In extenso...
André Gérin / André Chassaigne (II) Débat animé par Bruno Benoit, Professeur d’Histoire à l’IEP Lyon

, par  lepcf.fr , popularité : 2%

Suite au premier "in extenso" qui abordait les questions
- « Comment réagissez vous devant les Révolutions émergentes dans les pays arabes ? »
- Pourquoi depuis 40 ans êtes vous toujours au parti communiste ?
- Que représente pour vous ce sigle CNR ?
- Alors que représente la laïcité pour vous ?

La suite du débat...

Ou se situe pour vous, le vrai changement, terme facile à employer, mais difficile, en effet, à définir et à réaliser.

Bruno Benoît : Merci. On va passer au deuxième temps du débat après ces questions générales qui ont largement rempli le créneau horaire. Nous allons passer à des questions sur la politique, sur l’approche politique en général, même si tout est politique on le sait bien. Alors la question est pour André Chassaigne. J’ai lu sa lettre ouverte aux communistes et il parle en effet de changement, et je n’ai pas lu encore, parce que ça vient d’être distribué « Redonnons ces couleurs à la France » d’André Gerin, mais je pense que c’est à l’intérieur, c’était sur son blog aussi. Ou se situe pour vous André Chassaigne, le vrai changement, terme facile à employer, mais difficile, en effet, à définir et à réaliser.

André Chassaigne :

Alors pour moi, le vrai changement n’est pas un changement de tête. Le vrai changement ce n’est pas seulement un changement de gouvernement où l’on mettra en place une gauche qui se contenterait de gérer les affaires du capitalisme sans apporter de modifications fondamentales. Le changement c’est véritablement mettre en œuvre des mesures, qui sont des mesures de transformation sociale, quelques mesures de transformation sociale qui sont absolument indispensables. Si on ne les met pas en œuvre, on aboutira absolument à rien. Et si je devais parmi plusieurs, si je devais en citer une, une mesure, qui me semble absolument incontournable, indispensable pour que l’on puisse parler de changement si demain la gauche arrive au pouvoir, c’est que l’on puisse maîtriser la question financière ; et en particulier dans le pays mettre en place un pôle public bancaire qui permettrait d’accompagner le développement économique, qui permettrait de peser sur l’utilisation de l’argent, de mettre en œuvre une véritable politique nouvelle. Parce que si on n’a pas la maîtrise de l’argent, il ne peut pas y avoir de changement dans ce pays.

Bruno Benoît : Deux minutes trente neuf, bravo. A vous André Gerin, après ce plaidoyer pour ce pôle public.

André Gerin :

C’est pour ça qu’il faut un candidat communiste (Rires). Et que le parti communiste soit présent à ses Présidentielles. Parce que sans les réformes constitutionnelles, sans la remise en cause de la constitution de 58, sans la remise en cause de la Constitution Européenne, sans des mesures qui permettent des ruptures avec le capitalisme… on va faire des grands discours : hausse des salaires, entre autre, logement etc.… Donc pour moi il y a nécessité d’engager des ruptures, de sortir du « corset de fer » que représente la Constitution de 58, la Constitution Européenne pour esquisser une nouvelle société. Et nous avons besoin pour cela de reconquérir notre indépendance monétaire, commerciale, de rompre avec Maastricht, Lisbonne. Et c’est cela qui nous permettra une nouvelle politique, économique. Et je terminerais, ça va rejoindre, même si je ne dis pas tout a fait la même chose, quoi que ça serait bien que l’on approfondisse le sujet, il faut parler de la nationalisation des banques. Il faut parler de nouveaux pouvoirs des salariés, à tous les étages de ce pays, des pouvoirs économiques, financiers, que ce soit dans l’industrie et dans les banques. Cela veut dire que l’on engage une conception du même type que le CNR dans les conditions d’aujourd’hui. Et moi je pense que derrière tout ça, remettre en cause la constitution de 58, remettre en cause l’élection du Président de la République au suffrage universel est un élément fondamental pour construire une société nouvelle et une nouvelle croissance. Pour moi, je pense que ça c’est un débat, si c’est lui ou si c’est moi qui ait choisi, de toutes les façons on va travailler ensemble, comme candidat aux Présidentielles, je fais l’hypothèse. Donc ça veut dire qu’il faut que l’on précise ces sujets, parce que c’est très très important vis-à-vis de la gauche, du PS, vis-à-vis de Mélanchon… Montrer que le parti communiste français veut absolument faire une rupture avec le capitalisme, mais surtout il veut donner les pouvoirs, à tous les étages, dans le domaine économique et financier, et que la responsabilité d’un gouvernement c’est décider de lois qui permettent de casser la pensée unique au niveau de l’économie et de la finance.

