurs, l’aide humanitaire est pillée de manière sauvage ».

Les États-Unis ont dépensé près de 2 milliards de dollars pour l’opération en Libye. Les dépenses de la France ont représenté 300 millions d’euros. La contribution de l’Arabie saoudite et du Qatar pour renverser le régime de Kadhafi, a consisté en une vaste campagne anti-libyenne, avec l’envoi de mercenaires, en leur fournissant des armes. Le fait que l’Occident ait réussi à mobiliser un certain nombre de pays arabes pour son soutien, c’est une autre leçon des événements en Libye. Une division du monde arabe vient d’avoir lieu, estime le rédacteur en chef du magazine Al-Mutauasset, le Libanais Hussein Nasrallah.

« La politique de division du monde arabe n’a pas commencé lors de la campagne libyenne, mais pendant le conflit au Liban. Malheureusement, certains pays arabes servent les intérêts occidentaux. Les pays de la Ligue arabe soutiennent l’initiative d’invasion de la Syrie. En gros, les Arabes ne comprennent pas ce qu’ils font ».

Le politicien est convaincu que l’Occident a acquis l’expérience et la technique d’attaque d’un État arabe, qu’il pourra appliquer par la suite au Moyen-Orient.

« Lors des frappes militaires en Libye, il est devenu clair que l’Occident a visé les objets d’infrastructure et mené le génocide de la population libyenne », poursuit Hussein Nasrallah. « Maintenant toute l’attention est focalisée sur la Syrie. L’Occident risque de déstabiliser toute la région, si le scénario libyen se répète. Il a réussi à terminer brillamment et dans ses propres intérêts la campagne en Libye, il a divisé à l’aide des "Frères musulmans" la Tunisie, et par le conseil de guerre, l’Egypte, il s’est bien illustré au Yémen, et travaille actuellement sur la division définitive au Soudan. Par ailleurs, nous ne savons pas encore ce qui se passera dans un avenir proche en Irak et en Algérie ».

Ainsi, il y a un an, en Libye commençait la guerre. Elle était une continuation du "Printemps arabe" en Tunisie et en Égypte. Puis il y a eu le Yémen. Les régimes qui étaient en place pendant des décennies, ont commencé à tomber un par un. Maintenant, un an plus tard, l’exemple de la Libye montre que le "Printemps arabe" s’est transformé en un "Hiver arabe" très rude. Et on ignore quand cette période instable va se terminer.

Konstantin Garibov du site Voix de la Russie, le 15 février 2012

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