Chokri Belaïd, leader du parti unifié des démocrates, a été assassiné ce mercredi 6 Février au matin à Tunis.

Cet avocat était un opposant au régime de Ben Ali, il était aussi un opposant virulent au gouvernement dirigé par Ennahdha.

Son père a déclaré : "Bourguiba n’a pas tué mon fils, Ben Ali n’a pas tué mon fils, Rachel Ghannouchi (président d’Ennahdha) l’a fait".

Au delà de l’émotion qui nous étreint, en pensant à toutes les victimes de ces extrémistes, ces salafistes qui essaient par tous les moyens d’imposer leurs visions rétrogrades de l’islam avec la charia, agressant au sabre les professeurs de la faculté de la Manouba, décrochant le drapeau tunisien sur le toit de l’université pour le remplacer par le drapeau noir djihadiste, attaquant les salles où passaient des films ou des spectacles qu’ils jugeaient "islamophobes" ou blasphématoires, agressant les femmes qui ne portent pas le voile...

Les partis dits progressistes français ont-ils protesté pour soutenir le combat des progressistes laïques de Tunisie ? Les articles sur l’Humanité (Hassane Zerrouki) étaient très éclairants, très justes, ils dénonçaient sans concessions ces salafistes, et les appelaient par leur nom : Ce sont des fascistes.

C’est ainsi que les appelait Chokri Belaïd ! Mais les dirigeants du parti communiste français n’ont pas bougé d’un iota sur la défense de la laïcité. Pour avoir lutté avec des associations laïques (NiPNiS, Femmes solidaires, l’Union des familles laïques (article sur l’Humanité de cette association le 1er février), etc...) pour une loi contre les signes religieux à l’école, nous n’avons pas trouvé le soutien du PCF, sauf de quelques députés communistes dont André Gerin.

Au cours de notre lutte, nous avons entendu le cri des femmes algériennes qui nous disaient les assassinats, les viols et les 200.000 morts ! Et nous suppliaient de défendre notre laïcité "à la française" car les islamistes les forçaient à se voiler, les battaient, les violaient. Et elles avaient la surprise de trouver, en France, ces mêmes islamistes qui avaient tué leurs pères, leurs frères, leurs familles ! Cet islam politique, allié à l’islamisme religieux a réussi à séparer la population musulmane de la population non musulmane, à en faire une communauté contre les autres communautés. La lutte de clans pour s’opposer à la lutte de classes !

L’argument du PCF ? Les associations laïques seraient islamophobes (mot créé par Khomeiny en Iran pour imposer... le régime des mollahs) et même... racistes.

A Villeurbanne, nous avons organisé un débat sur l’islamisme. Je faisais l’exposé ; j’ai été "formée" par un Algérien menacé de mort par les islamistes, qui a fui son pays et faisait partie de l’UFAL (citée plus haut). Mais la Fédération du Rhône du PCF a tenté d’empêcher le débat, envoyant même une camarade pour me surveiller !

Au congrès départemental des communistes à Givors, j’ai regretté que les dirigeants ne prennent pas la mesure du danger islamiste en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Égypte, au Mali ! Et qu’ils ne prennent pas en compte le danger de cet islamisme... en France ! Les Tunisiens de France (double nationalité) ont voté en majorité pour... Ennahdha !

La Base commune du 36ème congrès parle de "dignité humaine" (ligne 551) mais elle refuse la conception de l’espace public "aseptisé" afin que les convictions des individus soient refoulées dans une sphère privée. Pauvre Victor Hugo ! Que dirait-il s’il revenait ! Lui qui disait « L’État chez lui et l’Église chez elle ». Et qu’il voyait les processions de Civitas (intégristes catholiques), les prières musulmanes dans les rues à Paris (les prieurs bloquant la rue Myrrha), s’il voyait la prière du Ramadan dans la maison commune à l’Hôtel de ville de Lyon ! Et j’en passe, avec cet élu communiste qui accepte une élue voilée, avec ces élus qui financent les lieux de culte, etc... On peut dire que le PCF (qui n’a voté ni la loi contre les signes religieux, ni celle sur le voile intégral) ouvre la porte, comme Sarkozy, à une laïcité avec adjectif. Ces adjectifs, ouverte, apaisée, restaurée, préparent l’attaque contre la loi 1905, le verrou à faire sauter.

Je me souviens des rencontres internationalistes de 2011 (je crois) où un communiste algérien a adressé de vifs reproches au PCF sur son manque de défense de la laïcité à la française, qui ouvrait la porte aux extrémistes.

Ces "communistes" qui reprochent aux laïques communistes comme moi d’être des "islamophobes" voire des racistes, ces "communistes" qui me parlent de Marchais tendant la main aux chrétiens, moi, je leur réponds : Oui, tendre la main aux musulmans mais pas aux intégristes !

Ni à tous les intégristes, de toutes les religions. Car toutes les religions ont leurs intégristes ! Et pas d’accord non plus avec ces communistes qui disent : « Nous, on a attendu des centaines d’années pour avoir la séparation de l’Église et de l’État ». Certes, mais ce n’est pas à la République de s’adapter à l’islam (ni à d’autres religions d’ailleurs).

C’est à l’islam de s’adapter aux lois de la République.

Je salue la mémoire de Chokri Belaïd.

Mireille Popelin