Que vous inspire ce terme « populisme », est ce que vous vous accommodez de ce terme ou celui-ci vous paraît inadmissible pour le combat que vous venez.

Bruno Benoît : Merci mon cher André Gerin. Je parlais de changement, vous parlez de rupture. On est quand même… c’est bien parce que chaque fois vous allez dans des chemins qui m’amène à revoir mes questionnements. C’est ça l’animateur, il faut qu’il évolue et qu’il s’adapte. Donc reprenez votre souffle parce que c’est à vous la question maintenant, puisque vous avez évoqué monsieur Mélanchon, quand on lit tout ce qu’il a été écrit sur Jean-Luc Mélanchon, on voit qu’il est classé, et lui même l’accepte, dans le groupe des populistes et du populisme. Et le populisme, en général, il a pour fondement de dire que les élites ont trahis, vieux thème de l’Histoire française, qui déjà apparaissait dans un populisme de droite des années 30 et qui réapparaît aujourd’hui dans un populisme avec monsieur Mélanchon, de gauche , dans les années 2000. Alors que vous inspire ce terme « populisme », est ce que vous vous accommodez de ce terme ou celui ci vous paraît inadmissible pour le combat que vous menez ?

André Gerin :

D’abord, pourquoi il y a populisme ? Et pourquoi ce serait un sujet tabou ? Regarder la carte européenne au niveau politique aujourd’hui, partout où les partis communistes ont disparu, partout où les partis communistes se sont affaiblis ou n’existent plus ou à peine, partout où les partis communistes sont passés à la social-démocratie, regarder les résultats dans les pays aujourd’hui. Ça veut dire que quand les gens, en Allemagne ont voté Hitler, c’est qu’il y a quelque chose qui ne collait pas. Donc parlons des problèmes que posent les Français. Pourquoi les gens ne votent plus, pourquoi des électeurs de gauche, des électeurs communistes votent Front National ? Et on se retrouve dans une situation en France, au nom qu’accable le populisme, on bloque le débat politique. Je suis pour combattre le populisme, je suis pour combattre la xénophobie, je suis pour combattre tous ce qui pourrit la vie des quartiers, mais je suis pour combattre les problèmes et que l’on ne laisse aucune question au Front National. C’est ce qu’à fait la gauche, c’est ce qu’a fait la droite depuis les années 80. On ne peut plus parler de la Nation, on ne peut plus parler de la police nationale, de la souveraineté nationale, on ne peut plus parler d’un Etat protecteur, d’une conception d’un Etat au service du bien-être… alors on va laisser ça au Front National ? Moi je réagis comme ça parce qu’il y en a marre de cette pensée unique. Et dès que l’on a des mots, et moi j’assume complètement, des mots, des commentaires, des appréciations, avec ma manière d’être, avec mes excès, mais à un moment donné, les Français, ils veulent que l’on parle vrai. Oui il y a des problèmes avec les intégrismes dans les quartiers, avec cette minorité qui pourrit la vie des quartiers et qui se sert des musulmans et de l’Islam. Et bien moi je le dis, mais je tends la main aux musulmans, je tends la main aux musulmans pour qu’ils prennent les choses en main pour qu’ils fassent le ménage chez eux, pour qu’ils fassent en sorte que la République qui leur permet… que le principe de laïcité qui leur permet de… alors si c’est ça être populiste, je l’assume complètement et la critique qui est faite à Mélanchon, elle est facile. Moi j’ai beaucoup de respect pour le personnage politique qu’est Mélanchon. Je n’ai aucun problème. Mais je trouve que, franchement… Je vais prendre un truc d’actualité : tous les beaux parleurs des années 70, les grandes colombes blanches des 3 clubs on les a pas beaucoup entendus sur ce qu’il s’est passé en Tunisie et en Egypte. Et bien moi je dis, osons le débat entre nous, nous n’avons pas de réponses tous seuls, mais il n’y a pas de mots tabous, pas de sujets tabous.

