A Mantes-la-Jolie, la municipalité de droite a célébré le 8 mai 1945, square Brieussel, là où un monument a été érigé « (...)
Lettre ouverte à Pierre Laurent Par Roland FARRÉ, adhérent section d’Annecy.
Bonjour Pierre,
La situation actuelle à gauche, ainsi que celle de notre Parti, m’amènent à te faire part de mes très sérieuses inquiétudes et des questions que je me pose en ce qui concerne la posture adoptée par notre direction nationale quant à la nécessité de faire gagner un projet répondant à la situation.
La crise dans tous les domaines pèse lourdement sur une grande partie de la population ; elle fait courir des risques majeurs pour l’avenir, notamment en France et en Europe ; elle permet, dans le même temps, d’animer la prise de conscience de l’ensemble de ses victimes quant à la responsabilité de la politique libérale et du système capitaliste, quant à la nécessité de mettre en œuvre un projet engageant immédiatement les transformations radicales en vue du dépassement du capitalisme : projet de sécurité de l’emploi et de la formation, services publics, écologie, etc, en lien constant avec les moyens financiers et sociaux, (nationalisations des banques et des organismes financiers, intervention des salariés dans les entreprises - pôle public financier national – fonds régionaux pour l’emploi - transformation du rôle de l’euro, de la BCE, du FMI), de la région à l’Europe et au monde, pour donner aux salariés et aux peuples la maîtrise de l’argent et des orientations fondamentales.
Nous ne pouvons envisager des compromis avec qui que ce soit sur le projet, qu’ils s’agisse notamment du projet de sécurité d’emploi et de formation, dans sa globalité, des moyens financiers à tous les niveaux ; baisser la garde, ce serait la voie ouverte à la politique socio-libérale laissant le champ libre à la domination des multinationales économiques, et à la financiarisation, sous couvert d’une politique "sociale".
Il est du devoir de tous les communistes d’engager un vaste débat, en se donnant les moyens d’une large campagne avec l’Huma, sur le terrain, vers les entreprises, avec la jeunesse.
Que faisons-nous depuis plusieurs mois ? J’avais sincèrement espéré, avec ton élection en tant que secrétaire national, une prise en main par le Parti en vue d’initiatives fortes et autonomes pour son renforcement, pour une bataille autour du projet, à l’encontre de l’effacement du PCF. Mon inquiétude provient précisément du constat que je fais de l’abandon de cette légitime résolution que tu avais exprimée. Nous avons, sans réagir, laissé se développer une campagne fortement médiatisée autour de Jean-Luc Mélenchon, dirigeant du Parti de Gauche, ce qui lui permet de se présenter comme le candidat naturel du Front de Gauche à l’élection présidentielle de 2012, alors même que rien n’est fait pour que les communistes puissent débattre de la candidature d’André Chassaigne dans le cadre du Front de gauche.
Je suis profondément choqué par ce parti pris de la direction d’écarter du débat la candidature d’André Chassaigne. On impose aux communistes une situation invraisemblable ; ils sont tenus d’assister en (télé)spectateurs aux prestations de Jean-Luc Mélenchon, mais interdits de s’exprimer (dans le Parti, dans l’Huma, ou si peu, et en forçant les portes !) en demandant que le PCF s’emploie à devenir visible, avec ses militants, ses dirigeants, et autrement qu’en servant de faire-valoir au Parti de Gauche et à son candidat. C’est une position absolument intolérable ! Et qui engage la responsabilité de chacun de nous. C’est pour moi une énorme évidence : une telle (dés)orientation compromet toutes les chances : les contenus aussi bien que la dynamique de la campagne liée aux luttes, et le rassemblement des communistes en vue d’une victoire d’une politique de gauche en 2012 et sa mise en œuvre ultérieure, face aux manœuvres pour la poursuite de la politique libérale avec le FMI et DSK (voir ce qu’il a fait pour la Grèce, l’Espagne, l’Irlande).
Chacun de nous doit assumer sa responsabilité, dans la transparence : qui est pour quoi ?
A mon avis, la direction nationale doit répondre à l’attente des communistes. Elle doit donner un signal fort : le PCF doit engager une intense bataille pour les contenus, liés à la candidature d’André Chassaigne dans le cadre du Front de Gauche, en élargissant à toutes les luttes. La situation nous presse d’agir, de répondre aux exigences profondes, immédiates et sans appel. Appelons à débattre et à se prononcer maintenant.
Dans ce sens, je pense qu’il est indispensable que le Conseil National dans sa réunion du 8 avril, lance immédiatement la consultation des communistes sur la candidature d’un communiste à l’élection présidentielle de 2012, ce qui mettrait un terme à toute opération de sommet visant à faire passer en force la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Il est urgent de permettre aux communistes de prendre la parole et de voter.
Nous devons mettre un terme définitif à la tentative réitérée de création d’une force politique effaçant le PCF. Les communistes l’ont rejetée. Les nostalgiques de l’effacement devraient en prendre leur parti !
Je compte beaucoup sur toi pour prendre ma lettre en considération. Tu peux me croire, elle traduit le sentiment de nombre de communistes. Nous vivons un moment crucial. Nous avons toutes les possibilités de gagner cette bataille.
C’est un appel que je t’adresse, en conscience de l’extrême gravité de la situation et des fléchissements de la direction du Parti.
Reçois mes sincères et fraternelles salutations.
Roland Farré