Le vide apparent du projet de base « commune » et la liquidation du PCF

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 1%

Le galimatias de « rallumons les étoiles » et « le commun » à la place du communisme sert à masquer la fin de la revendication à l’expropriation du capital, le retour vers les aspects les plus réactionnaires de l’utopie, il ne s’agit pas seulement d’un discours creux qui sitôt le Congrès terminé interdit à chacun de se souvenir des engagements politiques réels, un discours plein de citations faussement poétiques pour mieux masquer l’indigence de la pensée, mais bien d’une manière d’accélérer la fin du parti communiste.

Il se combine très bien avec les petites manœuvres pour se partager les petits profits du bradage, en laissant espérer que l’on conservera quelques postes d’élus ce qui attire vers ce vide les « élus » auxquels se réduisent peu à peu les cadres du parti. Et pourtant parce qu’ils sont malgré tout sur le terrain, ces élus devenus « cadres » revendiquent autre chose. Ils refusent l’effacement, les utopies qui ne mènent nulle part et ils tentent de mobiliser le parti et cherchent les voies de « l’efficacité ». Même si le parti est satellisé autour des postes, même si de ce fait il perd son potentiel de rupture et de voir loin, il y a l’inquiétude, le constat et le besoin d’agir dans la pratique du terrain, le contact avec la misère, le désespoir. L’impossibilité de continuer comme ça.

Pour ceux là chez qui souvent la ruse du terrain se substitue à toute perspective, il y a des inquiétudes sur l’avenir d’un tel effacement…

Comment encore dévoyer cette prise de conscience de la nocivité de l’effacement ? Comment faire réélire ceux dont le nom reste attaché à ce dernier Congrès bradé, à la manœuvre décidant en petit comité et faisant croire qu’il n’y a pas d’autre solution, que de se ranger derrière Mélenchon après avoir tenté de vendre des primaires à gauche, comment éviter le bilan ? Décidément la mémoire est l’ennemie et il faut bercer de l’illusion pour refuser les faits et inventer les coupables imaginaires dans les héros du passé pour blanchir les responsables d’aujourd’hui.

Comme rompre avec le passé ou mieux l’inventer pour accompagner la manœuvre ? Comment renoncer à l’analyse de ce qu’est la Révolution d’Octobre, sa postérité ? C’est pour cela qu’il faut utiliser les folies trotskistes sur le bilan de la Révolution d’Octobre pour aider à opérer un virage réactionnaire vers les utopies du 19ème siècle et en finir une fois pour toute avec le communisme. Profiter de la fin d’une génération qui jusque là à sa manière a résisté à la liquidation… « les communs » c’est le retour à Proudhon à la sauce dénonciation de la croissance, mais le rabaissement des espérances, c’est aussi l’attaque contre « les excès » du capital, l’espoir toujours vain de les réformer.

Comme Pierre Laurent n’a rien d’un théoricien, ce retour au « commun », au très réactionnaire Proudhon, c’est de l’enfumage pour intellos échevelés, mais dans les faits c’est la recherche d’une base pré-marxiste pour petits arrangements avec les socialistes, pour opération à la Tsipras, pour donner un vernis à la collaboration avec le capital. A chaque Congrès, Laurent s’obstine à demander « vous êtes sûrs que vous voulez garder le terme "communiste" ? ». Et on appelle Proudhon à la rescousse pour une nouvelle danse du ventre et petits arrangements…

Alors il est logique que sous couvert de dénoncer les crimes du communisme à la manière d’un Courtois, on fasse miroiter la marche en avant vers la social-démocratie, c’est un peu plus concret que « les communs » et les rassemblements de « nuit debout »… A ceux là, on a fait croire que l’avenir résidait dans les choix du parti communiste italien ou du parti communiste espagnol d’il y a plus de vingt ans et dont ils ne se sont jamais relevés. Ce qui nous vaut le livre de Streiff et une exposition sur Marchais ressorti pour cette opération du purgatoire où il a été confiné, tout est mobilisé pour la liquidation, l’accélération s’impose.

On épuise la bête en l’envoyant dans des actions dispersées, des « chantiers » qui ne construisent rien, un activisme sans bilan, sans effet, pour le Congrès, la démocratie se limite à des plateformes où l’intervenant est oublié dès qu’il a écrit sa protestation… le tout géré en anglais…

Mais la machine devient ingouvernable, le Conseil national est un paquebot qui tangue, l’exécutif est le dernier salon où l’on cause, et il faut continuer comme ça jusqu’à ce que mort s’en suive., interdire au droit à la parole, réveiller les méfiances contre les mauvais camarades, jouer l’infaillibilité pontificale du secrétaire, un réflexe utilisé jusqu’à la corde et qui aujourd’hui n’a qu’une issue la mort du parti…

Et le tout avance sous les fausses querelles entre Mélenchon et le PCF, le patriotisme de parti mobilisé dans de vains crêpages de chignon pour aller vers un but « commun » : la fin du PCF. Comment aboutir à ce tour de passe passe qui fait oublier qui a fait roi Mélenchon, qui nous l’a imposé ? En utilisant le patriotisme de parti, l’humiliation pour se ranger derrière Laurent contre Mélenchon, les deux duettistes, avec Clémentine Autain dans le rôle de la croix rouge internationale… L’inanité, l’absence de réflexion et d’opposition réelle à Macron, parce qu’il n’y a pas de PCF, notre pays désespéré, 17 suicidés à Goodyear… et ailleurs…

Il y a surement à côté de ce projet dont la cohérence relève d’autres sources que celles de la direction, des petits avantages. Qui nous dira ce que rapporte à ces gens-là la location du siège du PCF place du colonel Fabien. et qui apporte une aide à un tel projet ?

Oui mais ce qu’ils n’ont pas prévu, les minables dirigeants à la manœuvre et ceux qui au niveau du pays tentent avec Macron d’imposer la fin du « modèle » français, celui né de la Libération du pays dans le contexte de la victoire de l’Union soviétique, avec les Ambroise Croizat et les Maurice Thorez, mais aussi Joliot-Curie et l’utilisation pacifique du nucléaire, c’est qu’il y a un formidable refus qui grossit contre cette destruction programmée… Et le vieux pays gronde, même le patronat met en garde Macron et son impatience d’en finir avec les « soviets » du parti communiste. Et le parti à sa manière, encartés ou en attente, est porteur de cette histoire d’avenir. Il est le seul à pouvoir occuper l’espace qui s’ouvre…

Les communistes l’ont compris à leur manière, ils tiennent bon sur le bilan, sur la stratégie et dans le même temps ils s’engouffrent avec détermination dans la défense du service public, des fleurons jadis nationalisés, du "Produisons français" dont tant se gaussèrent jadis, de la santé et de la protection des faibles, du refus du bradage de la fonction publique. Ils savent bien que c’est là leur héritage, leur carte de visite et que comme je le revendique, chaque français a dans sa poche une carte du parti communiste la carte vitale… Cette carte là que de tout côté y compris au sein du parti lui-même on tente de lui arracher.

Les communistes quand ils se nourrissent de cette colère qui monte, refusent le bradage de leur parti et c’est ça l’enjeu de ce congrès. Ou il sera extraordinaire ou la France aura perdu cette bataille-là, mais il y en aura d’autres parce que les enjeux s’éclairent...

On ne peut pas prétendre recréer le parti communiste avec ceux qui ont choisi et choisiront de le brader en poursuivant leur ligne.

Danielle Bleitrach

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