André Chassaigne :

Alors pour moi le populisme, il faut d’abord essayer de le définir. Mais déjà pour être dans la continuité de ce que vient de dire André, le populisme ce n’est pas lié au sujet traité, il est bien évident qu’en politique nous devons aborder tous les sujets. Il n’y a pas de sujets tabous. Et ce n’est pas parce que l’on aborde un sujet que l’on peut être taxé de populiste. Donc je partage complètement l’analyse d’André sur ce point là. Aucun sujet ne doit être exclu du débat politique, des propositions politiques et c’est justement quand on refuse de prendre à bras le corps des questions qui sont des questions de société que l’on fait monter ce qu’est le populisme. Mais ce qu’est le populisme, pour moi par définition, le populisme ne peut pas être de gauche. Parce que le populisme c’est quoi, c’est le fait d’instrumentaliser le peuple, c’est s’adresser au peuple à partir de ses problèmes quotidiens, à partir de ses souffrances, à partir de ses angoisses et c’est instrumentaliser ces problèmes là, en décrétant qu’on est le peuple comme l’on fait certain. Dire que l’on est le peuple, ça peut être du populisme. Et c’est s’adresser au peuple en faisant appel aux instincts, en faisant appel à l’émotif, voir en faisant appel à ce qu’ils peuvent avoir dans leur passé et qu’il fallait faire vibrer quelques images de leaders charismatiques de décennies précédentes. Ça c’est une forme de populisme et c’est à l’opposé de la conception que nous avons de la politique. Notre conception de la politique, ce n’est pas de s’adresser à l’instinct, ce n’est pas de s’adresser à l’émotif, ce n’est pas flatter les réactions que l’on peut avoir de façon mécanique par rapport à la vie, c’est s’adresser aux consciences. Et c’est je crois ce qui fait la spécificité du communisme. C’est faire que l’on essaie de convaincre, c’est faire que l’on essaie d’analyser pourquoi on a une difficulté sur les problème de l’immigration, sur un problème des banlieues, sur un problème des campagnes et que à partir de l’analyse que l’on fait, avec notre regard de marxiste, notre regard de révolutionnaire, à partir de là, essayer de co-élaborer des réponses, essayer de construire des réponses, essayer ensuite de porter collectivement ces réponses ; c’est à dire ne pas décréter qu’on est le peuple mais faire, faire au sein du peuple et être ensuite à coté du peuple pour être, non seulement les portes paroles, les portes voix du peuple, mais véritablement bouger, agir avec le peuple dans son ensemble. Et à partir de là je crois, avec cette définition de la politique, le jour où il y a des choix qui sont importants à faire, en terme de vote, en particulier à la veille d’une élection présidentielles, qu’en montrant dans le pays véritablement, le vote utile que l’on va nous monter comme quelque chose d’incontournable, le vote utile et bien il balayera tout sauf si on a réussi véritablement à s’adresser aux consciences, à faire avancer les consciences. Ceux qui auront construit une forme de reconnaissance dans le pays dans les sondages, qui sont des sondages provisoires sera construit sur des sables mouvants et le moment venu si le vote utile l’emporte, il n’y aura pas de changements dans ce pays.

Quel sens a pour vous l’écologie, vous venez de la découvrir comme objet politique ou est elle l’aboutissement d’un long cheminement ?

Bruno Benoît : Merci. En tant que modérateur je vais ramener un peu de calme dans la salle… (Rires). La tension a monté, j’ai senti une passion de mes deux voisin. Pour montrer qu’en 2011, il y a des passionnés. Dans cet embarcadère, on a embarqué pour préparer au combat politique. Je vais rappeler au débat, ce sera à André Chassaigne, c’est normal puisqu’il en est l’apôtre : l’écologie. Quel sens a pour vous l’écologie, André Chassaigne, comme vous venez de la découvrir comme objet politique ou est elle l’aboutissement d’un long cheminement ? Et je pense qu’André Gerin a aussi une position sur l’écologie, mais André Chassaigne vient de sortir, mais tout le monde connaît et il me l’a offert pour ce débat, ce fameux livre, en effet pour une candidature. Allez y.

André Chassaigne :

Alors en quelques mots, parce que je n’ai pas encore récupéré de notre envolée commune de tout à l’heure… En quelques mots… Pour moi ce qui me semble très très important aujourd’hui c’est prendre en compte toutes les questions environnementales, toutes les questions écologiques, en lien avec le système capitaliste. C’est ce qui est important. Parce qu’il y a tout un artifice, qui a été construit pour laisser croire que l’écologie c’était uniquement une question morale, une question individuelle, sur des gestes, des gestes qui sont quotidiens et qu’en définitive c’était ce salaud de pauvre qui était responsable de toutes les questions de détérioration de l’environnement. Et tout ça c’est fait pour masquer les responsabilités, qui sont les responsabilités du système capitaliste. Ce système capitaliste, qui par définition même parce qu’il faut un retour sur l’investissement très rapide dans sa recherche effrénée du profit, de l’argent , ne peut que produire, en appelant à consommer toujours d’avantage n’importe quoi et très vite et ne peut que produire en bousillant les hommes et en bousillant la nature. Et bien ce sont deux choses qui sont liées. Il faut bien comprendre aussi que dans son intelligence extraordinaire, le capitalisme aujourd’hui a compris que non seulement les questions d’écologie, et bien des responsabilités, il le sait très bien, c’est pour ça qu’il y a tous les mécènes, on verse de l’argent comme ça, on alimente de grandes ONG pour qu’elles puissent faire campagne pour l’environnement, mais le capitalisme a compris qu’il peut aussi se faire de l’argent pour réparer les dégâts qu’il avait occasionnés, et c’est le capitalisme vert. Il faut combattre cette idée là, parce que le capitalisme vert, c’est une nouvelle source de richesse pour le capitalisme. Je terminerais en disant (parce qu’il va encore dire que je suis trop long), le message que j’essaie de faire comprendre surtout, c’est qu’il n’y a pas opposition entre les questions sociales et les questions d’écologie, c’est vraiment ce que j’essaie de démontrer, que quand on apporte des réponses sur la pollution, sur les gaz à effet de serre, sur le réchauffement climatique, sur l’épuisement des ressources naturelles, quand on apporte des réponses, qui sont des réponses écologiques, en même temps on doit apporter des réponses sociales parce que c’est lié. Développer le transport en commun, c’est une réponse sociale et en même temps ça sert l’environnement. Si on isole les bâtiments, si on a d’autres modes de chauffage, c’est une question environnementale tout en étant une question sociale. Si on lutte contre les monocultures d’agro-carburants, en Amérique du Sud, en Afrique, qu’ils bousillent les cultures villageoises, qu’ils suppriment les cultures ouvrières, qu’ils suppriment les forêts, ils portent un coup terrible aux hommes et à la nature. On est contre ça, en même temps c’est une question sociale, on veut lutter contre la fracture alimentaire, on veut maintenir partout dans le monde des cultures vitrière. Le social et l’écologie sont intimement liés.

André Gerin :

D’abord on discute souvent de cette question avec André. Et moi je dis qu’il faut repartir de Marx. Parce que la première approche visionnaire de l’écologie (Salle : Un Marx et ça repart), c’est Marx qui parle de l’écologie politique. Donc déjà ça c’est très très important. Deuxièmement on ne peut pas parler de l’écologie environnementale, si l’on ne parle pas d’écologie sociale et si l’on ne parle pas d’écologie mentale, l’écologie de la pensée. Or on vient de discuter du populisme, pour moi racisme, intégrisme religieux, nationalisme, xénophobie, exploitation du travail des enfants, oppression des femmes dans le monde c’est un combat pour l’écologie politique. Parce que l’on ne sépare pas la question de la nature de la question des hommes, de la situation, de la faim dans le monde et, pour moi, la question de l’écologie c’est vraiment une dimension qui rejoint les racines de la France, les couleurs de la France sur la question de l’universalisme, c’est ce qui a fait tout ce qu’il y a de meilleur dans notre pays. On ne peut pas raisonner, si l’on parle d’écologie politique, dans la mesure où c’est une question qui est à l’échelle de la planète. Donc là les communistes, le parti communiste a d’autant plus sa place aux élections présidentielles pour parler de la question d’un nouvel internationalisme ; parce que la question de l’écologie politique au niveau mondial aujourd’hui, c’est de se dire une chose quand même dans notre petit confort personnel, matériel et intellectuel, c’est que le premier droit de l’Homme pour moi c’est le droit alimentaire. Or il n’existe pas pour des milliards d’individus. Pour moi sans projeter les questions, parce qu’il s’agit de changer de comportements, de mentalités, de changer de postures, de mode de vie, mais le capitalisme derrière tout ça aujourd’hui, se moque que des millions de gens crèvent de faim.

André Chassaigne vous parler, dans votre Lettre ouverte, de co-élaboration avec le Front de Gauche, alors qu’André Gerin vous dit que le Front de Gauche est dépassé, étriqué, alors expliquez nous vos positions.

Bruno Benoît : Merci, alors j’aimerais une question , mais je la supprime, parce que nous allons arriver maintenant au cœur du débat qui était annoncé : faut il que le parti communiste ait un candidat aux élections Présidentielles ? J’avais une question sur les utopies, mais après avoir entendu André Gerin et André Chassaigne, ce ne sont pas des utopistes, même si ils portent en eux une vision forte, une vision de l’Homme, ce sont des hommes du terrain. Ils ont compris en fin de compte où sont les problèmes et ils essaient d’y apporter des solutions. C’est pour ça que je saute tout de suite à cette question et je demanderai à André Chassaigne qui a prit un peu de repos, de répondre à cette première question, et André Gerin bien sûr ensuite. André Chassaigne vous parlez, dans votre Lettre ouverte, de co-élaboration avec le Front de Gauche, alors qu’André Gerin vous dit que le Front de Gauche est dépassé, étriqué, alors expliquez nous vos positions.

André Chassaigne :

Bon là je respire. Je dirais que j’essaie justement d’agir à mon niveau contre cette vision que peut donner le Front de Gauche et qu’André Gerin a raison de souligner, le risque ce serait que le Front de Gauche soit quelque chose d’étriqué. Etriqué pourquoi ? Etriqué si on considère que le Front de Gauche est uniquement une association d’organisations, une association au sommet et avec la construction d’un projet qui serait justement dans des grandes messes, qui seraient des messes organisées dans plusieurs régions de France et c’est malheureusement ce qu’il est en train de se produire aujourd’hui. J’ai moi même participé à une de ces messes, à Bordeaux sur les questions environnementales, c’est la seule à laquelle j’ai été invitée, ce qui était quand même la moindre des choses puisque je venais de sortir un livre sur la question de l’écologie. J’ai donc participé à une grande messe du Front de Gauche pour l’élaboration du programme partagé ; je me suis rendu compte que c’était justement tout à l’opposé de ce qu’il faudrait faire. Dans ce sens là c’est étriqué, vous savez quand vous avez des ténors qui sont à la tribune et que l’on vous déverse en haut d’une tribune des vérités toutes faites, qui ont été réfléchies, élaborées par des grosses têtes, par ceux qui savent et que l’on déverse ça à une salle de 3-400, voir 500 personnes pour déclencher des applaudissements pour savoir qui est le meilleur orateur, je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Au contraire j’essaie, dans les rencontres que j’ai, j’en ai toutes les semaines, de façon assez solitaire c’est vrai, mais accueilli par des sections du Parti Communiste Français, j’essaie, au contraire, de montrer ce que c’est pour moi la construction collective. C’est à dire que ce n’est pas venir avec des idées toutes faites et on découvre, quand vous avez une rencontre avec 40-50-100-120 personnes qui sont là, on découvre une parole, une intelligence qu’on est très loin d’avoir à l’Assemblée Nationale dans les conditions dans lesquelles on est. Pour moi le Front de gauche devrait avant tout être une construction collective, une nouvelle façon de faire de la politique, la construction politique et ce serait pour moi le moyen de redonner ces lettres de noblesse à la politique, que la politique a perdu. J’essaie de me battre pour cette pratique politique là, que j’essaie de faire grandir au sein du Front de Gauche et qui c’est vrai est à l’opposé de celle qui est portée par les média, qui s’intéresse à la personnalisation de la vie politique alors que ce qu’il faut essayer de faire grandir dans notre pays, c’est la pratique collective de la politique.

André Gerin :

Moi j’ai envie de vous dire quand c’est impossible, c’est que c’est possible. Parce que pour reprendre un commentaire que vous avez fait tout à l’heure, ce qu’il se passe en Tunisie, en Égypte et ailleurs, pourquoi ça ne se passerait pas dans notre pays ? D’autant que nous avons une situation aujourd’hui où il y a une profonde décomposition sociale, politique, idéologie, culturelle et qui doit être la porte ouverte à toutes les aventures. Pourquoi il faut un candidat communiste ? Parce que des dizaines de milliers de communistes n’ont plus leur carte. Il faut battre Sarkozy, il faut arrêter cette machine infernale de destruction de l’identité, de ce qui fait la France. Mais on est bien obligé 30 ans après le 10 mai 1981, 30 ans après l’élection de François Mitterrand , qui va avoir lieu bientôt, 30 ans d’amertume. Donc il faut bien quand même que l’on se pose la question et je terminerai sur cette réflexion. Parce que ce qu’a dit André, je sais, mais c’est la guerre, c’est la lutte des classes, c’est la guerre des classes. Il y 1% des gens dans ce pays qui décident de tout ! la lutte des classes, elle se généralise dans le monde. Donc d’accord avec tes propositions André, mais c’est la guerre pour que le peuple soit à genoux, pour que les gens se battent entre eux, pour que les pauvres se battent entre eux. On laisse pourrir, on laisse décomposer, on se sert du Front National, on en joue ! Moi je pense que l’on ne nous aura pas sur le syndrome de l’échec, on ne peut pas présenter de candidat parce que l’on va se casser la gueule. Ça c’est un argument d’autorité. Pourquoi Robert Hue a fait moins de 5% en 2002 ? On s’est couché avec le ministre Jospin, aujourd’hui Robert, il est presque au Parti Socialiste. Pourquoi Marie-George Buffet elle fait se résultat ? Moi je fais parti des dissidents de la politique du Parti Communiste depuis le congrès de Martigues en mars 2000. En tout les cas, pour ce qui concerne Robert, je n’ai peut être pas été si mauvais que ça, avec mes façons de faire, mes excès, je n’ai pas été si mauvais que ça. Donc moi je pense qu’il faut absolument un candidat communiste et que la réponse du Front de Gauche c’est une copie de ce que l’on a fait depuis le programme commun et que de toutes façons contrairement à ce que l’on dit je ne suis pas contre le rassemblement, mais c’est un rassemblement complètement étroit et étriqué, le rassemblement il est en direction du peuple de France. Et de mon point de vue une candidature communiste qui est capable de parler à tous les Français sans s’emmêler vis à vis du Parti Socialiste, parce qu’il ne changera pas le Parti Socialiste en dehors du mouvement social, ou alors on se raconte des histoires. Souvent on dit il manque de courage le Parti Socialiste, non il assume !

Voir en ligne : première partie du débat ici...

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